Édition du 16 avril 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Point de mire du 28 mai 2019

De la nécessité d'un changement social radical

Dans ces points de mire, Presse-toi à gauche présente synthétiquement des éléments d’analyses d’articles publiés dans l’édition de la semaine et explicite ses partis-pris sur les points d’actualité et les débats en cours. Points de mire, pour bien marquer où nous voulons en venir !

 
La CAQ tenait un conseil général portant sur l’environnement, question de verdir son image plutôt brunâtre jusqu’à maintenant. Une certaine mouvance écologiste fait le pari de « convaincre » le premier ministre Legault de faire un virage dans la lutte aux changements climatiques. Cette stratégie portée notamment par Dominique Champagne et une partie des groupes écologistes prétend qu’un lobbying suffisamment convaincant suffira à transformer le climatosceptique caquiste en un ardent défenseur des politiques à adopter pour combattre les dérèglements climatiques. Bernard Rioux remet en question cette approche la situant davantage comme une opération de relation publique qui cache une approche de soutien à la filière du gaz naturel, les investissements dans le réseau routier et l’ouverture du Québec au pillage des ressources naturelles du Québec par des multinationales avides de profits juteux. L’auteur dénonce la prétention du gouvernement Legault que la lutte aux changements climatiques peut s’accommoder d’une croissance économique sans fin. Il propose plutôt de s’appuyer sur les mobilisations populaires car nous ne pouvons faire abstraction que l’économie capitaliste est responsable de la crise écologique. Qu’au plan de Legault, il faut opposer un plan de transition qui place l’investissement public et la planification citoyenne au centre de la transition économique.
 
Une autre brique de l’édifice de la prétendue majorité d’appuis au projet de loi 21 du gouvernement Legault sur la laïcité de l’État est tombée. De nombreuses associations locales de Québec solidaire dénoncent la laïcité à la sauce caquiste caractérisée par ses aspects discriminatoires et contre-productifs. Ils y voient une « catho-laïcité » qui vise en particulier les femmes musulmanes et qui sera inapplicable dans la réalité, mais ouvrira la porte à davantage de préjugés et d’hostilités envers les minorités dans l’espace public. Ils appellent à la résistance et la solidarité avec les victimes de ce projet de loi. Par ailleurs, Nikolas Barry-Shaw questionne l’affirmation caquiste selon laquelle une majorité de québécois.e.s appuie la laïcité à la sauce Jolin-Barette. En s’appuyant sur une analyse méticuleuse des sondages et les analyses portant sur le vote caquiste et ses motivations dans la population, l’auteur démontre que cet appui est peu convaincant. Élu par moins du quart de l’électorat inscrit (24,5%), le vote en faveur de la CAQ était davantage motivé par le besoin de défaire les libéraux que par ses engagements ; que seulement « 16% de l’électorat désignait l’immigration comme l’un des enjeux principaux influençant leur vote » et que les enjeux entourant la langue, la laïcité et l’immigration « arrivaient derniers parmi les priorités de l’électorat. » L’auteur souligne le rôle des médias dans la construction de la problématique identitaire, une « couverture médiatique qui donne fréquemment l’impression que la plupart des Québécois réclament à cor et à cri une interdiction des signes religieux dans le secteur public. »
 
Cette fin de semaine dernière se tenait la deuxième édition de La grande transition. De nombreux.se.s invité.e.s ont fait des présentations sur des thèmes collant à la situation politique actuelle, notamment autour des questions de stratégie. La notion de populisme de gauche, des façons de faire de la France insoumise et de Podemos en Espagne en particulier furent abordées de front. Josep Maria Antentas, membre de la mouvance anticapitaliste de Podemos, explique que la mise en place de la stratégie qualifiée de populiste de gauche ne signifie rien d’autre qu’une stratégie platement électoraliste et que cette approche est en voie de marginaliser cette formation politique qui s’oriente de plus en plus vers l’appui au social-libéralisme du PSOE. Une telle orientation ne peut que conduire à une impasse et Antentas suggère de mettre en priorité la démocratie et la vis associative du parti comme facteur clé de sa vitalité. Or, à Québec solidaire cette orientation dite populiste de gauche « n’a jamais été débattue, ni questionnée, nom mis en perspectives au sein de QS » comme le souligne Pierre Mouterde en introduction. Nous reproduisons également la présentation de Xavier Lafrance dans le cadre de l’atelier portant sur le thème « Un gouvernement solidaire peut-il changer le Québec ? » Il déplore à son tour l’absence de débat et de formation dans QS et réclame un virage important pour mettre davantage l’accent sur la liaison avec les mobilisations populaires et les mouvements qui les animent que sur le tout aux élections.

