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Asie/Proche-Orient

Communiqué officiel des Ouïghours de France

Le pays ouïghour est devenu l’Etat policier le plus surveillé au monde, les populations turciques sont terrorisées, 12 millions de populations turciques ont dû subir un prélèvement d’ADN sans explication, les langues ouïghoure et kazakhes sont même interdites d’usage dans le milieu de travail et scolaire, les cérémonies et fêtes traditionnelles sont interdites, les jeunes femmes ouïghoures et kazakhes sont forcées de se marier avec des Chinois, les musulmans turciques sont forcés à manger du porc et à boire de l’alcool.
tiré de : Entre les lignes et les mots 2019 - 13 - 30 mars : notes de lecture, textes, pétitions et liens

Publié le 27 mars 2019

23 mars 2019 PARIS

M. Le Président Emmanuel Macron, demandez à votre homologue chinois de fermer les camps de concentration pour Ouïghours !

Cher Monsieur Le Président,

A partir du dimanche 24 mars jusqu’au 26 mars, vous recevez votre homologue Xi Jinping, le président de la République populaire de Chine. Vous êtes Président de la France, terre de la démocratie et des droits humains et M. Xi est à la tête d’un pays totalitaire qui orchestre une répression sans précédent contre toute différence politique et culturelle dans son pays.

Comme la France a insisté sur l’importance de consolider le partenariat stratégique global liant les deux pays, pour une relation saine et juste, notre président doit aborder la question des droits humains en toute franchise et faire entendre à son homologue la souffrance des Ouïghours de France qui subissent des tortures psychologiques et des menaces de la part des autorités chinoises.

Le Turkestan oriental, région située dans le nord-ouest de la Chine et frontalière notamment des Républiques d’Asie centrale (Tadjikistan, République Kirghize, Kazakhstan) est aujourd’hui connu sous son nom chinois de ‘Xinjiang’, terme qui signifie « nouvelle frontière » ou « nouveau territoire ». Cette région est devenue une colonie chinoise en 1949 alors qu’elle était une république indépendante sous le nom de République du Turkestan oriental. Dans ce qui est devenu officiellement la « Région autonome ouïghoure du Xinjiang » en 1955, la migration massive de Han depuis les années 1950 a totalement bouleversé l’équilibre ethnique régional.

Au cours des dernières décennies, pour asseoir son autorité, le régime chinois n’a pas hésité à recourir à divers moyens de pression économiques, politiques, mais aussi à la force et pour encourager l’installation – voire l’envoi direct et programmé – de populations han (chinois ethniques) au Turkestan oriental pour mieux l’intégrer à son territoire national. Selon les dernières statistiques officielles chinoises 2014-2015), les 11 millions de Ouïghours – la principale population autochtone de cette région – ne représentent plus que 47% de sa population contre plus de 80% en 1949, tandis que les Han en constituent désormais 40% contre environ 4% à la même date.

Le président Xi est en tournée européenne afin de vendre les « bienfaits » de son projet gigantesque One Belt One Road (une ceinture une route) qui permettra à Xi Jinping de réaliser son « rêve chinois » et de rester au pouvoir à vie. La Chine est en train de sacrifier les populations turciques du Turkestan oriental pour assurer la réussite de son projet qui passe d’abord par ce territoire clé.

Pour ce faire, le président chinois Xi Jinping a désigné, fin 2016, Chen Quanguo à la tête du Turkestan oriental afin d’achever une fois pour toute la sinisation rapide et totale des populations autochtones. Trois millions d’Ouïghours mais aussi d’autres populations turciques telles que les Kazakhs, Kirghiz et Ouzbeks sont dans les camps de concentration. Les enfants sont arrachés aux familles et sont placés dans des orphelinats d’Etat qui sont en réalité aussi des camps pour enfants où ils sont endoctrinés dans une vie enfermée et coupée de tout lien avec leur langue et culture d’origine.

La Chine qui a nié l’existence de ces camps pendant un an et demi, commence maintenant à les justifier depuis octobre 2018. Des témoignages poignants qui décrivent la torture et les morts attestent la nature de ces camps de morts. La première cible de ces camps sont notamment les professeurs, les écrivains, les avocats, les artistes, les sportifs, les hommes d’affaires, les figures sociales… bref, toute personne qui a une influence dans la société ouïghoure.

Ainsi, le pays ouïghour est devenu l’Etat policier le plus surveillé au monde, les populations turciques sont terrorisées, 12 millions de populations turciques ont dû subir un prélèvement d’ADN sans explication, les langues ouïghoure et kazakhes sont même interdites d’usage dans le milieu de travail et scolaire, les cérémonies et fêtes traditionnelles sont interdites, les jeunes femmes ouïghoures et kazakhes sont forcées de se marier avec des Chinois, les musulmans turciques sont forcés à manger du porc et à boire de l’alcool. L’Etat chinois intervient jusqu’à la vie intime des Ouïghours et Kazakhs, un million de fonctionnaires chinois sont envoyés à séjourner dans les maisons ouïghoures et kazakhes afin de les surveiller de près s’ils pratiquent les habitudes culturelles et religieuses traditionnelles … la liste est longue.

La majorité des anciens étudiants ouïghours en France qui étaient de retour en pays ouïghour sont aujourd’hui disparus. Dans sa volonté de terroriser les Ouïghours, l’État chinois ne se limite pas à son territoire national mais son long bras arrive depuis fin 2016 partout à l’étranger dont en France. Ainsi, les Ouïghours de France vivent aussi sous l’intimidation et la torture de régime chinois via ses agents qui les harcèlent. La majorité des Ouïghours de France n’ont plus de contact avec la famille comme le reste de la diaspora. Nous ne savons pas si nos familles vont bien, s’ils sont vivants ou morts, s’ils sont à la maison ou dans des camps. Nombreux Ouïghours de France ont des membres de familles qui sont enfermés dans les camps.

Le consulat chinois à Paris refuse de renouveler le passeport des Ouïghours en France en les appelant à retourner en Chine. Comme le reste de la diaspora, les Ouïghours de France sont gravement affectés par la disparition de contact avec la famille, par la disparition de leurs proches, par les menaces et intimidations de la police chinoise et finalement par le refus du consulat chinois de renouveler leur passeport et par l’impossibilité de faire venir depuis la Chine certains documents nécessaires dans les démarches administratives en France.

Il y a des citoyens français parmi les Ouïghours en France, la grande majorité sont des jeunes diplômés travaillant dans des divers secteurs en France contribuant au développement de la société française. Nous demandons à notre président Emmanuel Macron de demander à son homologue Xi Jinping de fermer immédiatement les camps de concentration et de libérer les millions d’Ouïghours qui y sont enfermés.

Certes la coopération et développement mutuel est nécessaire entre ces deux pays puissants. Cependant, la France ne peut pas participer à l’éradication de la population ouïghoure qui est la principale victime du projet One Belt One Road. La France est une terre des droits humains dont notre Président Emmanuel Macron en est le représentant. Nous demandons donc au président du pays de droits humains de soulever la question des camps de concentration dont l’existence en 2019 est une honte pour l’humanité !

Association des Ouïghours de France

European Uyghur Support Committee – EUSC

www.oghouz.org

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