Édition du 16 avril 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Afrique

Afrique : Covid-19, « élites », dette, capitalisme et le « temps d’après » (1/3)

Dans cette première partie, l’auteur revient sur les différentes mesures prises par les dirigeants africains, et compare la propagation du virus avec les autres continents. Au-delà des statistiques concernant le nombre de personnes touchées, la Covid a aggravé les inégalités et la pauvreté. La nécessité d’augmenter les dépenses en santé corrélée à une chute drastique des recettes, ont amené nombre de chefs d’État africains à se prononcer en faveur d’une annulation de leur dette, néanmoins loin d’être entendue par les différents créanciers.

Tiré du site du CADTM.

Le nouveau virus corona ou Coronavirus 2 du syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS-CoV-2), causant la maladie dite Covid-19, s’est manifesté en Afrique à partir de la mi-février 2020, soit presque trois mois après le premier cas de Covid-19 en Chine (novembre/décembre 2019). Sans, jusqu’à présent, produire l’hécatombe tant pronostiquée [1], redoutée, à cause du très mauvais état de la santé publique dans tous les pays africains, de l’habitat urbain considéré comme très majoritairement caractérisé par la promiscuité, voire une censée forte densité urbaine [2], etc.

Après leurs premiers cas, les États africains ont généralement été réceptifs, diversement certes, au « théâtre de la pandémie » [3] dont relevaient les appels – souvent considérés comme alarmistes, catastrophistes – lancés par le secrétaire général de l’ONU, le directeur général de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), etc. Ils ont ainsi instauré soit certaines des mesures préventives, soit toutes celles qui s’appliquaient déjà ailleurs : état d’urgence sanitaire, fermeture des établissements scolaires, des lieux de culte, des bars, restaurants et autres lieux de regroupement, arrêt des activités économiques jugées non essentielles, distanciation physique, port du masque, lavement régulier des mains, fermeture des frontières, instauration du couvre-feu nocturne, isolement de certaines villes, voire le confinement partiel ou total (considéré comme la mesure la plus efficace pour contrer une large propagation du virus, mais assez vite levé dans quelques cas). La majorité des États africains n’a pas confiné. En Tanzanie, par exemple, le président s’en est tout simplement remis à Dieu. C’est cette réaction assez rapide, dans sa diversité qui explique, entre autres [4], que l’Afrique ne connaît pas, jusqu’à présent, l’hécatombe annoncée. Même s’il faut souligner la rapide progression depuis deux mois : au 30 juin, l’Afrique avait 370 661 cas confirmés et 9 480 décès, contre respectivement 141 599 et 4 070 au 30 mai – soit trois mois et demi après le premier cas déclaré en Égypte. En trois mois, de fin mai à fin août, le nombre de cas confirmés a été multiplié par 8,8 (contre 4,1 fois au niveau mondial) – conséquemment sans doute à l’augmentation des tests réalisés –, et le nombre de décès a été multiplié par 7,2 (2,2 fois au niveau mondial) avec « dix pays [africains qui] signalent des taux de létalité comparables ou supérieurs au taux mondial de létalité de 3,5 % », de 4 % en Sierra Leone en Algérie à 8 au Tchad, en passant par 5% en Égypte et 6 % au Liberia [5] (précédemment frappé par Ebola).