Sur la scène internationale

Quatre thèmes centraux caractérisent la situation internationale cette semaine : les élections européennes, l’environnement, l’avortement et la situation au Moyen-Orient. Nous espérons avoir choisi les articles rendant l’analyse politique la plus claire.

Concernant les élections européennes
Après les Européennes, la crise s’épaissit

L’auteur commence par faire le tour de la situation en France. Il commence par le score de l’extrême droite regroupé dans toutes ses composantes à 30% et analyse les personnes votantes : « Parmi ceux qui votent, un quart des employés, 40% des ouvriers, un tiers de ceux dont la formation est inférieure au bac, près d’un tiers des revenus les plus bas auraient choisi de voter pour la liste patronnée par Marine Le Pen. » L’auteur poursuit en rappelant que c’est à l’extrême droite que finalement la lutte des gilets jaunes aura servi : « Selon Ipsos, la moitié de ceux qui se « sentent très proches » des gilets jaunes et plus de 40% de ceux qui se disent « plutôt proches » se sont portés sur un vote en faveur de l’extrême droite. »

Concernant la gauche française, l’auteur parle maintenant de l’axe PS-PP plutôt que Parti communiste français PCF-France insoumise. Il essaie aussi d’expliquer ce recul de la France insoumise en critiquant la stratégie adoptée soit celle de s’attaquer qu’a Macron en le diabolisant comme représentant des patrons et des riches. Plus de la moitié de l’article porte ensuite sur la situation européenne et la reconstruction de la gauche.

L’auteur résume bien ces résultats européens : « Une gauche toujours dans ses basses eaux, un Rassemblement national guilleret, un pouvoir qui colmate les brèches non sans mal. Les Verts ont pris la main et les acteurs de l’ex-Front de gauche sont dans les choux. » Et surtout, il conclut sur une note des plus claire, mais aussi des plus inquiétante : « Le scrutin d’hier nous laisse au moins une certitude : ou nous bougeons ensemble ou nous mourrons… »

Concernant l’écologie

Nous avons choisi ce manifeste liant l’écoféminisme dans une approche sociale et économique : l’écosocialisme.
Contribution pour une transition écologique, sociale et féministe

Le manifeste est bien structuré. Il énonce clairement ses propos en un ou deux paragraphes et les termine avec une liste de propositions à revendiquer.
Voici les cinq têtes de chapitre :
« 1. Transition écologique et égalité femmes-hommes
2. Progrès social et égalité femmes-hommes
3. Garantir la participation au débat public et la démocratie
4. Où trouver des ressources pour financer la transition écologique et l’égalité femmes-hommes ?
5. Écouter la voix des mouvements féministes du Sud »

Intéressant à lire, important à discuter dans nos groupes militants et un vrai outil pour mobiliser.

