Édition du 30 avril 2024

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Une nouvelle force d’occupation ? Les Haïtiens dénoncent le vote de l’ONU visant à déployer des troupes soutenues par les États-Unis et dirigées par le Kenya

Le Conseil de sécurité des Nations Unies a approuvé une force armée internationale pour faire face à la spirale de la violence des gangs en Haïti, où les combats de rue paralysent la capitale Port-au-Prince depuis l’assassinat du président Jovenel Moïse en 2021. La mission de l’ONU, qui a été amenée à la demande répétée du Premier ministre haïtien Ariel Henry, est dirigée par le Kenya, marquant le premier déploiement de forces de sécurité internationales en Haïti en près de 20 ans.

4 octobre 2023 | tiré de démocracynow.org-https://www.democracynow.org/2023/10/4/haiti_united_nations_forces

La proposition soutenue par les États-Unis a reçu 13 voix pour, la Russie et la Chine s’abstenant, et permet aux troupes étrangères de rester en Haïti pendant un an. « Cela légitime le gouvernement criminel d’Ariel Henry », a déclaré Monique Clesca, militante haïtienne en faveur de la démocratie, qui affirme que les 100 millions de dollars promis par les États-Unis pour soutenir la mission de l’ONU auraient été mieux utilisés pour soutenir la société civile. « Le gros problème en ce moment, c’est le système de gouvernance. » Nous parlons également avec Mamyrah Prosper de UC Irvine, animatrice du podcast Haiti : Our Revolution Continues, qui dit que de nombreux Haïtie-ne-s sont à juste titre sceptiques compte tenu de l’histoire des interventions étrangères dans le pays, y compris par les troupes de l’ONU. « Ce n’est pas la première fois que le Conseil de sécurité vote en faveur de l’envoi de ce que les Haïtiens appellent une force d’occupation », a déclaré Prosper. « Ces missions ne viennent pas vraiment pour protéger la population. Elles visent à protéger les investissements multinationaux. »

AMY GOODMAN : This is Democracy Now !, democracynow.org, The War and Peace Report. Je suis Amy Goodman, avec Juan González.

Le Conseil de sécurité de l’ONU a voté lundi pour déployer une force armée multinationale soutenue par les États-Unis et dirigée par le Kenya en Haïti alors que la nation insulaire lutte contre l’aggravation de la violence des gangs. (...) L’administration Biden a promis au moins 100 millions de dollars pour financer l’opération. Voici l’intervention de l’ambassadeur adjoint des États-Unis auprès des Nations Unies, Jeffrey DeLaurentis à ce propos :

JEFFREY DELAURENTIS : Cette mission intervient à la demande du gouvernement haïtien et de la société civile haïtienne pour faire face à l’insécurité et à la grave crise humanitaire auxquelles le pays est confronté depuis trop longtemps. Le déploiement de cette mission aidera à répondre aux besoins critiques à court terme d’Haïti et à favoriser les conditions de sécurité nécessaires pour que le pays puisse progresser vers la stabilité à long terme.

AMY GOODMAN : Le Kenya avait précédemment offert de fournir un millier de policiers. Les Bahamas, la Jamaïque et Antigua-et-Barbuda ont également promis d’envoyer des forces. De nombreux Haïtien-ne-s se sont opposés à cette décision en raison de l’histoire désastreuse des interventions de l’ONU, des États-Unis et de l’étranger en Haïti. Il y a près de 20 ans, les États-Unis ont mené un coup d’État pour évincer le président démocratiquement élu d’Haïti, Jean-Bertrand Aristide. Plus récemment, une mission de l’ONU a laissé derrière elle une épidémie de choléra qui a tué quelque 10 000 personnes en Haïti. Les responsables de l’ONU ont également été accusés de violences sexuelles généralisées, y compris d’abus sur des enfants. Amnesty International a exprimé ses préoccupations au sujet de l’intervention et des forces armées dirigées par le Kenya, citant récemment le « recours illégal continu à la force contre les manifestants » par le Kenya.
Pendant ce temps, les militant-e-s de la paix ont dénoncé cette décision comme une invasion menée par les États-Unis. En 2021, l’envoyé spécial des États-Unis en Haïti a démissionné pour protester contre les politiques de l’administration Biden en Haïti. Dans sa lettre de démission, le diplomate de longue date Daniel Foote a écrit : « Ce que nos amis haïtiens veulent vraiment, et ce dont ils ont besoin, c’est la possibilité de tracer leur propre voie, sans marionnettiste international et candidats favorisés, mais avec un véritable soutien pour cette voie. »
Nous sommes maintenant rejoints par deux invités. Monique Clesca est une militante haïtienne en faveur de la démocratie, généralement basée à Port-au-Prince. Elle nous rejoint de Miami. Elle a travaillé pendant de nombreuses années avec l’ONU, y compris à l’UNICEF en Haïti pendant 15 ans. Et à Irvine, en Californie, nous sommes rejoints par Mamyrah Prosper. Elle est professeure adjointe d’études mondiales et internationales à l’Université de Californie à Irvine. Elle est également coordonnatrice internationale pour Community Movement Builders et co-animatrice du podcast Haiti : Our Revolution Continues.
Mamyrah Prosper, commençons par vous. Pouvez-vous répondre au vote du Conseil de sécurité de l’ONU en faveur de l’envoi d’une force d’intervention armée en Haïti ?

