Édition du 23 avril 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Charte des valeurs québécoises

La laïcité : un moyen de lutter contre les fondamentalismes religieux

Mythes et réalités à propos de la FFQ et la laïcité

Introduction

La laïcité s’appuie sur certains principes universels qui sont appliqués de
diverses façons d’un pays à l’autre. Ces principes sont :

a. la séparation de l’État et des institutions religieuses afin que les décisions de l’État soient prises dans l’intérêt général. L’État n’a pas à prendre de décisions selon des arguments religieux même si, démocratiquement, les institutions religieuses peuvent prendre part au débat public.

b. la neutralité de l’État à l’égard de la croyance ou de l’athéisme. Ainsi, l’État
ne favorise ni ne défavorise une religion ou l’athéisme.

c . la liberté de conscience et de religion. Cette liberté est notamment
reconnue afin d’éviter la persécution ou la répression de groupes religieux
minoritaires et des personnes athées.

Le présent document rétablit les faits et renseigne sur la position de la FFQ
en matière de laïcité.


Mythe 1 : la FFQ est contre la laïcité de l’État

Réalité

L’engagement pour la laïcité est inscrit dans la plateforme politique de la FFQ depuis 2003. Il y est toujours et,à moins que le congrès n’en décide autrement, il y restera.

Ce que pense la FFQ

La laïcité de l’État est un moyen de contrer le fondamentalisme religieux et l’influence de la religion sur ses décisions, d’éviter l’arbitraire dans ses agissements et de protéger la liberté de toutes et tous. Comme elle encadre la relation entre l’État, la religion et la citoyenneté, la laïcité est un outil important pour les femmes dans leur lutte pour l’égalité, car un grand nombre d’institutions religieuses à travers l’histoire ont cherché à restreindre les droits des femmes par les voies politiques.

Les institutions publiques sont en cours de laïcisation. Des gains ont été faits. Pensons à la déconfessionnalisation de l’école publique, qui répondait à une demande de la FFQ. Le processus n’est pas pour autant terminé et la FFQ fait partie des organisations qui exhortent le gouvernement à séparer davantage l’Église et l’État.

Ce que fait la FFQ

 La FFQ s’est prononcée contre la mise sur pied par le gouvernement fédéral du Bureau de la liberté de religion.
 La FFQ demande au gouvernement du Québec de s’abstenir de financer les écoles privées confessionnelles.
 De plus, la Charte canadienne des droits et libertés devrait être amendée pour ne plus référer à « Dieu ».
 Les conseils municipaux qui débutent leurs réunions par des prières catholiques devraient cesser cette pratique, qui laisse croire que leurs décisions sont prises en fonction de considérations religieuses.
 La FFQ demande au gouvernement de prévoir une consultation publique sur la laïcité en publiant un livre vert et en tenant une commission parlementaire.


Mythe 2 : la FFQ a cessé d’être critique à l’égard de la religion

Réalité

La FFQ dénonce la montée des valeurs religieuses conservatrices au sein de la société et craint leur influence dans le fonctionnement de l’État. elle s’élève aussi contre les préceptes présents dans toutes les religions qui réduisent l’autonomie et la liberté des femmes et leur place dans la société.

Ce que pense la FFQ

Les menaces aux droits des femmes à l’égalité se trouvent dans des courants conservateurs, fondamentalistes ou intégristes des religions chrétienne, musulmane, juive ou de toute autre confession religieuse. Ces menaces existent dans toutes les régions du Québec et du Canada — autant pour les francophones que pour les autochtones, les anglophones et les allophones.

Depuis le 11 septembre 2001, certaines personnes tendent à associer fondamentalisme et islam. S’il est vrai de dire que des fondamentalistes musulmans existent et que leur conception des femmes est, du point de vue de la FFQ, totalement condamnable, il est faux de prétendre que le mépris des femmes est l’apanage de l’islam.

En effet, pensons à des associations québécoises implantées partout au Québec qui cherchent à faire reculer le droit des femmes de choisir en matière d’avortement.

Parmi ces groupes, on compte, selon la Fédération du Québec pour le planning des naissances, les Chevaliers de Colomb, une organisation comprenant plus de 100 000 catholiques pratiquants qui a publiquement appuyé Stephen Harper.

