Édition du 30 avril 2024

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Assurance autonomie

Assurance autonomie : Québec solidaire presse le gouvernement de penser aux femmes

Québec solidaire demande à Réjean Hébert de penser aux femmes dans l’élaboration de son projet de loi portant sur l’assurance autonomie. Le solidaires dénoncent que ni le Conseil du statut de la femme ni la Fédération des femmes du Québec n’ait pas été invité à la commission parlementaire qui complète aujourd’hui ses consultations au sujet du Livre blanc sur l’assurance autonomie.

« Les trois quarts des personnes âgées qui vivent seules sont des femmes et les deux tiers de celles-ci vivent sous le seuil de la pauvreté avec moins de 20 000 $ par année. Elles vivent plus longtemps que leurs concitoyens, et plus souvent seules. Ce sont elles qui sont affectées en majorité quand on améliore le soutien à l’autonomie. Du même coup, nous devons aussi penser à toutes ces femmes qui sont les principales aidantes des membres de leurs familles, qu’il s’agisse d’aînés en perte d’autonomie ou d’enfants handicapés ainsi qu’à toutes ces travailleuses œuvrant auprès des personnes qui ont besoin des services de soutien à l’autonomie », explique Françoise David, porte-parole de Québec solidaire.

Québec solidaire insiste pour que tout service ou soin médicalement requis soit gratuit et assumé collectivement par le biais de la fiscalité des personnes et des entreprises. D’ailleurs, à l’initiative de Québec solidaire, l’Assemblée nationale adopté à l’unanimité aujourd’hui la motion suivante :« Que, dans le cadre des travaux entourant l’assurance autonomie, l’Assemblée nationale demande au gouvernement d’assurer la gratuité des services de maintien à domicile aux personnes âgées et aux malades ayant un revenu disponible de moins de 20 000 $ par année, tel que le réclame le Conseil du statut de la femme dans son mémoire rendu public hier. »

Améliorer les conditions de vie des personnes aînées

Pour Québec solidaire, les débats entourant l’assurance autonomie doivent conduire à l’amélioration des conditions de vie des personnes en perte ou en quête d’autonomie, autant sur le plan des soins et des services qu’au niveau du type de domicile dans lequel elles ont choisi de vivre. En ce sens, la députée de Gouin salue l’idée de la Fédération interprofessionnelle de la santé (FIQ) qui a proposé la mise sur pied de « maisons pour aîné-e-s », des milieux d’hébergement sans but lucratif pour les personnes en perte d’autonomie, comme option préférentielle au modèle des ressources intermédiaires ou des résidences privées.

« Osons trouver des solutions nouvelles pour nos concitoyens et concitoyennes aînées qui, trop souvent, vivent dans l’isolement. Entre le CHSLD et un logement inadéquat, ne pouvons-nous pas imaginer d’autres modèles d’hébergement, comme ces maisons décrites par la FIQ qui permettraient aux personnes de décider collectivement des services qu’elles désirent recevoir, en fonction de leur réalité propre et de leur état de santé, et non pas en fonction de l’épaisseur de leur portefeuille ou de la capacité de payer de l’État ? » questionne Mme David.

Mieux soutenir les proches aidantes

Le Livre blanc du ministre Hébert reconnaît que « la contribution non rémunérée des proches aidants, et plus particulièrement des femmes qui sont les principales proches aidantes, a longtemps été occultée du point de vue du temps investi et de l’implication émotive. » Pourtant, celles-ci sont exclues des personnes admissibles à l’assurance autonomie et ne pourraient pas bénéficier de l’Allocation de soutien à l’autonomie (ASA) prévue au projet gouvernemental.

« 80% des actes qui permettent le maintien à domicile sont posés par des proches aidantes. Actuellement, elles sont considérées comme des auxiliaires à rabais du système de santé, des actrices invisibles sur qui le réseau peut déverser des responsabilités sans pour autant considérer leurs opinions, leurs aspirations et leurs besoins, comme nous l’a rappelé leur regroupement en commission parlementaire », s’indigne Françoise David.

La députée endosse entièrement la proposition du Regroupement des aidants naturels du Québec (RANQ) qui souhaite que les personnes proches aidantes puissent se qualifier pour l’assurance autonomie. Le gouvernement devrait se doter d’une politique interministérielle sur les proches aidantes afin que l’État se dote de pratiques et de politiques qui répondent à leurs besoins. Ces besoins se font sentir autant en matière de santé et de services sociaux que de sécurité du revenu, de conciliation famille-travail-vie personnelle ou encore d’intégration sociale. 

Protéger les emplois

Les femmes constituent 86% des auxiliaires de services sociaux et de santé, 90% du personnel infirmier et occupent 93% des emplois au sein des entreprises d’économie sociale en aide domestique (EESAD). Dans son mémoire, le Conseil du statut de la femme explique que « les décisions en matière d’organisation, de prestation et de financement des soins et des services de maintien à domicile ont des répercussions sur l’environnement de travail, les conditions salariales et d’emplois de milliers de travailleuses des secteurs privé ou public. »

Pour Québec solidaire, il importe que tous ces emplois soient protégés, voire améliorés dans le cadre du projet que le projet d’assurance autonomie. Ainsi, Françoise David appuie deux recommandations du Conseil qui incite le gouvernement à renoncer à privatiser les services d’auxiliaires de services sociaux et de santé et à hausser les salaires des travailleuses et travailleurs œuvrant au domicile des personnes recourant aux services de soutien à l’autonomie.

Tenir compte des besoins et de la réalité des femmes

Dans ses remarques finales en commission parlementaire, Françoise David va donc interpeller le ministre de la Santé afin qu’il tienne compte de cette réalité : « Votre projet d’assurance autonomie concerne des centaines de milliers de femmes, aînées, handicapées, proches aidantes, mères de famille, conjointes et amies, mais aussi des travailleuses, même si on en parle moins pour l’instant, qui auront un rôle crucial à jouer pour dispenser tous ces services. » 

« À vous maintenant de nous présenter un projet de loi rassembleur, qui tienne compte de ce que nous avons entendu en commission parlementaire. Sachez, monsieur le ministre, que vous pourrez compter sur mon appui si dans votre réponse, les besoins de mes concitoyennes et concitoyens sont comblés et que leur réalité est prise en compte », a conclu Françoise David de Québec solidaire.

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