MAMYRAH PROSPER : Oui. Merci, Amy. Comme vous l’avez dit dans votre introduction, ce n’est pas la première fois que le Conseil de sécurité vote pour envoyer ce que les Haïtiens appellent - n’est-ce pas ? — une force d’occupation en Haïti, multinationale en plus. En 2004, comme vous l’avez mentionné, après le coup d’État, comme vous l’avez dit, le coup d’État soutenu par les États-Unis contre le président démocratiquement élu Jean-Bertrand Aristide, le Conseil de sécurité a voté pour que les Nations Unies envoient des troupes dirigées à ce moment-là par l’armée brésilienne, environ 5 000 soldats. Et vous avez déjà commencé à énumérer le bilan de cette mission qui s’est déroulée entre 2004 et 2017. Nous parlons donc ici de 13 ans d’histoire de violations des droits de l’homme.
Lorsque les troupes de l’ONU sont arrivées, la première chose qu’elles ont faite a été d’attaquer les partisans du président qui venaient de subir un coup d’État. Elles ont mené au cours des 13 années suivantes plusieurs lynchages de différentes personnes dans la population à travers le pays. Comme vous l’avez mentionné, il y a eu trop de cas de viol de femmes et d’enfants, y compris de garçons et de filles, et il y a encore des groupes féministes en Haïti, différentes organisations de mouvements sociaux, différents membres de la société civile qui tentent de traduire ces personnes en justice. Ils ont engendré trop d’enfants et les ont laissé derrière eux. Et comme nous le savons, les troupes de l’ONU ont l’immunité, elles n’ont donc pas pu être traduites en justice pour leurs actes contre la population haïtienne.
Comme vous l’avez mentionné également, les troupes ont été augmentées en 2010 après le tremblement de terre, ce qui a fini par mener à une épidémie de choléra, et je veux juste dire spécifiquement, parce que les troupes ont déféqué dans des sources d’eau potable que les Haïtiens utilisaient pour faire un certain nombre de choses, y compris boire et cuisiner, n’est-ce pas ? C’est donc un mépris total pour la dignité haïtienne. Et cela a conduit à 10 000 morts. Et aujourd’hui, Haïti lutte toujours contre les épidémies de choléra.
Et quand les troupes de l’ONU sont arrivées, ce qu’elles ont fait, c’est sécuriser certains actifs des multinationales dans tout le pays, plutôt que que re réellement assurer la soi-disante stabilité. Et nous voyons qu’il y a environ, vous savez, 7 milliards de dollars et plus ont été dépensés pendant cette période où l’ONU était en Haïti, et pourtant nous ne voyons aucune sorte d’impact positif de cette mission en Haïti aujourd’hui. Et, bien sûr, les troupes ont diminué depuis, et maintenant nous avons une mission plus politique de l’ONU en Haïti qui est censée organiser des élections. Cependant, encore une fois, ce que nous avons vu, l’ONU sert de couverture à des élections frauduleuses qui ont conduit à la création du parti qui est actuellement au pouvoir pour la troisième fois, comme vous l’avez mentionné, Amy, dirigé par un premier ministre qui est également un président par intérim, qui n’a jamais été élu par le peuple haïtien. Donc, l’ONU a vraiment été complice du soutien à l’érosion de la démocratie en Haïti. Aujourd’hui, il n’y a pas de parlement. Il n’y a pas de freins et contrepoids contre Ariel Henry et son Cabinet de ministres. Et donc, c’est une partie du compte rendu de ce que nous voyons la mission de l’ONU en Haïti.
Et je signalerai également le fait que pendant cette période où ils étaient en Haïti sur le terrain, ils étaient censés former cette police qui est censée être capable de s’attaquer aux gangs. Au lieu de cela, nous voyons 500 000 armes illégales circuler dans le pays en provenance des États-Unis. Et vous l’avez déjà mentionné, ou du moins le clip que vous avez joué le dit – n’est-ce pas ? — la société civile a demandé cette occupation. Et je pense que Mme Clesca en parlera, mais, en fait, ils l’ont pas fait – s’il y a une faction qui demande un soutien aux forces de police, la majorité des gens disent que ce dont nous avons besoin, c’est que les États-Unis contrôlent leurs frontières et empêchent les armes illégales d’inonder Haïti. Et, bien sûr, nous savons qu’aux États-Unis, il y a tout un problème avec le contrôle des armes à feu, et les producteurs d’armes à feu, en fin de compte, sont les autres qui gagnent dans cette guerre contre le peuple en général, et en particulier le peuple haïtien. Donc, ce sont quelques-unes des choses que je voulais souligner.
Et en 2004, lorsque la mission de l’ONU est élue, elle a le soutien de la Communauté des Caraïbes, la CARICOM. Dans ce cas, elle l’a aussi. Nous savons que la Jamaïque et les Bahamas se sont également engagées à participer à cette intervention multinationale. Mais comme je l’ai dit plus tôt, ce qu’ils ont fait, c’est essentiellement éroder la démocratie en Haïti. Créé en 2004, ce groupe, ce conseil, continue de superviser et d’opérer au-dessus de l’État. Et c’est ce que nous appelons le Core Group, et il est composé, bien sûr, du Brésil, de l’Espagne, de l’Allemagne, du représentant des Nations Unies, du représentant de l’Organisation des États américains, des États-Unis, du Canada et de la France. Et ces gens ont essentiellement été ceux qui imposent leurs décisions au peuple haïtien, à l’État haïtien. Ces gens ont également supervisé le démantèlement du parlement. Je pense donc que c’est déjà quelque chose que le peuple haïtien a vécu, ce type d’occupation. Et...