Une situation africaine dont l’exceptionnalité pouvait néanmoins être relativisée jusqu’en mai, car une hécatombe était aussi annoncée, par exemple [6], pour l’Inde (voisine occidentale de la Chine, toutes deux membres des BRICS, et dont la population est presque semblable à celle de l’Afrique, 1,3 milliard d’habitant·e·s) ayant eu son premier cas dès le 30 janvier. Mais à l’instauration du confinement (24 mars, soit presque deux mois après), malgré son leadership mondial en matière de maladies respiratoires, elle en était à 519 cas confirmés et dix décès [7] (après un boom de 390 cas en une semaine). Ainsi Arundhati Roy, par exemple, exprimait sa surprise : « En Inde, il nous est difficile de réaliser ce qui se passe. Jusqu’à présent, nous avons eu peu de cas de coronavirus. Est-ce parce que l’Inde réalise très peu de tests ? […] Personne ne nous dit exactement ce qu’il en est. Mais il est certain que si le coronavirus frappe l’Inde comme il a frappé l’Europe, ce sera un cataclysme. Nous n’avons pas un système de santé à proprement parler pour les pauvres, ni d’ailleurs pour la classe moyenne […] La semaine dernière, notre Premier ministre Narendra Modi nous a dit “Venez sur vos balcons et frappez dans vos mains dimanche contre le coronavirus !”. Mais combien de gens ont des balcons en Inde [8] ». Un mois plus tard, malgré les conditions de retour dans leurs villages (au lendemain du 24 mars) de la main d’œuvre migrante, une centaine de millions de personnes – « le confinement destiné à assurer la distanciation sociale a eu le résultat inverse : la contiguïté physique à une échelle inconcevable [9] » déplorait A. Roy – l’Inde avait alors officiellement 144 950 cas confirmés et 4 162 décès (dixième rang mondial). Soit beaucoup moins que les États-Unis (déjà 1er rang mondial avec 1 662 302 cas et 98 000 décès, pays 4 fois moins peuplé) ou celui qui avait été sa puissance coloniale, le Royaume-Uni (quatrième rang mondial avec 262 547 cas et 39 996 décès, et 20 fois moins peuplé que son ancienne colonie). Celui-ci était suivi par des pays de l’Union européenne : Espagne, Italie, Allemagne et France qui dépassaient l’Inde de 90 milliers de cas confirmés (Espagne) à 3 centaines de cas (France) et concernant les décès, du septuple en Italie – à quasiment le double en Allemagne. Les populations de ces quatre pays étant soit supérieure à celle du Royaume-Uni d’une dizaine de millions concernant l’Allemagne, soit presque semblable pour la France, soit encore inférieures concernant l’Italie (de 6 millions) et l’Espagne (presque 20 millions). L’Inde dépassait alors l’Afrique (ayant une population quasiment semblable) de 29 068 cas confirmés et 683 décès. Ainsi, il a été aussi question d’« “Exception” Indienne ou Inversion du Monde ? [10] ». C’est à partir de juin que le nombre de cas a pris l’ascenseur en Inde, jusqu’à occuper, au 30 août, le troisième rang mondial (derrière les États-Unis d’Amérique et le Brésil) en nombre de cas confirmés (3 542 733) et au quatrième rang pour les décès (63 498), soit 1,6 fois moins de cas confirmés (2 465 855 de moins) et 2,9 fois moins de décès que les États-Unis d’Amérique (qui à presque 2 000 000 de cas, dans la première décade de juin, affichaient déjà 111 000 décès), 22 000 décès de plus que le Royaume-Uni, 28 025 de plus que l’Italie, 2 fois plus de décès que la France, des pays moins peuplés que l’Inde dans les mêmes proportions qu’avec l’Afrique (de 4 à 21,5 moins).

