Édition du 23 avril 2024

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Environnement

Les opposantEs de Carignan remportent une importante victoire contre les appétits immobiliers sur les milieux humides

Les partisans carignanois du NON ont remporté le référendum sur les règlements de zonage et de lotissement, dimanche soir le 2 octobre. Sur la question du zonage, le NON l’a emporté avec 1449 voix contre 1160. Pour ce qui est du règlement de lotissement, l’option du NON l’a emporté avec 1461 voix contre 1144.

C’est l’avenir des milieux naturels comme l’île au Foin qui a mobilisé les tenants du non. Ce sont eux qui ont forcé la tenue du référendum après avoir recueilli plus de 500 signatures au registre de la Ville, en juin dernier.

En ce qui concerne les résultats du sondage concernant l’achat de la pointe nord de l’île aux Lièvres au coût évalué de 3,5 millions $, il était encore trop tôt pour obtenir le résultat. Le taux de participation à ce référendum est de 44 % selon l’hebdomadaire Chambly Express.

Un promoteur entendait édifier sur un milieu humide un complexe immobilier. Cet entrepreneur sembalit avoir toutes les complicités nécessaires auprès des autorités de la Ville de Carignan. Il a tenté de banaliser l’endroit convoité affirmant que ce milieu n’avait rien d’exceptionnel. Pourtant, le 24 septembre, le ministère des Ressources naturelles et de la Faune estimait dans un rapport que le terrain visé par un projet résidentiel controversé à Carignan est un écosystème forestier exceptionnel, ce qui contredit complètement une étude rendue publique par le promoteur. Cet avis est contenu dans une lettre adressée à la Ville le 2 septembre dernier. La Ville avait refusé jusqu’ici de la rendre publique. Le contenu du rapport furt révélé dans les pages de La Presse.

Le rapport n’a pas de portée judiciaire parce que le MRNF n’a pas le pouvoir de forcer la conservation d’écosystèmes forestiers en terrain privé. Il n’a « qu’une valeur morale », précise l’auteur, l’ingénieur forestier Normand Villeneuve, spécialiste des forêts du sud du Québec au ministère des Ressources naturelles et de la Faune.

L’industrie de la construction finançait le Oui

En toute légalité, entrepreneurs et promoteurs ont dépensé sans compter en faveur du « oui » dans le cadre du référendum sur deux règlements municipaux organisés dimanche dernier.

Le camp du « oui » n’a pas ménagé ses efforts. Un site web a été mis en ligne, des conférences de presse ont eu lieu, des pancartes ont été érigées aux quatre coins de la ville de 8000 habitants. Des pages de publicité ont été achetées dans les journaux locaux.

Dans le cas d’une élection, le financement et les dépenses sont soumis à des limites et sont sujets à l’examen du Directeur général des élections du Québec (DGEQ). Mais pas dans le cas d’un référendum. Aucune de ces règles ne s’applique dans le cas d’un référendum municipal. « Il n’y a pas de règles sur le financement dans les référendums municipaux », dit Denis Dion, porte-parole du DGEQ cité par La Presse.

La mairesse de Carignan, Louise Lavigne, préside le comité du Oui, mais elle dit ne pas savoir exactement d’où vient l’argent qui sert à couvrir les dépenses de son camp. « Je ne sais pas qui paye tout ça », a-t-elle dit selon La Presse.

Le camp du Oui a deux agents de communication à sa disposition, dont Odette Côté, qui compte le promoteur immobilier Mario Venafro parmi ses clients. Il y a deux semaines, Mme Côté a organisé une conférence de presse au cours de laquelle l’entreprise de M. Venafro a dévoilé des études environnementales qu’il avait fait réaliser au sujet de son terrain. Cette conférence de presse était une activité du camp du « oui ». Les conclusions des études du promoteur sont contredites par le ministère des Ressources naturelles et de la Faune, qui affirme que la forêt qui pousse sur le terrain de M. Venafro a une haute valeur écologique.

La liberté de manifester bafouée

Au début du mois de septembre, lors de la dernière séance du conseil municipal, la mairesse de la ville de 8 000 habitants, Louise Lavigne, a signifié qu’elle ne permettrait pas une marche pacifique des opposants au projet de règlement de zonage de la Ville. « On a fait une demande à la Ville pour faire une marche pacifique contre la construction dans les milieux humides et milieux naturels, dit Claude Savoie, de l’organisme Nature Carignan. On voulait être le plus respectueux possible. La mairesse a complètement refusé, pour des raisons de sécurité publique. »

La manifestation s’est tenue tout de même à… Chambly, ville voisine. Un conseiller municipal indépendant, René Fournier, cité dans le site web ChamblyExpress.ca, affirme que « la population vient de perdre son droit le plus élémentaire en démocratie : celui de s’exprimer ».

Malgré toutes les tentatives de baillonner la parole citoyenne, la mobilisation a payé. Dans le contexte que l’on connait actuellement au Qu7ébec avec toutes les accusations de collusion et de corruption, une telle nouvelle est eassaurante. Les mobilisations peuvent faire reculer l’oligarchie.

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