JUAN GONZÁLEZ : Mamyrah ?

MAMYRAH PROSPER : — ce que nous voyons en ce moment — oui ?

JUAN GONZÁLEZ : Mamyrah, je voulais vous poser une question sur un autre aspect de la sitaution. Nous continuons d’entendre tous les récits ici aux États-Unis sur Haïti, sur le chaos et le règne des gangs, et pourtant ce que nous n’entendons pas, c’est l’investissement qui a – les investissements étrangers qui ont été faits en Haïti spécifiquement autour des minéraux, et ce jusqu’à 20 milliards de dollars dans les gisements d’or et de cuivre, et en particulier dans les terres rares. iridium, avec l’arrivée d’entreprises canadiennes et américaines. Pourriez-vous nous en parler, ce que vous savez à ce sujet ?

MAMYRAH PROSPER : Oui, absolument. Donc, comme je le disais plus tôt, quand nous voyons les troupes de l’ONU arriver en 2004 et nous voyons aussi que la délégation kényane — la délégation kényane qui est venue en Haïti récemment, ils ont dit très clairement qu’ils venaient pour protéger certains actifs clés, des infrastructures clés. Donc, ces missions ne viennent pas vraiment pour protéger, en fait, la population. Ils sont là pour protéger les investissements multinationaux. Et dans le cas d’Haïti, nous parlons – n’est-ce pas ? — d’industrie du vêtement, d’usines de confection. Nous parlons de grandes plantations. Nous parlons aussi des mines, comme vous l’avez dit, et tout ça, n’est-ce pas ? — est tourné vers l’exportation, sans rien laisser au peuple haïtien lui-même. Et nous savons que l’État qui est au pouvoir a déjà été poursuivi pour toutes sortes de fraudes, toutes sortes de blanchiment d’argent, si vous voulez.
Et nous comprenons, ou le peuple haïtien comprend, que cette mission de l’ONU ne vient pas, en fait, pour combattre les gangs, parce que, encore une fois, comme je l’ai dit, pendant le temps que l’ONU a été là-bas, nous avons vu une augmentation du nombre de gangs, 200 gangs, dont 95 qui contrôlent la zone métropolitaine de la capitale. Et ce que nous voyons vraiment, c’est que les bases de l’ONU, si vous regardez où elles ont été placées, elles sont généralement stratégiquement proches de ces investissements multinationaux, des zones de libre-échange, en particulier. Et je dirai qu’il ne s’agit pas seulement d’investissements multinationaux. En règle générale, l’État, cet État particulier qui est au pouvoir pour la troisième fois, a aidé à subventionner certains de ces investissements multinationaux – n’est-ce pas ? — au lieu d’investir dans les infrastructures, au lieu d’investir dans des programmes sociaux pour les Haïtiens. Et donc, cela fait partie de la dénonciation que fait le peuple haïtien. Ce dernier comprend que cette occupation ne vient pas vraiment pour établir l’ordre ou la stabilité ou pour imposer la démocratie, mais c’est pour protéger certains intérêts qui permettent à certaines personnes, à des transnationales, entreprises haïtiennes incluses, de s’enrichir, alors que le reste de la population s’appauvrit. Et donc, il y a des dossiers...

JUAN GONZÁLEZ : J’aimerais...

MAMYRAH PROSPER : — d’accord ? ... des gens qui arrivent déjà et — allez-y. Pardon.

JUAN GONZÁLEZ : Oui, non, je voulais juste faire intervenir aussi Monique Clesca, qui...

MAMYRAH PROSPER  : Oui, s’il vous plaît.

JUAN GONZÁLEZ : — a travaillé comme défenderesse de la démocratie à Port-au-Prince et a travaillé pour l’UNICEF en Haïti pendant 15 ans. Monique, votre réponse à la décision du Conseil de sécurité d’envoyer une force militaire en Haïti ? Et votre idée de l’impact sur les groupes de la société civile en Haïti ?

