Édition du 23 avril 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Environnement

Manifestation citoyenne à Cacouna : cri du coeur et mouvement social

Plus de 2 000 personnes à Cacouna en provenance de la région, mais également de Montréal, Sherbrooke, Trois-Rivières, Rimouski se sont rassemblées le samedi 11 octobre dernier pour manifester contre la construction d’un terminal pétrolier et contre de l’oléoduc de TransCanada. Il s’agira ici de résumer à grands traits les discours portés par les militantEs qui ont pris la parole et par tous les citoyens et citoyennes qui s’étaient mobilisés.

Une indignation citoyenne agissante !

L’indignation citoyenne face à la classe politique qui s’est placée au service des entreprises pétrolières était contagieuse. Le gouvernement Harper se moque de la pollution des sables bitumineux et du réchauffement climatique. Il agit en irresponsable. Il subventionne les entreprises pétrolières afin de faire du Canada une puissance économique de premier plan pour ce qui est de l’exportation d’hydrocarbures. Il s’attaque aux lois environnementales. Il méprise les alertes des scientifiques et coupe les subventions des centres de recherche pour les faire taire. Ils laissent toute la place aux financiers qui font passer leurs intérêts avant les besoins de la population et l’avenir de la planète. Assez, c’est assez ! Les citoyenNEs doivent pouvoir décider de la réalisation de projets qui vont déterminer leurs conditions d’existence et leur cadre de vie. L’indignation s’adresse également aux grands médias qui cherchent à légitimer le développement des hydrocarbures et à présenter ces choix antiécologiques comme inévitables.

Une indignation nationale face à un gouvernement du Québec qui se fait complice de la politique du gouvernement Harper !

Philippe Couillard et son gouvernement (après celui du PQ s’était montré ouvert à ces projets pétroliers) se font les complices de l’exportation du pétrole tiré des sables bitumineux. Il permet que le fleuve St-Laurent devienne une autoroute du pétrole. Il permet un véritable viol du territoire du Québec par les oléoducs, les trains et des superpétroliers. Son ministre des richesses naturelles, Pierre Arcand, n’hésite par à se faire le promoteur de TransCanada et son ministre de l’Environnement, du Développment durable et de la Lutte contre les changements climatiques fournit des autorisations de sondages à TransCanada dans la pouponnière des bélugas sans exiger d’informations préalables. Ce n’est que les dénonciations citoyennes qui le font reculer pour sauver la face. L’indignation nationale s’exprime également quand on se fait dire par TransCanada que de toute façon, ce n’est pas le Québec qui décidera sur les oléoducs et le port à Cacouna, mais l’Office Nationale de l’Énergie d’Ottawa qui a déjà montré une grande ouverture aux projets pétroliers.

Notre devoir de résistance face à l’approfondissement de la crise écologique majeure que l’oligarchie économique et politique nous prépare !

L’exploitation des hydrocarbures les plus polluants approfondira la crise environnementale actuelle. On ne peut pas se laisser faire. On ne peut même pas compter sur les politiciens au pouvoir qui se font les complices des grandes entreprises capitalistes de l’énergie. Il faut compter essentiellement sur la mobilisation citoyenne pour bloquer ces politiques porteuses de désastres. Il faut se rassembler, marcher, manifester et aller jusqu’à des blocages des travaux de ces entreprises à l’exemple des citoyenNEs américains dans leur lutte contre Keystone XL.

Les conditions de la résistance

Pour arrêter les pétrolières, une politique de représentation et de pression sera tout à fait insuffisante. Les tournées d’information des entreprises comme TransCanada ont tout d’un véritable exercice d’intoxication. Les consultations que mènent les gouvernements servent le plus souvent de couverture à une recherche d’acceptabilité sociale pour des projets qui sont en réalité déjà en cours de réalisation.

Les intérêts en jeu sont considérables. Une cupidité effrénée guide les promoteurs. Les politiciens rêvent de profiter de l’assiette au beurre. Mais la mobilisation peut arracher des victoires. Mais elle doit être à la hauteur des enjeux. La bataille contre l’exploitation des gaz de schiste a remporté une victoire partielle, mais réelle. La bataille contre l’énergie nucléaire a mené à la fermeture de Gentilly II. La mobilisation contre la centrale au gaz du Sûroit a permis d’en finir avec ce projet.

Construire un vaste mouvement

Mais le défi de contrer le tournant pétrolier est plus important. Le mouvement contre le tournant pétrolier devra être plus massif, plus militant, plus déterminé encore. Il s’agit de construire un mouvement citoyen démocratique contre le tournant pétrolier et d’impliquer les organisations de la société civile : les syndicats, les organisations étudiantes, de femmes, les organisations populaires et environnementales dans ce combat. Il devra couvrir toutes les régions du Québec. Il devra également assurer son unité d’action avec les mouvements citoyens du Canada et des États-Unis qui refusent le cours pétrolier de leurs gouvernements. Il devra s’associer aux Premières Nations du Québec et du Canada qui sont les premières victimes du racisme environnemental des entreprises pétrolières.

Défendre une alternative énergétique et sociale

Le mouvement pourra se construire s’il sait démonter à l’ensemble de la population, qu’il ne s’agit pas seulement de résister et de refuser les changements néfastes qu’on nous propose, mais qu’il y a également une alternative au pétrole, que la transition vers les énergies renouvelables (comme l’éolien, le solaire, la géothermie et l’énergie marémotrice) est possible, qu’une économie respectueuse de l’environnement est à portée de mains pourvu qu’on impose le contrôle citoyen et démocratique sur les grandes décisions économiques de manière à ce que les énergies renouvelables puissent être régies sur une base décentralisée et adaptée aux besoins des populations.

L’enjeu est énorme. La victoire passe par la responsabilisation et la mobilisation de la majorité populaire.

Bernard Rioux

Militant socialiste depuis le début des années 70, il a été impliqué dans le processus d’unification de la gauche politique. Il a participé à la fondation du Parti de la démocratie socialiste et à celle de l’Union des Forces progressistes. Militant de Québec solidaire, il participe au collectif de Gauche socialiste où il a été longtemps responsable de son site, lagauche.com (maintenant la gauche.ca). Il est un membre fondateur de Presse-toi à gauche.

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