Ce que fait la FFQ

 La FFQ mène une lutte acharnée contre la remise en question du libre choix des femmes en matière d’avortement, actuellement pilotée par des organisations religieuses et des députées religieux au sein du Parlement canadien.
 Elle a, à plusieurs reprises au cours de son histoire, vivement dénoncé les positions adoptéespar les Églises catholique et évangélique dans ces débats.
 Elle le fera face à toutes les organisations, qu’elles soient religieuses ou civiles, qui promeuvent ces mêmes idées.
 La FFQ a dénoncé la tenue d’une conférence à l’Université Concordia par des prédicateurs musulmans en raison de leur discours antiféministe, sexiste, homophobe et antidémocratique.
 Entre autres dans le cadre de la Marche mondiale des femmes, la FFQ a participé activement à des mouvements de solidarité et à des actions concertées pour appuyer des femmes qui subissaient des discriminations ou des violences fondées sur des principes religieux.


Mythe 3 : la FFQ est favorable au port du voile

Réalité

La FFQ revendique le droit des femmes de décider pour elles-mêmes de leur appartenance ou non à une religion et le degré avec lequel elles appliquent ou non les codes religieux. Cela n’empêche pas la FFQ d’être critique de l’infériorisation des femmes par les fondamentalistes religieux.

Ce que pense la FFQ

Quel que soit le sentiment ambiant dans la société concernant le foulard, certaines femmes l’adoptent en exerçant leur jugement. Faisons un parallèle : le mouvement des femmes s’est battu pour que les femmes puissent décider pour elles-mêmes de poursuivre ou non une grossesse. Les féministes trouvaient que ce n’était pas au pape, ni au juge, ni au mari de décider si ou quand elles devaient avoir des enfants. C’est pourquoi elles ont soutenu Chantal Daigle dans son combat juridique contre Jean-Guy Tremblay qui tentait de l’obliger à poursuivre sa grossesse. Il est tout aussi vrai aujourd’hui qu’il n’est ni au pape, ni à l’imam pas plus qu’au mari de dicter la croyance des femmes ni leur façon de se vêtir.

À l’instar de certaines catholiques qui peuvent à la fois porter une croix et faire usage de la contraception malgré ce qu’en dit l’Église, la FFQ pense qu’il est possible de porter le foulard et d’adhérer à des valeurs égalitaires. En ce sens, l’interdiction de porter le foulard dans la fonction publique et les services publics aurait pour effet de mettre des femmes devant un dilemme insoluble soit : renoncer à un symbole de leur croyance ou de leur identité auquel elles sont attachées pour des raisons qui leur appartiennent, ou perdre leur emploi.

Or, en tant que femmes, nous savons pour l’avoir acquis récemment que l’un des facteurs les plus déterminants pour l’accès des femmes à l’égalité et à l’intégration à la société québécoise est l’autonomie économique. C’est l’une des raisons pour lesquelles la FFQ insiste autant pour que l’État agisse directement de manière à lever les obstacles à l’intégration socio-économique que sont la discrimination à l’embauche, la précarité au travail et la déqualification des femmes immigrantes et racisées.

La laïcité exige qu’aucune employée de l’État ne soit forcée par son employeur à prendre position de quelque façon que ce soit en faveur d’une religion. Elle exige aussi qu’en aucun cas, les décisions des employées de l’État ne soient prises en fonction de leur croyance religieuse. Enfin, l’employée d’un État laïc doit s’abstenir de toute forme de prosélytisme sur le lieu de son travail.

Ce que fait la FFQ

 La FFQ s’oppose vigoureusement à l’obligation faite aux femmes de porter certains signes religieux et elle s’oppose à une éventuelle interdiction d’en porter imposée aux employées de l’État.
 La FFQ fait une exception du voile intégral (burqa et niqab) dans la fonction publique et les services publics québécois. Il doit être interdit car il entrave la communication et enferme les femmes dans une citoyenneté de seconde zone.
 La FFQ a défendu cette position de « ni obligation, ni interdiction » dansl’espace public et en commission parlementaire depuis son adoption lors d’une assemblée générale spéciale en 2009.
 La FFQ estime qu’une croix, une kippa ou un foulard n’empêche personne d’agir avec discernement et professionnalisme. Le fait de ne pas porter un signe religieux n’est d’ailleurs pas garant de la eutralité de l’employée des services publics.


Mythe 4 : toutes les musulmanes sont opprimées et la FFQ doit les sauver

Réalité

Affirmer que toutes les femmes qui portent le foulard sont victimes d’une aliénation qu’elles ne seraient pas en mesure de reconnaître, c’est continuer de prétendre que les femmes sont incapables d’exercer leur jugement. La FFQ s’inscrit en faux contre ce discours qui alimente l’impression que les femmes musulmanes ont besoin d’être sauvées. La FFQ fait confiance aux femmes et à leur capacité de jugement.

