Tiré du blogue de l’auteur.
Une presse burkinabè longtemps riche et diversifiée, grâce au long combat du monde de la presse et de la société civile
La presse burkinabè s’est longtemps caractérisée par la passé par la qualité globale des médias. Le journaliste Norbert Zongo était il y a peu de temps, mis sur le même plan que le président Thomas Sankara, en tant que héros du Burkina Faso. Si le chef de la junte actuelle, Ibrahim Traoré se revendique de Thomas Sankara, dont il tente un certain mimétisme, Norbert Zongo, semble aujourd’hui oublié par les militaires et leur soutien.
Norbert Zongo est le premier journaliste à avoir fondé un hebdomadaire d’investigation sous le régime de Blaise Compaoré, qu’il faisait trembler en dénonçant les scandales du pouvoir. Il a été assassiné en 1998, par des militaires du RSP (régiment de sécurité présidentielle). Il enquêtait sur la mort, sous la torture, d’un employé de son frère François Compaoré qui l’avait livré aux hommes du RSP.
Cet assassinat a réveillé le peuple burkinabè qui a enchaîné pendant près de 2 ans, d’imposantes manifestations pour demander justice. Le procès n’a toujours pas eu lieu à ce jour, mais le pouvoir de Blaise Compaoré avait été contraint d’ouvrir des espaces de liberté, grâce à la puissance du mouvement populaire mais aussi par la nécessité de se vernir d’apparence démocratique pour apparaitre acceptable. Le monde la presse a toujours voulu rendre hommage au courage de Norbert Zongo. De nombreux médias, ont été créés, dans la foulée, dont certains d’excellentes qualités Jusqu’à une période récente, je m’insurgeais de voir que certains militants qui s’intéressaient au Burkina n’avaient pour référence que les médias français alors que la presse burkinabè jouait son rôle d’enquête et d’information.
Cette époque est révolue depuis l’accession au pouvoir d’Ibrahim Traoré qui n’eut de cesse de museler la presse. Celle-ci, unie dans ses organisations professionnelles, a longtemps résisté jusqu’aux enlèvements de plusieurs journalistes, dont, tout récemment, les leaders de l’association des journalistes burkinabè. Il existe encore deux médias d’investigation, mais ils savent qu’à la moindre enquête touchant les soutiens du pouvoir ils devront mettre la clé sous envoyés de force au front.
Triste bilan de presse dressé par le Conseil supérieur de la communication, dont le président est désormais désigné par Ibrahim Traoré, de l’état de la presse en 2024 : « 78 médias disparus en 2024, 16 radios, 3 télévisions et 59 médias en ligne ont cessé de fonctionner » [1]. Tel est le triste bilan établi par le Conseil supérieur de la communication, sans la moindre autocritique de ce résultat. Ce conseil était auparavant entièrement autogéré et régulé par les organisations de la presse. C’en est fini désormais. Son rôle consiste à donner des avertissements aux médias qui se permettent des critiques envers le pouvoir militaire.
Il me semble nécessaire de donner vie à ses journalistes enlevés en les présentant dans la mesure du possible. J’ai connu personnellement les deux premiers que je présente donc un peu plus longuement que les autres. Triste et particulièrement inquiet de ce qu’ils sont devenus, car la torture est réapparue au Burkina !
Serge Oulon
Atiana Serge Oulon a été enlevé le 24 juin 2024, devant sa femme et ses enfants. Il avait 39 ans. Il a été réquisitionné de force pour aller au front. Je l’ai rencontré lors de mon dernier séjour au Burkina, en juin avec d’autres journalistes, aujourd’hui aussi enlevés ou en exil. Échange passionnant empreint d’une certaine solennité. Petit gabarit, Serge Oulon, pourrait apparaitre presque frêle physiquement, mais il est en réalité d’un courage à toute épreuve, comme il nous l’a montré. L’inquiétude était perceptible. Son regard m’a semblé triste. Il savait sans doute ce qui l’attendait. Nous avons continué à échanger via whatsapp très régulièrement jusqu’à son enlèvement, échangeant de multiples informations mutuellement utiles.