Si l’Afrique était un pays, avec ses 1 249 461 cas confirmés (au 8 août), elle occuperait le quatrième rang mondial, soit entre l’Inde et la Russie (995 319 cas, pour une population de 146 780 700, en 2019), et avec ses 29 598 décès, elle serait au huitième rang. Cependant seuls 15 des 55 pays africains dépassent les 10 000 cas confirmés (des 10 045 cas de la RD du Congo aux 625 056 de l’Afrique du Sud – sixième rang mondial, après le Pérou et devant la Colombie –, en passant par les 98 497 de l’Égypte, 43 781 de l’Algérie, 34 057 du Kenya, 19142 du Cameroun), et seuls 8 des 55 dépassent les 500 décès, des 574 du Kenya aux 14 028 de l’Afrique du Sud (13 rang mondial). L’Érythrée et les Seychelles affichent zéro décès avec respectivement 318 et 136 cas confirmés – la population seychelloise étant de 98 055, la moins nombreuse d’Afrique. Certes des réserves sont émises sur les statistiques africaines (la non encore surmontée « tragédie des statistiques africaines » que pointait, dans un article éponyme, Shanta Devarajan, alors économiste en chef de la division Afrique à la Banque mondiale et animateur du blog Africa Can End Poverty, 2011) par une équipe de chercheurs et enseignants en médecine (6 Africains sur les 7) ayant affirmé, tout récemment que « les chiffres officiels ne peuvent pas refléter à eux seuls la diffusion réelle de la pandémie » [11] (par exemple, les données tanzaniennes sont gelées depuis mai, sans que soit annoncée une maîtrise de la pandémie semblable à celle accomplie à Maurice qui n’avait pas eu un seul cas positif pendant trois mois, jusqu’à la première quinzaine d’août, mais affiche 10 cas actifs au 30 août ). Eu égard, par exemple, au faible dépistage que pratiquent la grande majorité de pays africains. En précisant toutefois qu’il ne s’agit pas d’une particularité africaine, car « aux États-Unis […] les cas pourraient être dix fois plus nombreux que ce que les statistiques indiquent ».

Ainsi, c’est de façon hâtive que certaines voix africaines et d’ailleurs, ont applaudi la gestion de la crise sanitaire par les gouvernants africains. Voire – comme par inversion du catastrophisme non dépourvu de relents coloniaux – les ont érigés en exemples [12], alors qu’ils n’ont fait qu’imiter ce qui s’était imposé ailleurs (la chronologie étant souvent évacuée). Ils n’ont fait que s’adapter (l’adaptation étant une injonction néolibérale selon la philosophe Barbara Stiegler). La faible contamination relevant par ailleurs de facteurs indépendants de quelque action/volonté humaine (cf. par exemple, les hypothèses recensées par O. Marbot, op. cit.) [13]. En même temps, il était question, après un trimestre à peine, de “résilience” effective particulière de l’Afrique (combien de sociétés effondrées hors d’Afrique ? Indiquons que d’un point de vue « humaniste », la résilience peut être définie comme « la capacité d’une personne ou d’un groupe à se développer bien, à continuer à se projeter dans l’avenir, en présence d’événements déstabilisants, de conditions de vie difficiles, de traumatismes parfois sévères » [14]). Alors qu’en cette mi-août la pandémie n’est pas encore finie, continuant son cours, avec depuis quelques semaines une dite deuxième vague, ici et là, dans presque toutes les régions du monde. Une vie de la pandémie aux conséquences socio-économiques déjà déplorables, avec des pronostics alarmants sur le vécu à venir des classes populaires, africaines en l’occurrence, pouvant être pire que sous l’urgence sanitaire [15].

