Tiré de Reporterre
26 septembre 2025
Par Paula Gosselin
New York (États-Unis), correspondance
« Le succès de la COP30 dépend de vous ! » Lors de l’ouverture du sommet sur le climat organisé par les Nations unies le 24 septembre à New York, le président brésilien Lula a tenté, en vain, d’encourager ses homologues à relever leurs objectifs de réduction des émissions — appelés « contributions déterminées au niveau national » (NDCs) — pour 2035.
À l’issue de la réunion, seuls 47 des 118 pays rassemblés avaient rehaussé leurs objectifs, alors que l’Accord de Paris de 2015 prévoit qu’ils soient renouvelés tous les cinq ans. Hormis le Japon, le Royaume-Uni, le Canada, la Norvège, la Suisse, l’Australie ou la Nouvelle-Zélande, les pays ayant soumis de nouveaux engagements sont pour la plupart des pays en développement, comme le Brésil, le Nigeria ou le Népal. Au total, ils ne représentent que 25,7 % des émissions mondiales, selon le site Climate Action Tracker.
« Le retard dans la soumission des NDCs met en évidence un désengagement politique de nombreux pays face à la crise climatique », déplore Stela Herschmann, spécialiste de la politique climatique au sein du collectif brésilien d’ONG l’Observatoire du Climat. Elle indique qu’initialement, les pays devaient publier leurs nouveaux plans en février.
Risque de ralentissement des négociations
L’absence de ces documents risque de ralentir les négociations de la COP30, qui se tiendront du 10 au 21 novembre à Belém, au cœur de l’Amazonie brésilienne. Les Nations unies ont en effet besoin de ces feuilles de route pour élaborer un rapport de synthèse évaluant leur conformité avec la limite fixée par l’Accord de Paris, visant à maintenir le réchauffement mondial en dessous du seuil de 1,5 °C par rapport aux niveaux préindustriels.
Pour l’heure, hormis les plans du Royaume-Uni et de la Norvège, « la plupart des [engagements soumis] sont insatisfaisants », analyse Mme Herschmann. De nombreux objectifs sont flous, présentés sous forme de fourchettes ou conditionnés à des financements. En outre, à la suite du retrait des États-Unis de l’Accord de Paris par Donald Trump, qui a déclaré que le changement climatique« est la plus grande arnaque jamais menée contre le monde » la veille du sommet, les ambitions climatiques fixées par son prédécesseur, Joe Biden (2021-2025), risquent de rester lettre morte.
« La Chine est loin du leadership dont le monde a désespérément besoin »
Face au retrait étasunien, beaucoup espéraient que la Chine, premier pollueur mondial, prenne la tête de la lutte contre le climat. Mais lors du sommet, le président Xi Jinping a préféré faire preuve de prudence. Par visioconférence, il a annoncé que la Chine s’engageait à baisser ses émissions de 7 % à 10 % d’ici 2035 : un effort estimé en deçà de ses capacités.
Même si la puissance a tendance à dépasser les objectifs qu’elle se fixe, « la Chine est loin du leadership climatique dont le monde a désespérément besoin », a réagi Li Shuo, de l’Institut de politique de l’Asia Society, dans un communiqué. En effet, un avis consultatif de la Cour internationale de Justice, rendu le 23 juillet, a estimé que les plans de réduction des émissions des membres de l’Accord de Paris devaient être les plus ambitieux possible.
L’espoir d’un objectif plus ambitieux
Mais sans aucun doute, la plus grande déception est venue du côté de l’Union européenne : les pays du bloc ne sont même pas parvenus à s’entendre sur une nouvelle feuille de route. « La France a notamment fait obstruction aux négociations européennes en posant énormément de conditions, sur le nucléaire ou encore sur l’industrie », regrette Gaïa Febvre, du Réseau Action Climat. Pour ne pas arriver les mains vides à New York, l’Europe s’est contentée de présenter une simple « déclaration d’intention » proposant une fourchette comprenant une baisse des émissions entre 66,25 % et 72,5 % d’ici 2035.
« La France a fait obstruction aux négociations européennes »
Face à un tel fiasco, le sommet de New York suscite des inquiétudes quant aux résultats de la COP30, qui devrait se concentrer sur l’accélération de la mise en œuvre de l’Accord de Paris. Mais malgré tout, l’optimisme persiste. « Nous espérons que les pays qui ont raté les échéances arrivent avec un objectif final plus ambitieux », déclare Mme Febvre, qui estime que le succès de la COP30 dépendra surtout de la capacité de négociation de la diplomatie brésilienne.
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