Édition du 16 avril 2024

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Arts culture et société

L'UNEQ entre deux eaux

Pour commencer, je tiens à faire amende honorable au sujet d’une erreur que j’ai commise dans mon texte de la semaine dernière intitulé : "L’assemblée générale de l’UNEEQ (sic) : entre le stylo et le maillet.", édition du 4 avril.

Dans le paragraphe d’introduction, imprimé en gros caractères, j’affirmais que " le conseil d’administration espérait qu’elle entérinerait ses deux propositions-phares, soit celle de prélever des cotisations auprès des membres de 2.5% pour les membres en règle et de 5% pour les non-membres et ensuite celle de la vente de la Maison des écrivains située au parc Saint-Louis ont abouti à une défaite."

Un peu plus loin, au troisième paragraphe, je rapportais au sujet du projet de vente de la Maison des écrivains qu’"Une mince majorité y a consenti (189 contre 179)".
Ces deux affirmations peuvent paraître contradictoires et telles que rapportées, elle le sont. Il en résulte une certaine incohérence. Je me suis mal exprimé dans le paragraphe initial quand je disais que ces deux propositions principales émanant du conseil d’administration avaient été repoussées. Il aurait fallu plutôt affirmer que la première, celle sur les cotisation avait buté sur un refus mais que la seconde, sur la vente de la Maison des écrivains avait passé. Toutes mes excuses pour cette confusion.

En ce qui concerne l’avenir de l’Uneq, les choses sont plus compliquées, car le débat se corse. La direction, au premier chef la présidente Suzanne Aubry et le directeur général Laurent Dubois, qui avait joué sa crédibilité sur ces deux questions a annoncé sa démission.
Tout d’abord, l’Uneq n’est pas un syndicat au sens de la loi mais une association professionnelle. L’Uneq est-elle devenue un syndicat ou est-elle encore avant tout une association professionnelle d’écrivains ? Pour beaucoup de plumitifs (dont moi), ce n’est pas clair. La direction a tenté de rapprocher l’Uneq du statut de syndicat avec sa proposition de cotisations obligatoires (pour les membres et les non membres) mais en tout état de cause, elle ne deviendra jamais un syndicat au plein sens du terme, c’est-à-dire celui selon la Loi sur les relations de travail.

En effet, ses membres ne sont pas des employés, n’étant pas des salariés au service des entreprises d’édition. Elle est une association qui se veut représentative des écrivains et écrivaines. Elle peut désormais, avec l’adoption de la loi 35 négocier des ententes collectives fixant les conditions de travail minimales des écrivains et leur offrir la possibilité de véritables recours en cas de litige ou d’abus de pouvoir de la part d’éditeurs.

Mais par ailleurs, les écrivains et écrivaines ne travaillent pas à contrat pour les maisons d’édition, il n’y a pas de lien entre le donneur d’ouvrage et le contractuel comme dans le cas des travailleurs et travailleuses autonomes et ils ne sont pas non plus des salariés.
Cette situation particulière explique peut-être, du moins dans une certaine mesure, la réticence d’une majorité d’entre eux à accepter la cotisation obligatoire lors de l’assemblée générale spéciale du 29 mars. Le conseil d’administration a donné priorité au financement de l’Association, ce qui se comprend dans l’optique syndicale qui était sienne mais qui n’était ans doute pas celle d’une majorité de membres. À tort ou à raison, bien des membres ont pu craindre d’être embarqués dans une machine, sinon une galère sur laquelle ils auraient peu d’influence. Ils ont eu peur que le gouvernail ne leur échappe. Une certaine méfiance était perceptible lors des discussions houleuses et décousues qui ont marqué l’assemblée du 29 mars. La direction avait tout entière axé celle-ci sur la dimension financière de la vie associative au détriment d’autres dimensions comme le rapport entre les membres et la direction, la structure du "syndicat", etc. On a peut-être mis la charrue avant les boeufs.
Chose sûre, le nouveau conseil d’administration qui prendra la relève après l’assemblée générale du 31 mai aura du pain sur la planche. Il lui reviendra de rebâtir la crédibilité de l’Uneq auprès de sa base, à commencer par mieux l’écouter. Il ne suffit pas d’avoir réussi à faire adopter la loi 35 pour consolider l,Uneq mais il faut aussi et surtout ressouder les rangs de l’Association.
Fin du chapitre premier.

Jean-François Delisle

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