Ce que pense la FFQ

Il est essentiel de respecter les choix, les valeurs et les besoins des femmes dans leur processus d’émancipation. Après près de 50 ans d’intervention féministe, nous savons que notre rôle est de voir à ce que les individus puissent exercer leur jugement et leur autonomie — mais qu’ils ne peuvent être forcés de le faire selon des principes qui leur sont extérieurs. Vouloir forcer les femmes à s’émanciper sous-tend que quelqu’un d’autre que les femmes elles-mêmes devrait réaliser leur émancipation, et la démarche de la FFQ est à l’opposé de cette vision.

Si des femmes sont en démarche pour se libérer des contraintes sociales, familiales ou religieuses, le mouvement féministe doit être à leurs côtés et doit les aider lorsqu’elles en ont besoin.

Le privé est politique. Les rapports familiaux sont le reflet de rapports sociaux imprégnés de valeurs morales et religieuses. Parfois, les filles et les femmes sont obligées de mener des batailles pour leur liberté au sein même de leur famille. Le conservatisme religieux musulman doit être recadré et réintégré parmi tous les conservatismes religieux et nous devons également garder en tête que les conservatismes peuvent également être sociaux.

Pensons aux jeunes lesbiennes qui sont nombreuses à fuir une famille hostile ou encore aux adolescentes qui subissent un contrôle parental plus strict que leurs frères lorsqu’il s’agit de leurs vêtements, déplacements et fréquentations amoureuses.

La lutte au contrôle des femmes et des filles est l’affaire du mouvement féministe à tous les instants. Les centres de femmes, les groupes d’accueil des femmes immigrantes, les collectifs féministes antiracistes, les maisons d’hébergement — tous ont un rôle à jouer pour offrir du soutien aux femmes qui sont aux prises avec une famille, une pratique religieuse ou un milieu contrôlant. Les institutions scolaires, le département pour la protection de la jeunesse, les travailleuses sociales et travailleurs sociaux et les infirmières doivent également mieux savoir accompagner les filles et les femmes évoluant dans un contexte de conservatisme religieux afin de dépister la violence et le contrôle et de les informer de leurs droits et des ressources à leur disposition. L’école et la DPJ doivent être des alliés sans pour autant tomber dans le profilage religieux.

Ce que fait la FFQ

 Le mouvement féministe vise à ouvrir les espaces de liberté pour toutes les femmes, qu’elles soient croyantes ou non, afin qu’aucune institution politique, religieuse ou économique ne limite leur liberté.
 Il travaille également à débusquer le sexisme, la discrimination et les injustices présentes dans les sociétés où il y a égalité de droit.
 La FFQ appuie quotidiennement les luttes de femmes, d’ici et d’ailleurs, qui souhaitent se libérer des contraintes qui pèsent sur elles. Ces luttes s’organisent en fonction de la volonté des femmes concernées et selon leur rythme, le mouvement féministe a démontré à plusieurs reprises que c’est là la façon la plus sûre d’obtenir des avancées aussi pertinentes que durables.
 La FFQ a lancé une vaste réflexion sur la pratique et la théorie féministe à laquelle participent des femmes de tous horizons. Dans le cadre des États généraux de l’action et d l’analyse féministes, il sera possible de définir ensemble de nouvelles stratégies pour franchir les obstacles qui demeurent entre les femmes et leur émancipation.


Mythe 5 : l’égalité entre les femmes et les hommes est atteinte au Québec et les immigrantes la menacent

Réalité

Chaque jour, des femmes vivent les conséquences du fait qu’au Québec, la justice et l’égalité sont loin d’être atteintes. Une partie de la droite tente de porter les habits de l’égalité des sexes, mais cible les immigrantes ou les musulmanes comme étant la source de reculs potentiels. Pour la FFQ, c’est une instrumentalisation du féminisme pour justifier l’intolérance voire la xénophobie.

Ce que pense la FFQ

Ces dernières années, on entend dire que les femmes et les hommes sont désormais égaux au Québec. Selon ce mythe, la société a réussi à éliminer les discriminations systémiques vécues par les femmes.

