Tiré de Entre les lignes et les mots
Malgré les avancées majeures en matière de droits des LGBTI+, l’homophobie, la transphobie et la biphobie constituent toujours une menace ; les violences et les discriminations sont omniprésentes. Pour de nombreuses personnes LGBTI+ dans des dizaines de pays, la situation est encore trop dangereuse pour se montrer au grand jour et soutenir publiquement les droits LGBTI+. Il est essentiel de continuer à défendre et à plaider pour les droits des LGBTI+ en cette Journée internationale contre l’homophobie, la transphobie et la biphobie.
Il y a beaucoup à célébrer : nous pouvons nous réjouir des grandes avancées de ces derniers mois en matière de droits LGBTI+, comme la nomination de Karine Jean-Pierre au poste de porte-parole de la Maison Blanche, faisant d’elle la première personne noire et ouvertement LGBTI+ à occuper ce poste, ou le nouveau Code pénal angolais qui dépénalise les relations entre personnes du même sexe depuis février 2021.
Néanmoins, les droits des personnes LGBTI+ restent menacés partout dans le monde en 2022. La Journée internationale contre l’homophobie, la transphobie et la biphobie, célébrée chaque année le 17 mai depuis 2005, est l’occasion de faire la lumière sur ces attaques et de sensibiliser l’opinion publique aux manquements des gouvernements en matière de protection et de respect des droits des LGBTI+. Elle permet également d’alerter sur les situations de répression des défenseur·es des droits des LGBTI+, en représailles de leurs activités militantes.
Certains gouvernements persistent à ne pas respecter les droits des LGBTI+, malgré les recommandations et examens périodiques menés par le Conseil des droits de l’homme des Nations unies (CDH) pour suivre l’évolution de l’application des droits humains dans chaque pays. Depuis mars 2021, plusieurs gouvernements ont rejeté les recommandations du CDH concernant les droits des LGBTI+, notamment le gouvernement de la Thaïlande, qui a rejeté quatre recommandations, les Maldives, qui ont rejeté sept recommandations, et Singapour, qui a rejeté pas moins de 16 ecommandations.
Les violations des droits des LGBTI+ vont souvent de pair avec d’autres violations des droits humains, en particulier contre les droits des femmes, la santé et des droits sexuels et reproductifs (SDSR). En 2021 et 2022, les organisations internationales ont signalé de graves violations en Iran : le rapporteur spécial sur la situation des droits humains en Iran a souligné devant le CDH la discrimination en droit et pratique à laquelle sont confrontées les femmes et les filles ainsi que les personnes LGBTI+. La Pologne aussi, qui fait l’objet d’une surveillance accrue de la part du Conseil européen et de la Commission européenne et a reçu des avertissements depuis 2017, a continuellement échoué à améliorer son bilan en matière de droits des LGBTI+ et de droits des femmes. Les mêmes problèmes sont observés en Hongrie, et les récentes élections d’avril 2022 n’annoncent aucun changement de politique dans un futur proche pour les personnes LGBTI+ du pays.
Les défenseur·es des droits des LGBTI+ attaqué·es
Les organisations de défense des droits LGBTI+ ont également été prises pour cible au cours des derniers mois 2022. En Égypte, la situation générale des droits humains s’est détériorée et les défenseur·es LGBTI+ n’ont pas été épargné·es, au point que 32 États ont exprimé en mars 2021 leur inquiétude concernant « l’application de la législation sur le terrorisme à l’encontre des militant·es des droits humains, des personnes LGBTI, des journalistes, des hommes et des femmes politiques et des avocat.es ». Le même scénario a été observé en Russie, où la législation a été instrumentalisée pour cibler les défenseur·es et organisations LGBTI+ en les accusant d’être des « agents étrangers » hostiles au gouvernement russe.
La Fédération internationale pour les droits humains (FIDH) reste mobilisée et plaide pour protéger les défenseur.es et organisations LGBTI+ de ces législations dangereuses.
Tout comme les autres défenseur·es des droits humains, les défenseur·es LGBTI+ sont confronté·es à l’intimidation, aux menaces et aux agressions en représailles de leur travail dans le but de les réduire au silence. Depuis juin 2021, on assiste à une recrudescence des cyberattaques contre des défenseur·es et des journalistes LGBTI+ au Salvador ; un éminent avocat défendant les femmes, les personnes LGBTI+ et les personnes touchées par le VIH/sida a été torturé alors qu’il était emprisonné en Chine ; et deux femmes transgenres guatémaltèques défendant les droits LGBTI+ ont été assassinées.
En plus de ces agressions qui glacent le sang, de nombreux·ses défenseur·es LGBTI+ sont arrêté·es arbitrairement et criminalisé·es, et ainsi empêché·es de poursuivre leur travail en faveur des droits LGBTI+. En Ouzbékistan, en janvier 2022, un défenseur LGBTI+ a été condamné et interdit d’accès à internet pour avoir plaidé en ligne en faveur de la dépénalisation du mariage homosexuel entre hommes. En mai 2021, deux défenseures LGBTI+ kazakhes ont été violemment arrêtées pour avoir organisé une réunion privée sur les droits des femmes au sein de leur association. Le harcèlement judiciaire fait également partie de la stratégie mise en place par les autorités pour intimider les défenseur.es LGBTI+ : en octobre 2021 en Turquie, 19 défenseur·es LGBTI+ ont comparu devant le 39e Tribunal pénal de première instance d’Ankara pour avoir participé à une marche des fiertés pacifique non autorisée en 2019.
Le 17 mai 2022, à l’occasion de la Journée mondiale contre l’homophobie, la transphobie et la biphobie, la FIDH réitère son soutien inconditionnel aux défenseur·es LGBTI+ à travers le monde et continue de promouvoir et de défendre les droits des LGBTI+ à leurs côtés. Parce que toute personne a le droit d’être protégé·e par les droits humains, qu’elle que soit son orientation sexuelle ou son identité de genre. Parce que nous aspirons à voir les gens célébrer leur fierté, en juin et tout au long de l’année, sans avoir à craindre d’être agressé·es sur le chemin du retour à la maison. Parce que la diversité des genres doit être célébrée, et non dénigrée. Jusqu’à ce que ces aspirations deviennent réalité, la FIDH continuera à combattre l’homophobie, la transphobie et la biphobie, main dans la main avec les défenseur·es et les organisations LGBTI+.
Un message, un commentaire ?