Tiré du Journal des alternatives.
Fondé en 1997 par les artistes Annie Roy et Pierre Allard, ATSA – connu aujourd’hui sous « QuAnd l’ArT paSse à l’Action » – incarne une vision engagée de la création artistique. Bien plus qu’un organisme à but non lucratif, ATSA s’impose depuis plus de vingt-cinq ans comme un catalyseur de conscience collective, en plaçant l’art au cœur du paysage urbain québécois et à l’international. En cohérence avec cette vision, ATSA sera présent au Forum social mondial des intersections (FSMI) à Montréal, proposant ainsi une programmation alliant art, réflexion critique et appel à l’action face aux grands enjeux contemporains.
ATSA comme moteur de transformation sociale
À travers des œuvres événementielles, transdisciplinaires et relationnelles, ATSA s’empare de l’espace public avec une énergie ludique et percutante, où l’art est utilisé sous toutes ses formes afin de « […] pointer du doigt les grands enjeux de notre société actuelle et permettre aux citoyen·nes d’entamer une réflexion […] », explique Annie.
Fidèle à ses racines féministes, pacifistes et écoresponsables, l’engagement d’ATSA se manifeste dans la défense des droits humains ainsi que la protection de l’environnement. Leur dimension participative situe constamment le public dans un rôle actif, en prise directe avec les œuvres et les messages qu’elles portent. Ainsi, en transformant la rue en lieu de mobilisation citoyenne, chacun·e devient un·e agent·e de changement positif, nous confie Annie.
Depuis 2017, Cuisine ta ville prolonge de manière inspirante la mission initiée par ATSA. Sous la direction d’Anne-Marie Saint-Louis, ce projet offre des parcours-balados créatifs à travers quelques parcs de Montréal et dans différentes villes canadiennes. Ce projet audio nous invite à écouter les témoignages touchants de personnes réfugiées et immigrantes sur les enjeux migratoires.
Les dérives d’un monde désormais trop intelligent
Aujourd’hui, l’apathie pousse les sociétés à se réfugier dans l’indifférence, convaincues à tort de leur impuissance face aux systèmes dominants. Depuis ses débuts, ATSA s’inscrit dans une tradition où l’art devient un acte militant. Il est courant dans les milieux activistes de recourir à divers médiums artistiques comme outils de résistance et de dénonciation.
Dans un monde de plus en plus polarisé et gangréné par la désinformation, Annie dit vouloir briser les murs de silos qui cloisonnent les individus. Avec l’essor de l’intelligence artificielle, le numérique a su s’immiscer dans toutes les sphères de nos vies – tant publiques que privées – et ce, de manière subversive. En quelques années, on a pu créer une machine ultra énergivore et envahissante, jusqu’à complètement chambouler nos quotidiens. Le projet d’ATSA cherche à provoquer cette indignation face aux injustices d’un capitalisme qui réduit l’humain à une simple donnée au service d’algorithmes toujours plus puissants.
Il y a cette dangereuse banalisation de l’impact que laisse cet écosystème digital sur l’individu, détaché de son humanité. Nos données personnelles sont captées à notre insu, nos comportements surveillés, notre intimité dissoute dans les rouages d’un système qui sert même à alimenter des machines de guerre, dénonce Annie. Au-delà de son impact écologique néfaste, l’industrie du numérique accentue un fossé d’inégalités, déjà profond entre les pays du Nord et ceux du Sud.
Mais tout n’est pas perdu. « C’est un système malade et écrasant, mais une révolution est possible », affirme Annie.
En l’occurrence, il suffirait de résister à l’illusion d’un monde contrôlé par ces élites numériques.
Réhumaniser le monde, une œuvre à la fois
La participation d’ATSA à un événement comme le FSMI est essentielle, car elle réunit une diversité d’organismes et de membres de la société civile internationale dans un lieu commun de dialogue. Cette année, l’organisme propose une programmation d’activités gratuites réparties sur plusieurs jours, ouvrant la conversation autour des enjeux liés à l’intelligence artificielle.
La Ferme
Tout d’abord, dans une atmosphère à la fois conviviale et humoristique, Annie Roy et la comédienne Geneviève Rochette partageront la scène afin d’interpréter La Ferme ou comment nourrir un futur intelligent. Cette expérience participative engage le public à une démarche critique sur l’IA, complétée par des discussions ouvertes et vivantes. Annie a su mêler différents médiums pour remettre l’humain au centre de ses interrogations, abordant comment sociétés doivent affronter un monde ne cessant d’être envahi par la technologie. Pleine d’esprit et sans prétention, La Ferme nous invite à « se réemerveiller devant le réel », comme le dit si bien Annie.
Il y aura trois représentations gratuites de cette pièce de théâtre : le vendredi 23 mai à 19h, le samedi 24 mai à 19h et le dimanche 25 mai à 16h, sur l’esplanade Tranquille du Quartier des spectacles à Montréal.
Une œuvre audiovisuelle
En dehors des moments de performance, l’installation vidéo UN TEMPS sera diffusée en continu. Cette œuvre audiovisuelle invite chaque spectateurs·rices à ralentir, à rêver et à réfléchir dans un état contemplatif, malgré l’agitation d’une ville aussi animée comme Montréal.
Trois ateliers-conférences
ATSA propose aussi trois ateliers-conférences au Réfectoire de l’esplanade Tranquille, visant à outiller les citoyen·ne·s face aux enjeux de l’intelligence artificielle. Du samedi 24 mai au dimanche 25 mai, quelques expertes du sujets aborderont les thèmes de la sobriété numérique, souveraineté numérique, et de la responsabilité humaine face à l’IA.
D’autres activités connexes seront au rendez-vous, dont la diffusion du film Les sacrifiés de l’IA de Henri Poulain le samedi 24 mai à 21h. D’ailleurs, la BANQ aura un espace réservé sur l’Esplanade Tranquille et au Salon de l’Esplanade Tranquille pour inviter chacun·e dans la lecture de quelques livres.
Cuisine ta ville au FSMI
Parallèlement, pendant le FSMI, l’artiste médiatrice Anne-Marie St-Louis de Cuisine ta ville animera une activité de collage solidaire le jeudi 29 mai 19h à 20h30. Cette activité de médiation culturelle gratuite invite le public à réfléchir sur l’inclusion, la solidarité et les identités multiples à travers l’écoute d’un témoignage issu de l’immigration. Par la suite, les participant·es seront invité·es à créer un collage ou une lettre en réponse aux thèmes abordés, dans une démarche artistique et introspective.
Avec un tel forum, c’est la parfaite occasion pour ATSA de faire rayonner sa démarche artistique à l’échelle internationale, tout en démontrant la puissance de l’art comme outil de progrès social. Annie ajoute ainsi que l’accessibilité de l’art demeure au centre de leur démarche. C’est grâce à ses actions artistiques que le groupe peut s’engager auprès de publics variés et mobiliser les forces de la réflexion collective. Enfin, si le numérique peut enrichir nos vies, il est plus que jamais nécessaire d’en redéfinir les règles et de reprendre le contrôle sur notre avenir démocratique.
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