Édition du 26 mars 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Planète

La transition énergétique en Afrique du Nord aux prises avec le néocolonialisme

Les difficultés rencontrées par nombre de pays du Sud global dans la nécessaire transition énergétique sont souvent expliquées dans les termes d’une mauvaise volonté des élites de ces pays ou d’un manque d’expertise. C’est oublier la centralité du néocolonialisme, parfois repeint en « vert » sous la forme de projets avancés, sinon imposés, par les puissances du Nord et des entreprises du secteur de l’énergie (y compris des énergies renouvelables), visant à accaparer des terres et des ressources. Dans cet article, Hamza Hamouchene analyse le cas des pays d’Afrique du Nord, donnant à voir l’impasse d’une transition énergétique qui ferait l’impasse sur la rupture avec l’impérialisme et la transformation radicale des modes de production, d’échange et de consommation.

Tiré du site de la revue Contretemps.

La pandémie de Covid-19, faisant partie de la crise multidimensionnelle mondiale actuelle, démontre que ce que nous vivons actuellement n’est qu’un avant-goût des pires choses à venir, dans le cas où nous ne prendrions pas les mesures nécessaires pour mettre en œuvre des solutions justes, notamment face à la crise climatique en cours.

Les impacts du changement climatique dans la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord (MENA) se font déjà ressentir, et fragilisent les bases socio-économiques et écologiques de la vie dans cette région. Ces effets se manifestent de manière disproportionnée, en affectant spécialement les personnes les plus marginalisées de la société, en particulier les petit·es agriculteur·trices, les agro-pasteur·trices et les pêcheur·euses. Les populations sont contraintes de quitter leurs terres à cause des sécheresses et des tempêtes hivernales, qui se font de plus en plus fortes et fréquentes, de l’avancée du désert et de l’élévation du niveau de la mer. À cela s’ajoutent les mauvaises récoltes et les réserves d’eau qui s’amenuisent, ce qui entraîne de lourdes conséquences sur la production alimentaire[1].

Pour faire face à cette crise climatique planétaire, les émissions de gaz à effet de serre doivent être réduites de manière drastique et ce, sans délai. Aujourd’hui, nous savons que le système économique actuel détruit les structures nécessaires à la survie de la planète, ce qui finira par causer son propre effondrement. Une transition vers les énergies renouvelables est donc devenue inévitable. Mais il est très probable que cette transition, dans le cas où elle aurait lieu, puisse perpétuer les mêmes pratiques de dépossession et d’exploitation qui prévalent encore aujourd’hui, en reproduisant les injustices et en aggravant l’exclusion socio-économique.

Ainsi, avant même de mettre en pratique des projets dits « écologiques », il convient d’interroger les modèles et les approches adopté·es en matière de transition énergétique, afin de déconstruire les discours et les pratiques injustes de “transition” déjà à l’œuvre, ainsi que certaines composantes problématiques propres à l’exploitation des énergies renouvelables. Composantes qui demeurent justement occultées par le discours dominant.

“Colonialisme vert » et “accaparement vert”

Le Sahara représente un Eldorado pour le secteur des énergies renouvelables. Il est notamment perçu par l’Europe comme une réelle opportunité pour pouvoir se fournir en énergie, et maintenir en ce sens un mode de vie consumériste et dépensier, en assurant sa consommation excessive d’énergie.

Si le Sahara est généralement décrit comme une vaste terre vide et peu peuplée, ce récit reste trompeur et néglige les questions de propriété et de souveraineté, en masquant l’hégémonie et la domination toujours à l’œuvre dans les relations internationales contemporaines. Cela facilite le pillage des ressources, la privatisation des biens communs et la dépossession des populations, consolidant ainsi les modes de gouvernance exclusifs et non démocratiques de la transition énergétique.

Plusieurs exemples dans la région nord-africaine illustrent comment le « colonialisme énergétique » et les pratiques extractivistes reproduisent les mêmes principes que ceux sur lesquels reposaient les systèmes de domination d’antan, et ce, même dans un contexte de transition vers les énergies renouvelables. Contexte qui peut être d’ailleurs tout aussi bien qualifié de « colonialisme vert », ou d’“accaparement vert” des terres et des ressources.

Si l’on cherche à mettre en œuvre un modèle de transition qui soit juste et qui puisse profiter aux personnes appauvries et marginalisées, au lieu d’aggraver leur exclusion socio-économique, il faut dire que nous sommes loin de pouvoir trouver satisfaction dans les dynamiques de transition actuelles qui s’avèrent à contrario profondément préoccupantes.

Avant de se pencher sur certains exemples, j’aimerais donner au préalable quelques brèves définitions des termes de « colonialisme vert » et d’ »accaparement vert ». Le « colonialisme vert » peut être défini comme la persistance des relations coloniales de pillage et de dépossession (ainsi que de déshumanisation de l’Autre) à l’ère des énergies renouvelables, impliquant le transfert des coûts socio-environnementaux sur les pays et populations périphériques.

Dans les faits, c’est le même système qui est toujours en place, mais il repose cette fois sur une source d’énergie différente. Les combustibles fossiles laissent place à l’énergie verte, tandis que subsistent les mêmes modèles de production et de consommation à forte intensité énergétique, ainsi que les mêmes structures politiques, économiques et sociales, dont ils découlent, et qui demeurent responsables des inégalités, de l’appauvrissement et de la dépossession qu’elles génèrent.

Des chercheur·euses et activistes ont développé un autre concept pertinent, celui de « l’accaparement vert ». Ce concept décrit et capte les dynamiques d’accaparement des terres, qui ont lieu dans le cadre du déploiement d’activités soi-disant écologiques[2]. En d’autres termes, lorsque les terres et les ressources sont réappropriées à des fins prétendument environnementales. Cela s’applique aux projets de conservation qui exproprient les communautés indigènes de leurs terres et territoires, aux confiscations de terres communales pour produire notamment des biocarburants, mais aussi aux installations de grandes centrales solaires et éoliennes sur les terres des agro-pasteur·trices, sans leur consentement.

A l’heure actuelle, la transition inégale vers les énergies renouvelables se produit principalement dans les pays du Nord, et repose continuellement sur l’extraction de minéraux de base et de métaux rares (tels que le cobalt, le lithium, le cuivre, le nickel, le graphite, etc.), utilisés pour la fabrication de panneaux solaires, d’éoliennes, de pales et de batteries électriques. D’où viennent ces ressources ? Elles proviennent de pays comme la République démocratique du Congo (RDC), la Bolivie, le Chili et le Maroc, où la destruction de l’environnement et l’exploitation des travailleur·euses se poursuivent, voire s’intensifient.

Le colonialisme – bien qu’ayant officiellement pris fin – se poursuit sous d’autres formes et à différents niveaux, notamment dans la sphère économique. C’est ce que certain·es chercheur·euses et militant·es appellent le néocolonialisme, ou la recolonisation. Les économies en marge du système mondialisé et les pays du Sud sont emprisonné.s dans un statut de subordination au sein d’une division internationale du travail profondément injuste : d’une part, en jouant le rôle de fournisseuses de ressources naturelles et de réservoir de main-d’œuvre bon marché, et en constituant d’autre part une opportunité de marché pour les économies industrialisées de haute technologie[3].

Cette configuration a été modelée et dictée par le système colonial, et les tentatives de s’en détacher ont jusqu’à présent toujours été balayées par les nouveaux outils de l’asservissement impérialiste : les dettes écrasantes, la religion du « libre-échange », ainsi que les programmes d’ajustement structurel (PAS) imposés par les institutions financières internationales telles que la Banque mondiale et le Fonds monétaire international, entre autres.

