Édition du 26 mars 2024

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Planète

La bataille des Sioux contre l’oléoduc géant s’amplifie aux Etats-Unis

Un campement de protestataires contre l’oléoduc géant du nord Dakota est menacé. Mais la lutte s’internationalise, alors que l’on apprend que Donald Trump a des intérêts dans la compagnie promouvant le projet.

Texte et photos tirés de Reporterre.

Washington, correspondance

L’ultimatum est arrivé. Les Sioux de la réserve de Standing Rock, dans le Dakota du Nord, rejoints par des militants environnementaux, se battent depuis le printemps contre la construction d’un oléoduc géant menaçant de souiller des terres sacrées et de polluer la rivière Missouri dont ils dépendent. Un de leurs campements de fortune, « Oceti Sakowin », tout près de la zone de travaux du Dakota Access Pipeline (DAPL), est désormais menacé.

Le gouverneur a en effet ordonné lundi soir 28 novembre l’« évacuation d’urgence » du camp afin, selon lui, de protéger du froid hivernal les 5.000 personnes qui y sont installées (lire l’Executive order). Lors d’une conférence de presse organisée dans la soirée, les opposants au projet ont rétorqué que le gouverneur - auquel ils dénient toute juridiction sur ce territoire fédéral - devrait moins se préoccuper de les protéger contre l’hiver que contre les forces de l’ordre. « Notre force est dans notre unité. Nous n’avons pas peur et nous n’irons nulle part, qui plus est au milieu d’une tempête de neige », a assuré Kandi Mosset, activiste responsable des questions d’énergie chez Indigenous Environmental NetworkØ

Trois jours plus tôt, l’Army Corps of Engineers avait indiqué qu’à partir du 5 décembre, toute présence publique sur la zone située au nord de la rivière Cannonball (qui rejoint la Missouri) serait considérée comme illégale. C’est cette autorité fédérale qui, après avoir autorisé les travaux, avait ordonné leur suspension en septembre afin de mener des consultations plus approfondies avec les tribus.

Trump a des intérêts dans la compagnie de l’oléoduc

Le feu vert, ou au contraire un nouveau tracé voire l’arrêt définitif du DAPL, n’a toujours pas été décidé. Certains espèrent une réponse d’ici la fin décembre. Mais avec l’élection de Donald Trump à la présidence des Etats-Unis, les espoirs s’amenuisent. Juste après l’élection, Kelcy Warren , le patron de Energy Transfer Partners, la société constructrice du DAPL, s’est ainsi dit « 100 % confiant ». Il faut dire qu’il a contribué à la campagne du milliardaire à hauteur de 100.000 dollars, et que Donald Trump lui-même détient entre 500.000 et 1 milliard de dollars d’actions dans cette société, selon le Guardian. Un conflit d’intérêts parmi d’autres souligné par la presse américaine, sans effet jusqu’ici. Energy Transfer Partners a même pris les devant en contestant en justice, mi-novembre, la suspension des travaux.
Des canons à eau dans un froid glacial

En attendant, les affrontements continuent. Le dernier en date, dans la nuit du dimanche 20 au lundi 21 novembre, a fait plus près de 300 blessés, selon les protestataires, qui dénoncent l’usage de gaz lacrymogènes, de grenades incapacitantes, de balles en caoutchouc mais aussi de canons à eau par la police alors que les températures dans cet Etat du nord des Etats-Unis sont glaciales à cette période.

  Voir video des affrontements.

A la suite de cette nuit de violences, une personne âgée a fait un arrêt cardiaque et a dû être réanimée sur place. Une jeune femme pourrait perdre son avant-bras après avoir été gravement touchée par une explosion (causée par une grenade selon son père, tandis que la police accuse les manifestants). Un journaliste venu de Denver a de son côté reçu une balle en caoutchouc dans l’abdomen.

Les opposants au projet en appellent toujours à Barack Obama pour qu’il signe, avant la fin de son mandat, un décret annulant le DAPL, comme il l’avait fait pour l’oléoduc Keystone XL. La mobilisation politique s’est récemment doublée d’un appel au boycott d’au moins 17 banques finançant directement le projet (38 banques plus largement), selon une enquête de l’ONG Food & Water Watch. Dans la liste, on trouve les établissements français BNP Paribas, Crédit Agricole et Société Générale.

Bill McKibben, fondateur de l’ONG environnementale 350.org estime en effet que faire pression sur les banques - dont certaines cherchent à se donner une image respectueuse de l’environnement - plutôt que sur les politiques pourrait se révéler plus efficace car le DAPL, un projet à 3,7 milliards de dollars, ne peut pas se passer de ses financements. Plusieurs manifestations devant des banques ont ainsi eu lieu, à Philadelphie (voir ce lien Facebook) ou à Chicago par exemple. Et une petite victoire a été remportée ce mois-ci en Norvège, où la plus grande banque du pays, DNB, ainsi que le fonds d’investissement Odin Fund Management se sont débarrassés d’actions liées aux entreprises finançant le DAPL. Un encouragement la suite : un appel à un « mois international d’actions » a été lancé pour décembre, visant à faire pression sur les banques et les forces policières.

 Vidéo sur le mois d’action.

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