MONIQUE CLESCA : Merci. Merci beaucoup de m’avoir invité. Je pense que cela valide le gouvernement criminel d’Ariel Henry, car ne vous y trompez pas : Ariel Henry fait partie du régime criminel qui est au pouvoir depuis 2011 avec Michel Martelly, puis avec Jovenel Moïse. Il est au pouvoir depuis deux ans. Et je crois qu’au cours des deux années qu’il a passées au pouvoir, il a vraiment réalisé plusieurs massacres. Il y a eu plus de 15 massacres. Il y a eu des viols collectifs de femmes et de filles – tout cela sous sa surveillance. Et je dis ceci : non seulement il est Premier ministre, mais il est aussi le chef de la police, un groupe, donc il a une double responsabilité, en ce sens. Cette intervention légitime donc un régime criminel.
Et Madame Prosper a parlé du Core Group, etc. Je veux parler des États-Unis, qui sont à l’avant-garde. Et les États-Unis promettent 100 millions de dollars. Imaginez si ces 100 millions de dollars avaient été investis il y a peut-être deux ans pour aider à créer une situation humanitaire, ou peut-être le gouvernement de consensus que l’Accord du Montana, dont je suis honoré de faire partie, a mise de l’avant. Nous avons fait pression, nous nous sommes efforcés, nous avons parlé de former une coalition, et nous avons mis sur pied cette coalition. Et nous travaillons pour qu’il y ait encore plus de gens qui font partie de cette coalition pour avoir un gouvernement de transition qui est propre, un gouvernement de transition qui n’est pas criminel, un gouvernement de transition qui n’aide pas les gangs. Vous avez des histoires de membres de gangs vus dans des voitures de police. Vous avez des histoires de membres de gangs qui disent avoir rencontré Ariel Henry. Vous avez des histoires de gens qui disent qu’Ariel Henry – il y a des appels téléphoniques qu’Ariel Henry a eus, soi-disant, avec des personnes qui étaient associées à l’assassinat d’un président. Nous parlons donc d’un régime criminel.
Mais plus important encore, nous parlons d’une gouvernance, d’un système de gouvernance pénale. Et nous disons depuis plus de deux ans : « Nous avons besoin d’un changement. » Nous avons besoin d’un changement du système de gouvernance pénale, du système structurel, afin que nous puissions aller vers un système de gouvernance qui a des valeurs, qui n’est pas corrompu, qui n’est pas impliiqué dans des vols. Ce sont lè des droits de l’homme. Donc, le gros problème en ce moment est le système de gouvernance. Donc, vous êtes, avec cette intervention du Kenya — un millier de policiers kenyans, comment vont-ils résoudre tout problème du système de gouvernance que nous avons ? Comment vont-ils — même si vous faites venir 15 Bahamiens et 150 Jamaïcains, comment vont-ils résoudre ce problème ? Non, ils vont aller de l’avant. Ils légitiement le règne d’Ariel Henry.
