Édition du 16 avril 2024

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Environnement

Les Innus réclament une protection permanente de la rivière Moisie

UASHAT MAK MANI-UTENAM, QC, le 13 déc. 2016 - Alors qu’a lieu à Québec une réunion de l’Arctic Circle, les Innus de Uashat mak Mani-utenam (ITUM) rappellent que le développement des territoires sur lesquels ils possèdent des droits ne peut pas se faire sans leur consentement. Dans le cadre tout particulièrement du Plan Nord, tous les participants de l’Arctic Circle doivent prendre acte que les Innus réclament la protection permanente de la réserve aquatique projetée de la rivière Moisie.

« Sur nos territoires ancestraux, le développement ne peut se faire sans notre consentement. Il ne peut être qualifié de durable que si l’on assure notre participation. Les Innus sont les premiers propriétaires de la rivière Moisie et nous exigeons sa pleine protection », a expliqué le Chef Mike Mckenzie.

Les Innus de Uashat mak Mani-utenam entretiennent une relation millénaire avec le territoire, notamment la fosse du Labrador, sur laquelle ils possèdent un titre et des droits ancestraux reconnus et protégés par la Constitution canadienne, ainsi que par la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones.

Alors que le Québec participe à la réunion du Arctic Circle, le Conseil Innu de Uashat mak Mani-utenam rappelle que le gouvernement doit s’engager à donner le statut permanent de réserve aquatique à la rivière Moisie et ses affluents, afin de protéger ce patrimoine historique et culturel de la Nation Innue, dans la mouvance de son objectif déclaré de protéger 50 % du territoire du Plan Nord.

« La fosse du Labrador constitue un milieu naturel magnifique et unique et nous n’accepterons pas que nos territoires deviennent seulement une zone industrielle et minière. C’est une zone vitale pour des espèces menacées, telles que le caribou. C’est également une zone essentielle pour le peuple Innu, son identité, son économie et son mode de vie qui demeurent tributaires de la présence et de la vitalité des animaux et des plantes qui y vivent. »

« Notre terre a été fortement impactée par les activités de développement depuis des décennies. Il est temps de sauver et de protéger de grandes portions de nos territoires par la création de parcs écologiques et culturels. J’exhorte le premier ministre Couillard à respecter les Innus, a ajouté le Chef Mike Mckenzie. Nous souhaitons protéger non seulement notre mode de vie et celui d’espèces menacées comme le caribou forestier et celui de la rivière George, mais nous voulons aussi défendre par le fait même un territoire et un environnement pour le bénéfice des générations futures. »

Observateurs du Plan Nord

ITUM a accepté l’invitation de Nature Québec et de la Société pour la nature et les parcs du Canada (SNAP) de faire partie de leur campagne « Observateurs du Plan Nord ». Le modèle de développement du Nord proposé avec le Plan Nord, et dont la pierre d’assise est la protection de 50 % du territoire, doit passer de la parole aux actes et doit absolument se faire en partenariat avec les Innus. Avec les autres membres du réseau des « Observateurs du Plan Nord », ITUM invite les acteurs internationaux à devenir la voix du réseau et à questionner les actions du gouvernement du Québec.

« En prenant des actions concrètes de protection du territoire, Québec respecterait ses engagements internationaux en matière de biodiversité et en matière de droits des peuples autochtones », a conclu le Chef Mckenzie.

Bureau de la protection des droits et du territoire, ITUM

Le bureau sur la protection des droits et du territoire est un secteur d’une très grande importance pour la population d’Uashat mak Mani-utenam.

Dans le contexte actuel, où des intérêts étrangers veulent exploiter les ressources du Nitassinan alors que nos droits sont menacés, nous avons besoin d’une stratégie d’affirmation de nos droits.

L’objectif derrière l’affirmation de nos droits est de donner à la communauté les moyens de gérer notre territoire et les ressources qu’il contient.

En gérant notre territoire, notre intention est de trouver un équilibre entre d’une part le développement économique et social que notre nouvelle réalité exige et d’autre part la protection du territoire et l’utilisation durable de ses ressources.

Ce que nous entendons par la protection du territoire, c’est autant la protection de l’environnement que la préservation et la mise en valeur de notre mode de vie traditionnel, issu de notre relation millénaire avec le Nitassinan.

Nous avons suffisamment attendu que nos droits soient reconnus, il faut maintenant être davantage proactif et c’est ce que notre Bureau s’engage à faire. Mais il souhaite le faire avec l’appui et la participation des membres de la communauté.

Notre stratégie d’affirmation passe donc par une démarche communautaire pour construire une vision territoriale. Cette vision doit refléter les préoccupations de chacun. Elle doit faire le pont entre le passé, le présent et l’avenir. Elle doit représenter les valeurs innues, qui sont ancrées dans notre relation unique avec le Nitassinan.

Cette vision devra orienter la gouvernance territoriale innue, pour que le Conseil, respecte la vision de la communauté. Nous serons donc à votre écoute dans les prochains mois quant à vos préférences sur la façon de construire notre vision territoriale.

Notre monde s’est considérablement transformé dans les dernières décennies et nous faisons maintenant face à de nouveaux défis très complexes. Notre intention est d’innover avec des solutions originales qui font appel à notre intelligence collective.

De plus, pour assurer la bonne communication entre le Bureau et les membres de la communauté, nous souhaitons mettre sur pied des comités consultatifs dont la responsabilité sera d’informer le Conseil sur les préoccupations et les priorités de la communauté. Nous formerons des comités de jeunes, de femmes et d’aînés.

La responsabilité de ces comités ne se limitera pas aux enjeux sur le territoire, mais ils viendront renforcer la gouvernance innue et montrer au reste du monde que les Innus ont un système politique bien organisé qui justifie leur revendication à la souveraineté et à la propriété sur Nitassinan.

En attendant que ces projets porteurs soient réalisés – et leur importance pour l’avenir de notre communauté exige que nous prenions le temps de bien les faire – nous avons beaucoup de pression pour régler certains dossiers de développement sur le territoire.

http://www.itum.qc.ca/page.php?rubrique=bpdt_accueil

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