La situation actuelle n’est pas celle d’une démocratie libérale stable où il suffirait de remplacer un gouvernement par un autre. Nous vivons une crise systémique, marquée par l’effondrement écologique, la dégradation accélérée des conditions de vie, l’offensive des classes dominantes pour maintenir leurs profits et la montée mondiale de l’extrême droite. Cette conjoncture rend illusoire l’idée qu’un gouvernement de gauche pourrait, sans ruptures majeures, mettre en œuvre son programme dans les institutions actuelles. Le capital fossile, la finance et l’appareil d’État ne se laisseront pas désarmer par une alternance parlementaire. Les attaques contre tout gouvernement progressiste seraient immédiates et brutales, et elles ne pourraient être repoussées que par l’appui actif d’un mouvement populaire organisé, conscient et combatif.
Or, c’est précisément cette dimension qui disparaît lorsqu’on réduit le programme à des politiques publiques. On peut très bien imaginer un programme gouvernemental « parfait », cohérent et détaillé, mais qui resterait inapplicable faute de rapport de force. Pire encore : ce type de programme tend à produire de la frustration et de la démobilisation, parce qu’il nourrit l’illusion que le changement viendra par le haut, par le gouvernement, alors qu’il ne peut venir que par l’action collective et la confrontation avec les classes dominantes. L’histoire est riche d’exemples de partis de gauche qui, faute d’avoir tiré les leçons de la période, ont accédé au pouvoir sans se donner les moyens de transformer la société, et qui ont fini par capituler ou gérer loyalement le capitalisme.
La tâche d’un parti comme Québec solidaire n’est donc pas seulement de dire ce qu’il ferait s’il formait le gouvernement. Sa tâche centrale est d’armer la population pour les combats à venir. Cela signifie : construire un bloc populaire majoritaire capable d’unifier les luttes sociales, écologiques, féministes, autochtones, syndicales et antiracistes ; former une culture politique de rupture qui rompe avec les illusions néolibérales et les mirages d’un capitalisme « vert » ou « à visage humain » ; se doter d’une organisation militante enracinée dans les quartiers, les lieux de travail, les campus, pour faire du parti un véritable outil de lutte et non un simple véhicule électoral. Cela signifie aussi préparer la confrontation avec les forces qui s’opposeront à tout projet de transformation : les multinationales de l’énergie et des mines, les grandes fortunes, l’appareil judiciaire et policier, les médias dominants.
Dans cette perspective, le programme gouvernemental ne disparaît pas, mais il prend une autre fonction. Il ne doit pas être conçu comme un plan de gestion alternatif, mais comme un ensemble de mesures de ruptures servant de leviers pour les luttes populaires. Nationaliser démocratiquement l’énergie, les mines et les forêts, ce n’est pas seulement adopter une politique économique différente, c’est retirer à l’oligarchie le contrôle de secteurs stratégiques et placer ces ressources au service du bien commun. Réduire massivement le temps de travail, ce n’est pas seulement améliorer les conditions de vie, c’est attaquer directement la logique de profit et ouvrir un espace pour la réorganisation sociale. Lancer une Assemblée constituante et refonder les institutions, ce n’est pas simplement moderniser la démocratie québécoise, c’est donner au peuple les moyens de réécrire les règles du jeu et d’imposer sa souveraineté. De telles mesures ne sont pas de simples réformes : elles sont des points d’appui pour un processus de rupture, et elles ne pourront être mises en place qu’à condition de mobilisations massives.
La conséquence est claire : si le programme de Québec solidaire ne dit pas quelle est la nature de la période, qui sont les adversaires principaux, quelles forces sociales peuvent porter la transformation et quelles tâches doivent être assumées dès maintenant, il restera un programme suspendu en l’air. Il alimentera l’illusion que le changement peut venir d’un gouvernement bien intentionné, et il exposera le parti au risque de se perdre dans la gestion de l’existant ou de se déchirer faute de boussole commune. Au contraire, si le programme est conçu comme une stratégie de rupture, enracinée dans les luttes sociales et portée par une analyse claire de la période historique, il peut devenir un outil de combat, un instrument d’orientation pour les militants et les militantes et être un appel à l’action pour l’ensemble de la population.
