Dollarama s’apprête à célébrer encore un an de succès financier lors de son
Assemblée Générale Annuel le 10 juin 2020. Les ventes augmentent, ils ont
rajoutés des magasins et les détenteurs d’actions ont profité. Ce n’est pas
surprenant, étant donné que l’entreprise a été désignée comme un service
essentiel lors de la pandémie et a pu garder ses succursales ouvertes.
"Qui a payé le prix des profits de Dollarama ?" demande Mostafa Henaway du
Centre des travailleurs et travailleuses immigrantes (CTI). "Dans son hâte
de faire un profit, au début de la pandémie Dollarama a tout à fait ignoré
la gravité des risques sanitaires. L’entreprise a priorisé l’argent,
laissent de côté la santé et sécurité de ses travailleurs et travailleuses."
Suite à la pression de la part des travailleurs et des organismes,
l’entreprise a fait certaines améliorations en matière de réglementations
de santé et sécurité. Dollarama a également augmenté les salaires dans les
magasins, entrepôts et centres de distributions pour la duration de la
pandémie.
Le CTI et L’association des travailleurs d’agences temporaires a fait la
promotion de leurs droits au travail et les aient encouragés à exiger des
meilleures conditions. Les travailleurs ont dénoncé leurs conditions de
travail dangereux lors d’une conférence de presse en mars, tandis qu’une
pétition en ligne initiée par un organisme à but non-lucratif, SumOfUs, a
recueilli des milliers de signatures dans une manifestation de soutien et
préoccupation pour le bien-être des travailleurs qui se trouvait sur les
premières lignes de l’économie.
Dollarama a essayé de faire taire un travailleur qui a exprimé ses
inquiétudes quant aux mesures de sécurité insuffisants. Aines Charles a
travaillé pendant dix ans au centre de distribution Dollarama. Il a fait
observer à sa superviseur qu’il y avait beaucoup de cas de COVID-19 parmi
les travailleurs.euses au centre de distribution. Quant aux changements aux
mesures de sécurité, il trouve qu’ils étaient instaurés trop tard pour
avoir un retard signifiant sur la propagation de la virus- trop peu, trop
tard.
"Quand j’ai appris que plusieurs de mes collègues étaient infectés par la
COVID-19, j’ai fait part de mes préoccupations à la direction. Leur réponse
était de demander à mon agence de placement temporaire de me licencier,"
explique Charles.
Job Delicat travaille en tant que formateur. Il a perdu son emploi après
avoir répondu aux préoccupations des travailleurs concernant les pratiques
de santé et sécurité qu’ils jugeaient insuffisant face à la pandémie. "Il y
a une ambiance d’inquiétude, on a peur de perdre notre travail dans le
cadre de la pandémie. Il pèse sur nous, il nous empêche de parler à voix
haut des dangers."
"La direction m’a entendu en train de parler avec les travailleurs. Ils
étaient inquiètes faces au trafic élevé dans la salle de pause, ou un
nombre trop élevé de personnes pour respecter la distanciation sociale se
regroupait pour chercher leurs dîners au frigo commun. Je pense qu’ils
étaient paranoïaque, qu’ils pensaient que je m’apprêtais à entamer une
insurrection au travail," explique Delicat. "On m’a appelé au bureau le
jour même et mis fin à mon contrat, après trois ans de travail."
La plupart des travailleurs de Dollarama résident dans les quartiers le
plus touchés par la COVID-19, notamment Montreal-Nord, Côte-des-Neiges et
Ville Saint-Laurent, ce qui augmente fortement le risque de l’infection
dans les milieux du travail souvent surpeuplé.
Ils ne veulent plus sacrifier leur santé sur l’autel du dictat du profit.
Ils revendiquent un traitement digne et respectueux de la part de leur
employeur. Ils veulent également que ce dernier les embauchent directement
au lieu de les recruter par l’intermédiaire des agences de placements
temporaires. Cela leur permettrait d’améliorer leurs conditions de travail,
car ils seront en mesure de faire valoir leurs droits directement auprès de
leur employeur.
Beaucoup de ces travailleurs essentiels, les "anges gardiens" qui risquent
leur vie au quotidien afin de permettre un roulement économique continue,
sont des demandeurs d’asile sans la résidence permanente. Ils revendiquent
le statut de résidente permanente et de garder l’augmentation de trois
dollars de l’heure de "prime" après la fin de la pandémie.
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