Édition du 16 avril 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Luttes étudiantes

Crise étudiante : Les hirondelles et le printemps

Le « cheuf », qui fut aussi ministre de (je me fous de) la jeunesse, [1] est tombé, c’est la fête. La mobilisation collective, l’action directe et la perturbation économique auront enfin eu gain de cause… en fait presque.

S’il n’avait pas cédé aux appels à la trêve électorale, s’il s’était étendu à l’extérieur des institutions d’enseignement, le mouvement aurait peut-être réussi à faire tomber plus qu’une mesure antisociale, mais tout un système. Toutefois, comme il est maintenant coutume de dire : « Ce n’est qu’un début, continuons le combat ! »

Il faut admettre que le mouvement a pris un risque important en remisant son rapport de force construit au cours de six longs mois de mobilisation populaire marqué par le mépris, la criminalisation et des sommets historiques de répression, pour parier sur l’alternance et l’opportunisme du Parti Québécois, qui il est vrai a su récupérer à son compte quelques revendications soulevées lors du « printemps Érable » dans le but évident d’incarner l’alternative et forcer le retour à la paix sociale. Rappelons que ce même parti, toujours sous la direction de Pauline Marois, avait ouvert la porte à un dégel des frais de scolarité en 2008.

Nous pouvons saluer l’annulation de la hausse des frais de scolarité ainsi que l’abrogation d’une partie de la loi matraque, après tout c’est une victoire concrète des mouvements sociaux. Mais attention ! Il reste une seconde ronde et elle aura lieu lors du sommet de l’éducation. Comme le dit l’expression populaire, « une hirondelle ne fait pas le printemps ». Les temps semblent se noircir au-dessus des marchés et les gains obtenus récemment pourraient très bien être de courte durée. Les classes populaires pourraient, devant la situation de l’économie financière, être amenées à se serrer de nouveau la ceinture et à « faire leur juste part » comme le disent les néolibéraux, pour contenter les marchés et pour le plus grand bonheur des richissimes.

Alors de grâce, ne serrez pas trop loin vos pancartes, ainsi que vos carrés rouges, car contre les privatisations et les hausses de tarif : seule la lutte paie !

[1] Voir Charest.

Louis Michel

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