Le politique serait-il tabou dans les rangs des militant-e-s politiques eux-elles-mêmes de la gauche à Québec ? Inutile de se mettre la tête dans le sable, un jour le public sera mis devant cette réalité singulière, par des journalistes ou autrement, d’une dispersion dans toutes sortes d’organisations où le « politique » est associé, sans la transparence qu’on attendrait de nous, à la gauche sociale. Malgré la présence de plusieurs militant-e-s appartenant à diverses organisations politiques (QS, GS, PCQ, NPD, La Nuit…), on semble frileux à l’idée d’actions unitaires sur ce terrain.
On fait de la politique sans afficher ouvertement ses couleurs. Par crainte d’un rejet populaire ? Par difficultés à voir émerger dans nos vies militantes des débats qui nous diviseraient ? Par timidité politique ? Ou simplement à cause d’hésitations sur la pertinence d’un travail politique à gauche, remettant en cause les trois partis traditionnels, divisés sur bien des questions et incapables d’offrir autre chose que la future alternance au pouvoir. Rendez-vous dans quatre ans pour les « changements » ! Nous avons pourtant tout un vide politique à combler comme alternative immédiate à leur impuissance à mettre en place de façon coordonnée une politique néolibérale qui serait supposée répondre aux besoins de la population.
La nomination d’autant de femmes que d’hommes au Conseil des Ministres n’est-il pas le fruit d’une tentative de récupération d’une revendication féministe de longue date : du pouvoir pour les femmes ? Bien sûr il s’agit de « femmes alibis », comme en parlait Simone de Beauvoir, mais elles représentent en même temps une concession non négligeable du pouvoir patriarcal. Et qui sait, n’était-ce pas une question de temps, puisque QS avait déjà innové, avant Charest, en présentant plus de femmes que d’hommes lors des élections ?
Je ne sais pas. Je pose la question sans avoir de réponse toute faite. La conjoncture politique elle-même devrait pourtant nous encourager à prendre nos responsabilités. Il n’est pas dit que l’ADQ sera à la hauteur des défis qui l’attend. Leur arrogance pourrait bien leur nuire auprès d’un public gardant son esprit critique. Les Libéraux devront être polis. Déjà la gaffe d’Hamad leur attire quelques ennuies. La réplique est vite venue et a eu un écho dans les journaux. Les « BS », confiant-e-s dans la justesse de leur combat, ont eux-elles-mêmes riposté. Le PQ ramasse les pots cassés et semble se diriger vers le cul-de-sac d’une nouvelle unité sur sa droite ou d’une division. Ce n’est pas mince comme embarras.
J’espère que la question posée d’interventions unitaires, sur le terrain ouvert d’une affirmation politique de nos différentes orientations, se traduira par un ralliement de la majorité des organisations politiques de la gauche de la région de Québec. Tout au moins sur des questions de conjoncture, sans amalgame trop expéditive de nos divergences. Comme le disait Jean-Yves Desgagnés, candidat QS dans Jean-Lesage, à un journaliste : « La région n’est pas nécessairement à droite, elle cherche une alternative ». À nous de la lui offrir !
Le 1er mai de cette année est célébré, à l’appel des syndicats, devant le parlement québécois à 11h30. Nous y diffuserons notre tract. Vous êtes invité-e-s à y participer avec nous et avec les travailleur-euse-s mobilisé-e-s à cette occasion.
À la fin de la journée, on soulignera cette fête internationale des travailleur-euse-s à l’Agitée, au 251 Dorchester : le collectif de la Page Noire vous invite au Show du premier mai. Formule spectacle cabaret ! Au menu : poésie, exposition, performances musicales, théâtre,...avec notamment Guernica, Filon d’or, DJ Silteplait et invitéEs surprises !! Dès 19h00.