Édition du 23 avril 2024

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Économie

Crise de la dette : Un sommet du G20 pour rien

Comme il est de coutume à la veille des assemblées annuelles du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale, un sommet du G20 s’est tenu ce 13 octobre 2021 à Washington (États-Unis).

Tiré de : CADTM infolettre , le 2021-10-19
15 octobre par CADTM International

Image d’llustration (« G20 press conference » by Downing Street is licensed with CC BY-NC-ND 2.0. To view a copy of this license, visit https://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/2.0/ )

Les puissances industrielles du Nord et les institutions internationales s’inquiètent davantage de la stabilité financière, de la viabilité budgétaire et des chaînes d’approvisionnement que des conditions d’existence de la majorité de la population mondiale

Ce qui en ressort, sans surprise, c’est que les puissances industrielles du Nord et les institutions internationales s’inquiètent davantage de la stabilité financière, de la viabilité budgétaire et des chaînes d’approvisionnement que des conditions d’existence de la majorité de la population mondiale. Le G20, l’OMC, la Banque mondiale et le FMI refusent de répondre positivement aux revendications pour la levée des brevets, pour une vaccination universelle gratuite associée à des investissements massifs dans les systèmes de santé publique. Et pourtant, à ce jour, la situation sociale et sanitaire des couches populaires les plus affectées par la crise provoquée par la pandémie se détériore terriblement. La crise de la dette des pays du Sud, notamment les pays à revenu moyen et faible, aggrave davantage leur dépendance économique, alimentaire, politique, etc. Les salarié·es et les petit.es producteurs et productrices, ainsi que les personnes qui effectuent des activités de soin aux autres, payent directement la facture de la dette.

La Banque mondiale, le FMI, les pays du G20 et du Club de Paris ont tour à tour instauré des initiatives pour répondre à leur manière à cette crise de la dette. Réponses totalement insuffisantes : l’Initiative de suspension du service de la dette (ISSD) et le Common Framework (CF) ont seulement reporté le problème. Pour le premier, plus d’un tiers des 73 pays conviés à participer à l’Initiative de suspension du service de la dette (ISSD) ont décliné l’invitation, par peur d’être discrédités par les agences de notation et les marchés financiers internationaux, et d’être soumis à une nouvelle cure d’austérité du FMI. Pour le second, le Common Framework censé étendre l’ISSD aux acteurs privés, principaux créanciers de ces pays (à hauteur de 60 %), l’échec est encore plus probant. Seul 0,2 % du service de la dette due aux créanciers privés a été suspendu et seuls l’Ethiopie, le Tchad et la Zambie ont recouru au CF pour renégocier leur dette, sans aucun succès à ce jour. En bref, pour les 46 pays impliqués dans l’ISSD et le CF, moins d’un quart du service de la dette (10,9 milliards $US) a été suspendu [1]. Plus d’un tiers des pays du Sud sont en suspension de paiement ou risquent de l’être. Le 15 septembre, la CNUCED indiquait que « la viabilité de la dette extérieure des PED s’est encore détériorée » et appelait à « un allégement concerté de la dette et, dans certains cas, à son annulation pure et simple, afin de réduire le surendettement des PED et d’éviter une nouvelle décennie perdue pour le développement » [2]. Ce 11 octobre, la Banque mondiale alertait sur le nouveau « niveau record » de la dette des pays à faible revenu et d’une augmentation de plus de 5 % de la dette des PED [3].

Le CADTM appelle une nouvelle fois au remplacement de ces institutions et à la formation d’un front uni des pays du Sud pour décréter une suspension immédiate du service de la dette en invoquant l’état de nécessité et le changement fondamental de circonstance

Suite au sommet du G20 qui réunit les pays qui dominent le monde pour l’intérêt du Capital, il est clair qu’aucune initiative favorable aux pays débiteurs du Sud ne sera prise pour leur permette de répondre à l’urgence et d’atteindre les Objectifs de développement durable (ODD) d’ici 2030 qui sont pourtant très modestes. Au contraire, les seules mesures adoptées le sont pour garantir le remboursement de la dette aux banques du Nord et aux créanciers privés.

Dans ces conditions, le CADTM appelle une nouvelle fois au remplacement de ces institutions et à la formation d’un front uni des pays du Sud pour décréter une suspension immédiate du service de la dette en invoquant l’état de nécessité et le changement fondamental de circonstance. Il s’agit également, grâce à un audit à participation citoyenne, d’identifier les dettes illégitimes, illégales, odieuses et insoutenables pour procéder à leur répudiation pure et simple.

Notes
[1] Voir Jubilee Debt Campaign, « G20 initiative leads to less than a quarter of debt payments being suspended », 12 octobre 2021 : https://jubileedebt.org.uk/press-release/g20-initiative-leads-to-less-than-a-quarter-of-debt-payments-being-suspended

[2] Communiqué de presse, « Rapport sur le commerce et le développement 2021 de la CNUCED : de la reprise à la résilience : faire face tous ensemble ou tomber séparément les uns après les autres ? », UNCTAD/PRESS/PR/2021/027, 15 septembre 2021 : https://unctad.org/fr/press-material/rapport-sur-le-commerce-et-le-developpement-2021-de-la-cnuced-de-la-reprise-la

[3] Banque mondiale, « La dette des pays à faible revenu a atteint un niveau record de 860 milliards de dollars en 2020 », 11 octobre 2021 : https://www.banquemondiale.org/fr/news/press-release/2021/10/11/low-income-country-debt-rises-to-record-860-billion-in-2020

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