Et c’était là l’intéressant : les points de vue étaient extrêmement variés et reflétaient bien, à leur manière, la difficulté qu’il y a aujourd’hui à visualiser le cours exact que vont prendre dans ce secteur les luttes à venir.
Certes les directions du FC ont signé une entente de principe au mois de décembre avec le gouvernement et ont appelé leurs membres à l’avaliser après Noël dans leurs assembées générales respectives, mais comme on le sait la décision a été loin de faire l’unanimité. Et même si les votes en faveur de l’entente commencent à s’empiler, c’est plutôt un sentiment d’incompréhension et de questionnement critique vis-à-vis de cette entente qui ce soir-là prévalait.
Des mobilisations exemplaires
Car d’emblée c’est ce que tout le monde a fait ressortir, et en particulier du côté de membres du Conseil Central de Montréal : Il y a eu des « mobilisations exemplaires », une véritable « consolidation des luttes » tout au cours de l’automne qui rend d’autant plus difficile de comprendre le changement de cap opéré par les centrales au cours du mois de novembre lorsqu’elles ont opté pour se rapprocher des positions gouvernementales au nom de la clause non appauvrissement. Et c’est une représentante du Cegep Marie Victorin qui a le plus insisté sur le fait qu’à la suite de ce revirement, les gens à la base étaient « fachés » tant parce que « la mobilisation laissait espérer beaucoup plus » que parce que les conséquences « d’une bataille qu’il ne fallait pas perdre » risquaient d’être nombreuses. À commencer par cette paix sociale que le gouvernement s’est acheté pour 5 ans...
Il n’en a pas fallu plus néanmoins pour que certains en concluent que les « carottes étaient cuites », puisque même si beaucoup de syndiqués s’entendaient pour reconnaître qu’il ne s’agit pas d’une bonne entente, il n’existait aucune autre alternative crédible à proposer.
Rien n’est joué ?
Ce qui n’a pas manqué de faire réagir, de multiples manières. Soit en insistant sur le fait qu’avec la FSSS et la FAE qui n’avaient pas encore signé, « rien n’était encore totalement joué ». Soit en mettant en évidence que c’est « la première fois qu’une fédération d’importance osait dire non à une entente ». Soit même en poussant la réflexion sur le moyen et le long terme et en cherchant à s’interroger sur « la pertinence de négos de ce type », ou sur « les risques de morcellements et de désafilaitions à venir », ou encore sur l’importance de « disposer de caucus ou tendances oppositionnelles » à l’intérieur des centrales et fédérations.
Tous et toutes néanmoins ont été avides d’entendre parler un des représentants de la FSSS qui était présent. Qu’est-ce qui expliquait leur opposition si drastique à l’entente ? Pensaient-ils pouvoir gagner leurs votes dans les assemblées générales ? Et loin d’être triomphaliste, la réponse apportée a été plutôt de mettre l’accent lors de ces négociations sur les difficultés qu’avaient connues la FSSS dont la priorité était le salarial (les salaires) et qui n’ayant rien gagné de décisif au sectoriel (elle avait dû lâcher du lest, poussé en cela par la FIC, sur l’équité salariale), espérait se rattraper mais en vain sur le salarial. D’où sa déception, et son objectif immédiat : faire que le rejet de l’entente soit massif.
On le voit, si on est loin encore du moment où l’on pourra faire un bilan assuré de ces négociations, il n’en demeure pas moins indispensable de réfléchir à ce qui a causé tant d’insatisfactions et de frustrations parmi nombre de syndiqués. C’est d’ailleurs ce que les NCS veulent pousser plus loin, puisqu’ils pensent réserver une partie de leur prochain numéro à l’analyse de cet événement en appellant tous ceux et celles qui voudraient y contribuer, à le faire sans plus tarder.