De la sorte, si nous cherchons réellement à dépasser les combustibles fossiles, il est essentiel d’étudier de près les liens qu’ils entretiennent avec l’économie au sens large, et de s’attaquer aux rapports de pouvoir hiérarchiques inhérents au système énergétique mondial[4]. Cela implique de reconnaître que les pays du Sud sont toujours systématiquement exploités par une économie coloniale et impérialiste, bâtie sur le pillage des ressources et sur le transfert massif de richesses du Sud vers le Nord.

Transition énergétique, dépossession et accaparement au Maroc

Prenons l’exemple du Maroc, qui demeure beaucoup plus avancé dans sa transition énergétique que les pays voisins. Le royaume chérifien s’est fixé pour objectif de porter sa part d’énergie renouvelable à plus de 50 % de son mix énergétique d’ici 2030. La centrale solaire de Ouarzazate, inaugurée en 2016, est un élément phare du plan mis en place par le pays pour atteindre cet objectif. Mais la centrale n’a pas bénéficié aux populations appauvries qui vivent à proximité, à savoir les agro-pasteur·trices amazigh·es dont les terres ont été réquisitionnées sans leur consentement, dans le but d’accueillir l’installation qui s’étendra sur une surface de 3 000 hectares[5].

De plus, la dette de 9 milliards de dollars contractée via les prêts de la Banque mondiale, de la Banque européenne d’investissement ainsi qu’à travers d’autres organismes, pour pouvoir construire la centrale fut soutenue par des garanties du gouvernement marocain, ce qui pourrait conduire à une augmentation significative de la dette publique, dans un pays déjà surendetté. Le projet, qui s’inscrit dans le modèle des partenariats public-privé (un euphémisme pour qualifier la privatisation des profits, et la socialisation des pertes par des stratégies de réduction des risques) enregistre, depuis son lancement en 2016, un déficit annuel d’environ 80 millions d’euros, couvert par des fonds publics.

Enfin, la centrale de Ouarzazate utilise la technologie de l’énergie thermique à concentration (CSP), qui nécessite énormément d’eau afin de refroidir le système et de nettoyer les panneaux solaires. Détourner les ressources en eau de la consommation et de l’agriculture dans une région semi-aride comme Ouarzazate est tout simplement outrageux.

Le projet Noor Midelt est un autre exemple de transition énergétique injuste, figurant au cœur des élaborations relatives à la phase II du plan d’énergie solaire du Maroc. À terme, ce projet est censé fournir une capacité énergétique supérieure à celle de la centrale de Ouarzazate, et sera l’un des plus grands projets solaires au monde à combiner les technologies CSP et photovoltaïque (PV). Les installations de Noor Midelt seront exploitées par l’entreprise française EDF Renewable, la société émiratie Masdar et l’opérateur marocain Green of Africa, en partenariat avec l’Agence marocaine pour l’énergie durable (MASEN), pour une période de 25 ans.

Le projet a contracté une dette qui s’élève à ce jour à environ 4 milliards de dollars, dont plus de 2 milliards contractés auprès de la Banque mondiale, de la Banque africaine de développement, de la Banque européenne d’investissement, de l’Agence française de développement et de la banque allemande KfW[6].

La construction de Noor Midelt a débuté en 2019, sa mise en service était initialement prévue pour 2022. Mais les retards se sont accumulés pour diverses raisons, parmi lesquelles figurent la lenteur de l’avancement du plan solaire, les problèmes politiques que la direction de la MASEN a rencontrés au cours de l’année 2021, ainsi que l’éruption de tensions géopolitiques entre le Maroc et l’Allemagne. Le complexe solaire Noor Midelt sera développé sur un site de 4 141 hectares au sein du plateau de la Haute Moulouya, dans le centre du Maroc, à environ 20 km au nord-est de la ville de Midelt.

Sur ce site, un total de 2 714 hectares de terres faisaient l’objet d’une gestion communale et collective par les trois communautés agraires d’Ait Oufella, Ait Rahou Ouali et Ait Massoud Ouali. À cela s’ajoutent environ 1 427 hectares de terres forestières, censés être gérés par ces communautés. Ces terres ont été confisquées à leurs propriétaires à l’aide de lois et de réglementations nationales, qui permettent l’expropriation dans le but de « l’intérêt général ». L’expropriation a été accordée en faveur de MASEN par une décision du tribunal administratif en janvier 2017, la décision a été rendue publique au mois de mars de la même année.

Située dans la continuité du discours environnemental colonial, qui qualifie entres autres les terres à exproprier de marginales et de sous-exploitées, la Banque mondiale a souligné notamment dans une étude réalisée en 2018[7], que « le terrain sablonneux et aride ne permet que la croissance de petits arbustes, et les terres ne sont pas adaptées au développement agricole en raison du manque d’eau ». Cet argument a également été utilisé lors de la promotion de l’usine de Ouarzazate au début des années 2010. Néanmoins, il ne tient pas la route, car comme le déclarera une personne à l’époque :

  • « Les responsables du projet en parlent comme d’un désert qui n’est pas utilisé, mais pour les gens d’ici, ce n’est pas un désert, c’est un pâturage. Leur territoire et leur avenir sont sur cette terre. Quand vous prenez ma terre, vous prenez mon oxygène »[8].

Le rapport de la Banque mondiale ne s’arrête pas là, il affirme également que « l’acquisition de terres pour le projet n’aura aucun impact sur les moyens de subsistance des populations locales ». Mais la tribu pastorale transhumante de Sidi Ayad, qui utilise ces terres pour faire paître ses animaux depuis des siècles, a pu manifester une opinion contraire et exprimer son désaccord sur ce sujet. En 2019, Hassan El Ghazi, un jeune berger, a déclaré à un militant de l’association ATTAC Maroc que :

  • « Le pastoralisme est notre métier, et maintenant ce projet occupe les terres où nous faisons paître nos moutons. Ils et elles ne nous emploient pas pour le projet, ils emploient des étranger·es. La terre sur laquelle nous vivons a été occupée. Ils détruisent les maisons que nous construisons. Nous sommes opprimé·es, la région de Sidi Ayad est opprimée. Ses enfants sont opprimé·es, et leurs droits et les droits de nos ancêtres ont été perdus. Nous sommes des « analphabètes » qui ne savent ni lire ni écrire… Les enfants que vous voyez ne sont pas allé·es à l’école, comme beaucoup d’autres. Les routes et les chemins sont coupés… En fin de compte, nous sommes invisibles et nous n’existons pas pour eux. Nous exigeons que les fonctionnaires prêtent attention à notre situation et à nos régions. Nous n’existons pas dans de telles politiques, et il vaut mieux mourir, il vaut mieux mourir ! »[9]

Dans ce contexte de dépossession, de misère, de sous-développement et d’injustice sociale, les habitant·es de Sidi Ayad ont exprimé leur colère en organisant de multiples manifestations depuis 2017. En février 2019, ils et elles ont mené un sit-in, au cours duquel Said Oba Mimoun, membre du Syndicat des petits agriculteurs et des travailleurs forestiers, a été arrêté et condamné à 12 mois d’emprisonnement.

Mostepha Abou Kbir, un autre syndicaliste qui a soutenu la lutte de la tribu de Sidi Ayad, a décrit la façon dont les terres ont été annexées sans l’approbation des populations locales, et ce, après avoir enduré des décennies d’exclusion socio-économique. Le terrain est désormais clôturé, et personne n’est autorisé à s’en approcher. Abou Kbir met en contraste les méga-projets de développement menés par l’État marocain, avec le fait que ces projets soient implantés dans des régions où les infrastructures de base sont inexistantes, comme à Sidi Ayad. Le syndicaliste souligne en outre que les situations d’enfermement et d’accaparement des ressources s’avivent , notamment à travers l’épuisement des ressources en eau dans la région du Drâa-Tafilalet, au profit de ces projets gigantesques (la centrale solaire de Midelt sera alimentée par le barrage Hassan-II situé à proximité), dont ne bénéficient pas pourtant les populations locales[10]. Dans un contexte de précarité, où les propriétaires de petits troupeaux sont chassés de ces territoires, où les richesses sont concentrées entre de moins en moins de mains, où le marché du bétail est mercantilisé et les sécheresses chroniques, le projet solaire de Midelt risque d’exacerber la menace qui pèse sur les moyens de subsistance de ces communautés pastorales, et de détériorer davantage leurs conditions de vie.

