rabble.ca, Tim Sandborn, 8 août 2025
Traduction, Alexandra Cyr
Par les temps qui courent, les travailleurs.euses doivent s’inquiéter. Le paysage est farci de politiciens.nes qui se disent leurs amis.es. Généralement c’est un mensonge que ce soit à Ottawa ou à Washington D.C. ou toute autre capitale où le populisme est brandi par les autocrates. Rappelez-vous Orban, Poutine et Modi !
Nous devons apprendre à lire à travers ce faux populisme, nous rendre jusqu’aux règles affligeantes de la classe dirigeante qui masquent ses propres intérêts. Nous devons développer un grand mouvement ouvrier international qui puisse résister à l’actuelle contre révolution qui s’attaque aux gains obtenus au cours du dernier siècle. Le faux populisme ne nous aidera pas.
Un vieil ami me disait : « On peut toujours dire quand la classe politique ment ; les lèvres bougent ».
Quand des politiciens.nes attachées.es aux affaires habituelles disent la vérité, c’est généralement par accident. Le battage publicitaire autour de l’opposition entre D. Trump et M. Carney à propos des droits de douane, les prétentions futiles de D. Trump à s’emparer du Canada, les réactions de vexation sur jouées ont mené à la campagne voulant que le Canada avait besoin de M. Carney à la tête du pays et effectivement de son élection. Est-ce qu’il n’était pas capable de négocier avec D. Trump plus effectivement que les Conservateurs.trices. P. Poilievre le candidat pseudo Trump ? Et (les libéraux) levaient les coudes en signe de résistance.
Au moment où j’écris ces lignes, au début août, le soi-disant gars des banques n’a pas encore affiché de grandes réussites face à D. Trump. Au 31 juillet, la Maison blanche a publié un communiqué annonçant des droits de douane sur tous les produits canadiens entrant aux États-Unis. Sauf ceux protégés par la ACEUM, la hausse est de 35%. Comme habituellement dans la rage autour des droits de douane les raisons pour les augmenter semblent changer un jour sur l’autre. Le communiqué de la Maison Blanche mentionne les niveaux très bas de fentanyl qui passent la frontière comme raison de la hausse des droits punitifs mais sur « Truth Social » (le Président) l’attribue au fait que M. Carney ait publiquement parlé de la reconnaissance de l’État palestinien. Inutile de se rappeler ces virages soudains (…) demain il aura trouvé d’autres raisons.
D. Trump prétend être du côté du peuple travailleur mais il est assez facile d’y voir clair : sa brillance dans le noir, ses discours monstrueusement irrationnels, ses revirements de politique via les médias sociaux, aident à le démasquer. Malgré cela, avec l’aide massive de ses donnateurs.trices multimillionnaires qu’ils considère comme ses pairs, Orange One aurait réussi à persuader une petite majorité d’Américains.nes qui ont voté aux dernières élections, qu’il était leur homme.
Mais après six mois de son deuxième mandat il est clair que ce n’est pas le cas. Un seul exemple : le fameux « Big Beautiful Bill » (loi du budget 2025) augmente les taxes et impôts de la plupart des Américains.nes pour subventionner les exemptions de taxes et impôts de la riche élite que ce soient les individus ou les entreprises. Mais, au passage, la famille Trump et son premier cercle se sont déjà enrichis de plus de 300 millions en transactions sur les droits de douane avec leur crypto monnaie $Trump.
Cette ouverture aux achats de sa crypto monnaie permet au Président d’offrir à quiconque en achète d’avoir du même coup une influence à la Maison blanche donc d’utiliser ces achats comme pot-de-vin secret, jamais comptabilisé comme tel. Les transactions seront passées, les règles vidées de leur sens, un service public plus ou moins indépendant détruit et des programmes sociaux essentiels vont disparaître. C’est vraiment le meilleur gouvernement que l’on puisse acheter !
Les élections de mi-mandat l’année prochaine vont permettre de voir si la désillusion publique qui augmente face à la liste de promesse non tenues, est suffisante pour que le peu de pouvoir électoral que détiennent D. Trump et ses complices MAGA pourra tenir. Les Républicains du Taxas d’ailleurs organisent une attaque via le redécoupage des circonscriptions vers une situation plus avantageuse pour leur camp, que leurs victoires soient plus faciles. En réponse, les rues du pays sont couvertes d’affiches : « No Kings ».
Pendant ce temps, on pousse la classe ouvrière canadienne à croire que M. Carney est le champion face à D. Trump son impérialisme grossier et son intimidation. Pourtant, M. Caney a suivi la tradition libérale de faire campagne à gauche et gouverner à droite.
Si notre nouveau NPD n’est pas aussi repoussant que D. Trump, il y a peu de raisons pour qu’on imagine qu’il se lèvera contre les politiques qui mettraient sérieusement en danger le monde de la haute finance, des banques prédatrices qui étaient pourtant ses positions ici.
Comme son prédécesseur, notre nouveau Premier ministre aime à présenter des positions pseudo progressistes et des gestes de même allure pour nous faire oublier toutes ces années où il a été au service des intérêts de la classe dirigeante. L’affrontement entre D. Trump et M. Carney n’en est pas une entre un voyou américain et un patriote canadien. Au mieux, il s’agit d’une chicane dans la meute ; qui sera le plus habile à attraper et manger les agneaux.
M. Carney a longtemps profité de la mort des agneaux. Voici deux exemples : il a passé des années dans l’entreprise vampirique Goldman Sachs ; juste avant de revenir au pays et d’être couronné chef des Libéraux, il était à Brookfield Asset Management, une entreprise décrite comme capable de garder les syndicats au loin et habile en évasion fiscale.
Dans un article récent dans The Walrus, on pouvait lire : « … entre 2021 et 2024, quand M. Carney y était présent, Brookfield a fait 23,300 milliards de dollars américains. Au Canada, le taux de taxation pour les entreprises est d’environ 26%. La compagnie aurait donc dû payer 6,100 milliards de dollars américains en taxes et impôts. Mais en utilisant des vides juridiques, dont des transferts dans des paradis fiscaux, elle n’a payé que 2 milliards de dollars américains. Le Canada a donc perdu presque 4,100 milliards de dollars américains. Sous la présidence de M. Carney, cette compagnie a fait mille millions de dollars américains en profits et n’a rien payé ». Évidemment, le slogan « hauts les coudes » ne compte pour rien face aux profits corporatifs.
En fin de compte ni D. Trump ni M. Carney ne peuvent être fidèles à leurs discours. Ils ne sont pas là pour nous. Ils sont là pour eux-mêmes dans le cercle de l’élite auquel ils appartiennent. Nous devons être très clairement dirigés.es par cette vérité fondamentale et élaborer nos tactiques en conséquence.
Ça ne veut pas dire que la classe ouvrière ne doit pas s’engager dans la lutte politique au contraire, mais sans s’imaginer accéder à la justice en cours de route. L’actuelle campagne à la chefferie du NPD va nous donner une plateforme pour que nous soutenions des candidats pros travailleurs.euses comme Yves Engler un partisan de gauche qui a déjà déclaré vouloir porter les programmes vers la population. Nous devrions être attentifs.ves à cette course au NPD et travailler à remettre en place les engagements démocratiques et sociaux du parti.
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