Comme parti de combat, Québec solidaire doit chercher à articuler son action dans les institutions et luttes sociales extra-parlementaires pour créer un bloc populaire capable de renverser les logiques capitalistes, patriarcales, racistes et coloniales. Avec ces nouvelles propositions, il s’agit de proposer un programme qui dépasse l’approche centrée uniquement sur l’éventuelle gestion d’un gouvernement de Québec solidaire, et d’esquisser un programme d’action articulé aux luttes sociales. C’est la caractérisation de Québec solidaire comme étant également un Parti de la rue qui doit être soulignée.
Québec solidaire, ses tâches devant le double défi de la crise climatique et de l’effondrement de la biodiversité
Nouvelle proposition à la suite de la section 1.3.5.3
Québec solidaire se trouve devant un défi historique : affronter la crise climatique et l’effondrement de la biodiversité en dépassant la simple élaboration de bonnes politiques gouvernementales. Le parti doit se donner pour tâche de développer la mobilisation populaire, l’unité sociale et la prise en charge démocratique de ce combat. Pendant que le gouvernement fédéral continue de subventionner massivement les énergies fossiles au nom d’une prétendue « prospérité économique », la CAQ se présente comme « pragmatique » tout en appuyant les intérêts miniers, forestiers et fossiles et en favorisant l’expansion d’une économie extractiviste. Québec solidaire doit donc affronter simultanément Ottawa et Québec, démasquer leurs discours trompeurs et opposer un projet de société écologiste et social. Car sans une vision mobilisatrice et globale, la lutte écologique se réduit à une succession de batailles locales défensives, incapables de porter une véritable perspective de justice sociale, d’amélioration des conditions de vie, de droit à la santé, au logement abordable, au transport collectif gratuit et à une alimentation saine.
Dans cette perspective, Québec solidaire doit favoriser l’unité et montrer que défendre la biodiversité, c’est défendre les communautés populaires contre la pollution, les maladies et la précarité. Il doit s’impliquer activement dans les luttes locales — blocages, mobilisations contre les mines, la surcoupe forestière, les oléoducs et autres projets destructeurs — tout en les reliant à une vision globale de transition démocratique. Cela suppose de s’opposer à tout nouveau développement fossile et extractiviste, de planifier la sortie de ces industries et de garantir aux travailleurs et travailleuses une reconversion réelle : formation, emploi et revenu assuré. La transition ne pourra réussir que si elle lie concrètement justice sociale et justice climatique.
Cette transition doit aussi être démocratique. Québec solidaire mettra de l’avant la création d’assemblées populaires de transition écologique dans les quartiers, les régions et les milieux de travail, et défendra un véritable contrôle public et citoyen sur l’énergie, les forêts et les ressources naturelles.
Pour y parvenir, des alliances solides sont nécessaires. Les Premières Nations et peuples autochtones sont des alliés incontournables : porteurs de savoirs ancestraux, protecteurs de vastes territoires, ils luttent déjà contre l’extractivisme et pour la souveraineté territoriale. Québec solidaire doit appuyer ces luttes et reconnaître leur rôle de leadership. Le parti doit aussi reprendre à son compte la revendication syndicale d’une transition juste, avec emplois verts, reconversion planifiée et réduction du temps de travail. Il devra mettre en évidence l’impact différencié de la crise écologique, notamment sur les femmes, et valoriser les pratiques de solidarité et de care portées par le mouvement féministe. Avec le mouvement écologiste, il cherchera à construire un front large, du local au national, qui dépasse les campagnes ponctuelles pour relier les luttes territoriales, sociales et nationales. Il devra également défendre le monde scientifique et culturel, aujourd’hui attaqué par l’extrême droite, et promouvoir l’intégration des savoirs scientifiques et des mobilisations culturelles pour populariser et incarner le projet de transition.