Les habitant·es de Sidi Ayad ne sont pas les seul·es à exprimer leurs préoccupations concernant le projet Midelt. Les femmes du mouvement Soulaliyate ont revendiqué également leur droit d’accès à la terre dans la région du Drâa-Tafilalet, et ont demandé à recevoir une juste compensation pour la perte de leurs terres ancestrales, sur lesquelles la centrale solaire a été construite. Le terme de « femmes Soulaliyate » fait référence aux femmes tribales du Maroc qui vivent sur des terres collectives. Le mouvement des femmes Soulaliyate, qui s’est constitué au début des années 2000, est né dans un contexte de marchandisation et de privatisation intensive des terres collectives[11]. À cette époque, les femmes tribales ont commencé à réclamer l’égalité des droits, ainsi qu’une juste part de bénéfices lorsque des projets de privatisation ou de division de leurs terres étaient planifiés. Malgré les intimidations, les arrestations et même les blocus mené·es par les autorités, le mouvement s’est étendu à l’échelle nationale et des femmes de différentes régions se rallient désormais à la bannière du mouvement Soulaliyate pour revendiquer la justice et l’égalité.

En dépit des inquiétudes ressenties et des injustices commises, le projet Midelt continue de se développer, sous la protection de la monarchie marocaine et de ses organes de répression et de propagande. Il semblerait ainsi que la logique d’externalisation des coûts socio-écologiques, et de leur déplacement à travers l’espace et le temps continue de se perpétuer, ce qui constitue d’ailleurs une caractéristique fondamentale de la dynamique extractiviste, inhérente au capitalisme.

Le colonialisme vert et l’occupation du Sahara occidental

Tandis que certains des projets implantés au Maroc, comme les centrales solaires de Ouarzazate et de Midelt, peuvent être qualifiés sans détour de « green grabbing » (accaparement vert) – faisant écho à l’appropriation de terres et de ressources à des fins soi-disant écologiques – des projets similaires d’exploitation d’énergies renouvelables (solaire et éolienne) en cours, ou dont la mise en œuvre est envisagée prochainement dans les territoires occupés du Sahara Occidental, peuvent être quant à eux qualifiés sans détour de « colonialisme vert ». En effet, ces projets sont réalisés au mépris des populations sahraouies, et conduisent à l’occupation de leurs terres.

Trois parcs éoliens sont actuellement opérationnels dans le Sahara Occidental occupé, un quatrième est en cours de construction à Boujdour, tandis que plusieurs autres sont en phase de planification. Ces parcs éoliens auront une capacité combinée de plus de 1.000 mégawatts (MW). Ces projets proviennent du portefeuille de Nareva, l’entreprise productrice d’énergie éolienne, appartenant à la société holding de la famille royale marocaine. Quatre-vingt-quinze pour cent de l’énergie dont a besoin l’entreprise publique marocaine de phosphate OCP, pour exploiter les réserves de phosphate non renouvelables du Sahara occidental à Bou Craa, est produite par 22 éoliennes, construites et exploitées par l’entreprise Siemens dans le parc éolien de Foum el Oued, opérationnel depuis 2013, et disposant d’une capacité de 50 MW[12].

En novembre 2016, au moment des négociations de la COP22 autour du climat, organisée par les Nations unies, la société saoudienne ACWA Power a signé un accord avec MASEN pour développer et exploiter un complexe de trois centrales solaires photovoltaïques totalisant 170 MW. Cependant, deux de ces centrales, aujourd’hui opérationnelles et totalisant une capacité de 100 MW, ne sont pas situées au Maroc mais sur le territoire occupé du Sahara occidental, précisément à Laâyoune et Boujdour. Il est également envisagé d’installer une troisième centrale solaire à El Argoub, près de Dakhla.

Il est clair que ces projets d’énergie renouvelable participent à enraciner l’occupation en renforçant l’emprise du Maroc sur les territoires occupés, tout cela avec la complicité évidente d’entreprises et de capitaux étranger·es.

Quelle transition énergétique pour l’Algérie ? “Drill baby drill !”

Les classes dirigeantes algériennes parlent de l’ère de l’ »après-pétrole » depuis des décennies, mais les gouvernements successifs se contentent d’évoquer la transition vers les énergies renouvelables, sans prendre de mesures concrètes. La mise en œuvre des plans actuels en matière d’énergies renouvelables accuse des retards importants, ce qui reflète l’absence d’une vision sérieuse et cohérente de cette transition. Les annonces et les déclarations des responsables politiques se succèdent, mais les promesses restent lettres mortes. À titre d’exemple, le récent appel d’offres photovoltaïque pour le déploiement d’une capacité solaire de 1 gigawatt (GW) a été retardé de plus de deux ans. Les plans de l’Algérie pour générer 15 GW de capacité de production d’énergie solaire d’ici 2030 ne sont tout simplement pas réalistes, quand on sait que le pays disposait d’un total d’environ 423 MW de capacité solaire installée, à la fin de l’année dernière (2021), selon l’Agence internationale pour les énergies renouvelables (IRENA)[13]. Toutes sources confondues, la capacité de production actuelle des énergies renouvelables ne dépasse pas 500 MW dans le pays. Cela reste donc bien loin des 22 GW prévus pour 2030 et annoncés en 2011. Le Ministère de la Transition Énergétique et des Énergies Renouvelables, créé en juin 2020, a réduit ces objectifs à 4 GW d’ici 2024 et à 15 GW d’ici 2035. Même revus à la baisse, ces objectifs semblent ne guère disposer des moyens de leur ambition.

L’Algérie se voit obliger de réorienter sa production rapidement vers les énergies renouvelables, car le jour où ses clients européens cesseront d’importer ses combustibles fossiles pour s’approvisionner en énergie, ne semble pas si loin. À l’heure actuelle, l’Union européenne (UE) élargit et accélère sa transition énergétique, une évolution devenue urgente après l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Si l’UE continue d’importer du gaz, tout en intensifiant ses efforts pour diversifier ses sources d’énergie à court terme, elle finira certainement par délaisser les combustibles fossiles par la suite. Cela constituera une menace existentielle pour des pays comme l’Algérie, qui continuent de dépendre de l’exportation du pétrole et du gaz. Le passage urgent vers la production d’énergies renouvelables (principalement pour le marché local) n’est donc pas seulement la bonne chose à faire d’un point de vue écologique, mais constitue également un impératif stratégique et de survie.

Pourtant, la ligne directrice suivie par le pays ces dernières années s’oriente davantage vers la libéralisation de l’économie et l’octroi de concessions au secteur privé et aux investisseurs étrangers. Les lois budgétaires de 2020-2021 et la nouvelle loi sur les hydrocarbures sont édifiantes à cet égard. En effet, la nouvelle loi sur les hydrocarbures avantage largement les multinationales, et leur offre de multiples incitations et concessions pour investir en Algérie. Elle ouvre également la voie à des projets destructeurs tels que l’exploitation du gaz de schiste dans le Sahara, et des ressources offshore en Méditerranée.

