Édition du 16 avril 2024

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Environnement

Port de Québec et qualité de l’air – On se moque de nous

Le Port de Québec tenait le 27 juin dernier son assemblée publique annuelle. Plusieurs citoyenNEs de la région de Québec s’étaient déplacés, préoccupés par les suites des épisodes de nuages de poussières générés par les activités de transbordement qui se multiplient et qui contribuent à un air de moins en moins respirable.

“Concentration de nickel dans le port de Québec : 9750 fois la norme en 2000” titrait le quotidien Le Soleil de la veille. Oui, vous avez bien lu : 9750 fois la norme…

Pendant ce temps, le Pdg Mario Girard vantait les performances de l’entreprise qui atteint des sommets historiques en matière de quantité de vrac manutentionné, d’accueil de navires de croisière, de visiteurs, de retombées touristiques… Quant au président du CA de l’Administration portuaire, il se voit ravi que l’administration ait “ suivi étroitement l’ensemble des enjeux économiques, sociaux et environnementaux” et souhaite “ réitérer notre conviction sur l’importance que l’APQ continue à mobiliser les ressources et les moyens nécessaires à l’intégration urbaine et durable des activités portuaires de Québec” (extraits du rapport annuel 2012 de l’administration portuaire de Québec, p. 8). Nous avons aussi eu droit à toutes les déclarations d’usage en matière de gestion de crise. Évoquant les principes de développement durable, de transparence et autres formules bidons, le Pdg a souligné qu’il ignorait jusqu’à tout récemment toutes des conséquences des activités du Port sur la qualité de l’air. Ces gens-là ne résident sûrement pas dans les quartiers centraux de Québec… M. Girard a même évoqué que les ports de plusieurs pays prennent le Port de Québec comme un modèle d’intégration des activités portuaires avec les communautés urbaines environnantes. Ça n’annonce rien de bons pour nos concitoyenNEs du reste de la planète.

Outre le cynisme d’une telle posture, les autorités du Port de Québec ont tenté de faire croire en leurs inquiétudes quant aux émanations en provenance du Port, que le Port est préoccupé par la qualité des rapports entre l’entreprise et ses résidantEs voisins. Ils ont par la suite présenté les solutions envisagées pour endiguer les retombées des activités du Port sur la qualité de l’air dans la région. Des canons à eau doivent être déployés pour rabattre les poussières sur les montagnes de résidus. Des retards se sont accumulé dans les opérations visant à mettre en opération ces canons. L’eau du réseau de la Ville de Québec ne peut être utilisée car la pression est insuffisante. Le Port doit donc puiser l’eau directement au fleuve, la traiter pour éviter les contaminations possibles et la rediriger vers son réseau de canons à eau. Cette présentation nous a alors permis d’apprendre que la Ville de Québec rejette des eaux non-traitées au fleuve car là où le Port compte puiser son eau, celle-ci est contaminée, ce qui ne devrait pas être le cas.

De plus, les épisodes de nuages de poussières sont de plus en plus documentés par ces citoyenNEs de la rive-nord et de la rive-sud. Et ils sont nombreux ces épisodes. De plus, le 25 juin la compagnie Arrimage du St-Laurent avait refusé l’accès à ses installations à une inspectrice du ministère de l’Environnement. La direction du Port a évoqué un “imbroglio de communication”. La visite avait probablement un lien avec l’épisode récent de nuage de poussières documenté par des citoyenNEs de Lévis.

La direction du Port s’est engagée à mettre un terme aux épisodes de nuages de poussière et de contamination de l’air à la mi-août. La citoyenne Véronique Lalande a mis au défi le Pdg de mettre son poste en jeu si les solutions entreprises sont inefficaces, ce que la direction a refusé. Donc pour la réddition de comptes, le Port s’en lave les mains. La direction a aussi annoncé l’installation de capteurs d’air pour en vérifier la qualité. Or, le Port sera responsable de la gestion de ces capteurs. Ce serait être bien naïf que de croire que le Port affichera un comportement responsable alors qu’il a fermé les yeux jusqu’a aujourd’hui. Une autorité indépendante devrait être maitre d’oeuvre de cette surveillance mais les autorités du Port ont montré jusqu’à récemment qu’elle entend filtrer l’accès à ses installations, y compris pour le ministère de l’Environnement du Québec.

“Ma confiance se situe au quatrième sous-sol” a affirmé madame Véronique Lalande au terme de l’assemblée. Soulignant que son intervention demandant au Pdg du Port de lier son avenir à titre de dirigeant aux résultats des mesures anti-pollution visait à vérifier le niveau de confiance des dirigeants dans ces solutions, elle a fait remarquer que la réponse des autorités est révélatrice : “ils étaient un peu frileux”. C’est tout dire.

Une solution envisagée par plusieurs consisterait en l’aménagement d’installations permettant un transbordement fermé, contrairement aux opérations qui se font à ciel ouvert actuellement. Or, une telle solution est rejetée du revers de la main dans le cas du secteur du bassin Louise. Pourtant, les travaux pour moderniser le secteur de l’Anse au Foulon à l’ouest prévoient du transbordement fermé.

Le comité Vigilance Port de Québec demeure sceptique quant à l’efficacité des solutions préconisées par le Port de Québec. Non seulement la solution “canon à eau” semble tenir davantage de la poudre aux yeux que d’une véritable volonté de mettre fin aux émissions. De plus, les projets d’avenir du Port laissent entrevoir une hausse des émissions. En effet, les projets d’expansion et d’agrandissement pourraient générer de nouvelles sources d’émissions de poussières et de matières dangereuses. C’est la mobilisation citoyenne qui a forcé les autorités du Port à mettre en priorité cet enjeu. Il semble que la vigilance citoyenne ne prendra pas de vacances cet été face à l’attitude du Port de Québec.

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