À Québec, près de 200 femmes ont donné naissance sans carte d’assurance-maladie dans la dernière année. L’équipe de la Clinique SPOT est alarmée par le manque d’accès aux soins périnataux pour ces femmes, qui vivent souvent dans une situation de grande précarité. “Nous anticipons pouvoir répondre à seulement 1 demande sur 10 en 2024” se désole Cathie Bordeleau, intervenante périnatale dans cet organisme qui offre des suivis de grossesse aux
femmes à statut précaire sans assurance santé, quelques heures par semaine.
Le livre Parcours de soins de femmes immigrantes sans accès au régime d‘assurance maladie du Québec est issu d’une recherche-action-participative pilotée par Accès Savoirs, en collaboration avec le milieu communautaire. Il relate le vécu de plusieurs de ces femmes et familles et est disponible gratuitement, au format électronique. À cause des coûts reliés aux soins périnataux, nombre d’entre elles ont dû faire des choix déchirants. Certaines ont dû s’automédicamenter ou renoncer aux soins en cas de douleur liée à la grossesse ou à l’accouchement. Une femme y témoigne : « quand je suis revenue après avec ma césarienne, j’avais ma plaie. À un moment donné, ma plaie était horrible. Ça chauffait terriblement, mais je n’osais pas aller à l’hôpital parce que je savais que juste pour les urgences c’est 700 $.
Donc j’ai supporté en espérant que ça va finir. Par la grâce de Dieu, c’est fini, mais il pouvait y avoir des complications. Je devais rester avec mes complications parce que j’ai peur des factures ».
Les femmes sans assurance maladie soutenues par les organismes sont principalement en attente d’une résidence permanente ou d’un renouvellement de leur statut. Certaines sont étudiantes étrangères avec une assurance privée obligatoire qui ne couvre pas les soins entourant la naissance.
Marielle M’Bangha, du Service de référence en périnatalité pour les femmes immigrantes de Québec, s’inquiète de la situation actuelle : « Nous sommes face à une situation extrêmement critique, alors que des futures mamans sont sans suivi de grossesse, prises au piège des particularités des politiques d’immigration et parce qu’elles n’ont tout simplement pas les sous pour payer. Plusieurs de ces familles font face à l’insécurité alimentaire et sont déjà en
situation d’itinérance cachée. Qu’attendons-nous ? De les voir dans la rue avec leur grossesse ? Ce n’est pas responsable, dans notre société, que des familles et femmes enceintes souffrent de la faim, qu’elles n’aient pas de suivi de grossesse et ne sachent plus à quelle porte cogner. »
Le Regroupement des groupes de femmes de la Capitale-Nationale explique qu’ « au Québec, les personnes sans accès à l’assurance maladie doivent payer 200% des frais liés à tout traitement, soin de santé ou hospitalisation, ce qui est un non-sens et une injustice ! Par solidarité avec elles et parce que cette situation constitue un grave problème de santé
publique ayant des effets sur l’ensemble de la société, nous implorons le gouvernement de corriger la situation. Nous faisons un appel à l’effort collectif pour prendre soin, urgemment, des mamans et des bébés qui vivent ici, au Québec.”
Pour la santé des mères et des bébés à naître, la seule solution réelle est de donner accès à des soins de santé et services sociaux gratuits tout au long de la période périnatale à toutes les femmes, peu importe leur statut.
Lien pouraccéder gratuitement au livre : Parcours de soins de femmes immigrantes sans accès au régime d’assurance maladie du Québec – Un livre des Éditions science et bien commun (pressbooks.pub)
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