Les lois budgétaires de 2020-2021, ont également participé à ouvrir la voie aux emprunts internationaux et à l’imposition de sévères mesures d’austérité, comme la suppression de diverses subventions et la réduction des dépenses publiques. Au nom de la promotion des investissements directs étrangers, les multinationales ont été exemptées de droits de douane et de taxes, et leur part dans l’économie nationale a pu être augmentée en supprimant la règle d’investissement qui limitait à 49 % la part des investissements étrangers dans tout type de projet, ce qui fragilise de plus belle la souveraineté nationale du pays. Si c’est désormais au tour du secteur des énergies renouvelables d’être ouvert aux investissements étrangers privés, il est clair que cette décision ne garantira pas la souveraineté d’un secteur si stratégique, et destiné à se développer dans les années à venir.

Paradoxalement, il arrive que certains gouvernements occidentaux se proclament en faveur du respect de l’environnement, en interdisant par exemple la fracturation hydraulique à l’intérieur de leurs frontières, et en fixant des objectifs de réduction des émissions de carbone, tout en offrant en même temps un soutien diplomatique à leurs multinationales pour exploiter les ressources dans leurs anciennes colonies, comme l’a fait la France avec Total en Algérie en 2013 à propos du gaz de schiste[14]. Nous assistons donc bel et bien à du colonialisme énergétique et à du racisme environnemental.

La guerre en Ukraine et les tentatives de l’UE visant à réduire sa dépendance au gaz russe, nous montrent une fois de plus que la sécurité énergétique de l’UE passe avant tout le reste. Nous assistons actuellement à une montée d’engouement envers le gaz, à plus d’extractivisme et à plus de path dependency, parallèlement, à une régression et à un ralentissement de la transition écologique, là où ces projets d’extraction sont implantés. C’est exactement ce qui s’est passé dans le cas de l’Italie et de l’Algérie, qui ont convenu d’un accord pour que cette dernière augmente ses exportations de gaz vers l’Italie : la compagnie nationale algérienne Sonatrach et l’entreprise italienne ENI pomperont 9 milliards de mètres cubes de gaz supplémentaires à partir de 2023/2024[15]. L’UE recevra également prochainement des cargaisons de gaz naturel liquéfié (GNL) en provenance d’Égypte, d’Israël, du Qatar et des États-Unis.

En Afrique du Nord, certaines économies basées sur les combustibles fossiles, comme c’est le cas pour l’Algérie, la Libye et l’Égypte, seront fortement impactées lorsque l’Europe réduira considérablement ses importations de combustibles fossiles en provenance de ces régions au cours des prochaines décennies. La nécessité et l’urgence que soulève la transition vers les énergies renouvelables doit donc aboutir d’une part, à l’élaboration d’une réflexion sérieuse, devant être soumise au débat public, mais aussi d’autre part, à un abandon progressif des combustibles fossiles. Les enjeux de démocratisation et de souveraineté populaire sur la terre, l’eau et les autres ressources naturelles nécessitent que les nouveaux projets d’exploration et d’exploitation des combustibles fossiles soient systématiquement écartés. Dans des dictatures militaires kleptocratiques comme l’Algérie et l’Égypte, où se sont tenues d’ailleurs les dernières négociations sur le climat de la COP27, comment est-ce que les populations peuvent-elles décider et construire leur avenir, sans démilitariser et démocratiser leurs pays et leurs sociétés ? En outre, il est nécessaire de bâtir consciemment des alliances entre les mouvements syndicaux et les autres mouvements et organisations de défense de la justice sociale et environnementale. Nous devons également trouver le moyen d’impliquer les travailleur·euses de l’industrie pétrolière dans les discussions autour de la transition et des emplois écologiques, car cette transition n’aura pas lieu sans elles ni eux. Il s’avère donc primordial de commencer à s’engager avec les syndicats autour de ces enjeux.

En Algérie comme dans d’autres pays du Sud, notamment en Afrique du Nord, la transition énergétique doit être un projet souverain, d’abord repensé essentiellement depuis l’intérieur, en étant orienté vers la satisfaction des besoins locaux, avant de se voir potentiellement engagé dans toute initiative d’exportation. Les peuples du Sud ne doivent pas continuer à produire pour l’Europe et obéir à ses diktats, qui s’étayent sur sa volonté de se sevrer de sa dépendance au gaz russe, en diversifiant ses sources d’énergie. La priorité est désormais de décarboner les économies nord-africaines, en atteignant 70 à 80 % d’énergies renouvelables dans le mix énergétique, avant même de commencer à envisager d’exporter vers l’UE.

En outre, il faut garder à l’esprit que des pays comme l’Algérie, qui ont été enfermés dans une forme prédatrice de modèle de développement extractiviste, n’ont ni les moyens financiers ni le savoir-faire requis pour mener à bien une transition énergétique rapide. À cet égard, il faut donc prévoir des compensations financières pour pouvoir garder le pétrole dans les sols, pour mettre fin aux monopoles sur les technologies et les connaissances écologiques et pour permettre aux pays et aux populations du Sud de disposer de ces ressources.

Privatisation de l’énergie en Tunisie

La tendance à la privatisation de l’énergie et au contrôle de la transition énergétique par le secteur privé s’observe à l’échelle mondiale. Le Maroc est déjà engagé sur cette voie, tout comme la Tunisie. On constate à l’heure actuelle, l’existence de pressions accrues pour privatiser le secteur tunisien des énergies renouvelables, notamment sous la forme d’énormes incitations aux investisseurs étrangers pour produire de l’énergie verte dans le pays, spécialement destinée à l’exportation. La loi 2015-12 (modifiée en 2019) autorise même l’utilisation de terres agricoles pour y implanter des projets d’exploitation d’énergie renouvelable, dans un pays qui souffre d’une dépendance alimentaire sévère, comme a pu le montrer une fois de plus, et avec plus d’acuité, la pandémie de Covid-19, mais aussi, la guerre qui fait rage actuellement en Ukraine. Dans ce contexte, la question à poser serait la suivante : à qui profite la transition énergétique ?

En 2017, la société TuNur s’est portée candidate pour construire une centrale solaire d’une capacité de 4,5 GW dans le désert tunisien, capable de fournir suffisamment d’électricité pour alimenter 2 millions de foyers européens via des câbles sous-marins. Ce projet encore non abouti repose sur un partenariat entre la société britannique Noor Energy et un groupe d’investisseurs maltais et tunisiens relevant du secteur pétrolier et gazier[16]. Jusqu’à récemment, TuNur déclarait ouvertement être porteuse d’un projet d’exportation d’énergie solaire reliant le Sahara à l’Europe. Étant donné que la Tunisie dépend de l’Algérie pour combler une partie de ses besoins en énergie, il est scandaleux que de tels projets se tournent vers l’exportation plutôt que vers la production d’énergie destinée à un usage domestique local.

Il en va de même pour un autre projet proposé en 2021 par un ancien PDG de Tesco, en partenariat avec la société saoudienne ACWA Power. Le projet vise à relier le sud du Maroc au Royaume-Uni avec des câbles sous-marins pour acheminer de l’électricité. Une fois encore, les mêmes relations amorcées par l’extractivisme, et les mêmes pratiques d’accaparement des terres se nouent et se perpétuent, alors que les populations de la région ne disposent même pas d’autosuffisance en termes d’énergie.

En affichant des objectifs louables, ces grands projets orbitant autour des énergies renouvelables, masquent en réalité l’exploitation brutale et le pillage qu’elles enclenchent. Il semblerait qu’un schéma colonial bien connu soit en train de se dérouler sous nos yeux, à savoir l’acheminement de flux constant de ressources naturelles bon marché (y compris l’énergie solaire) du Sud vers le Nord riche, pendant que l’Europe-forteresse continue d’ériger des murs et des clôtures pour empêcher que des êtres humains puissent atteindre ses rives.

