Édition du 16 avril 2024

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Environnement

Livre à paraître : Le mythe de l'humain augmenté | Transhumanisme | 13 octobre

*Faire de la mort un choix individuel, réduire la taille des humains pour
diminuer leur empreinte écologique, consommer massivement des smarts drugs
pour être toujours plus productif... L’ambition transhumaniste de changer
l’être humain pour mieux ne pas changer notre modèle de société n’est en
rien révolutionnaire.
*

Le livre *Le mythe de l’humain augmenté. Une critique politique et
écologique du transhumanisme*, du sociologue Nicolas Le Dévédec, paraîtra *en
librairie le 13 octobre prochain*.

Sans limites, la constellation des promesses transhumanistes semble tout
droit sortie d’un film de science-fiction. Chose certaine : changer l’être
humain pour mieux ne pas changer notre modèle de société n’est en rien
révolutionnaire.

*À propos du livre*

Faciliter les ruptures amoureuses au moyen d’un médicament qui estomperait
le sentiment d’attachement. Neutraliser chimiquement nos tendances les plus
agressives dans le but de pacifier les relations humaines. Réduire
génétiquement la taille des êtres humains afin de limiter notre empreinte
écologique sur Terre. Et, ultimement, repousser les frontières de la mort
jusqu’à ce que celle-ci ne soit plus une fatalité, mais bien un choix
individuel. Sans limites, la constellation des promesses transhumanistes
semble tout droit sortie d’un film de science-fiction et suscite autant de
fascination que d’effroi.

Mouvement prônant une amélioration radicale de nos performances physiques,
intellectuelles et émotionnelles grâce aux avancées technoscientifiques et
biomédicales, le transhumanisme et l’idéologie de l’humain augmenté gagnent
de plus en plus en notoriété. Or, le *sensationnalisme futuriste* de ses
thèses nous empêche de bien réfléchir à leur réalité scientifique, à leur
rôle économique, à leur sens politique et à leur possible impact
environnemental. En resituant le débat sur le terrain du politique, Nicolas
Le Dévédec montre avec clarté que ce mouvement n’est en rien
révolutionnaire : changer l’être humain pour mieux ne pas changer notre
modèle de société constitue son ressort politique profond.

Adhérant à l’horizon productiviste de notre temps, le transhumanisme est
indissociable du néolibéralisme et de l’appropriation capitaliste toujours
plus poussée de nos corps et de nos vies, comme en témoigne
l’intériorisation des normes de performance individuelle, calquées sur le
modèle de l’entreprise, et ses effets délétères, dont la consommation
massive de psychostimulants (caféine, *smart drugs*…) et la multiplication
affolante des *burn-out*. En ce sens, la figure de l’humain augmenté
représente le sujet néolibéral par excellence. Cristallisant l’imaginaire
de la maîtrise de la nature, le mouvement transhumaniste contribue
également à entretenir un rapport au monde, à l’humain et au vivant
profondément dévastateur.

En niant ainsi l’existence de limites humaines (corps, santé mentale) et
écologiques (ressources, écosystèmes), ne risque-t-on pas de banaliser
le *développement
de capacités profondément inhumaines*, à nos risques et périls ?

*À propos de l’auteur*

Docteur en sociologie et en science politique, *Nicolas Le Dévédec* est
professeur agrégé à HEC Montréal. Il est notamment l’auteur de La société
de l’amélioration. La perfectibilité humaine, des Lumières au
transhumanisme (Liber, 2015).

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