Loin de faire état d’une évaluation commune et comparable, à travers tout le Québec, ce nouveau bulletin ne consacrera pas le retour des connaissances dans l’évaluation comme l’affirme la ministre de l’Éducation, du Loisir et du Sport, madame Line Beauchamp, puisque son ministère refuse de définir clairement les contenus des programmes et les connaissances à acquérir.
Concrètement, cela signifie que les élèves n’auront pas accès au même bagage de connaissances d’une classe à l’autre, d’une école à l’autre ou d’une commission scolaire à l’autre. Bien que d’accord avec l’idée d’un bulletin unique, la FAE ne peut l’accepter dans sa forme actuelle.
« C’est un énorme mensonge que de laisser croire aux parents qu’ils auront tous accès aux mêmes informations avec l’arrivée de ce bulletin. Il n’y a rien de plus faux puisque les élèves ne seront pas évalués sur les mêmes bases. Par exemple, la liste de mots essentiels que doit apprendre un élève de première année peut être effectivement différente, d’une classe à l’autre, d’une école à l’autre, d’une commission scolaire à l’autre.
Que signifie alors la note de deux élèves provenant de milieux différents ? Quant aux compétences transversales issues de la réforme, elles ne disparaissent pas dans l’évaluation. Ces compétences transversales, s’appellent maintenant "certaines compétences" et prennent encore plus de place puisqu’elles devront désormais être appréciées deux fois plutôt qu’une », a souligné Maxime Viens, enseignant au primaire.
Pour le président de la FAE, Pierre St-Germain, l’évaluation des apprentissages repose toujours sur l’évaluation des compétences et continue d’enfoncer dans la gorge, la pilule de la réforme comme un remède miracle.
« Pourtant, nous avons toujours exigé des correctifs majeurs à cette réforme et de ministre en ministre, personne ne semble entendre ce que les enseignantes et enseignants expriment, eux qui œuvrent au quotidien auprès des élèves. Pourquoi la ministre Beauchamp s’obstine-t-elle, elle aussi, à faire la sourde oreille et à refuser de revoir le mode d’évaluation afin qu’il satisfasse aux fondements mêmes de la mission de l’école qui est d’instruire et de rendre compte de ce qui est acquis par l’élève ?
Sa réponse pour séduire les parents c’est de promettre un bulletin où apparaîtront des moyennes de groupe. Là encore, on maquille la réalité, car pour établir une véritable moyenne de groupe, il faut que tous les élèves soient de même niveau et qu’ils reçoivent le même programme.
Mais ce n’est pas le cas puisque, par exemple, des élèves ne possédant que les acquis de deuxième, de troisième ou de quatrième année pourraient tous fréquenter… une classe de cinquième année ! Il faut cesser de tergiverser et avoir le courage de dire les vraies choses. C’est un bulletin cosmétique qui cache la vérité : l’absence de programmes qui laissent une réelle place à l’acquisition de connaissances », a déclaré Pierre St-Germain, président de la FAE.
Le MELS laisse croire qu’avec le nouveau bulletin, les élèves devront obtenir la note de 60 % pour réussir l’année scolaire.
« Rien n’est plus faux puisque ce seuil de réussite ne veut rien dire. On ne définit pas ce qui doit être su dans le cadre d’une année scolaire puisque la promotion se fait par cycle. Dans les faits, il appartiendra toujours à chaque école de continuer à déterminer les règles de passage d’une année à l’autre », a précisé Nathalie Tremblay, enseignante au secondaire.
Afin de rétablir les faits, la FAE diffusera demain dans plusieurs journaux un encart qui répond à plusieurs éléments qui nourrissent ce mensonge.
« Il faut rétablir les faits. On dénature la valeur même de ce que doit être un bulletin : une évaluation rigoureuse fondée sur un socle commun de connaissances. On ne peut pas se permettre d’improviser en éducation, un secteur crucial pour le développement de la société. C’est pourtant ce qu’on s’apprête à faire avec l’implantation de ce bulletin : improviser pour satisfaire des intérêts politiques.
En voulant courtiser les parents par l’annonce d’un bulletin unique et chiffré, on risque d’atténuer leur sentiment de confiance envers le système d’éducation quand ils découvriront que ce bulletin n’apporte rien de neuf puisqu’il ne fera pas état de l’acquisition réelle de connaissances. Refaites vos devoirs, Madame Beauchamp, votre bulletin ne passe pas », a ajouté M. St-Germain.
Pour la FAE, ce bulletin est le paravent qui sert à masquer la dégradation de l’éducation et qui dévalorise aussi bien le travail des enseignantes et enseignants que celui des élèves. La FAE rappelle qu’elle a élaboré une plateforme pédagogique qui propose plusieurs orientations afin de redonner aux connaissances une place significative dans le programme de formation de l’école québécoise. Un véritable bulletin unique, c’est un bulletin qui repose sur l’acquisition et l’évaluation de connaissances communes à l’ensemble des élèves du Québec et sur les savoir faire qui en découlent.