LA GAZAOUIE ET LE SAC DE FARINE
–
N’y va pas, Besma ! C’est un piège.
-
Je te dis que c’est un traquenard. Les Snipers vont te canarder. –
Tant pis. Je mourrai en Chahida (Martyr). -
T’es trop jeune pour braver un tel danger. –
Il me faut ce sac de farine, ma mère et mes petites sœurs vont crever de faim. –
Reste là, ma chérie ! Je partagerai le mien avec toi. –
Vous êtes 8 sous la tente, Sourour. –
Pas grave. Je remets ça demain. –
Il n’en est pas question. –
Alors on y va ensemble et retiens bien ce que je vais te dire, Besma ! -
D’accord. –
L’occupant et ses collabos de l’Intelligence artificielle se sont fixés un objectif : Nous exterminer tous (tes) ! -
Je l’sais. –
Le monde entier assiste au génocide, sans bouger le p’tit doigt. C’est la loi du plus fort ! –
Pourquoi nous livrent-
ils aux bourreaux, demande Besma. –
Quand tu auras mon âge, tu comprendras notre Histoire, la cruauté des Puissants et la lâcheté de ceux qui nous regardent trépasser. –
Le sac de farine est peut-
être trop lourd pour moi ? -
Je te donnerai un coup de main, t’inquiète. –
Ne cours pas trop vite ! Sourour. -
Si ! Il le faut ! Mais dès que tu te sens en difficulté ou à bout de souffle, tu m’alertes, d’accord. -
Attends, attends ! Je retrousse les pans de ma Abaya. –
Vas-
y ! -
Tu sais, Sourour, je n’ai pas peur de mourir. –
Ne parle-
pas de ça maintenant ! -
T’as raison. –
Une dernière fois, écoute-
moi bien, Besma ! -
Je suis toute ouïe. -
Le colon nous a réduits en proies affamées à appâter avec un sac de farine. Lui qui a connu ce supplice inhumain sous le Nazisme, n’hésitera pas à exceller dans la « Boucherie » pour venir à bout du dernier (re) d’entre nous. –
Pourquoi les Américains le laisse faire ? -
Ne t’occupe pas de ça, j’te dis ! -
Pardon ! -
Avant qu’on parte affronter la mort, je te pose quelques questions : -
Vas-
y ! Sourour. -
C’est quoi le signal de départ ? -
« Yallah ! ». –
Bravo ! -
A découvert, on est la cible de… ? -
« El Kannas ! » (Sniper). –
« Ahsanti ! » (très bien, excellente !). ( La mine de Besma s’irradie, vite rattrapée par une peur viscérale qui lui rappelle l’instant de vérité ) -
On le porte comment le sac de farine ? poursuit Sourour. -
Autour de la nuque. –
Parfait ! (Elle l’interroge encore) : C’est tout… ? -
J’ai oublié. –
On se baisse. –
Aah, oui ! –
T’as pris ton sac, tu t’es baissée… Tu fais quoi ? -
Je cours à toute allure. –
Eh ben T’ES MORTE ! sur le champ ! -
Ya Latif ! Pourquoi ? -
Parce que t’as pas retenu la plus importante des consignes. –
Dis la moi ! s’il te plait. -
Je t’avais répété dix fois : « Si tu veux augmenter tes chances de regagner indemne l’enclave, tu cours en zigzagant ! Mafhoum ? (Compris ?) -
Takram Aynek ! (Remerciement). Ouallah mafhoum (Compris, je le jure)
( Les deux intrépides Gazaouies s’emparent de la denrée précieuse et courent ployées à toute biture en récitant un verset du Livre Saint. Les balles sifflent autour d’elles. Prenant leur courage à deux main, elles puisent dans leurs ultimes efforts…) -
Ne t’arrête pas Besma ! s’écrie Sourour, on y est presque ! -
J’en peux plus ! Mes forces m’abandonnent ! -
Cours ! J’te dis ! On est arrivées ! Plus que 100 mètres et nous ne mourrons pas de faim ! -
Ils tirent encore ! Je suis essoufflée. -
Plus que 40 mètres, Besma. –
C’est vrai ? -
Oui, c’est vrai ! Même moins que ça. –
On va manger Khobz Taboun ? (pain palestinien). -
Avec de l’huile de l’olive ! Ma chérie, de l’huile d’olive…
( Aux derniers mètres, les deux fillettes sont rattrapées par un drone en rase motte et achevées cruellement ! )
Texte et dessin Omar HADDADOU Hommage à Gaza (août 2025)
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