En Afrique, où c’est dans l’économie dite informelle que s’activent la grande majorité (« le taux d’emploi informel le plus élevé au monde (85,8 % de l’emploi total) » selon la Commission économique pour l’Afrique des Nations unies/CEA, mars 2019 et les femmes y sont majoritaires, sauf surtout dans la partie septentrionale,), vivant souvent au jour le jour, certaines de ces mesures préventives ont certes favorisé l’évitement, dans un premier temps, d’une large propagation de Covid-19, mais ont aussitôt exposé à « Pochvid-20 [16] » celles/ceux qui n’avaient qu’une faible épargne. La situation ne pouvant qu’être pire, pour celles et ceux qui n’en avaient pas, n’en ont pas d’ordinaire, dans ces sociétés plus basées sur la solidarité familiale – souvent mise à mal, ces derniers temps surtout en milieu urbain, par la croissance de la pauvreté, des pauvres, facteur d’exode rural et de croissance des bidonvilles –, plutôt que par des mécanismes d’aide sociale allouée par l’État aux plus démuni·e·s (allocation n’existant, en temps ordinaire, qu’exceptionnellement, dans quelques pays : « 11 % seulement des 20 % des ménages les plus pauvres sont pris en charge par l’assistance en Afrique subsaharienne, contre 21 % en Asie du sud, 50 % en Europe orientale et en Asie centrale, et 58 % en Amérique latine » selon la CEA, mars 2019). Ce qui devrait être de règle, surtout avec la croissance de celles/ceux-ci dans les cas de confinement, voire d’état d’urgence sanitaire. Que ce soit en milieu urbain ou en milieu rural, où les récoltes agricoles n’ont pu être effectives ou être normalement vendues, presque autant pour l’élevage. Une grande précarisation donc. Par exemple, en Afrique du Sud, où existe un programme d’aide sociale aux enfants des familles très pauvres, sous forme des cantines scolaires gratuites, la fermeture des écoles a produit des situations où certain·e·s des enfants, en bénéficiant d’habitude, s’évanouissaient de faim, les parent·e·s n’étant pas en mesure de suppléer au devoir de l’État. Ou comme « In Peddie in the Eastern Cape, children are eating wild plants to survive, as the Covid-19 pandemic and the lockdown take their toll. The number of households going hungry has doubled, according to a new research [17] ». Une situation dramatique qui a été aggravé par le caractère prédateur des gouvernants locaux sud-africains, s’étant adonnés remarquablement, presque partout, au détournement d’une partie de l’aide alimentaire destinée aux plus démuni·e·s de leurs administré·e·s, non seulement pour la partager à leurs proches, mais aussi pour la revendre [18] ; la cupidité étant un ressort du militantisme des dirigeants de l’ANC.

Pochvid-20 n’a pas frappé que dans l’économie dite informelle, car l’état d’urgence sanitaire, le confinement ont concerné, concernent aussi, évidemment, l’économie dite formelle qui est principalement privée dans le contexte quadri-décennal de néolibéralisation. Les secteurs considérés comme non indispensables ou non essentiels ont été mis en arrêt temporaire, ou en activité restreinte, du fait aussi de la quasi paralysie de différentes chaînes de l’économie mondiale. Ainsi nombre de salarié·e·s africain·e·s (2 %, selon la cinquième édition de Le Covid-19 et le monde du travail par l’Observatoire de l’OIT, 30 juin 2020, avec plus de salariées dans nombre de cas [19]), surtout dans des micro et petites entreprises, s’est retrouvé, se trouve encore, en précarisation sociale, en attendant le déconfinement complet là où il est déjà partiel, la fin de l’état d’urgence sanitaire, voire la « relance économique ». Au Cameroun, par exemple, champion économique de la sous-zone Afrique centrale du Franc CFA (CEMAC), c’est, selon le patronat local (relayé par Jeune Afrique, 15 juillet 2020), « un salarié sur six du secteur privé mis au chômage technique », soit 53 000 salarié·e·s, et 14 000 ont été licenciés. Cette précarisation de salarié·e·s, tout comme la restriction de la circulation entre les zones urbaines et rurales – en dépit d’un relatif exode urbain (vers les villages) constaté dans plusieurs pays –, voire d’un pays à un autre [20], ont évidemment impacté la chaîne de solidarité ou d’entraide familiale, fragilisant ainsi la stricte observance du confinement par les plus démuni·e·s. Il s’agissait, il s’agit encore ici et là, de choisir entre Covid-19 et Pochvid-20 [21]. Car, comme l’ont relevé plusieurs voix, dans les premières semaines de confinement de certains États africains, à l’instar de celle de l’universitaire à la retraite et marxiste, Issa Shivji : « without humongous feeding schemes, lock-down is not possible and without lock-down it will be impossible to control transmission » [22]. Ainsi, certain·e·s, en quête de moyens de subsistance, ont été blessé·e·s, voire tués, par les forces dites de l’ordre, dans certains pays. Par exemple, au Nigeria, pays le plus peuplé d’Afrique et disputant avec l’Afrique du Sud la place de l’économie (capitaliste) africaine la plus dynamique : « At least until the end of April 2020, the security forces killed more people policing the lockdowns in the various states than those people who actually died of coronavirus. » ; au Kenya : « In Kakamega county, around 1 April, Idris Mukolwe, a tomato seller, was hit by a teargas-cannister police threw at him. It exploded in his face and as he started suffocating, they laughed at him before he died » [23] – des collègues kenyans de Derek Chauvin (le policier blanc états-unien assassin du noir George Floyd).