En somme, pour Québec solidaire, la lutte écologique doit devenir l’axe central d’un projet de rupture avec le capitalisme extractiviste. Cela exige d’identifier clairement les adversaires — l’État fédéral, les gouvernements néolibéraux à Québec et le capital fossile, minier et forestier — et de construire un bloc social large et combatif. Ce bloc doit rassembler Premières Nations, syndicats combatifs, mouvements populaires, féministes et écologistes afin de placer le combat pour la vie de la planète et la justice sociale au centre de l’action politique.
Québec solidaire, un parti solidaire du mouvement syndical Nouvelle proposition à la suite de 1.4.4
À l’heure où le mouvement syndical subit une offensive sans précédent, les tâches d’un parti comme Québec solidaire ne peuvent se limiter à l’arène parlementaire : il doit s’engager activement dans la lutte. Le gouvernement canadien multiplie les attaques directes contre le droit de grève – qu’il s’agisse des cheminots, des débardeurs ou des travailleurs et travailleuses de Postes Canada – en brandissant à chaque fois la menace d’une législation spéciale pour briser les mobilisations. La volonté de restreindre le financement syndical, de contrôler l’utilisation des cotisations et d’affaiblir l’indépendance des organisations ouvrières s’ajoute à la privatisation rampante de la santé et de l’éducation, à la généralisation de la sous-traitance et à la précarisation des conditions de travail et de salaire. À cela s’ajoute le refus obstiné de réduire le temps de travail ou d’augmenter le salaire minimum, maintenant des millions de travailleurs et travailleuses dans une situation de surexploitation.
Face à ces attaques, Québec solidaire doit agir comme un parti de combat au service des luttes, et non comme un simple gestionnaire en attente du pouvoir. Cela signifie s’investir concrètement dans le mouvement syndical, en multipliant la solidarité active lors des grèves, des lockout et des mobilisations. Il s’agit de construire des bases dans les milieux de travail, publics comme privés, en favorisant l’auto-organisation, l’unité des salarié·e·s et le renforcement des structures de résistance.
Québec solidaire doit dénoncer publiquement chaque tentative de criminalisation du droit de grève, défendre le principe que les fonds syndicaux appartiennent exclusivement aux travailleuses et travailleurs, et soutenir les campagnes pour un salaire minimum décent et la réduction du temps de travail. Mais son rôle va au-delà de la dénonciation : il doit contribuer à relier les luttes dispersées, à briser l’isolement des secteurs en conflit et à populariser l’idée que la défense des services publics, des salaires et des conditions de travail relève d’un combat commun contre le capitalisme néolibéral.
Concrètement, cela passe par la mise en place de comités de solidarité syndicale dans chaque circonscription et région, capables d’appuyer les grèves, d’organiser des caisses de grève, de relayer les luttes dans l’espace public et de créer des ponts entre syndicats, mouvements populaires, féministes et écologistes. Québec solidaire doit aussi encourager la formation politique dans les syndicats, en soutenant une orientation combative et démocratique, tournée vers la mobilisation de la base plutôt que la simple négociation institutionnelle.
Renforcer le mouvement syndical aujourd’hui, c’est aussi préparer les affrontements de demain. C’est faire comprendre que la bataille pour de meilleures conditions de travail, pour des services publics accessibles et pour des salaires décents ne peut être gagnée qu’en affrontant le pouvoir des patrons et d’un État aligné sur leurs intérêts. En s’engageant aux côtés des travailleuses et des travailleurs, Québec solidaire peut contribuer à transformer les luttes syndicales en levier de changement social radical et en moteur d’une société véritablement démocratique et égalitaire.
Québec solidaire, composante militante de la lutte des femmes Nouvelle proposition à la suite de 3.4.