Serge Oulon étudie le journalisme et les sciences politiques à l’université de Ouagadougou dont il sort diplômé. Après un stage aux Éditions Le Pays, un des quotidien du Burkina, il intègre Radio Liberté, la radio du Mouvement burkinabé des droits de l’homme et des peuples ( MBDHP) en 2011. Un choix qui ne doit certainement rien au hasard. Il y restera jusqu’en 2017. Cette année-là, il reçoit le premier « Prix de la lutte anticorruption », remis par le Réseau national de lutte anti-corruption (REN-LAC), pour un article paru dans L’Événement sur le système judiciaire burkinabè. Il reçoit ce même prix une seconde fois en 2018 pour deux articles dans le Courrier confidentiel, un autre journal d’investigation.
La même année, il publie coup sur coup deux ouvrages, Le Général Gilbert Diendéré parle, aux éditions Mercury et Insurrection populaire d’octobre 2014 au Burkina Faso, Les trahisons, aux Presses universitaires de Ouagadougou. Rares sont les journalistes à en avoir fait autant. Il faut sans doute voir là la passion du journalisme et une importante force de travail. Il avait rejoint entre temps le journal d’investigation Courrier Confidentiel avec qui il collaborait déjà. Puis il rentre à L’Evénement en temps qu’enquêteur. Il passe une année après rédacteur en chef, puis en devient le Directeur de publication, en 2019. Il y restera jusqu’à son enlèvement en juin 2024.
En 2020, il publie l’ouvrage Comprendre les attaques armées au Burkina Faso, revenant sur les causes de l’insurrection djihadiste ensanglantant le pays depuis 2015.
Après les coups d’État de janvier et septembre 2022, Atiana Serge Oulon signe plusieurs articles pour L’Événement sur les dysfonctionnements de l’armée burkinabè, les enlèvements organisés par l’Agence nationale de renseignement ou la répression mise en place par le pouvoir. Il publiera également un livre sur cette période, Les secrets de deux putschs (2023).
En décembre 2022, il signe un papier remarqué sur des détournements de fonds au sein des Volontaires pour la défense de la patrie (VDP), dans lequel Ibrahim Traoré, putschiste désormais au pouvoir, est accusé à demi-mot. Cet article lui vaut de remporter, pour la troisième fois, le « Prix de la lutte anticorruption » du REN-LAC, mais aussi des pressions de la part du pouvoir.
Quelques semaines plus tard, Atiana Serge Oulon est auditionné par les autorités militaires qui tentaient de lui soutirer sa source. Plus récemment, cette affaire révélée par l’Événement a connu un nouveau rebondissement avec la mort d’un capitaine qui aurait pu être un témoin clé, comme le rappelait le bimensuel le 10 juin 2023. Cette dernière publication avait entraîné la suspension du journal, le 20 juin, pour une durée d’un mois, ordonnée par le Conseil supérieur de la communication (CSC), désormais entièrement aux mains du pouvoir militaire. Atiana Serge Oulon est lui-même auditionné par la justice militaire et le CSC. En juin 2024, après un nouvel article sur les détournements de fonds au sein des VDP, le journal est à nouveau suspendu un mois par le CSC pour diffamation. Mais il ne reparaitra plus.
Le 24 juin 2024, alors qu’il devait se rendre à un procès en diffamation intenté par un proche du régime contre L’Événement, Atiana Serge Oulon est enlevé par un commando de l’Agence nationale de renseignement.
C’était la première fois qu’un journaliste était victime d’un rapt de la part du pouvoir burkinabé, qui ciblait auparavant surtout les opposants politiques. Ce ne sera malheureusement pas la dernière. Son enlèvement provoque un choc chez ses confrères, de nombreuses organisations de journalistes demandant sa libération. L’enlèvement est également dénoncé à l’international, notamment par Reporters sans frontières, qui estime qu’il était « l’un des derniers journalistes osant traiter des questions militaires » au Burkina. Quelques jours après son enlèvement, alors qu’il est toujours porté disparu, il reçoit pour la quatrième fois le premier « Prix de la lutte anticorruption » du REN-LAC.
L’Événement a cesser définitivement de paraitre. Les proches de Serge Oulon restent sans nouvelle depuis son enlèvement.
Le Burkina n’ira pas loin en se privant de ses meilleurs éléments.