Or une liste même incomplète révèle tout le travail qui reste à accomplir : le culte de la beauté et de la jeunesse, l’inégalité salariale, le viol pratiqué en toute impunité, le sexisme dans la publicité, la pauvreté à la retraite, la violence conjugale, les stéréotypes, l’intimidation des adolescentes, le sous-emploi des femmes. Ces pratiques sexistes affectent quotidiennement les conditions de vie et de travail des femmes partout au Québec.

Au même moment, la société et les médias font grand cas de situations isolées touchant les communautés immigrantes et qui tendent à les présenter comme une menace à cette égalité. Les « crimes d’honneurs » en constituent un bon exemple. Ces crimes intolérables ont souvent lieu avec la collaboration active d’autres membres de la famille ou de la communauté et visent les filles ou les femmes.

Les crimes d’honneurs se trouvent à l’extrême du spectre d’un ensemble de crimes violents à l’endroit des femmes qui ont pour but de contrôler et de dominer les femmes. Les isoler en en faisant des cas exceptionnels tend à minimiser une violence quotidienne beaucoup plus répandue dans la société tout en faisant des immigrants les principaux acteurs de la violence contre les femmes.

Pour la FFQ, il est important de contrer la violence patriarcale présente dans toutes les communautés. Aucune société n’a réussi à éliminer la violence envers les femmes en partie parce que cela implique un changement culturel profond. Travaillons ensemble à l’enrayer plutôt que de stigmatiser certaines communautés et d’en épargner d’autres.

Ce que fait la FFQ

 La FFQ lutte depuis près 50 ans pour atteindre l’égalité entre les hommes et les femmes.
 Elle a été au coeur d’avancées majeures pour les droits et libertés des femmes au Québec et continue à se battre au quotidien pour faire avancer les droits des femmes.
 Pour la FFQ, les immigrantes, tout comme les Québécoises, ne forment pas un bloc uni. Certaines sont progressistes, d’autres sont conservateurs. La FFQ cherche à contrer le conservatisme social et religieux et à promouvoir le droit des femmes à l’égalité plutôt que de créer des divisions entre Québécoises d’origines diverses.
 La FFQ dénonce activement les discours qui instrumentalisent un principe noble comme le droit des femmes à l’égalité pour faire la promotion d’idées politiques qui renforce l’exclusion et la division sociale.


Mythe 6 : la FFQ défend le relativisme culturel

Réalité

Pour la FFQ, aucune coutume, religion ou tradition ne justifie l’infériorisation des femmes. Les doctrines des trois grandes religions monothéistes infériorisent les femmes, tout comme bon nombre de pratiques culturelles. La FFQ veut participer à l’élimination de cette réalité, au Québec comme ailleurs dans le monde.

Ce que pense la FFQ

La FFQ s’est prononcée clairement pour le droit des femmes à l’égalité en s’affichant contre les mutilations génitales, les tribunaux religieux musulmans ou juifs, la polygamie, le vote à visage couvert et le port du voile intégral dans la fonction publique et les services publics. Elle continuera à contrer des pratiques inégalitaires et injustes pour les femmes, car les fondamentalismes religieux ont des répercussions négatives sur les droits des femmes.

Les droits de la personne sont interdépendants et indivisibles. C’est ce que reconnaît l’ONU dans le Protocole se rapportant au Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels. Ainsi, la FFQ soutient qu’il faut être vigilantes afin d’éliminer toutes les pratiques patriarcales, racistes, hétérosexistes, coloniales ou capitalistes qui violent les droits des femmes.

En contrant les inégalités et les exclusions sociales et économiques dans la société, la FFQ est certaine que l’on fournit aux femmes les moyens de se libérer du contrôle familial, social ou culturel qu’elles peuvent subir.

La FFQ voit la diversité de la société québécoise d’un bon oeil. Ainsi, elle fait la promotion d’une approche inclusive et souhaite que le message d’accueil adressé aux immigrantes soit : « le Québec aspire à l’égalité et à l’émancipation, mais n’y est pas encore parvenu. Vous êtes les bienvenues et nous avons besoin de vous et de vos expériences pour nous aider à y arriver ensemble. »

Elle participe donc activement à favoriser l’intégration des personnes immigrantes et à défendre leurs droits, tout en faisant la promotion des droits des femmes. Deux objectifs qui ne lui semblent en rien contradictoires.

En ce sens, l’histoire politique du Québec montre bien que c’est avec l’arrivée d’une société plus juste et égalitaire que les idées conservatrices et rétrogrades ont reculé.

