Sujets : Parti québécois , Roi de Power , Club des Ex , Sagard , Québec
Certains diront peut-être qu’il n’y a rien là de choquant, que les riches ont le droit de fêter entre eux en se vautrant dans l’opulence et que tout cela relève du domaine privé. Cette vidéo, pourtant, montre beaucoup plus que cela. Elle montre le pouvoir démesuré d’un homme qui, grâce à sa fortune, s’assure auprès des décideurs d’une influence qui vient court-circuiter la démocratie.
Vous pensiez que le libéral Jean Chrétien et que le conservateur Brian Mulroney étaient des adversaires politiques ? Vous comprenez, en regardant cette vidéo où les deux s’amusent ferme, qu’ils ne se sont battus sur la place publique, au fond, que pour savoir lequel des deux serait le valet politique de Paul Desmarais.
Quant à Jean Charest, qui apparaît ici en caniche provincial du sieur de Sagard, il avait fait la preuve, il y a quelques années, en passant sans hésitation aucune du bleu conservateur au rouge libéral, que les convictions politiques ne lui faisaient pas un pli, pourvu qu’il puisse demeurer au service de ses seuls vrais maîtres, c’est-à-dire les possédants qui lui dictent sa ligne d’action.
Ceux qui se demandaient encore pourquoi Lucien Bouchard, ancien chef adulé du Parti québécois, est aujourd’hui détesté et hué par les péquistes en comprendront un peu plus en voyant cette vidéo. Que l’ex-chef d’une formation souverainiste et sociale-démocrate fasse ainsi copains-copains avec un des plus féroces adversaires de l’indépendance du Québec, doublé d’un magnat de la finance internationale partisan des politiques d’austérité étatique, est proprement inacceptable et relève de la décadence. Lucien Bouchard, faut-il le rappeler, est devenu, depuis son retrait de la vie politique, un avocat patronal grassement payé pour être le porte-parole des faiseurs de l’industrie pétrolière et gazière et pour faire la leçon au peuple qui, selon lui, ne travaille pas assez. À son salaire, nombreux sont ceux qui feraient plus d’heures !
Le pire, là-dedans, c’est évidemment le danger que ces relations de politiciens de toutes obédiences avec le roi de Power Corporation entraînent leur soumission à ce dernier. Quand tu fêtes, te gaves et couches chez Paul tout en flirtant avec les grosses légumes de la finance, le bruit des casseroles des indignés ne pèse pas lourd dans tes décisions politiques.
La diffusion d’un tel document, déplorait Marie Grégoire au Club des Ex la semaine dernière, ne peut que nourrir le cynisme des électeurs. Elle se trompait. Ce n’est pas la diffusion du document qui produit cet effet, mais ce qu’il y a dedans, c’est-à-dire le comportement de ceux qui y figurent. Le cynisme, cela étant, n’est évidemment pas la bonne réponse à de telles révélations. C’est de colère et de mobilisation dont nous avons besoin.
Quant aux artistes célèbres invités pour divertir la princesse, ils ne méritent pas mieux que le déshonneur. Obsédés par l’enrichissement personnel – Charlebois déclarait dernièrement que « la meilleure façon d’aider son peuple, c’est de s’enrichir individuellement » —, ils trahissent leur noble statut de créateurs en ne produisant plus que des œuvres insignifiantes qui divertissent et confortent le pouvoir établi au lieu de l’ébranler au profit de la multitude.
Tous ces gens-là trouvent qu’ils paient trop d’impôts et que l’État devrait couper dans les services publics. Vous savez maintenant pourquoi. Ça coûte cher, en effet, ces partys-là.
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