De façon générale, les États africains ont réagi, imposé des mesures, y compris le confinement, sans véritable préparation, par exemple concernant l’aide sociale pour celles/ceux qui seraient confronté·e·s à Pochvid-20. Et, comme d’ordinaire, selon une conception assez tronquée de la consultation démocratique, voire avec comme un zeste de mépris à l’égard de certaines catégories sociales : le « président de la République […] a consulté tout le monde sans nous, les organisations paysannes. Aucune plateforme du secteur n’a été reçue par le chef de l’État comme cela a été fait avec les hôteliers, les rappeurs, les partis politiques, etc. », déplorait le porte-parole du Conseil National de Concertation et de Coopération des Ruraux, du Sénégal, Sidy Ba [24] (l’agriculture paysanne occupe autour de 50 % de la population active sénégalaise).

Dans cette Afrique dont le taux moyen de croissance du PIB a été présenté en ce 21e siècle comme l’expression d’une assez bonne santé économique, considérée comme destinée à s’“améliorer” – il était « estimé à 3,4 % pour 2019, devrait s’accélérer pour atteindre 3,9 % en 2020 et 4,1% en 2021 », selon les Perspectives économiques en Afrique 2020 du Groupe de la Banque africaine de développement – on ne pouvait, avant l’arrivée de la pandémie, en dire autant du système de santé publique, de l’accès des classes populaires (constituant partout la majorité de la population) à des soins médicaux nécessaires et de qualité. La grande majorité des États n’étant pas suffisamment équipés, en matériel de santé nécessaire, et dotés en personnel requis, ainsi sont-ils généralement très mal classés dans l’indice mondial de sécurité sanitaire, ou concernant la couverture universelle, à l’exception d’une trop infime minorité. D’où la tradition chez les gouvernant·e·s de presque tous les états africains de se faire ausculter à l’étranger, hors Afrique de préférence, plutôt que de suffisamment doter en personnel qualifié et en équipement le système de santé publique des pays qu’elles/ils sont censé·e·s gouverner. Les classes populaires devant, quant à elles, se contenter souvent de soins médicaux très approximatifs ; l’assainissement de leurs environnements favorisant certaines maladies est on ne peut plus négligé par les pouvoirs dits publics. Avant la pandémie, en cette période d’hégémonie, davantage qu’auparavant, du paradigme capitaliste (néolibéralisé), les conséquences sociales dans les classes populaires des politiques relevant de ce paradigme, en l’occurrence leur (non)accès aux soins médicaux de qualité, ne constituaient pas vraiment un critère dans l’appréciation de la gouvernance des États par la « communauté internationale ».