Ce que fait la FFQ

 La FFQ exhorte le gouvernement fédéral à prendre position au sein d’instances internationales, comme les Nations Unies, contre les violations des droits des femmes justifiées par le relativisme religieux ou culturel partout dans le monde.
 La FFQ ne croit pas que la réalité québécoise est une des multiples identités canadiennes parmi d’autres. Au contraire, la FFQ a pris position et défend le fait
que le peuple québécois forme une nation et affirme son droit à l’autodétermination.
 Elle est pour le respect de la langue française comme langue commune, pour le droit des femmes à l’égalité et pour le rassemblement de la population autour de valeurs communes.
 Là encore, pour la FFQ, ces prises de position ne l’empêchent en rien de reconnaître le droit à la différence et à la diversité au sein du peuple québécois.


Mythe 7 : la FFQ est infiltrée par des fondamentalistes

Impossible d’être féministe et fondamentaliste. Les fondamentalistes sont obsédées par la morale décadente et le démantèlement de la famille. Ils et elles croient aux rôles traditionnels des femmes et veulent maintenir la famille patriarcale dans laquelle les filles et les femmes sont contrôlées. Or, les membres de la FFQ sont féministes, c’est-à-dire pour une transformation sociale, politique, économique et familiale afin de mettre fin à l’inégalité des rapports sociaux de sexe.

Réalité

La FFQ est constamment en démarche pour empêcher le développement de terreaux fertiles pour le fondamentalisme religieux.

Les positions prises et les gestes posés par la FFQ au cours de son histoire vont à l’encontre de tout ce que disent les fondamentalismes religieux à propos des femmes : droit de disposer de leur corps, liberté de pensée, autonomie complète des femmes par rapport aux hommes, égalité intégrale dans les milieux de travail, etc. Il est impossible d’adopter une approche fondamentaliste quelle que soit la religion d’appartenance et d’adhérer à l’ensemble de ces principes.

Il ne faut pas assimiler une pratique religieuse dont les manifestations sont visibles à un fondamentalisme. Les fondamentalistes adoptent une attitude agressive, s’en prenant à celles et à ceux qui ne respectent pas, à leurs yeux, la ligne juste. Ils cherchent des occasions politiques à saisir pour faire régresser les droits et libertés des femmes.

Lorsqu’il y a emprise d’un fondamentalisme sur les affaires courantes d’une organisation comme l’État, on assiste à l’invocation de valeurs religieuses pour tenter de modifier le système législatif. Au Canada, nous observons avec inquiétude des élues du Parti conservateur du Canada adopter de tels comportements, et ce, en l’absence du port de signes religieux affichant leur religion d’appartenance.

Cela étant dit, nous pensons à la FFQ qu’il est tout à fait possible d’être féministe et croyante. C’était d’ailleurs le cas de plusieurs des fondatrices de la FFQ, Simonne Monet-Chartrand en étant un bon exemple. Sa croyance et sa pratique religieuses ne l’ont pas empêché de faire partie de celles qui sont parvenues à contrer la mainmise de l’Église dans leur vie et sur la société.

Ce que fait la FFQ

 La FFQ est constamment en démarche pour empêcher le développement de terreaux fertiles pour le fondamentalisme religieux. Les ghettos, la stigmatisation, l’exclusion sociale, la pauvreté, le racisme, la xénophobie créent des conditions propices à l’extrémisme religieux.
 Ainsi, la FFQ lutte au quotidien contre les stéréotypes, pour le renforcement du rôle de l’école publique comme lieu de développement de la solidarité et de la citoyenneté, pour l’accès universel aux services publics et pour la stabilisation du statut précaire des immigrantes et pour favoriser leur accès à des emplois qualifiants. Ce travail est important car les organisations fondamentalistes sont souvent prêtes à fournir des services délaissés par l’État.
 La FFQ estime également qu’il faut combattre les fondamentalismes politiquement. Elle appuie la critique et l’expression de la dissidence au sein ou en dehors des communautés aux prises avec le dogmatisme voire avec l’extrémisme.


Mythe 8 : la FFQ laisse tomber les femmes qui combattent les intégristes ici ou ailleurs dans le monde

Réalité

La FFQ appuie la lutte des femmes dans les pays où l’on ne reconnaît pas le droit des femmes à l’égalité et à la liberté. La FFQ est contre la domination des religieux sur la politique.

« La FFQ cherche à soutenir les luttes féministes portées par les femmes dans leur pays. La manière d’articuler les luttes doit être spécifique à l’ordre social, légal, politique et religieux dans lequel elles évoluent.

