Québec serait riche en uranium, "de 2-3 projets en 2004 à plus de 70 projets en 2008. Ces projets concernent principalement cinq régions de la province, soit l’Outaouais, les Hautes-Laurentides, la Côte-Nord, les monts Otish et le Nunavik"
( Le Devoir, 9/12/2009 )
Le gouvernement n’a toujours pas accepté la demande de moratoire de ces différentes régions ni celle de Sept-Îles. « Je n’ai pas toute l’information » dit Madame Normandeau, Ministre des Ressources naturelles et vice-première ministre du Québec mais son ministère a tout de même délivré en septembre un permis pour que la compagnie aménage un chemin d’accès à l’emplacement du lac Kachiwiss. Mais elle rassure : « On ne mettra pas dans la gorge des projets que les gens ne veulent pas ». (Le Soleil, 7/12/2009) M. Bolduc, pour sa part, affirme que le gouvernement se rangera derrière la population si elle ne veut pas de tels projets dans la région. (Le Soleil, 4/12/2009) 4/12/2009) Et que dit le Premier Ministre Charest ? Silence.
Quant à La Chambre de Commerce de Sept-Îles, elle considère « qu’il lui manque des informations » pour se prononcer sur le dossier de l’uranium (Le Nord-Est, 9/12/2009)
A Tinogasta aussi on a demandé un moratoire car en Argentine l’exploitation de l’uranium va bon train et les montagnes de résidus aussi ; elles s’accumulent le long de la Cordillère des Andes. L’Argentine vient même de faire un emprunt de 30 millions à la Banque Mondiale pour essayer de nettoyer ces dégâts !
A Sept-Îles, tout comme à Tinogasta, les professionnels de la santé se sont déclarés « a favor de la vida » [1]
À Sept-Îles, aujourd’hui, la population se renseigne, se mobilise. SISUR (Sept-Îles sans uranium) invitait les citoyens à venir discuter le 7 décembre. Une manifestation a eu lieu le dimanche 13 décembre.
A Tinogasta, c’est avec une volonté de fer que la population a défendu son environnement et sa santé contre l’entreprise minière Jackson Minerals Ltd et même contre les ambitions de ses propres gouvernants.
Deux fois, le 20 octobre 2009, la compagnie a tenté de faire entrer des bulldozers sur le terrain convoité, La Higuerita. Informé par les gardiens, le peuple l’en a empêchée ; on convient alors de moyens de communication en cas de récidive.
Le 24 novembre 2009, vers 18h, une camionnette bien identifiée Projet Rio Colorado GAZ 727, se dirige vers La Higuerita, situé à 8 km de Tinogasta. Dans cette camionnette prennent place cinq représentants de la compagnie Jackson Minerals. Il est évident que ces représentants de la compagnie veulent provoquer les gardiens du site. On communique alors par cellulaires, on circule dans les rues avec des mégaphones, on invite le peuple à venir défendre son territoire.
Rapidement la camionnette est entourée par la population, les occupants sont invités à attendre un élu municipal ou un homme de loi qui leur lira le dépôt d’un moratoire (recurso de amparo) demandant la "No exploitation" de la mine à ciel ouvert. On attend près de 7 heures ; les occupants de la camionnette n’ont ni eau, ni nourriture. Les élus municipaux refusent de venir, ils envoient plutôt un contingent de policiers.
Arrivés sur les lieux vers 1 heure du matin, les policiers invitent leurs concitoyens à se disperser. Sinon, à leur retour, d’ici une heure, on devra les incarcérer tous. La réponse : il faudra un grand espace, car tout le village est présent.
À deux heures du matin, juste avant le retour des policiers, un représentant de l’entreprise Jackson Minerals Ltd, Carlos Buslaiman, fait la promesse de ne JAMAIS revenir sur ce lieu et qu’aucune machine n’entrera à Tinogasta, promesse faite devant les cameras de télévision Sono Vision. Aux petites heures du matin, la camionnette est escortée, par les policiers et la foule, jusqu’au bureau de l’entreprise.
C’était une caravane impressionnante, qui se faisait entendre : on klaxonnait, on chantait, on tapait des mains et, finalement on se rendit réciter un « Notre Père » au temple de San Juan Bautista.
À Tinogasta, on célèbre. On célèbre le courage, la persévérance, la force d’une population. Pendant plus de deux ans, elle s’est renseignée, s’est mobilisée, et cela malgré les nombreux obstacles rencontrés. Et, la nuit du 24 novembre 2009, la nuit où Tinogasta n’a pas dormi, leur solidarité a triomphé.
Source : Agencia de comunicación Rodolfo Walsh www.agenciawalsh.org
C. Breault
9 décembre 2009.