Le mouvement mondial des femmes a montré la voie pour combattre contre le capitalisme, le patriarcat et toutes les interrelations des différentes formes d’oppression ( hétérosexisme, capacitisme, racisme, sexisme, etc.).
Québec solidaire doit créer des liens permanents comme parti politique avec les grandes coalitions nationales du mouvement des femmes. Les militantes femmes de Québec solidaire se doivent de participer aux différents groupes femmes de leur région pour avoir accès aux discussions, aux problématiques, aux luttes que mènent les mouvements et aussi pour apporter une dimension politique et internationaliste à toutes ces réflexions.
Québec solidaire, comme parti de la rue, doit situer son action et ses mobilisations avec les mêmes objectifs. Le parti de la rue ne se substitue pas au mouvement des femmes. Il travaille avec le mouvement des femmes. Cela ne signifie pas non plus de prendre le contrôle et la direction du mouvement des femmes. Cela signifie de participer, d’être membre des groupes de femmes, de discuter les analyses et de proposer de nouvelles voies à la discussion. Le mouvement des femmes doit demeurer un mouvement pluriel, démocratique et ouvert. Québec solidaire travaille à la construction d’un tel mouvement et appelle ses membres a en faire partie.
Québec solidaire n’attendra pas de faire partie du gouvernement pour agir contre les violences faites aux femmes. Il doit dénoncer :
– les discours de l’extrême droite qui veut retirer des droits aux femmes ;
– les systèmes d’oppression qui tentent de cacher les féminicides en montrant comment les violences font vivre et alimentent les oppressions, particulièrement pour les femmes autochtones, les femmes noires et racisées et les personnes trans.
– le sous-financement des maisons d’hébergement des femmes de victimes de violence et des centres de femmes
Québec solidaire n’attendra pas de faire partie du gouvernement pour agir contre la pauvreté des femmes en agissant sur trois aspects essentiels :
– en appuyant toutes les luttes pour rendre les services publics gratuits, particulièrement en santé et en éducation, efficaces et où la population et le personnel auront son mot à dire dans des formes d’autogestion des services.
– en continuant de défendre le droit à l’équité salariale.
– l’autonomie économique des femmes, l’accès à un travail décent, santé-sécurité au travail, une rémunération égalitaire, des congés pour grossesse, pour maternité et pour maladies des enfants
– en étant partie prenante des actions pour le droit à un logement décent et abordable. Un parti de la rue revendique la construction de milliers de logements sociaux.
Québec solidaire, une solidarité militante et active avec les Premières Nations
– Nouvelle proposition à la suite de 3.5
Les luttes des nations autochtones contre l’exploitation prédatrice des grandes compagnies forestières et minières s’inscrivent dans une longue histoire de résistance au colonialisme et à la dépossession. Elles défendent les territoires de chasse et de pêche, s’opposent aux projets destructeurs, réaffirment les droits ancestraux et cherchent à bâtir des perspectives d’emplois et de développement contrôlés par les communautés elles-mêmes. Ces combats se mènent par les blocus, les manifestations, les recours juridiques et l’action collective face à un État complice des intérêts privés.
Pour Québec solidaire, la tâche n’est pas de se substituer à ces luttes ni de les réduire à des promesses électorales, mais de s’y engager comme parti de combat. Cela exige un appui public aux actions directes, la dénonciation du rôle des multinationales et des gouvernements québécois et canadiens, et la construction d’alliances réelles entre travailleurs et communautés autochtones. La division entretenue par les grandes compagnies entre forestiers, mineurs et Autochtones doit être déjouée : le véritable affrontement oppose les populations qui veulent protéger leur territoire et leurs moyens de vie aux entreprises qui les pillent.