L’hydrogène, nouveau front pionnier de l’énergie en Afrique

Tandis que les efforts pour mettre en œuvre une transition vers les énergies renouvelables se déploient à l’échelle mondiale, avec comme arrière-plan l’aggravation patente de la crise climatique, l’hydrogène vert est présenté dans ce contexte comme un carburant alternatif « propre ». La majorité de la production actuelle d’hydrogène résulte de l’extraction de combustibles fossiles, ce qui génère en retour d’importantes émissions de carbone (hydrogène gris). Ce processus peut être rendu plus propre (hydrogène bleu), par exemple grâce à la technologie de capture du carbone. Cependant, la forme la plus propre d’extraction de l’hydrogène repose sur l’utilisation d’électrolyseurs pour décomposer les molécules d’eau en oxygène et hydrogène. Ce processus peut être également alimenté par de l’électricité provenant de sources d’énergie renouvelables (hydrogène propre ou vert).

En réponse au lobbying intensif exercé par divers groupes d’intérêt, l’UE a fait de la transition vers l’hydrogène la pierre angulaire de sa réponse climatique ces dernières années, introduisant de la sorte en 2020, sa stratégie en matière d’hydrogène dans le cadre du Green Deal européen. Ce plan propose un passage à l’hydrogène « vert » d’ici 2050, grâce à une production locale et à un approvisionnement régulier depuis l’Afrique[17]. Cette stratégie s’inspire des idées avancées par l’organisation commerciale lobbyiste Hydrogen Europe, notamment lors de la présentation de sa stratégie « Hydrogène vert 2×40 GW ». Dans le cadre de cette initiative, l’UE disposera, d’ici 2030, d’une capacité d’électrolyse d’hydrogène renouvelable de 40 GW, et en importera 40 GW supplémentaires à partir d’électrolyseurs situés dans les régions voisines, notamment dans les déserts nord-africains, en utilisant les gazoducs qui relient déjà l’Algérie à l’Europe[18].

Il convient de préciser que la volonté de produire de l’hydrogène vert et de promouvoir une économie de ce secteur, a déjà reçu le soutien des grandes compagnies pétrolières et gazières européennes, qui y voient un moyen détourné pour poursuivre leurs activités, dans la mesure où l’hydrogène est extrait à partir du gaz fossile (production d’hydrogène gris et bleu). Il devient donc évident que l’industrie des combustibles fossiles souhaite préserver les infrastructures déjà existantes de l’industrie du gaz naturel, dont les pipelines/gazoducs[19].

En Afrique et ailleurs, les entreprises de production de combustibles fossiles continuent d’avoir recours aux mêmes structures d’exploitation économiques mises en place pendant l’ère coloniale, pour extraire les ressources locales et transférer les richesses hors du continent. Ces sociétés cherchent également à préserver le statu quo politique dans les pays africains, afin de pouvoir continuer de bénéficier des relations lucratives qui les lient aux élites corrompues et aux dirigeants autoritaires. Cela permet aux entreprises d’y exploiter la main-d’œuvre, de dégrader l’environnement et de violenter les communautés locales en toute impunité.

Le contexte de la guerre en Ukraine, a érigé le remplacement du gaz fossile par l’hydrogène issu des énergies renouvelables, en tant que composante majeure de REPowerEU, le plan de la Commission européenne visant à mettre fin à la dépendance au gaz russe[20]. Le vice-président de la Commission, Frans Timmermans, a déclaré au Parlement européen en mai 2022 : « Je crois fermement que l’hydrogène vert est la force motrice de notre système énergétique du futur ». Avant d’ajouter : « et je crois aussi fermement que l’Europe ne sera jamais capable de produire son propre hydrogène en quantité suffisante. »[21]

Non seulement la Commission européenne a remplacé les fournisseurs de gaz de la Russie de Poutine par d’autres régimes autoritaires, comme ceux qui gouvernent l’Algérie, l’Azerbaïdjan, l’Égypte et le Qatar, ou encore l’État colonial pratiquant l’apartheid qu’est Israël, mais elle a également fait construire de nouveaux ports et pipelines pour transporter et importer cette ressource. L’UE a quadruplé son objectif en matière d’importation d’hydrogène, qui est passé de 5 à 20 millions de tonnes d’ici 2030. Il est prévu que la moitié de l’hydrogène sera importée principalement d’Afrique du Nord. D’autres pays figurent également sur la liste des pays cibles, notamment la Namibie, l’Afrique du Sud, la RDC, le Chili et l’Arabie saoudite. Mais certaines études ont montré que ces objectifs sont profondément irréalistes, notamment en matière de coûts et d’énergie, et qu’ils conduisent déjà à une exploitation accrue des combustibles fossiles.

En Europe, l’Allemagne se situe en première ligne pour le développement de l’hydrogène vert en Afrique. Le pays collabore avec la RDC, le Maroc et l’Afrique du Sud pour produire un « carburant décarboné », généré à partir d’énergies renouvelables et destiné à être exporté vers l’Europe. L’Allemagne explore également d’autres zones et pays potentiel.les particulièrement propices à la production d’hydrogène vert. En 2020, le gouvernement marocain a conclu un partenariat avec l’Allemagne pour implanter la première usine d’hydrogène vert sur le continent[22]. Comme toujours, le Maroc, qui se targue d’être l’une des économies les plus néolibérales(isées) de la région, recueille des éloges pour son climat favorable aux affaires, son ouverture aux capitaux étrangers et son « leadership » dans le secteur des énergies renouvelables. Selon certaines estimations, le pays pourrait détenir d’ici 2030, jusqu’à 4 % des parts du marché mondial du Power-to-X (production de molécules vertes), grâce à ses « ressources d’énergies renouvelables exceptionnelles et son expérience réussie dans le déploiement de centrales renouvelables à grande échelle »[23].

Tout cela se joue au détriment des transitions énergétiques des pays africains. Si ces projets ne sont pas avortés, la transition verte sera détournée au nom de la sécurité énergétique de l’UE, et de ses efforts pour atteindre ses objectifs climatiques. En outre, les objectifs de l’UE en matière d’hydrogène renouvelable inscrits dans sa stratégie RePowerEU, ne concernent pas uniquement la réduction d’émissions, mais intègrent également une démarche plus large visant à introniser l’UE et ses entreprises comme acteur·trices internationaux·ales d’une économie “verte” de haute technologie, en concurrence avec d’autres puissances comme la Chine.

Desertec 3.0, ou comment prendre le train de l’hydrogène vert en marche

Lancé en 2009 par une coalition d’entreprises industrielles et d’institutions financières européennes, Desertec était un projet d’envergure qui avait pour ambition d’alimenter l’Europe en électricité, à partir de centrales solaires implantées dans le Sahara et de parcs éoliens situés dans toute la région MENA. Le projet était fondé sur l’idée qu’une seule petite parcelle de désert serait capable de fournir environ 20 % de l’électricité européenne d’ici 2050, et ce, grâce à des câbles spéciaux de transmission de courant continu à haute tension.

Après plusieurs années de battage médiatique, le projet Desertec a finalement été abandonné sous le poids des critiques, qui évoquèrent notamment ses coûts astronomiques, et sa résonance néocoloniale.[24] Des tentatives de relance sous le nom de Desertec 2.0, axées sur le marché local des énergies renouvelables, ont émergé par la suite. Le projet finira par renaître sous le nom de Desertec 3.0. Son objectif sera de satisfaire la demande européenne en hydrogène, considéré comme une alternative énergétique « propre » aux combustibles fossiles. Au début de l’année 2020, l’Initiative industrielle Desertec (DII) a créé l’Alliance MENA Hydrogen, qui rassemble des acteur·trices des secteurs public et privé, des scientifiques et des universitaires, dans le but de stimuler l’économie de l’hydrogène vert et la production destinée à l’exportation[25]. Parmi ses membres, on compte le géant français de l’énergie, Total, et le groupe pétrolier néerlandais Shell.

