Édition du 10 décembre 2024

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Rio+20

25 juin : délégation québécoise au sommet des peuples de Rio+20

Rio de Janeiro, Brésil, 25 juin 2012 – De larges pans de la société civile mondiale réunis en marge de la Conférence des Nations Unies sur le développement durable (Rio+20) ont fait valoir des alternatives populaires et des solutions originales face à la crise sociale et environnementale qui affecte l’humanité.

Le Sommet des peuples pour la justice sociale et environnementale, contre la marchandisation de la vie et pour la défense des biens communs, un processus ouvert et participatif qui s’est tenu du 15 au 22 juin, a permis à des dizaines de milliers de personnes d’exprimer leurs convictions et leur solutions dans des termes qui sortent du cadre restreint des négociations intergouvernementales de l’ONU.
Plus de 1600 activités autogérées ont permis aux participants d’échanger et de partager leurs compréhensions des causes structurelles des crises en cours et les fausses solutions mises de l’avant, d’élaborer collectivement des solutions réelles fondées sur de nouveaux paradigmes et de converger vers des actions communes et des campagnes de mobilisations qui donneront son unité au processus lancé à Rio+20.

Un processus original qui invite au consensus. Suite à ces ateliers, des plénières de convergence ont été organisées dans le but de dégager des positions communes sur cinq grands thèmes : les droits pour la justice sociale et environnementale, la défense des biens communs contre la marchandisation, la souveraineté alimentaire, l’énergie et les industries extractives, le travail pour une autre économie et de nouveaux paradigmes de société. Les positions consensuelles qui ont émergées des plénières ont été dévoilées lors de trois sessions de l’Assemblée des peuples qui ont eu lieu les 19, 21 et 22 juin, et qui ont débouchées sur la rédaction de la Déclaration finale du Sommet des peuples.

Large consensus sur les causes des crises. La première Assemblée des Peuples portait sur les causes structurelles des crises et injustices sociales et environnementales. Le capitalisme a été dénoncé avec force, ainsi que le militarisme, les multinationales et les traités économiques internationaux. Une représentante de la Via Campesina, le mouvement international des paysans, a été ovationnée après avoir mentionné que l’économie verte n’est pas une solution, mais une façon de continuer la course aux profits en s’appropriant les terres et l’eau et en expropriant les peuples. « Le système capitaliste, qui cause les problèmes, ne peut pas faire partie de la solution, même s’il se prétend plus vert. Il nous faut un autre modèle ».

Des solutions qui convergent. La deuxième Assemblée a fait converger les solutions réelles portées par les mouvements sociaux. Il importe de renforcer la démocratie participative et la gestion démocratique des milieux de vie (qu’il s’agisse de villes, régions ou campagnes) de même qu’un développement qui convienne aux besoins des populations, ajusté aux diversités locales et culturelles. Il est primordial de promouvoir l’agriculture paysanne et familiale en réponse au droit fondamental des humains à la terre et au territoire. Il est apparu essentiel d’accorder formellement des droits à la nature et de s’inspirer du buen vivir proposé par les populations autochtones andines comme voie menant à une relation harmonieuse et respectueuse de la nature. Plus encore, il faut reconnaître les peuples fondateurs et préserver les savoirs traditionnels des peuples indigènes. Il convient d’exiger la transparence dans la gestion et l’usage des ressources financières collectives, notamment pour les grands projets pouvant causer des injustices environnementales et sociales. En toile de fond de ces éléments semble se dessiner une volonté commune de reprise de contrôle des citoyens sur les biens communs accaparés par les intérêts financiers et les grandes entreprises (la terre et le territoire, les ressources naturelles comme l’eau, les savoirs…).

L’après-Rio. La troisième Assemblée avait pour fonction d’assurer l’unité et la continuation des luttes populaires suite à Rio+20. Le Sommet des Peuples a été qualifié « d’événement historique » par de nombreux participants. L’assistance a été invitée à investir différentes campagnes pour les droits de la Terre, pour l’éducation comprise comme un bien public, pour les travailleurs et la protection sociale, contre la militarisation, contre la déforestation et surtout, contre le concept d’économie verte. L’idée d’un Tribunal des peuples pour la justice climatique et environnementale a également été évoquée. La criminalisation des mouvements sociaux, qui constitue une menace à la mise sur pied des mobilisations populaires ultérieures, a été fortement dénoncée. Le Canada est l’un des seuls pays qui a été nommément dénoncé, en lien avec les pratiques de son industrie extractive. Le féminisme a occupé une place importante durant cette Assemblée : « la révolution sera écologique et féministe ou elle ne sera pas » a soutenu l’un des porte-paroles, suscitant l’approbation de la foule.

L’économie verte au cœur de la controverse. Alors que la Conférence de l’ONU apparaît comme un échec pour de nombreux groupes sociaux et environnementaux, le Sommet des peuples fut l’occasion d’un rassemblement inédit pour catalyser les énergies, élaborer des alternatives et organiser les mobilisations à venir. L’économie verte est décriée comme une nouvelle façon de faire des profits en exploitant la nature et la vie, en les soumettant aux règles du marché, notamment, en s’appropriant les terres, les savoirs traditionnels, en ouvrant des nouveaux champs spéculatifs, tel les marchés du carbone.
Suite à cet événement qui passera à l’histoire malgré la faible couverture médiatique, les détracteurs de l’économie verte sont maintenant plus forts pour faire entendre leur voix tandis que la justice sociale et environnementale sera forcément à l’ordre du jour des grandes rencontres internationales des prochaines décennies.

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