Boukari Ouoba
Boukari Ouoba a fait des études de Journalisme et Communication à l’université de Ouagadougou devenue université Joseph Ki Zerbo. Il militait alors au sein de l’Association des élèves et étudiants musulmans du Burkina (AEEMB)
Après ses études il rejoint le journal L’Evènement où il a travaillé avec des responsables comme Ahmed Newton Newton et Germain NAMA, qui figurent parmi les pionniers de l’investigation et de l’indépendance de la presse au Burkina, à la suite de Norbert Zongo et de son hebdomadaire l’Indépendant, avec Cheriff Sy ancien directeur de l’hebdomadaire Bendré.
Boukari Ouoba a par la suite fondé le bimensuel MUTATIONS, avec d’autres confrères parfois issus de l’Evènement. Mutations, plutôt tourné vers l’analyse a dû fermer, quelques années après, faute de moyen.
L’apparition d’Internet a créé de nombreuses difficultés à la presse. La parution papier des meilleurs titres était immédiatement suivie par des diffusions sauvages des pdf des journaux, sur les réseaux sociaux
Il est rentré ensuite au Reporter en 2021, un autre journal d’investigation. « Il est d’une rigueur professionnelle très poussée, doté d’une grande mémoire et d’une grande culture générale. En enquête est en analyse, il est irréprochable », nous a confié le directeur de la direction d’alors. Il a d’ailleurs reçu deux prix du REN-LAC (Réseau national de Lutte anti-corruption) en 2023 dont le prix spécial pour un article un marché de la Fédération burkinabè de football de plus de 77 millions de F CFA illégalement attribué. Et en 2024, pour un papier sur la direction générale des douanes, pour la disparition d’or pour une valeur de 270 millions de FCA.
Il avait courageusement remplacé Abdoulaye Diallo en tant que coordinateur par intérim du centre national de presse Norbert Zongo. Ce dernier a en effet dû quitter le pays suite à de nombreuses menaces.
Il a été enlevé le lendemain de l’assemblée générale le 24 mars 2025 l’association des journalistes burkinabè, dont il était le vice président, qui avait dénoncé le musèlement de la presse, au centre de presse Norbert Zongo, lieu de rencontre, de débats et de formation de la presse burkinabè.
Mamadou Ali Compaoré
Il a longtemps animé une émission sur la presse à BF1 avant d’être nommé au CSC (conseil supérieur de la communication), l’organe de régulation des médias, le 27 avril 2022, une fonction qui lui tenait à cœur.
Mais lorsqu’Ibrahim Traoré décide de prendre le contrôle CSC, en décidant d’en choisir le premier responsable, il est nommé, selon le journaliste Issaka Lingani, à un placard. Son enlèvement, selon ce même journaliste, aurait été motivé par des montages orchestrés par des hauts responsables du pays pour l’accuser injustement. Enlevé brutalement devant ses proches malgré son handicap, il est porté disparu depuis le 24 décembre 2024. On est sans nouvelle de lui depuis le 24 décembre 2024.
Alain Traoré dit Alain Alain
Pris sur le site de RSF : « Alain Traoré, 49 ans, plus connu sous le pseudonyme d’Alain Alain, a vécu un enlèvement similaire d’après les informations recueillies par RSF. Deux individus armés et portant respectivement une cagoule et un cache-nez – accompagnés d’au moins trois personnes – se sont introduits au domicile du journaliste le 13 juillet à l’aube. Le rédacteur en chef du bureau “Langues nationales” du groupe de presse privé Omega Média anime “Le Défouloir”, une chronique quotidienne satirique pointant les dérives de la société et du pouvoir en place. “Sa famille, y compris ses enfants, sont régulièrement menacés par des sympathisants du pouvoir en place. Beaucoup ne comprennent pas que son émission ‘Le Défouloir’ est satirique,” assure un proche de celui qui a aussi travaillé pour la radio privée Horizon FM. Un confrère du groupe Omega, qui souhaite garder l’anonymat, salue “la dévotion et la grande maîtrise des différentes langues nationales” d’Alain Alain. »
Alain Alain était très populaire grâce à son émission satirique « le défouloir d’Alain Alain ». Il se permettait des critiques contre le pouvoir que peu de journalistes se permettaient. Il a été enlevé le 13 juillet 2024 par des individus armés et encagoulés.