Le projet Desertec 3.0[26], qui plaide en faveur d’un système énergétique européen constitué à 50 % d’électricité renouvelable et à 50 % d’hydrogène vert d’ici 2050, repose sur l’hypothèse qu’ « en raison de sa taille limitée et de la densité de sa population, l’Europe ne sera pas en mesure de produire toute son énergie renouvelable à l’intérieur de ses frontières ». La nouvelle proposition Desertec tente de prendre ses distances par rapport à l’accent mis initialement sur les exportations, en y substituant la dimension d’un développement local basé sur un système énergétique propre. Toutefois, on ne peut sous-estimer ou ignorer la planification des exportations qui y figure, car le programme officiel de Desertec 3.0 souligne qu’ « … au-delà de la satisfaction de la demande intérieure, la plupart des pays d’Afrique du Nord ont un énorme potentiel en termes de terres et de ressources pour produire de l’hydrogène vert destiné à l’exportation ».

Et si cela ne suffisait pas à convaincre les élites politiques et économiques des deux rives de la Méditerranée, l’équipe de Desertec ne manque pas d’arguments. Le document poursuit :

  • « En outre, une approche conjointe Europe – Afrique du Nord en matière d’énergie renouvelable et d’hydrogène, permettrait de stimuler le développement économique, de créer des emplois d’avenir et une stabilité sociale dans les pays nord-africains, réduisant potentiellement le nombre de migrant·es économiques en provenance de cette région. »

On ne sait pas s’il s’agit d’une tentative désespérée pour vendre le produit Desertec, mais il est clair que la vision défendue par le projet concorde avec les programmes politiques qui cherchent à consolider les barrières de l’Europe-forteresse, en renforçant le régime de gestion des frontières impérialistes et inhumaines, tout en exploitant le potentiel énergétique à faible coût de l’Afrique du Nord, qui repose notamment sur une main-d’œuvre sous-valorisée et « disciplinée ».

Desertec est ainsi présenté comme une solution pour la transition énergétique européenne, qui constitue à la fois une opportunité de développement économique en Afrique du Nord et un frein à la migration Sud-Nord. Dépeint comme un instrument technique apolitique, le projet promet de dépasser ces problématiques sans apporter de changements fondamentaux. Le projet cherche en réalité à maintenir le statu quo et les contradictions du système global à l’origine de ces crises. Les solutions techniques de ce type nourrissent l’obsession d’une croissance économique illimitée qui se traduit par l’oxymore « croissance verte », et donnent l’illusion d’une disponibilité sans fin de l’énergie et des ressources, perpétuant ainsi indirectement les modes de vie consuméristes et le productivisme énergivore. Cela ne contribuera en rien à ramener notre système socio-économique dans des limites viables pour la planète, ni à éviter un effondrement climatique et écologique à temps.

Les grandes « solutions » axées sur l’ingénierie comme celles proposées par Desertec ont tendance à présenter le changement climatique comme un problème commun à tous·tes, déconnecté de tout ancrage politique ou encore socio-économique. Cette perspective occulte la responsabilité historique de l’Occident industrialisé, les défaillances du modèle énergétique capitaliste et le différentiel de vulnérabilité entre les pays du Nord et du Sud. En outre, l’utilisation d’éléments de langage tels que « coopération mutuelle » et « pour le bénéfice des deux parties » dépeint la région euro-méditerranéenne comme une communauté unifiée (désormais nous sommes tous·tes ami·es, luttons contre un ennemi commun !). Ce discours invisibilise les véritables ennemis des peuples africains, à savoir les structures de pouvoir néocoloniales qui les exploitent et pillent leurs ressources.

De plus, encourager l’utilisation des infrastructures de gazoduc existantes ne fait que plaider pour un simple changement de source d’énergie, qui non seulement maintient les dynamiques politiques autoritaires en place, mais laisse également intactes les hiérarchies qui régissent l’ordre international. Le fait que Desertec encourage l’utilisation de gazoducs en provenance d’Algérie et de Libye (notamment à travers la Tunisie et le Maroc) soulève des questions quant à l’avenir des populations de ces deux pays, riches en combustibles fossiles. Que se passera-t-il lorsque l’Europe cessera d’importer du gaz en provenance de ces pays, lorsque nous savons que 13 % du gaz consommé actuellement en Europe provient d’Afrique du Nord ? Qu’en est-il du chaos et de la déstabilisation causés par l’intervention de l’OTAN en Libye ? Les aspirations des Algérien·nes à la démocratie et à la souveraineté, exprimées haut et fort lors du soulèvement de 2019-2021 contre la dictature militaire, seront-elles prises en compte dans cette équation ? Ou s’agit-il simplement d’une nouvelle variante du statu quo dans laquelle le gaz est simplement remplacé par l’hydrogène ? Au bout du compte, il n’y a peut-être rien de nouveau sous le soleil.

Pour ajouter l’insulte à l’injure, le programme officiel de Desertec souligne que « dans une phase initiale (entre 2030 et 2035), un volume substantiel d’hydrogène pourra être produit en convertissant le gaz naturel en hydrogène, le CO2 étant stocké dans des gisements de gaz et de pétrole vides (hydrogène bleu) ». Tout d’abord, il faut dire que les technologies de capture et de stockage du carbone sont encore coûteuses et peu fiables. Ensuite, il y a un grand risque que le CO2 capté soit utilisé pour la récupération assistée du pétrole, comme c’est déjà le cas partout dans le monde.

Quoi qu’il en soit, le stockage du CO2 dans les gisements de gaz vides d’Afrique du Nord, articulé d’une part à l’utilisation des rares ressources en eau de cette région, dans le but de produire de l’hydrogène, et d’autre part à la pollution potentielle due au dessalement, constituerait un nouvel exemple de déversement de déchets dans les pays du Sud, et de déplacement des coûts environnementaux du Nord vers le Sud (on parle alors de création de zones sacrifiées). En d’autres termes, nous assistons à la mise en place d’une stratégie capitaliste et impérialiste, où le racisme environnemental se marie au colonialisme énergétique.

Dernier point, mais pas le moindre, d’énormes investissements seront nécessaires pour mettre en place les infrastructures pour produire et transporter l’hydrogène vert. Au vu des expériences antérieures de mise en œuvre de projets aussi coûteux et à forte intensité de capital, à l’instar de la centrale solaire de Ouarzazate, ces investissements pourraient bien finir par alourdir la dette du pays bénéficiaire, ce qui accentuerait encore sa dépendance à l’égard des prêts multilatéraux et de l’aide étrangère.

Si ces projets se concrétisent, ils constitueront un nouvel exemple d’accaparement néocolonial des ressources, à un moment où ces ressources renouvelables devraient être utilisées pour répondre aux besoins énergétiques et aux objectifs climatiques locaux, plutôt que d’aider l’UE à garantir sa sécurité énergétique, et à mettre en œuvre sa stratégie climatique.

Conclusion

Ce qui semble unir tous les projets « verts » mentionnés ci-dessus, et l’attention médiatique qu’ils suscitent, c’est l’hypothèse profondément erronée selon laquelle toute évolution significative vers les énergies renouvelables serait forcément louable, et que toute tentative d’abandon des combustibles fossiles, quelles qu’en soient les modalités, serait utile. Il faut l’affirmer ici clairement : la crise climatique à laquelle nous sommes actuellement confronté·es n’est pas imputable aux combustibles fossiles en soi, mais plutôt à leur utilisation non durable et destructrice, qui alimente la machine capitaliste.