Québec solidaire doit mettre de l’avant une perspective de transition juste qui rompe avec la logique extractiviste. Cela signifie soutenir la reconversion économique des régions dépendantes des mines et de la foresterie, valoriser les emplois durables liés à la foresterie de proximité, aux énergies renouvelables, aux services collectifs et aux projets autochtones. Mais cette transition ne peut pas être pilotée d’en haut : elle doit être construite avec les Premières Nations et les acteurs régionaux, dans une perspective de socialisation démocratique des ressources.
Québec solidaire doit affirmer sans ambiguïté que la souveraineté réelle sur les ressources appartient aux communautés concernées. Défendre les emplois et protéger les territoires ne sont pas deux tâches contradictoires, mais un même combat. La voie est celle de l’unification des luttes sociales et autochtones dans la confrontation avec le colonialisme structurel et le capitalisme extractiviste.
Être solidaires des nations autochtones, c’est aussi reconnaître pleinement leur souveraineté et leur droit à l’autodétermination. Le peuple québécois ne peut revendiquer pour lui-même ce qu’il refuserait aux autres. La cohabitation sur ce territoire implique de rompre avec l’idéologie de l’intégrité territoriale imposée par l’État québécois et d’avancer vers des relations de Nation à Nation, de Peuple à Peuple, fondées sur le respect, la confiance et la coresponsabilité écologique.
Pour un parti comme Québec solidaire, cela suppose de soutenir les revendications territoriales, de dénoncer le racisme systémique et les violences héritées du colonialisme, et de s’engager activement dans la lutte contre la pauvreté, l’exclusion et les discriminations qui frappent particulièrement les femmes autochtones. L’alliance avec les luttes autochtones n’est pas une question secondaire : elle est au cœur d’une stratégie de rupture avec l’ordre colonial et capitaliste, et d’une perspective d’émancipation commune.
La lutte contre le racisme et pour l’inclusion sur une base d’égalité des personnes migrantes Nouvelle proposition à la suite de 3.6
Québec solidaire, en alliance avec les mouvements sociaux, doit jouer dès maintenant un rôle central pour jeter les bases d’une véritable politique d’inclusion et d’intégration des personnes migrantes. Nous refusons que l’inclusion soit réduite à une série de mesures ponctuelles : c’est d’une vision globale dont nous avons besoin, fondée sur l’égalité sociale et l’extension de tous les droits économiques, sociaux et politiques.
C’est pourquoi Québec solidaire mènera des campagnes publiques vigoureuses, appuiera les mobilisations citoyennes, organisera des manifestations et des actions de solidarité concrète. Le parti soutiendra les réseaux d’entraide pour les travailleurs et travailleuses migrantes et pour les personnes sans statut. À l’Assemblée nationale, nous déposerons des projets de loi pour défendre leurs droits et arracher leur reconnaissance pleine et entière.
Pour avancer, nous agirons main dans la main avec les syndicats, les organisations féministes, les associations de jeunes, les mouvements populaires et antiracistes. Ensemble, nous construirons un front populaire capable de faire reculer le nationalisme étroit et excluant des gouvernements néolibéraux de Québec et d’Ottawa.
Notre projet est clair : l’inclusion véritable des personnes migrantesdans un Québec émancipateur, qui refuse les divisions ethniques et qui construit, par la rue et par les urnes, une société fondée sur l’égalité, la solidarité et la démocratie réelle.Concrètement, nous revendiquons pour toutes les personnes vivant au Québec des droits égaux.
Québec comme parti de la rue, doit définir être partie prenante des luttes actuelles contre les discriminations face aux personnes immigrantes et à la population racisée.
Québec solidaire et la lutte pour une majorité indépendantiste Nouvelle proposition à la suite de la section 3.7
La question de l’indépendance à la lumière de la nouvelle situation internationale, marquée par la présence d’un gouvernement autoritaire et fascisant à Washington, par l’évolution actuelle du Parti québécois et sa perspective d’un futur référendum, ainsi que par la résonance encore fragile de l’indépendance au sein de la population.