Kalifara Séré
Pris sur le site de RSF : « Autre commentateur phare de la chaîne BF1, Kalifara Séré n’a jamais mâché ses mots à l’égard de la junte militaire du capitaine Traoré, en dénonçant notamment la disparition d’instances de protection des droits de l’homme dans le pays. Le 16 juin, dans l’émission “7 Infos”, l’ancien haut fonctionnaire remet en cause la véracité des images du chef de l’État donnant son sang deux jours auparavant à Ouagadougou. Il est alors auditionné dès le 19 juin par le Conseil supérieur de la communication (CSC), notamment pour avoir déclaré : “C’est l’État lui-même qui fait fabriquer des informations qui sont fausses”. Le chroniqueur n’a plus donné de signe de vie depuis sa sortie de l’audition. D’après le communiqué du CSC, il aurait reconnu avoir été “excessif dans ses propos lors de l’émission mais que son intention n’était pas de nuire”. Sa dernière intervention sur le plateau a depuis été supprimée de YouTube et l’émission “7 Infos” a été suspendue durant deux semaines, le jour même de la convocation. »
Il avait été Administrateur Civil et Secrétaire général du ministère de l’administration territoriale. Il s’était fait remarqué dans l’émission de débat BF1, « 7 à la une » par sa diction lente mais précise, mais aussi par son intelligence, sa connaissance de la vie socio politique du Burkina et la pertinence de ses analyses.
Adama Bayala
Lu sur le site de RSF : « Adama Bayala a, d’après les informations recueillies par RSF, été enlevé en pleine circulation. Le chroniqueur, qui intervient chaque dimanche dans l’émission “Presse Échos” de la chaîne privée BF1, devait rejoindre un ami dans le quartier Cissin le 28 juin, peu après 14 heures. Ce dernier l’a attendu en vain. “Les enlèvements en pleine circulation permettent aux ravisseurs de donner de faux prétextes aux témoins, en appelant par exemple au voleur”, explique une rescapée de ces pratiques. À 44 ans, l’ancien journaliste du journal d’État Sidwaya est l’une des rares voix à critiquer le pouvoir en place. “Il avait déjà reçu des menaces via personnes interposées il y a six mois. Son poste dans la fonction publique a également été utilisé comme un levier de pression. Mais il n’a jamais arrêté ses interventions sur BF1”, témoigne un proche. »
Adama Bayala, connu pour son franc-parler, avait notamment rappelé publiquement l’engagement d’Ibrahim Traoré de vaincre le terrorisme en trois mois, n’hésitant pas à demander un bilan. Dans les jours suivant son intervention, les partisans du régime ont lancé une véritable chasse à l’homme contre lui sur les réseaux sociaux.
Toute la semaine qui a suivi, les obligés du pouvoir militaire qui s’autoproclameront BIR-C (Brigade d’interventions rapide de la communication) se lancèrent dans une véritable campagne pour le faire taire sur les réseaux sociaux.
Le vendredi 28 juin 2024 vers 14h00 sur la route entre son bureau et le quartier Cissin, les escadrons de la mort sont passés à l’attaque. Le journaliste est enlevé et emporté vers une destination inconnue. Depuis lors, on n’a plus eu de ses nouvelles.
James Yazid Dembélé
Animateur radio à Bobo-Dioulasso, James Yazid Dembélé n’est pas connu pour ses prises de position très tranchées contre le pouvoir. Il aurait même appartenu, à un moment, à des cercles de soutien au MPRS2. Curieusement il a été enlevé par les éléments de l’agence de sécurité nationale. Selon certaines sources, il aurait été accusé d’être à l’origine des fuites d’une conversation du patron de renseignement burkinabè avec des jeunes dans la ville de Sya que l’avatar Henry Sebgo, une des célébrités anti-Ibrahim Traoré du facebook burkinabè, a diffusée.
Guezouma Sanogo
Il a une longue carrière à la Radio télévision du Burkina (RTB). Depuis quelques années, il consacrait son temps et son énergie à la défense de la liberté de la presse et à la protection des droits humains au sain de l’Association des journalistes du Burkina (AJB), dont il était le président. IL avait été reconduit à la tête de l’association après le congrès qui a eu lieu le 21 mars 2025.
