D’entrée de jeu, mentionnons que la grande majorité de ce qui se trouve dans le document qui a circulé aujourd’hui ne reflète que ce que les syndicats font déjà. Les syndicats sont déjà soumis à des mécanismes rigoureux de reddition de comptes et de démocratie interne : votes majoritaires, accès garanti aux finances, recours légaux en cas de refus. Aucune autre organisation de la société n’est soumise à un tel régime.
Les informations ayant fuité révèlent cependant des mesures lourdes de conséquences : scission des cotisations syndicales en portions obligatoire et facultative, votes obligatoires au scrutin secret sur la fixation des cotisations dans chaque milieu de travail, divulgation détaillée des rémunérations et dépenses, et possibilité pour les membres de se soustraire à une partie de la cotisation.
Derrière un discours de « transparence », il s’agit en réalité d’une attaque frontale contre la capacité des syndicats à représenter efficacement leurs membres.
En fin de deuxième mandat et après avoir complètement perdu la confiance de la population, ce gouvernement n’a plus la légitimité nécessaire pour bouleverser un modèle de relations de travail patiemment construit, depuis les années 1940, sur la base du dialogue, des compromis et de la consultation.
« Si le gouvernement croit que ce projet de loi correspond à la volonté de la population, qu’il déclenche une élection et qu’il en fasse un enjeu de campagne. Nous, on ne craint pas le débat démocratique. Mais ce gouvernement, usé et à bout de souffle, n’a pas la légitimité de défaire des équilibres établis depuis plus de 80 ans », a déclaré Daniel Cloutier, directeur québécois d’Unifor.
Rappelons que le Code du travail confie aux syndicats la mission d’assurer non seulement la négociation et l’application des conventions collectives, mais aussi la sauvegarde et le développement des intérêts économiques, sociaux et éducatifs des travailleuses et travailleurs. Les conditions de travail de nos membres sont directement influencées par les lois, la fiscalité, les programmes sociaux ou les politiques industrielles. Museler les syndicats dans le champ politique, c’est priver la classe moyenne de sa voix et laisser toute la place aux lobbyistes des plus riches.
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