Édition du 26 mars 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

« Obamacare », après Obama

Il semble que l’introduction de l’Affordable Care Act, (ACA) ne puisse se faire à un pire moment et voilà que M. Obama repousse encore une fois vers le futur un des problèmes reliés à cette loi. Il autorise l’extension du laps de temps au cours duquel les adhérentEs pourront conserver leur contrat existant même s’ils ne sont plus légaux, de telle sorte que le marché soit en équilibre entre les malades et les bien portantEs. C’est une garantie que la discussion sur des aspects fondamentaux de la loi se poursuivra bien au-delà des élections présidentielles de 2016.

Achy Obejas est née à la Havane et fait parti du bureau des rédacteurs de In These Times. Elle est l’auteure de Ruins chez Akashic ed. en 2009 ; de Aguas & Otros Cuentos chez Editorial Letras Cubanas, en 2009. Elle a fait parti du personnel du Chicago Tribune. Elle a aussi traduit en Espagnol The Brief Wondrous Life of Oscar Wao de Junot Diaz, prix Pulitzer, ed. Reverhead en 2008. Elle est « Distinguished Visiting Autor » au Collège Mills à Oakland en Californie.

(tiré de inthesetimes.com, 24 décembre 2013.) Traduction, Alexandra Cyr

Comme bien des lois complexes, celle-ci comporte des retards dans la mise en fonction d’aspects particuliers. Lors de sa signature par le Président, des dispositions sont très vite entrées en vigueur : les enfants de moins de 26 ans ont pu continuer de bénéficier de la couverture de leurs parents, et ce fut la fin du rejet des enfants déjà malades des plans d’assurance. Mais d’autres dispositions, comme la mise en place des bourses d’assurances maladie et les amandes en cas de non participation ont été repoussées à l’année suivante. C’est l’occasion, à chaque fois, de critiquer et de modifier la loi.

Deux mois après l’ouverture du site web (HealthCare.gov) destiné aux inscriptions, seulement 16% de la cible gouvernementale de 8000,000 personnes avaient réussi à naviguer dans ce casse-tête et à enregistrer leur adhésion. Ajoutez à cela les nouveaux ajustements à la loi tels que proposés par le Président soit, reporter le retrait progressif de ceux et celles qui détiennent une assurance individuelle et qui ne se soumettent pas à la nouvelle loi donc soustraire un peu plus de gens au marché créé par cette loi et il semble bien que la période attribuée aux bourses pour fonctionner comme prévu serait reportée en 2015 soit au moment précis où la campagne électorale présidentielle se mettra en marche. Du point de vue des gestionnaires des assurances dans les États et des compagnies d’assurance ces modifications proposées ou introduites par le Président sont particulièrement problématiques parce qu’elles exigent d’être approuvées dans chaque État et quantité de ces contrats individuels ont déjà été annulés. Le chaos est inévitable !

Par surprenant que dans ces circonstances, que les sondages révèlent que l’appui à l’ACA a baissé. Celui de CBS en novembre dernier montre que 43% des AméricainEs sont en faveur du retrait de la loi.

Mais, oh ! bonheur, même les ténors anti ACA du Tea Party, comme Rand Paul, Ted Cruz et Marco Rubio, vont avoir du mal à mener la charge contre elle. Plus de la moitié des États ont maintenant adhéré à l’obligation qui leur est faite d’étendre les bénéfices de Medicaid à une plus grande part de leur population pauvre. Le gouverneur du New Jersey, M. Chris Christie, un autre potentiel républicain à la course présidentielle de 2016, l’a endossée. Cela signifie que les Paul, Cruz et Rubio pourront toujours s’époumoner contre la loi au cours des primaires, tous ceux et celles qui soutiendront M. Christie ne les entendront pas. Et si jamais M. Christie sort victorieux à cette étape, s’en est fini de la guerre contre l’ACA ; non pas parce qu’il aime cette loi mais parce qu’il est assez intelligent pour l’accepter.

Huit gouverneurs républicains, dont M. Terry Brandstad d’Iowa (un des États où les primaires se tiennent le plus tôt dans la campagne) ont approuvé l’extension de Medicaid et trois autres ont élaboré leur propre bourse d’assurance maladie. En supposant que l’un ou l’autre des Paul, Rubio ou Cruz devienne président, ils auront toutes les misères du monde à revenir en arrière. Comment voulez-vous, après avoir obligé des gens à renoncer à leurs contrats d’assurance pour en acheter de nouveaux à se départir de ceux-là ? Il y a autour de 129 millions de personnes affligées de maladies préexistantes à leur arrivée sur le marché des assurances maladies, cette loi est leur seule porte de sortie.

La partie ne sera quand même pas si facile pour les potentiels candidatEs Démocrates comme Mme Clinton, même si l’ACA est plus proche de son propre plan que de celui pour lequel M. Obama a fait campagne. Mais sa mise en place est si catastrophique que personne sauf M. Obama n’osera s’y coller.

La Maison blanche et le leader de la majorité au Sénat, M. Harry Read, s’objectent à toute loi qui modifierait profondément l’ACA peu importe qui les proposerait. C’est le meilleur moyen de ne pas la voir dénaturée. Mais peu importe qui se retrouvera à la Maison blanche en janvier 2017, il devra y avoir des révisions de certains de ses aspects qu’on peut déjà identifier comme problématiques.

Toutes ces considérations ne doivent pas créer de panique chez les partisanEs de l’ACA même si les critiques deviennent hystériques. Rappelons-nous que Social Security qui est entré en vigueur en 1935, a encore été amendé dans les années 70 quand on a ajouté au texte original un mécanisme lié au coût de la vie. Il est peu probable que nous parlerons de l’ACA aussi longtemps mais on en aura pas fini en 2016 peut-être cela s’étirera-t-il jusqu’en 2020.

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