Édition du 16 avril 2024

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Gauche syndicale unie

Nous ne sommes pas des anges : Exigeons mieux pour les travailleuses et travailleurs !

Un an de travail « essentiel » « Nous ne sommes pas des anges : Exigeons mieux pour les travailleuses et travailleurs ! »

On a reconnu que ces emplois sont principalement occupés par des personnes migrantes, souvent à statut précaire et plus particulièrement par des femmes racisé.e.s. Ces personnes aux premières lignes, leur famille et leur communauté, sont plus exposées au virus. Malgré cela, le gouvernement Legault et le gouvernement fédéral se montrent peu enclins à régulariser leur situation.

Tio’tià:ke/Mooniyaang (Montréal, territoire Mohawk & Algonquien non cédé),
14 mars 2021 — Un an après que l’Organisation mondiale de la santé ait
déclaré que l’on faisait face à une pandémie de COVID-19, le Centre des
travailleuses et travailleurs immigrants, la Coalition pour la
régularisation (Association Québécoise des Avocats et Avocates en droit de
l’immigration, Le Québec c’est nous aussi, Comité d’Action des Personnes
Sans Statut, le Centre justice et foi et Amnistie internationale Canada
francophone), Lutte Commune, Montreal Teachers 4 Change, Riposte
Socialiste, Association québécoise des infirmières et infirmiers
(AQII-QNA), RECIFS, Syndicat des travailleuses et travailleurs en
intervention communautaire (CSN), IWW-Montréal, le Syndicat des
travailleuses et travailleurs de l’Accueil Bonneau, la Fédération des
Syndicats de l’Enseignement (CSQ), le service d’Action terrain CSQ,
Solidarité Sans Frontière, le Centre des femmes de Laval et Travailleuses
et travailleurs progressistes de l’éducation (TTPE) se sont rassemblés afin
d’exiger dès maintenant des conditions de travail à la hauteur du
qualificatif « essentiel.le.s » dont on les a affublé.e.s.

Depuis le 12 mars 2020, le Québec comme le reste du monde fait face à la
pandémie de la Covid-19, un événement qui a des impacts dévastateurs pour
le réseau de la santé et l’ensemble des secteurs de première ligne, des
secteurs déjà hypothéqués par des années de sous-financement, ce qui a
exacerbé les impacts de la pandémie sur la population. Face à cette crise
unique, la société québécoise a bénéficié de l’apport d’un large groupe de
travailleuses et travailleurs dit « essentiel.les », c’est-à-dire des
personnes dont l’emploi est jugé essentiel au bon fonctionnement de la
société, pandémie ou pas.

Or, dans la plupart des domaines jugés essentiels, les conditions de
travail, notamment les salaires, mais aussi les normes de santé et de
sécurité, ne reflètent pas l’importance de leur rôle pour assurer la
protection de la population dans la gestion de la pandémie. Actuellement,
le secteur public, qui rassemble un grand nombre de ces emplois essentiels,
peine à négocier le renouvellement des conventions collectives : « En
enseignement, les négos sont au point mort et le gouvernement a le culot de
proposer une baisse de salaire ! En même temps, on insiste sur l’importance
de maintenir les écoles ouvertes, coûte que coûte, et le personnel
enseignant a fait preuve de beaucoup de flexibilité depuis le début de la
pandémie. On ne se sent tout simplement pas respecté.e.s ! », s’insurge
Félix Germain, enseignant à Montréal. Le ras-le-bol est généralisé alors
que de plus en plus de travailleur.se.s du secteur public démissionnent
afin d’exprimer leur refus de travailler dans des conditions qui
compromettent leur santé physique et mentale. En santé, on connaît une
réelle hémorragie : plus de 1700 infirmières ont quitté leur emploi entre la
mi-mars et août. « Stress, heures supplémentaires, manque de personnel,
épuisement : les conditions de travail difficiles dans lesquelles doivent
évoluer les infirmières et les préposé.e.s aux bénéficiaires, notamment,
sont dénoncées depuis de très nombreuses années et sont des facteurs de
fuite des professionnels, mais aussi des étudiants, sur lesquels on compte
pour assurer la relève. En un an de pandémie, pas moins de 18 travailleurs
de la santé ont été emportés par la COVID-19 au Québec et plus de 41 000
ont été infectés par le coronavirus. », rapporte Eve-Lyne Clusiault, vice
présidente aux communications de l’AQII.

