Édition du 3 décembre 2024

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Politique internationale

Votation au Conseil de sécurité de l’ONU Le Canada n’a pas fait ses preuves

Nous vivons l’extraordinaire momentum du mouvement Les vies des Noirs comptent (Black Lives Matter). Nous serions tentés d’ajouter que Les vies des Palestinien.ne.s comptent également. Mais force est de constater qu’elles comptent moins que celles des Israélien.ne.s. Depuis 2000, le nombre de morts de civils palestiniens s’élève à plus de 7,100 et celui des Israéliens à 1,100 dont majoritairement des soldats. Ce fait ne semble pas perturber le Canada.

Sa présence au Conseil de sécurité n’y changera rien puisque le Canada participe du problème en refusant de rendre Israël responsable de ses violations systématiques du droit international. Au contraire, le Canada renforcera la position des États-Unis et sera plutôt « un atout » pour Israël comme l’avait affirmé l’ex-ministre des Affaires étrangères, Chrystia Freeland.

Outre le bilan honteux de sa votation à l’ONU contre les droits des Palestiniens, la position du gouvernement canadien, sur le plan de sa politique intérieure, n’est pas plus reluisante et ne constitue en rien une garantie du respect de leurs droits. Ainsi, le gouvernement Trudeau se maintient dans une opposition irraisonnée face à la campagne pacifique de Boycott, Désinvestissement et Sanctions contre les politiques israéliennes d’occupation, de colonisation et d’apartheid. En février 2016, une majorité de ses députés a appuyé une motion conservatrice diabolisant cette campagne et menaçant de poursuivre les citoyen.ne.s qui en ferait la promotion. Son ministre F-P Champagne s’est empressé, dès son arrivée au Ministère des Affaires étrangères de condamner BDS comme anti-sémite…. La Cour européenne des droits de l’homme vient de donner un solide démenti à cette position en reconnaissant que l’appel au boycott est un droit citoyen ! Que fera le Canada ?

Le gouvernement Trudeau a aussi adopté la définition de l’anti-sémitisme proposée par l’International Holocaust Remembrance Alliance qui associe toute critique d’Israël et de ses politiques et toute critique du sionisme à de l’antiséminisme. Comment le Canada peut-il se permettre alors de critiquer, même du bout des lèvres, les politiques israéliennes létales pour les Palestiniens ?

L’ambassadeur M Blanchard a tenu à rappeler que le Canada a de solides positions envers le conflit Israël/Palestine… Mais la politique canadienne en est une de « paroles » et non d’action. Elle est marquée par un biais unilatéral envers Israël, sa sécurité, son droit exclusif de résister au « terrorisme » des Palestiniens et son droit absolu d’attaquer les populations civiles enfermées dans la prison à ciel ouvert qu’est Gaza, sous blocus illégal depuis 2008, et emmurées dans la Cisjordanie depuis 2002 contre l’avis de la Cour internationale de justice. La sécurité des Palestinien.ne.s, leur droit d’exister, leur droit à l’autodétermination, leur droit à eux aussi de résister passent sous le radar.

Nous devons reconnaître que M Trudeau a fait un petit Harper de lui-même depuis le début de son mandat. Il lève à peine un sourcil et ses condamnations sont quasi inaudibles quand de graves violations du droit international sont perpétrés par Israël et par les USA : poursuite de la colonisation illégale, déménagement de l’Ambassade américaine à Jérusalem-est et ce Deal of the Century de Trump qui donne sa bénédiction à l’annexion d’une grande partie de la Cisjordanie, à la légitimation des colonies, à la dépossession totale des Palestiniens, et veut les pousser à la capitulation. Le Canada est incapable de reconnaître qu’Israël est un État-voyou, un État colonial, un État d’apartheid.
Enfin les positions du Canada mettent à mal le droit international car ce droit ne vaut rien s’il n’est appliqué qu’à la Russie, à l’Iran, à l’Irak, etc. et jamais à Israël. Que ferait le Canada au Conseil de sécurité ?

Ce n’est pas le « plat de lentilles » de l’aide économique à l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine qui rachète de telles positions. D’où l’importance pour les ambassadeurs et ambassadrices d’appuyer la demande de milliers de citoyen.ne.s et de centaine d’organisations, initiée par Just Peace Advocates, de ne pas voter pour la candidature du Canada à un siège au Conseil de sécurité des Nations unies. Mieux vaut pour le Canada faire ses preuves dans les années à venir pour mériter l’appui de la communauté internationale. C’est maintenant qu’il faut commencer car, pour reprendre Nelson Mandela « Notre liberté est incomplète sans la liberté des Palestiniens ».

Lorraine Guay
Infirmière retraitée
Membre de la Coalition BDS-Québec
16 juin 2020

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