Or, la position de Québec solidaire s’articule aujourd’hui essentiellement autour de la campagne pour une assemblée constituante. Cette orientation demeure importante, mais elle ne répond pas directement à la nécessité urgente de bâtir une majorité populaire prête à se mobiliser pour l’indépendance. Il faut donc concevoir l’intervention de QS non pas seulement comme une préparation institutionnelle, mais comme un travail politique visant à ouvrir de véritables voies de construction de cette majorité.
Pour assurer le succès du processus, Québec solidaire fera connaître largement ce projet (d’Assemblée constituante par une vaste campagne d’éducation populaire et par la construction d’une grande alliance démocratique...
Construire une majorité indépendantiste au Québec exige de Québec solidaire une stratégie qui dépasse le seul cadre électoral où l’accession de QS au pouvoir ouvrirait par le fait même la route à la victoire d’une position indépendantiste. L’indépendance doit être présentée comme un projet de société concret, enraciné dans les luttes et les aspirations de la majorité populaire, et non comme une promesse abstraite ou strictement institutionnelle. La tâche centrale consiste à faire de l’indépendance la clé de la souveraineté populaire réelle, où le peuple contrôle démocratiquement ses ressources, ses institutions et son avenir collectif.
La première orientation permet de construire le soutien majoritaire à l’indépendance et de lier cette dernière à la résolution des crises multiples qui marquent notre époque : crises écologique, sociale, économique et politique. Face au pillage impérialiste et aux politiques d’austérité qui détruisent nos conditions de vie, QS doit défendre une rupture claire avec le capitalisme et l’impérialisme. Cela signifie soutenir activement les mobilisations écologistes contre les projets destructeurs, comme les oléoducs, s’opposer à la militarisation du Canada imposée par l’OTAN et Washington, soutenir les luttes autochtones pour leurs territoires et leurs droits ancestraux. Ces fronts de lutte doivent être articulés à un projet indépendantiste clair, faisant apparaître l’indépendance comme la voie pour une réorganisation démocratique et écologique de la société.
La deuxième orientation consiste à bâtir un bloc national populaire large, fondé sur la plurinationalité, la solidarité et l’égalité. L’indépendance ne doit pas être l’affaire d’une élite nationaliste, mais l’arme politique de la majorité laborieuse. QS doit porter un projet inclusif et pluriculturel, qui rejette le nationalisme ethnique, la laïcité identitaire et toute forme d’exclusion, et qui associe les luttes féministes, antiracistes, syndicales, écologistes et autochtones dans une stratégie commune. La mobilisation pour l’égalité des droits sociaux – logement, santé, éducation, travail, citoyenneté – et la régularisation immédiate des migrant·es doivent être au cœur de cette construction d’un bloc national populaire indépendantiste, afin de faire de l’indépendance un horizon de justice et d’émancipation pour toutes et tous, dans un Québec pluriel.
La troisième orientation pour la construction d’une majorité indépendantiste suppose de donner corps à une véritable souveraineté populaire : Assemblée constituante élue et plurinationale, mandats impératifs et révocables, scrutin proportionnel, budgets participatifs, autogestion dans les services publics et contrôle démocratique sur l’économie, l’énergie et l’agriculture. L’indépendance ne pourra exister sans l’élargissement de la démocratie participative et la mise en place de formes de démocratie participative qui commence à arracher le pouvoir aux élites et à le confier aux mains de la majorité laborieuse. La volonté de définir le pays ne pourra se développer que dans les combats partiels allant déjà dans ce sens.
La quatrième orientation repose sur la confrontation avec l’État canadien. L’indépendance n’est pas une réforme administrative, mais une rupture avec une structure impérialiste et coloniale. QS doit inscrire son action dans une perspective pancanadienne et décoloniale, en construisant des alliances avec les mouvements sociaux, les Premières Nations et les forces progressistes du reste du Canada. Cette démarche permettra de montrer que l’indépendance du Québec participe d’un mouvement plus large de démocratisation et de décolonisation, en opposition frontale à l’oligarchie canadienne.