Même son de cloche du côté des organismes communautaires. La fréquentation
des banques alimentaires, des refuges et des répits pour personnes
itinérantes a explosé. Des personnes vulnérables sont encore plus isolées
et on constate une forte augmentation des surdoses. Les évictions se
poursuivent et on se trouve dans une crise du logement à la grandeur du
Québec. « Les mesures mises en place pour combattre la pandémie ont
malheureusement des impacts graves pour des milliers de personnes et ce
sont les travailleur.se.s de proximité, dans les organismes, dans la rue,
dans les centres d’injections supervisées, qui sont là pour les soutenir et
rapiécer les trous. Mais on n’a pas plus de bras, pas plus de financement,
même si les défis sont encore plus importants qu’avant la pandémie… »,
dénonce Alastriona Nesbitt, une intervenante psychosociale membre du
Syndicat des Travailleuses et Travailleurs en Intervention Communautaire
(CSN).

La ronde des remerciements et des discours sur « nos anges gardiens » n’a
pas d’impact concret sur les conditions de travail, alors que les milieux
de travail sont les principaux lieux d’éclosion du coronavirus. Dans les
entrepôts et les abattoirs, dans les champs, dans les CHSLD, des
travailleuses et travailleurs tombent malades et meurent. On a reconnu que
ces emplois sont principalement occupés par des personnes migrantes,
souvent à statut précaire et plus particulièrement par des femmes
racisé.e.s. Ces personnes aux premières lignes, leur famille et leur
communauté, sont plus exposées au virus. Malgré cela, le gouvernement
Legault et le gouvernement fédéral se montrent peu enclins à régulariser
leur situation.

Le programme de régularisation du statut des « anges gardiens » ne concerne qu’une infime partie des personnes qui œuvrent dans le réseau de la santé.

Malgré le lancement de cette initiative, des milliers de personnes sans
statut ou à statut précaire vivent toujours dans la crainte d’être
emprisonnées et déportées. Et les prisons, notamment le centre de détention
pour migrant.e.s de Laval, sont eux aussi d’importants foyers d’éclosion.
Des personnes détenues ont récemment fait une grève de la faim à Laval
(c’est la deuxième depuis le début de la pandémie) suite à une éclosion de
COVID. Pour Samira de Solidarité Sans Frontière, « il est inconcevable
qu’on ne régularise pas le statut de toutes les personnes migrantes en
plein cœur d’une pandémie : comment peut-on continuer à enfermer des
personnes dans des prisons ? Comment peut-on encore déporter des personnes ?

Comment peut-on encore insister sur l’importance du statut d’une personne
alors que nous combattons une pandémie à l’échelle mondiale ? »

Le patronat et les gouvernements ont toujours utilisé la catégorie du « 
travail essentiel » pour contrôler les travailleuses et les travailleurs,
notamment en limitant leur droit de grève. Et c’est encore dans cette
optique qu’il en fait l’usage dans le contexte de la pandémie.

Après 1 an de négligence, le collectif des Travailleuses et Travailleurs
Progressistes de l’Éducation sonne l’alarme : Il faut exiger mieux.
Maintenant.

Nos 5 revendications principales envers le gouvernement Legault se lisent
comme suit :

– Reconnaître que le démantèlement néolibéral des services publics a
amplifié la gravité de la crise et réinvestir massivement dans ces services.

– Redresser de façon significative, à l’aide de la CNESST, les standards de
santé & sécurité dans tous les milieux de travail.

– Améliorer de façon significative les conditions de travail et le salaire
des centaines de milliers de travailleuses et travailleurs publics et
parapublics qui négocient présentement leur convention collective.

– Régulariser rapidement le statut de toutes et tous, peu importe leur
occupation.

– Protéger et améliorer les balises régissant le droit de refus des
travailleuses et travailleurs lorsque celles-ci/ceux-ci jugent que leur
milieu de travail n’est pas suffisamment sécuritaire.

Travailleuses et travailleurs progressistes de l’éducation (TTPE) est un
regroupement autonome de personnes œuvrant dans le milieu de l’éducation
qui souhaite se positionner sur différents enjeux de justice sociale, en
particulier ceux ayant un impact direct sur les communautés scolaires
desquelles nous faisons partie.

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