26 octobre 2022 | The Guardian
Le mouvement de syndicalisation chez Amazon, qui a attiré l’attention du monde entier, a récemment subi un revers lorsqu’il a perdu un vote dans un entrepôt à l’extérieur d’Albany, New York, au milieu de nombreuses accusations contre l’employeur de pratiques déloyales.
Mais les travailleurs et les travailleuses d’Amazon se préparent pour une autre élection syndicale dans l’entrepôt Amazon ONT8 de Moreno Valley en Californie. Ils et elles prévoient de soumettre à nouveau une pétition électorale dans les prochaines semaines, après la contestation par Amazon de leur première.
Entre-temps, les travailleurs et les travailleuses à travers les États-Unis affirment que l’entreprise géante pratique une répression sévère contre les activités de syndicalisation. Ils et elles y ont répondu par des protestations et des grèves.
Brandon Calloway a travaillé chez Amazon ATL6 à East Point en Géorgie pendant neuf mois, avant que lui et un autre collègue ne soient licenciés, ce qui, selon eux, était en représailles pour avoir remis une pétition à la direction de l’entrepôt. Ils ont déposé des accusations de pratiques de travail déloyales sous forme de licenciements auprès du Conseil national des relations du travail (NLRB).
Soutenus par le groupe de défense des travailleurs et travailleuses United for Respect, les travailleurs et les travailleuses de l’entrepôt ont remis une pétition à la direction en septembre avec plus de 300 signatures, demandant à une augmentation salariale de $5 l’heure et un salaire minimum de $18 de l’heure. Calloway a été licencié deux jours plus tard. Le 19 octobre il a participé à une manifestation avec d’autres travailleurs et travailleuses d’Amazon pour protester contre les licenciements.
Calloway, un père célibataire avec des problèmes médicaux, a affirmé que $15 de l’heure pour travailler chez Amazon ne suffit pas, compte tenu de la hausse du coût de la vie et des mauvaises conditions de travail. Amazon a relevé son salaire minimum à $15 de l’heure en 2018, après une pression publique croissante et des critiques des bas salaires, en particulier en comparaison avec le salaire moyen dans le secteur des entrepôts. L’entreprise a également été largement critiquée pour les taux élevés de blessures dans ses entrepôts.
« Mon idée, lorsque j’ai fait la demande d’emploi puis franchi les portes en tant qu’employé d’Amazon était que cela devienne mon dernier emploi de tout le temps. Je voulais devenir quelqu’un ici », a déclaré Calloway, qui étudie également pour obtenir un diplôme en gestion d’entreprise. « Maintenant, je ne vois plus de perspective en ce qui concerne le travail ici. »
Il critique le manque d’accomodement pour les travailleurs et les travailleuses qui ont des problèmes de santé ou la garde d’un enfant. Les salles de pause du bâtiment ont des infestations d’insectes, et les salles de bains sont souvent hors service. En tant que père célibataire, il a eu du mal à être obligé de travailler une heure supplémentaire dit « flexible » après son quart de travail, puisque la garderie de son enfant facture des frais importants pour chaque minute supplémentaire.
« J’ai des problèmes de santé et j’ai des responsabilités parentales et des responsabilités scolaires. J’étais un employé exemplaire, mais j’étais tout simplement ignoré en tant qu’être humain », a déclaré Calloway.
Les travailleurs et les travailleuses d’Amazon à Joliet dans l’Illinois ont debrayé le 12 octobre, Prime Day, afin de réclamer une augmentation salariale et l’amélioration des conditions de travail. Les travailleurs et les travailleuses d’Amazon dans d’autres entrepôts en Géorgie ont également organisé des grèves pour coïncider avec Prime Day.
En septembre 2022, les travailleurs et les travailleuses d’Amazon près de Saint-Louis ont organisé une manifestation et ont remis une pétition avec des revendications similaires. Les travailleurs et les travailleuses d’un entrepôt d’Amazon à Shakopee, dans le Minnesota, ont organisé au moins deux grèves plus tôt cette année en raison de mauvaises conditions de travail. À Garner, en Caroline du Nord, les travailleurs et les travailleuses d’Amazon s’organisent dans l’espoir d’obtenir suffisamment de soutien pour déposer une demande d’élection syndicale dans leur entrepôt d’ici l’été prochain.
Le 15 octobre, les travailleurs et les travailleuses du hub aérien d’Amazon à San Bernardino, en Californie, se sont mis.es en grève et ont déposé une plainte pour pratique de travail déloyale, alléguant des représailles contre les travailleurs et les travailleuses qui s’étaient organisé.e.s dans l’usine dans le but de demander à la direction une augmentation salariale et de meilleures conditions de travail. Cette grève est la seconde dans l’établissement depuis le mois d’août.
Anna Ortega travaille au hub aérien depuis environ un an. Au début elle hésitait à s’impliquer dans les efforts d’organisation par crainte de représailles et parce qu’elle s’attendait à être promue à un poste de superviseure.
Ortega s’est impliquée après avoir constaté l’impact de l’organisation des travailleurs et des travailleuses sur l’entrepôt et tous les problèmes non résolus, notamment le niveau des salaires et les pauses-eau inadéquates pour les travailleurs et les travailleuses, exposé.e.s à une chaleur extrême au travail.
Elle a expliqué que les travailleurs et les travailleuses avaient récemment reçu une augmentation de $1 l’heure, ce qui ne tient pas compte de l’inflation et qui a été effectivement annulé par une augmentation des coûts de l’assurance maladie.
« Cela ne suffit pas pour vivre confortablement dans ma ville, dans mon état » a-t-elle déclaré. « Et l’entreprise envoie ces consultantes très bien payé.e.s pour miner nos efforts d’organisation et pour nous intimider. »
Le PDG d’Amazon, Andy Jassy, a reçu $213 millions en compensation en 2021, soit 6,474 fois le salaire médian d’un travailleur ou travailleuse d’Amazon. L’entreprise a déclaré un bénéfice net d’environ $33 milliards en 2021 et a dépensé au moins $4,3 millions en consultant.e.s pour éviter la synidcalisation.
Sara Fee travaille au hub aérien d’Amazon depuis plus d’un an. « Je les ai vus changer certains processus, ce a rendu le travail plus difficile pour nous, tout en rendant les choses plus rapides pour eux. Et j’ai vu de plus en plus de mes collègues se blesser, » a déclaré Fee.
Elle a expliqué que le fait de voir des collègues, en particulier des travailleurs et des travailleuses plus jeunes, se blesser à un taux élevé et ne pas être traité.e.s équitablement, l’a incitée à exiger l’amélioration des conditions de travail et de meilleurs salaires.
« Chaque individu dans ce bâtiment est remplaçable. Et dès que vous êtes considéré.e comme un problème quelconque, c’est fini pour vous - c’est tout. »
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Un porte-parole d’Amazon a affirmé que l’entreprise offre d’excellents salaires et d’avantages. Il a rejeté les allégations de représailles et les critiques concernant la santé-sécurité. « Nous ne considérons pas ces réclamations déposées auprès du NLRB comme fondées et nous sommes impatients de présenter les faits à mesure que ce processus avance, » ont-ils déclaré dans un e-mail.
« Nous apprécions les commentaires des employé.e.s et nous sommes toujours à l’écoute. Nous investissons $1 milliard au cours de la prochaine année pour augmenter de manière permanente le salaire horaire des employé.e.sde première ligne et nous continuerons à chercher des moyens d’améliorer leur expérience.
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