En d’autres termes, le capitalisme fait office ici de coupable numéro un. Si nous voulons sérieusement nous attaquer à la crise climatique, qui n’est qu’une facette de la crise multidimensionnelle du capitalisme, nous ne pouvons pas éluder la question du changement radical de nos modes de production et de distribution, de nos modèles de consommation et des enjeux fondamentaux d’équité et de justice qu’ils soulèvent. Il s’ensuit qu’un simple passage des combustibles fossiles aux sources d’énergie renouvelables, qui continuerait de répondre aux impératifs du modèle capitaliste de la marchandisation et de la privatisation de la nature pour le profit de quelques-un·es, ne résoudra pas les défis auxquels nous sommes confronté·es. Si nous continuons sur cette voie, nous ne ferons qu’exacerber le problème, ou en créer de nouveaux, notamment autour de la propriété de la terre et des ressources naturelles.

Une transition écologique et juste doit œuvrer radicalement à la transformation du système économique mondial. Système qui ne semble nullement adapté à un quelconque progrès, que ça soit au niveau social, écologique ou même biologique, comme a pu le révéler la pandémie de Covid-19. Une telle transition doit mettre fin aux relations coloniales qui continuent d’asservir et de déposséder les populations. Nous devons sans cesse nous interroger : qui possède quoi ? Qui fait quoi ? Qui obtient quoi ? Qui gagne et qui perd ? Et quels intérêts sont servis ? Car si nous ne posons pas ces questions, nous irons tout droit vers un colonialisme vert reposant sur une accélération de l’extraction et de l’exploitation, au service d’un soi-disant « objectif vert » commun.

La lutte pour la justice climatique et pour une transition juste, doit prendre en compte les différentiels de responsabilités et de vulnérabilités entre les pays du Nord et du Sud. La dette écologique et climatique doit être payée aux pays du Sud, qui sont les plus durement touchés par le réchauffement climatique, et ce, après avoir été enfermés par le capitalisme mondial dans un système extractiviste prédateur. Dans un contexte international de libéralisation forcée, et de pression pour conclure des accords commerciaux injustes, alimenté par la course impérialiste pour obtenir la mainmise sur les ressources énergétiques, la transition verte et les discours sur la durabilité ne doivent pas devenir des écrans de fumée au profit des stratégies néocoloniales de pillage et de domination.

En outre, si l’on évoque toujours le manque d’expertise technologique dans les pays du Sud où sont implantés les projets d’énergies renouvelables, on ne se demande généralement pas en premier lieu pourquoi c’est le cas. Ce manque n’est-il pas imputable à la monopolisation de la technologie et au régime de propriété intellectuelle, dont la cruauté a été révélée par la dernière pandémie ? N’est-ce pas à cause de toutes les politiques d’ajustement structurel qui ont été imposées, laissant derrière elles des services publics et une recherche scientifique exsangues ? Le transfert de technologie doit être la clé de voûte de toute transition énergétique juste, sans quoi les nations du Sud resteront toujours dépendantes.

Dans ce contexte, la transition juste apparait comme un cadre idéal pour transiter vers une économie écologiquement durable, équitable et juste pour l’ensemble de ses membres. Une transition juste signifie la transition d’un système économique reposant sur l’extraction excessive des ressources et l’exploitation des personnes, à un système structuré inversement autour de la restauration et de la régénération des territoires, mais aussi des droits et de la dignité des personnes. Une approche dynamique et radicale de la transition juste considère que la destruction de l’environnement, l’extraction capitaliste, la violence impérialiste, les inégalités, l’exploitation et la marginalisation, répondent à des critères raciaux, classistes et genrés, tout en étant les effets simultanés d’un système global qui doit être transformé. Vu sous cet angle, les « solutions » qui tentent de remédier à une seule de ces dimensions, telles que les catastrophes environnementales, sans tenir compte des structures sociales, culturelles et économiques qui la sous-tendent, ne pourront être que de « fausses solutions »[27].

Une transition juste devra prendre des formes différentes selon les lieux où elle est déployée. Il est en effet préférable de parler de transitions au pluriel, afin de tenir compte de la multiplicité des réalités. Il faut être sensible au fait que les profondes inégalités mondiales héritées du passé, et leur persistance dans le présent doivent elles aussi être abattues, afin de créer une société plus juste et plus durable. Cela signifie qu’une transition juste peut revêtir des significations très différentes selon les lieux d’où elle est pensée. Ce qui peut fonctionner en Europe ne sera pas nécessairement applicable en Afrique. Ce qui peut fonctionner en Égypte peut ne pas fonctionner en Afrique du Sud. Et ce qui peut fonctionner dans les zones urbaines du Maroc peut ne pas être adapté aux zones rurales de ce même pays. Et peut-être qu’une transition dans un pays riche en combustibles fossiles comme l’Algérie serait différente de celle d’autres pays qui ne sont pas dotés de telles ressources. C’est pourquoi nous devons faire preuve d’imagination, adopter une approche décentralisée et solliciter directement les populations locales.

Le concept de transition juste s’appuie sur des notions telles que la démocratie et la souveraineté énergétiques, afin d’élaborer une vision du monde dans laquelle les populations auraient accès aux ressources dont elles ont besoin pour mener une vie digne, tout en exerçant un contrôle sur ces ressources. De même, cette vision offrirait aux populations un rôle politique dans la prise de décisions sur la façon dont ces ressources doivent être utilisées, et par qui. Une telle transition doit être gérée par les populations et leurs représentant·es démocratiquement élu·es. Elle ne peut être laissée aux mains du secteur privé et des entreprises. La participation active à la prise de décision et à l’élaboration des transitions, est ainsi cruciale.

Enfin, une transition juste ne concerne pas seulement l’énergie. À cet égard, la manière dont nous pratiquons l’agriculture doit elle aussi être transformée. L’agriculture industrielle, ou l’agro-business, est un autre lieu de rencontre entre la domination impérialiste et le changement climatique. Non seulement ces pratiques constituent des moteurs cardinaux du changement climatique, mais elles maintiennent également de nombreux pays du Sud prisonniers d’un modèle agraire non durable et destructeur, qui repose sur l’exportation de quelques cultures de rente et sur l’épuisement des terres et des rares ressources en eau, dans des régions arides et semi-aride comme l’Égypte, la Tunisie et le Maroc (mais aussi l’Algérie qui fait de plus en plus face à ces problématiques).

À bien des égards, la crise climatique et la nécessaire transition écologique qu’elle réclame nous offrent une chance de remodeler nos politiques. Pour faire face à ces transformations profondes, il faudra rompre avec les projets militaristes, coloniaux et néolibéraux déjà en place. Par conséquent, la lutte pour une transition juste et pour la justice climatique, doit être résolument démocratique. Elle doit impliquer les populations les plus affectées et chercher à répondre aux besoins de tous·tes. Il s’agit donc de construire un avenir dans lequel chacun·e dispose de suffisamment d’énergie et d’un environnement propre et sûr, un avenir qui réponde aux revendications révolutionnaires des soulèvements africains et arabes : souveraineté populaire, pain, liberté et justice sociale.

*

Illustration : projet Desertec en Algérie

Notes

[1] Hamouchene, H. et Minio-Paluello, M. (2015) La prochaine révolution en Afrique du Nord : La lutte pour la justice climatique. Platform London, Environmental Justice North Africa, Fondation Rosa Luxembourg, et Ritimo. Version française disponible sur : https://www.ritimo.org/La-prochaine-re%CC%81volution-en-Afrique-du-Nord-la-lutte-pour-la-justice, et version arabe disponible sur : https://www.rosalux.de/en/publication/id/4062/the-coming-revolution-the-fight-for-climate-justice-survival

[2] Fairhead, J., Leach, M. et Scoones, I. (2012) ‘Green grabbing : a new appropriation of nature ?’ Journal of Peasant Studies 39(2) : 237-261.

