Édition du 16 avril 2024

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Europe

Le plan de sauvetage du FMI et de l'Union européenne va enfoncer le Portugal dans la récession

Pour faire face à son déficit budgétaire et à son endettement, le Portugal a négocié avec le FMI, la Banque européenne et l’Union européenne un prêt de 78 milliards d’euros sur trois ans.

C’est le troisième plan de sauvetage présenté. Les deux premiers avaient été rejetés par le parlement. Le gouvernement socialiste de José Socrates a démissionné suite à ces revers. Les deux partis sociaux-libéraux (le Parti socialiste et le Parti social-démocrate) et le parti de minoritaire de la droite (CDS) ont participé à la négociation de ce plan et lui ont accordé leur soutien. Le consensus politique était l’une des exigences de la mission UE-FMI, afin d’obtenir des garanties sur la mise en oeuvre de ce programme, quelle que soit l’issue des élections du 5 juin prochain, convoquées après la démission du Premier ministre socialiste Socrates.

Pour obtenir ce prêt de 78 milliards d’euros, le Portugal devra se soumettre à un programme d’austérité du FMI et de l’Union européenne qui devrait entraîner une récession en 2012 et 2013. Le ministre portugais des Finances, Fernando Teixeira dos Santos, a indiqué que ce plan entraînerait une contraction de l’économie "d’environ 2% en 2011 et 2012" et que le chômage pourrait atteindre les 13% d’ici 2013.

Les partis de la gauche antilibérale ont refusé de participer aux négociations.

Rien n’a changé par rapport aux deux précédents plans de sauvetage : l’effort exigé pèse sur le dos du peuple portugais, l’Etat prenant par ailleurs à sa charge, financé par l’emprunt, le renflouement des banques dans des conditions qui seront sans doute plus que favorables.

Les principales mesures de ce plan comprennent : la réduction des retraites supérieures à 1 500 euros mensuels, la baisse des dépenses de santé, la hausse de la TVA sur certains produits, la baisse de la durée et du montant des allocations chômage et diverses réformes du marché du travail, assorties d’un vaste programme de privatisations.

Ce programme a été critiqué par les syndicats qui s’inquiètent de son impact social."Les conditions de vie des travailleurs, des retraités et d’une grande partie de la population risquent de s’aggraver", a affirmé Manuel Carvalho da Silva, secrétaire général de la CGTP, principale confédération syndicale du pays, dont une partie des syndicats de fonctionnaires avaient appelé à la grève vendredi.

Réaction du Bloc de gauche

S’exprimant à l’ouverture de la Convention nationale du septième congrès du Bloc de gauche le 7 mai dernier, Francisco Louçã, dirigeant du Bloc de gauche, a amèrement critiqué l’accord signé entre la troïka (l’Union européenne, la Banque européenne et le FMI) et le gouvernement portugais. Il a déclaré : « Le Portugal fait face à une récession cette année qui se poursuivra l’année prochaine et le nombre de chômeurs passera de 700 000 à 800 000 personnes. Nous connaissons déjà le résultat d’un tel « sauvetage ». Nous pouvons en prévoir les résultats sur la base des calculs des promoteurs de cette entente : le FMI et l’Union européenne. Le résultat sera une tragédie qui va détruire l’économie. Le Bloc de gauche a souligné que l’arrangement financier soutenu par le PS, le PSD et le CDS est d’une "violence sociale extraordinaire "

Il a dénoncé l’irresponsabilité du premier ministre Socrates qui n’a donné aucune explication sur les conséquences de cet accord pour la population portugaise. En signant cet accord, José Socrates a amené le Parti socialiste à opérer le plus grand virage à droite de toute son histoire.

Le Bloc de gauche présentera un programme d’urgence pour répondre à la crise sociale. Il proposera, entre autres, la renégociation de la dette » pour protéger les salaires, les retraites et l’emploi", une réforme "ambitieuse" de la fiscalité basée sur trois nouvelles taxes : une taxe sur la spéculation urbaine, une taxe sur les transactions boursières et sur les transferts de capitaux à l’étranger et une lutte contre la privatisation et la défense du système public de santé.

(tiré du site d’Esquerda net)

Bernard Rioux

Militant socialiste depuis le début des années 70, il a été impliqué dans le processus d’unification de la gauche politique. Il a participé à la fondation du Parti de la démocratie socialiste et à celle de l’Union des Forces progressistes. Militant de Québec solidaire, il participe au collectif de Gauche socialiste où il a été longtemps responsable de son site, lagauche.com (maintenant la gauche.ca). Il est un membre fondateur de Presse-toi à gauche.

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