Édition du 16 avril 2024

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Tunisie

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Quelle opposition pourra intégrer le futur gouvernement ?

Le président Mebazaa n’a pour l’instant approché que « l’opposition de façade » pour former le gouvernement d’union nationale.

Le Premier ministre de Ben Ali, Mohamed Ghannouchi, qui s’était proposé pour le remplacer provisoirement, ne sera pas resté longtemps à la tête de la Tunisie.

Un jour après la fuite de l’ex-président tunisien, chassé par la Révolution du jasmin, le Conseil constitutionnel a en effet opéré un clair retour à l’application du texte. La vacance du pouvoir confirmée, c’est Fouad Mebazaa, président de la Chambre des représentants, qui a été nommé chef de l’Etat tunisien par intérim.

Selon Al Jazeera, Mohamed Ghannouchi reste chargé de former un gouvernement de coalition nationale, avant la prochaine élection présidentielle, qui devra se tenir d’ici à deux mois.

Les partis non-reconnus exclus de la première réunion

Fouad Mebazaa, ministre sous Bourguiba et membre de l’aristocratie tunisienne, a d’ores et déjà annoncé rencontrer le 15 janvier plusieurs partis d’opposition afin de plancher sur la création de ce gouvernement d’union nationale.

Tout en se réjouissant de ce retour à la « normalité constitutionnelle », Taoufik Djebali, universitaire tunisien, remarque que tous les partis d’opposition n’ont pas été invités à la table de Mebazaa :
« Seuls les cinq partis d’opposition de façade, en fait très proches du pouvoir, ont été sollicités.

Deux partis réellement hostiles au pouvoir, le Parti démocratique progressiste (PDP) et le Forum démocratique pour le travail et les libertés, ont été contactés. »

Le Parti communiste des ouvriers tunisiens (PCOT), le Congrès pour la République et Ennahda, parti islamiste d’opposition, non-autorisés en Tunisie, n’ont eux pas encore été approchés.

« Trop tôt pour évoquer une réelle transition démocratique »
Moncef Marzouki, président du Congrès pour la République et réfugié en France, regrette de ne pas avoir été contacté par Mebazaa. Déterminé, il s’apprête malgré tout à rentrer en Tunisie le 18 janvier, « sans attendre l’autorisation de personne ».

Lorsque, joint par Rue89, il évoque ce samedi la transition politique, le leader reste cependant prudent :
« Il reste à savoir si le code électoral va être modifié ou non. Les lois actuelles empêchent tout opposant au parti unique à se présenter. Par exemple, il faut avoir le soutien de trente députés pour pouvoir être candidat, sauf que pour le moment ils sont tous partisans du Rassemblement constitutionnel démocratique [RCD de Ben Ali, ndlr]. »

Vincent Geisser, chercheur à l’Institut de recherche et d’études sur le monde arabe et musulman (Iremam) et spécialiste du Maghreb, partage cette retenue :
« Il est encore un peu trop tôt pour évoquer une réelle transition démocratique. Il faut voir dans les trois ou quatre prochaines semaines si le processus démocratique annoncé est réellement mis en œuvre, qui sera autorisé à se présenter. »

La dernière déclaration de Mohamed Ghannouchi invite plutôt à l’optimisme. Selon Al Jazeera, il a affirmé que « tous les Tunisiens sans exception ni exclusion doivent être associés au processus politique ».

Une alliance entre partis d’opposition en exil ?

Déterminés à combattre ensemble le pouvoir et les règles que Ben Ali a imposées depuis vingt-trois ans, les partis d’opposition en exil souhaitent agir main dans la main. Moncef Marzouki confirme :
« Nous sommes en contact avec le PCOT et Ennahada, mais pour l’instant nous ne parlons pas de candidature commune lors des prochaines élections. Il faut y aller étape par étape, d’abord liquider la dictature, modifier le code électoral.

Si la démocratie est réellement instaurée, il y aura un vrai pluralisme. »
A Paris, lors de la manifestation de vendredi, un responsable d’Ennahda affirmait également la détermination de l’organisation à participer à la création d’un gouvernement d’union nationale dont le parti unique, le RCD, ne ferait pas partie.

Rached Ghannouchi, leader d’Ennahda, a en outre reconnu que des responsables proches du parti ont négocié des accords avec des partis laïques comme le PCOT, et le Parti démocratique progressiste. Selon France Info, l’opposant, en exil en Grande-Bretagne, prépare son retour en Tunisie.
Ensemble, les trois partis réfléchissent à une série de propositions pour le pays, après vingt-trois ans d’autoritarisme. Moncef Marzouki :
« Nous sommes en train de travailler sur un texte dans lequel nos projets pour le pays, en matière de démocratie ou de droit des femmes par exemple, seraient formulés. »

Cet article est tiré du site web de rue89.com

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