[3] Rodney, W. (1986) Et l’Europe sous-développa l’Afrique. Editions caribéennes, Paris. Voir aussi Amin, S. (1970) L’accumulation à l’échelle mondiale. Editions Anthropos, Paris ; Galeano, E. (1981) Les veines ouvertes de l’Amérique latine. Plon, Paris ; Foster, J.B. et McChesney, R. (2012) The Endless Crisis : How Monopoly Finance Capital Produces Stagnation and Upheaval from the USA to China. New York, Monthly Review Press ; Brie, M. (2016) ‘A contemporary reception of Rosa Luxemburg’s theory of accumulation’, in Dellheim, J., et Wolf, F.O. (eds.), Rosa Luxemburg : A Permanent Challenge for Political Economy.

[4] Hanieh, A. (2020) ‘Quand le marché du pétrole devient viral’. Verso Blog. Disponible sur : https://www.versobooks.com/blogs/4651-when-oil-markets-go-viral [En anglais]

[5] Hamouchene, H (2016) ‘Centrale solaire de Ouarzazate : triomphe du capitalisme vert et privatisation de la nature’, Nawaat. Disponible sur : https://nawaat.org/2016/03/30/centrale-solaire-de-ouarzazate-triomphe-du-capitalisme-vert-et-privatisation-de-la-nature/

[6] NS Energy (non daté) ‘Noor Midelt Solar Power Project, Morocco’. Disponible sur : https://www.nsenergybusiness.com/projects/noor-midelt-solar-power-project-morocco/

[7] Banque mondiale (2018) ‘Rapport N° PAD2642. Document de projet relatif à une proposition de prêt complémentaire d’un montant de 100 millions de dollars et à une proposition de prêt du Fonds pour les technologies propres d’un montant de 25 millions de dollars à l’Agence marocaine pour l’énergie durable (Masen) pour un financement additionnel du projet d’énergie solaire Noor au Maroc.’. Disponible sur : https://documents1.worldbank.org/curated/en/138481528687821561/pdf/Morocco-Noor-AF-project-paper-P164288-May17-clean-05212018.pdf [En anglais]

[8] Citation traduite en français tirée de Rignall, K. (2012) ‘Theorizing sovereignty in empty land : contested global landscapes’. Land Deal Politics Initiative. Disponible sur : https://www.yumpu.com/en/document/view/35781099/theorizing-sovereignty-in-empty-land-contested-global-landscapes

[9] Cette déclaration est tirée du documentaire Oh Land, produit par ATTAC Maroc en 2019. Pour visionner le film : https://m.facebook.com/attac.maroc/videos/199096351435545/ [sous-titres disponibles en arabe et anglais]

[10] Ibid.

[11] ATTAC Maroc (2020) ‘Le mouvement Soulaliyate : des femmes marocaines se battent contre l’expropriation des terres’. Disponible sur : https://waronwant.org/news-analysis/soulaliyate-movement-moroccan-women-fighting-land-dispossession [En anglais]

[12] Western Sahara Resource Watch (2022) ‘Énergie verte mais sale sur terres occupées’. Disponible sur : https://wsrw.org/fr/nouvelles/energies-renouvelables

[13] Agence internationale pour les énergies renouvelables (2021) Statistiques de Capacité renouvelable 2021. Disponible sur : https://www.irena.org/publications/2021/March/Renewable-Capacity-Statistics-2021-FR

[14] Observatoire des multinationales (2016) ‘Gaz de schiste : les Algériens se mobilisent contre le régime et l’ingérence des multinationales pétrolières’. Disponible sur : https://multinationales.org/fr/enquetes/gaz-de-schiste-en-algerie-le-role-de-total-et-de-la-france/gaz-de-schiste-les-algeriens-se-mobilisent-contre-le-regime-et-l-ingerence-des

[15] Reuters (2022) ‘Eni et Sonatrach signent un accord pour augmenter les exportations de gaz algérien vers l’Italie’. Disponible sur : https://www.reuters.com/business/energy/eni-sonatrach-sign-deal-boost-algeria-gas-exports-italy-2022-05-26/ [En anglais]

[16] Neslen, A. (2017) ‘Huge Tunisian solar park hopes to provide Saharan power to Europe’. Disponible sur : https://www.theguardian.com/environment/2017/sep/06/huge-tunisian-solar-park-hopes-to-provide-saharan-power-to-europe

[17] Commission européenne (2020) Une stratégie de l’hydrogène pour une Europe climatiquement neutre. Disponible sur : https://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/PDF/?uri=CELEX:52020DC0301&from=EN

[18] Parnell, J. (2020) ‘European Union sets gigawatt-scale targets for green hydrogen’. Disponible sur : https://www.greentechmedia.com/articles/read/eu-sets-green-hydrogen-targets-now-blue-hydrogen-has-to-keep-up

[19] Corporate Europe Observatory (2020) ‘The hydrogen hype : Gas industry fairy tale or climate horror story ?’ Disponible sur : https://corporateeurope.org/en/hydrogen-hype

[20] Commission européenne (2022)REPowerEU : une énergie abordable, sûre et durable pour l’Europe. Disponible sur : https://ec.europa.eu/info/strategy/priorities-2019-2024/european-green-deal/repowereu-affordable-secure-and-sustainable-energy-europe_fr

[21] Collins, L. (2022) ‘“Europe is never going to be capable of producing its own hydrogen in sufficient quantities” : EU climate chief’. Disponible sur : https://www.rechargenews.com/energy-transition/europe-is-never-going-to-be-capable-of-producing-its-own-hydrogen-in-sufficient-quantities-eu-climate-chief/2-1-1212963

[22] Clifford Chance (2021) ‘Focus on hydrogen : a new energy frontier for Africa’. Disponible sur : https://www.cliffordchance.com/briefings/2021/01/focus-on-hydrogen–a-new-energy-frontier-for-africa.html

[23] Fraunhofer Institute for Systems and Innovation Research ISI (2019) ‘Study on the opportunities of « POWER-TO-X » in Morocco – 10 hypotheses for discussion’. Disponible sur : https://www.econbiz.de/Record/study-on-the-opportunities-of-power-to-x-in-morocco-10-hypotheses-for-discussion-eichhammer-wolfgang/10012238280

[24] Hamouchene, H. (2015) ‘Accaparement des sources d’énergie renouvelable ?’ CADTM. Disponible sur : https://www.cadtm.org/Desertec-accaparement-des-sources

[25] Alliance MENA Hydrogen (2020) Disponible sur : https://dii-desertenergy.org/mena-hydrogen-alliance/ [En anglais]

[26] Dii Desert Energy (2019) Programme sur l’hydrogène pour l’Europe et l’Afrique du Nord. Disponible sur : https://dii-desertenergy.org/ [En anglais]

[27] Transnational Institute (2020) ‘Just transition:how environmental justice organisations and trade unions are coming together for social and environmental transformation’. Disponible sur : https://www.tni.org/en/justtransition

Hamza Hamouchene

Hamza Hamouchene (activiste algérien, responsable des programmes pour l’Afrique du Nord et l’Asie de l’Ouest de War on Want.), publié par ROAR Magazine a été traduit de l’anglais au français par Françoise Vella et Isabelle Breton, traductrices bénévoles pour Ritimo. Retrouvez le texte original, publié le 12 février 2018, ici : Tunisia : protesting austerity, demanding sovereignty https://roarmag.org/essays/tunisia-protesting-austerity-demanding-sovereignty/

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