La congrès avait longuement dénoncé les atteintes à la liberté de la presse, et demandé la libération des journalistes emprisonnés
Luc Pagbelguem
Il avait couvert le congrès de l’Association des Journalistes Burkinabè pour un reportage qui sera diffusé sur la télévision BFI dont il était journaliste. Le 24 mars 2025, aux alentours de 16h30, des agents du Conseil national de sécurité sont venus à la rédaction pour l’emmener, prétendument pour l’entendre sur ce reportage. Ce n’est que le 3 avril qu’il réapparaît dans une vidéo, vêtu d’une tenue militaire, aux côtés des dirigeants de l’AJB, Guezouma Sanogo et Boukari Ouoba, laissant entendre qu’ils auraient tous les trois été forcés à rejoindre le front.
Patenema Oumar Ouedraogo
Le journaliste de Sidwaya Patenema Oumar Ouedraogo, qui avait interviewé Ibrahim Traoré à sa toute première sortie en 2023, a été enlevé par les escadrons de la mort à Bobo Dioulasso le jeudi 10 avril où il était en poste.
Enseignant vacataire, il aurait été enlevé pendant qu’il donnait des cours à des étudiants.
On ne sait pas pourquoi il a été enlevé, ni où il est.
Idrissa Barry
Ancien journaliste, Idrissa Barry a marqué la presse burkinabè en tant que grand reporter à L’Événement puis comme rédacteur en chef du journal Mutations. Ces dernières années, il avait rangé sa plume pour se consacrer à des activités de consultation dans le domaine du développement et à son engagement politique au sein du mouvement SENS (servir et non se servir), dont il était l’une des figures centrales.
Le 18 mars 2025, peu après la publication d’une déclaration de SENS dénonçant les massacres de femmes, d’enfants et de vieillards civils à Solenzo, Idrissa Barry a été enlevé en plein jour dans l’enceinte de la mairie de Saaba, dans la banlieue de Ouagadougou, par des hommes armés. D’autres dirigeants du même mouvement ont été enlevés le même jour.
Depuis son enlèvement, aucune information officielle n’a été communiquée à son sujet, laissant planer de graves inquiétudes sur son sort.
La Vidéo d’Edwy Plenel
Edwy Plenel demande la libération des journalistes emprisonnés au Burkina © Edwy Plenel (@edwyplenel.bsky.social)
La retranscription de la vidéo
« Salut c’est Edwy Plenel de Médiapart. Partout dans le monde, la liberté de l’information et l’indépendance du journalisme sont attaqués par des régimes autoritaires
Il y a quelques temps à Paris, nous rendions hommage aux plus de 200 journalistes palestiniens assassinés à Gaza par l’armée israélienne. Mais ce massacre aussi terrible soit-il ne doit pas nous faire oublier d’autres situations alarmantes. C’est pourquoi je viens vous parler des journalistes du Burkina Faso. Plus d’une dizaine de nos confères dans ce pays d’Afrique ont disparu depuis plusieurs mois. Ils ont été arrêtés hors de tout cadre légal par les forces sécuritaires de la junte
Militaire au pouvoir les coups d’État de 2022. Un pouvoir militaire qui s’attaque aux droits fondamentaux du peuple burkinabè dont évidemment la liberté de la presse. Une situation qu’a fort bien résumée le responsable de l’association des médias privés : « Avec ces arrestations, ces disparitions, ces détentions illégales, il s’agit de faire éteindre ces petites bougies qui permettent à notre peuple d’y voir un peu plus clair ans les nuits lugubres.
Nous sommes inquiets face à cette nuit lugubre qui recouvre d’oubli les journalistes du Burkina Faso. Ils n’ont commis aucun délit aucun crime. Ils ont simplement fait leur métier, rempli leur mission au service d’un droit fondamental le droit de savoir. J’ai une pensée particulière pour l’un d’entre eux, Serge Oulon, qui nous avait rendu visite à Médiapart dont nous partageons les mêmes idéaux professionnels, le devoir d’enquêter, le courage de révéler. Il est le directeur de l’Evènement, un journal respecté et connu pour ses révélations, notamment ses enquêtes sur la corruption. Sa devise l’information est un droit. C’est au nom de ce droit, de droit fondamental, de doit du peuple burkinabè que nous demandons, solennellement la libération de Serge Oulon et de tous les journalistes détenus au Burkina Faso. »
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