Ce que pense la FFQ

Au Québec, les lois, les politiques et les institutions sont largement laïques. Cette réalité s’appuie sur des valeurs sociales plutôt séculaires, ce qui veut dire que les normes de la société sont peu déterminées par la religion (même si l’influence du catholicisme au plan culturel est encore bien réelle). Les féministes et la FFQ sont particulièrement présentes pour éviter tout retour à l’influence religieuse dans la détermination des politiques, des lois voire des valeurs sociales. Il y a également une Charte des droits et libertés qui reconnaît le droit des femmes à l’égalité, ainsi que des politiques gouvernementales qui visent à contrer la discrimination à l’endroit des femmes.

La FFQ a confiance dans la capacité de la société québécoise et de ses institutions à limiter la portée de l’extrémisme religieux par rapport aux acquis de la laïcité.

Ce n’est pas le cas partout dans le monde, où des femmes combattent des États religieux et une société conservatrice. La manière d’articuler les luttes doit être spécifique à l’ordre social, légal, politique et religieux dans lequel elles évoluent. La FFQ cherche à soutenir les luttes féministes portées par les femmes dans leur pays. Cet appui se fait surtout à travers son engagement au sein de la Marche mondiale des femmes.

Ce que fait la FFQ

 Dans le cadre de la Marche mondiale des femmes, la FFQ a marché avec des femmes dans des pays où l’État n’est pas laïc.
 C’est le cas, par exemple, du Maroc et du Mali où la Marche mondiale des femmes réclamait une réforme du code de la famille pour y enlever les pratiques patriarcales.
 Plus récemment, à l’appel des femmes turques, un rassemblement européen de la Marche mondiale des femmes examinait les liens entre fondamentalismes et nationalismes dans l’atteinte des droits des femmes.
 En 2013, le réseau de la Marche mondiale des femmes était présent au Forum social mondial en Tunisie afin d’ancrer les droits des femmes dans les révolutions du printemps arabe.

Conclusion

La FFQ prend clairement position pour la laïcité de l’État. Elle sait aussi que la laïcité, bien qu’elle soit un bon outil pour s’en approcher, ne garantit pas aux femmes le droit à l’égalité.

En effet, dans l’histoire, des États laïcs ont été source de discrimination et d’oppression pour les femmes. En France, devenue laïque en 1905, le droit de vote n’a été accordé aux femmes qu’en 1944. Au Québec, l’historienne Micheline Dumont nous rappelle que des centaines de femmes blanches propriétaires votaient avant d’être privées de ce droit « en 1834, par nul autre que ces champions de la laïcité qu’étaient les Patriotes ». En pleine Révolution tranquille, l’État a refusé de décriminaliser la contraception sous la pression notamment de l’Église catholique, et ce jusqu’en 1969, au moment où le Canada a enfin changé enfin les lois.

Il ne faut donc pas croire qu’une laïcité « stricte » de l’État constitue un refuge ou un rempart contre les oppressions de genre. C’est ce que constate l’Association pour le droit de la femme et le développement (AWID) dans un important rapport sur le fondamentalisme religieux et le droit des femmes. http://www.awid.org/fre/Library/

Vers-un-avenir-sans-fondamentalismes

La FFQ appelle également à la vigilance pour que le principe d’égalité entre les hommes et les femmes ne soit pas dévoyé au profit d’une intolérance et d’un frein à la diversité. Refusant la construction d’une société entre des « Nous » de souches et des « Eux », immigrantes, la FFQ favorise la construction d’un projet de société autour de valeurs communes comme l’égalité, la justice, la solidarité, la paix et la liberté. Ceci implique un effort de la société pour contrer la discrimination afin que tout le monde puisse accéder aux mêmes droits.


Mythes et réalités à propos de la FFQ et la laïcité


Mission de la FFQ

La Fédération des femmes du Québec travaille solidairement et en alliance avec d’autres groupes à la transformation des rapports sociaux de sexe dans toutes les activités humaines pour favoriser le développement de la pleine autonomie des femmes et la reconnaissance véritable de l’ensemble de leurs contributions à la société.

Mai 2013
Crédits
Rédaction
Alexa Conradi sous la supervision du comité ad hoc sur la laïcité de la FFQ (Nancy Burrows, Délice Mugabo, Julie Leclerc) et avec la participation du conseil d’administration.
Édition et mise en page
Molotov Communications
Correction d’épreuves
Danielle Maire
Impression
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