Défendre l’avortement partout dans le monde

L’article commence par une dénonciation des dernières lois adoptées en Alabama sur la restriction du droit à l’avortement pour les femmes et donne son soutien à l‘organisation des femmes américaines dans leur luttes contre cette remise en question de leur libre choix. Ce droit des femmes à décider pour elles-mêmes est essentiel dans un « ...dans un pays où la mortalité maternelle est l’une des plus élevées au monde (900 décès/an) et touche près de 4 fois plus les femmes noires.. » La situation américaine est aussi celle de toutes les femmes dans le monde : « Renvoyer les femmes à la clandestinité pour avorter, c’est à nouveau les acculer à des avortements non médicalisés, leurs complications et les décès – 47 000 femmes sont mortes dans le monde en 2018 des suites d’un avortement non médicalisé ! »

Mais les femmes luttent : « L’année 2018 s’est révélée clé dans la mobilisation des femmes pour la conquête de ce droit au niveau mondial : la lutte des Polonaises contre les restrictions à l’accès à l’avortement et le triomphe du « oui » en Irlande ont été suivis d’une énorme lutte des argentines, qui ont réussi à faire passer la loi à la Chambre des député.e.s le 13 juin dernier, en traversant les frontières et en faisant écho dans plus de 30 villes du monde. Nous nous sommes levées toutes ensemble pour demander également l’autonomie de nos corps. » L’article conclut avec la situation des femmes en Argentine et un appel à les soutenir.

Concernant le Moyen-Orient

Nous ne pouvons que vous rappeler de lire cette courte entrevue qui brosse un tableau précis de la situation des mobilisations en Algérie et au Soudan et étend notre compréhension au Moyen-Orient dans les jeux d’alliances et de relations

« Le long printemps arabe » et la place actuelle des soulèvements en Algérie et au Soudan

Cette entrevue est des plus instructive sur la situation en Afrique du Nord et au Proche-Orient. Il explique la montée des mobilisations de masses, mais aussi leurs échecs et les explique dans un langage accessible.

L’auteur avance son analyse en peu de mots : un processus révolutionnaire : « un processus révolutionnaire sur la longue durée qui a commencé en 2011 pour toute la région arabophone. La cause principale en est le blocage social et économique provoqué par la combinaison du néolibéralisme soutenu par le FMI et des systèmes politiques autoritaires pourris qui l’imposent » Ce constat pose la nécessité d’un changement social radical sinon la situation de crise va persister en montée des luttes-répression-offensive contre-révolutionnaire. Après 2011, nous avons connu une période de contre-révolution.

De tout ce bouleversement, l’auteur souligne que les masses ont appris 2 choses : « On le voit dans leur insistance sur le caractère non violent du mouvement. Ils sont très soucieux d’éviter de faire quoi que ce soit qui donnerait à l’État l’occasion d’utiliser toute la panoplie de ses moyens répressifs contre eux. » « La deuxième leçon que les militants soudanais et algériens ont tirée est que le commandement militaire n’est pas un allié. »

D’abord la non-violence, car les masses ont vu comment les despotes et leurs alliés internationaux ont fait dégénérer les situations. Et ensuite, ils ont compris que : « Ces États ont en commun le fait que les militaires contrôlent le pouvoir politique. Les forces armées ne sont pas seulement l’épine dorsale répressive de l’État, ce qui est commun à tous les États, mais le centre de gravité du pouvoir politique. » L’auteur poursuit son analyse en introduisant un concept : « En Libye, comme en Égypte, en Syrie et dans les autres pays du soulèvement de 2011, il y a eu une dynamique triangulaire avec un pôle révolutionnaire face à deux pôles rivaux contre-révolutionnaires : l’ancien régime et ses opposants fondamentalistes islamiques. Partout, les progressistes sont marginalisés et la situation est dominée par l’affrontement entre les deux pôles contre-révolutionnaires. »

L’auteur tient aussi à souligner la nécessaire solidarité : tout geste de solidarité significatif encouragera et donnera du courage au mouvement soudanais. La clé aux États-Unis est de dénoncer le soutien de Trump à l’armée soudanaise, en compagnie de « ses potes » des monarchies pétrolières. Il serait important de contraindre les démocrates, même si ce n’est que pour des raisons électorales, à mettre en question cette politique. C’est urgent, car cela pourrait grandement aider les FDLC à prendre l’avantage dans leur lutte acharnée contre l’armée pour la transition démocratique dans le pays. Une solidarité donc à construire

Bonne lecture

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