Donc, aujourd’hui, nous disons qu’Ariel Henry n’est pas crédible. Il n’est pas de bonne foi. Il n’a rien fait. Il a demandé les troupes en octobre, et depuis lors, il n’a rien fait. Si nous prenons un exemple, Carrefour Feuilles, le quartier de Carrefour Feuilles, il y a environ un mois, les gens du quartier sont allés au poste de police pour demander de l’aide pour combattre les gangs. Ils ont été aspergés de gaz lacrymogène. La police les a même aspergés de gaz lacrymogène. Alors les gangs ont pris le contrôle du quartier, brûlé des maisons. Vous avez donc des milliers de personnes qui ont quitté leur maison. Et qu’a fait la police ? Une fois que tout le monde soit parti, la police arrive, et vous avez le chef de police, qui porte un casque et un masque, etc., qui dit : « Nous sommes venus vous aider. » Tout le monde était déjà parti.
Nous avons donc une situation humanitaire désastreuse. Nous sommes dans une situation désastreuse où des femmes et des filles ont été victimes de viols collectifs, parfois devant leurs enfants. Nous avons une situation désastreuse de personnes déplacées, affamées. Mais Ariel Henry n’est pas la personne qui peut résoudre ce problème. Et un millier de soldats kenyans, qui disent apprendre à parler français, alors que le créole est en fait la langue parlée en Haïti, plus que le français, ne vont pas nous aider. Ce dont nous avons besoin, en revanche, j’aimerais voir le gouvernement américain faire preuve de la même détermination qu’il a en avançant cette résolution, j’aimerais qu’il fasse pression pour un règlement négocié, afin qu’Ariel Henry puisse partir, dégager, et que nous puissions avoir un gouvernement de transition qui a des valeurs, qui n’est pas corrompu qui n’est pas de mèche avec les gangs, qui n’est pas de mèche avec ceux qui poussent les membres des gangs à travailler dans le secteur économique, par exemple. C’est ce dont nous avons besoin, c’est un règlement négocié.

AMY GOODMAN : Nous n’avons qu’une minute. Mamyrah Prosper, je veux poser une question sur les migrants qui entrent aux États-Unis et qui ont été expulsés vers Haïti, alors même que les États-Unis disent que les citoyens américains devraient quitter Haïti pour leur sécurité. Nous n’avons que 30 secondes.

MAMYRAH PROSPER : oui. Je veux dire, nous voyons Biden, au cours du premier mois où il est arrivé, expulser plus d’Haïtiens en un mois que Trump ne l’avait fait pendant toute sa présidence. Donc, l’administration Biden a beaucoup expulsé des Haïtiens, des centaines à la fois par mois, depuis sa création, y compris – n’est-ce pas ? — renvoyer les mineurs non accompagnés. Dans le même temps, comme vous l’avez dit, l’ambassade des États-Unis en Haïti est fermée jusqu’en 2025 en raison de problèmes de sécurité, d’enlèvements, de massacres, etc. Et Biden a maintenant un programme de libération conditionnelle, qui est vraiment une sorte de couverture pour un programme de travailleurs – n’est-ce pas ? ... que les Haïtiens peuvent venir pendant deux ans et travailler, et qu’ils finissent dans des entrepôts amazoniens, dans des fermes en Nouvelle-Angleterre. Et donc vous voyez qu’il y a cette hypocrisie dans l’administration Biden envers Haïti.

AMY GOODMAN : Mamyrah Prosper, nous allons devoir en rester là, professeure adjointe à l’Université de Californie, Irvine, et Monique Clesca, militante haïtienne pro-démocratie. Je suis Amy Goodman, avec Juan González. Merci beaucoup de vous joindre à nous.

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