Enfin, la cinquième orientation pour construire une majorité indépendantiste cherchera à inscrire l’indépendance du Québec dans une démarche cosmopolitique et internationaliste. Il s’agit de refuser tout enfermement dans un nationalisme étroit et de faire du Québec indépendant un acteur de solidarité internationale cherchant à nouer des coopérations justes et égalitaires avec les peuples en lutte à travers le monde. Un Québec indépendant doit devenir un centre de solidarité active, et non un nouvel État fermé sur lui-même.
En somme, les tâches de Québec solidaire sont claires : lier l’indépendance aux luttes sociales et écologiques actuelles, construire un bloc national populaire inclusif, instituer une véritable souveraineté populaire par de nouvelles formes démocratiques, assumer la confrontation avec l’État canadien, et inscrire le projet dans un horizon internationaliste. La construction d’une majorité indépendantiste ne résultera pas d’un pari électoral ou de la promesse d’un référendum, mais de l’auto-organisation de la majorité populaire et de sa capacité à transformer ses luttes en force politiques. C’est dans cette convergence des mobilisations et dans cette volonté collective que pourra naître une indépendance réellement populaire, socialiste et internationaliste.
Pour y parvenir, QS doit s’engager dans un plan d’action concret : lancer des campagnes populaires massives sur les enjeux sociaux et écologiques, créer des comités citoyens pour l’indépendance dans les quartiers et les milieux de travail, renforcer les alliances avec les syndicats, les associations écologistes, les groupes féministes, autochtones et antiracistes, et mettre en place des espaces permanents de coordination des luttes. C’est ainsi que pourra se forger, dans l’action et la lutte, la majorité indépendantiste capable de transformer la majorité sociale en majorité politique et de donner naissance à un Québec libre, démocratique et internationaliste.
Québec solidaire agira comme parti altermondialiste Nouvelle proposition à la suite de 3.8
Pour faire vivre concrètement l’altermondialisme, Québec solidaire ne peut se limiter à attendre d’accéder au gouvernement. Dans la conjoncture de crise sociale, écologique, économique et géopolitique, il doit assumer son rôle de parti des urnes et de la rue en travaillant à construire dès maintenant les alliances, les pratiques et les institutions capables d’ouvrir une brèche dans l’ordre impérialiste et néolibéral.
Québec solidaire doit soutenir des campagnes concrètes contre les accords de libre-échange, contre le pillage des ressources par les multinationales, et pour la souveraineté alimentaire, énergétique et culturelle.
Dans la même logique, le parti doit être un point d’appui du mouvement contre la guerre que mettent de l’avant les gouvernements impérialistes sous l’impulsion de Washington. Cela signifie intervenir activement contre la logique militariste et les budgets de guerre, dénoncer l’appartenance du Canada sur l’OTAN et exiger son retrait de ces alliances militaires et de la course aux armements que ces alliances impulsent. Québec solidaire doit organiser des campagnes populaires pour faire du Québec un territoire de paix. Il s’agit de construire, en lien avec les milieux étudiants, syndicaux et communautaires, un front antiguerre québécois capable de relier la lutte contre la guerre à la lutte pour la justice sociale et climatique.
L’ancrage féministe de Québec solidaire doit également se traduire dans le champ international et altermondialiste : soutenir les luttes des femmes contre le patriarcat et le militarisme, articuler les revendications féministes et écologistes dans des campagnes communes, et faire en sorte que la voix des mouvements de femmes et des collectifs antiracistes pèse dans toutes les mobilisations pour une mondialisation solidaire.
Agir comme un parti internationaliste et altermondialiste,cela signifie développer des réseaux de solidarité concrète avec les luttes des peuples opprimés.
Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d’avoir accès aux articles publiés chaque semaine.
Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d’avoir accès à ces articles.
Remplir le formulaire ci-dessous et cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :
Abonnez-vous à la lettre











Un message, un commentaire ?