Certes, des agences onusiennes dont le champ d’action est ledit social, en l’occurrence l’OMS, essaient – aussi pour justifier leur propre existence, pour leur propre survie – d’atténuer le cynisme social du système, à travers, par exemple, l’attention portée sur les Objectifs du développement durable/ODD 2015-2030 (3e objectif : accès à la santé ; 6e : accès de tous/toutes à l’eau saluble et à l’assainissement). Mais, tout en se subordonnant, en cette période néolibérale, davantage aux orientations du Capital, comme d’ailleurs le font les États dont les visions en matière de santé publique sont censées synthétisées par l’OMS, pouvant aussi les inspirer, voire contribuer à la coordination des actions. Ainsi, elle semble, eu égard à sa pratique, avoir oublié la définition de celle-ci dans sa Constitution : « La santé est un état de complet bien-être physique, mental et social, et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité » (Constitution de l’Organisation mondiale de la santé, 1948) ». Définition dont on peut au moins retenir que la santé ne relève pas que de la médecine, mais dépend aussi des conditions socio-économiques, écologiques. D’où, par exemple, la question de savoir si la bonne santé est possible dans des sociétés dont les inégalités, les injustices sociales sont structurelles – aux dépens des classes sociales populaires, constituant la majorité – et permettent l’exposition des populations à certaines maladies. Par conséquent, la disparition de celles-ci, dont des plus meurtrières que la Covid-19, telles que la tuberculose, le paludisme, etc., dépend de l’éradication de ces inégalités et injustices sociales et environnementales. Éradication qui serait en même temps celle de l’avidité insatiable d’accumuler, caractéristique des capitalistes, nocive non seulement pour la santé de celles/ceux qu’elles/ils exploitent, dominent, mais aussi pour leur propre santé (selon la définition de l’OMS), mentale principalement (la non conscience de pratiquer l’injustice, par exemple, voire le fait d’en tirer des plaisirs – du sadisme – ou du prestige recherché, dont elles/ils ne peuvent être guéri·e·s que par la révolution sociale). La déclaration produite à l’issue de la Conférence internationale de Alma-Ata sur les soins de santé primaires (trentième anniversaire de l’OMS, 1978) avait rappelé qu’il s’agit d’ « un droit fondamental de l’être humain, et que l’accession au niveau de santé le plus élevé possible est un objectif social extrêmement important qui intéresse le monde entier et suppose la participation de nombreux secteurs socioéconomiques autres que celui de la santé », et projeté que « L’humanité tout entière pourra accéder à un niveau acceptable de santé en l’an 2000 ». Ce qui ne s’est pas réalisé, à cette date-là. Ni vingt ans plus tard. Par contre, certaines maladies, que l’on pensait avoir éradiquées en certains endroits (des sociétés du capitalisme central traditionnel) ressurgissent, s’ajoutant à celles causées ou développées par le consumérisme, la malbouffe et autres nocivités du productivisme, industrie agro-alimentaire incluse, et dont l’Afrique n’est plus actuellement épargnée.

Il n’est pas superflu de rappeler que le contexte de la Conférence de Alma-Ata était celui de la revendication par les États dits non-alignés, au sein des Nations unies, d’un nouvel ordre économique international, contre l’échange inégal et autres caractéristiques des “rapports Nord/Sud”. En même temps qu’était expérimentée dans un pays dit du Tiers-Monde ou du Sud – au Chili du général et dictateur Augusto Pinochet en l’occurrence – l’économie néolibérale, qui deviendra par la suite le véritable nouvel ordre économique mondialement dominant, à la place de celui revendiqué par les non-alignés. L’une des caractéristiques de la gouvernance néolibérale est la réduction de la part budgétaire consacrée à la santé publique, la priorité étant accordée au remboursement de la dette publique extérieure par des États, africains en l’occurrence, surendettés, et soumis au programme d’ajustement structurel néolibéral (PAS) piloté par la Banque mondiale et le FMI. Ledit PAS étant censé mettre un terme au capitalisme périphérique post-colonial antérieur caractérisé (en s’inspirant de l’hétérodoxie post-Seconde Guerre mondiale en vigueur dans le capitalisme central) par l’existence d’un relativement important secteur économique d’État coexistant avec un secteur privé, essentiellement occidental dominant la vie économique dite nationale. Il ne pouvait plus être question d’atteindre « la santé pour tous en l’an 2000 ». C’est ainsi, par exemple, que l’Initiative de Bamako (1987), dans le droit fil d’Alma-Ata, mettant l’accent sur la santé communautaire, a néanmoins abouti à une exclusion pratique des pauvres du supposé accès aux soins de santé primaires, car conditionné par l’état du portemonnaie.

En fait, l’OMS a accompagné cette accentuation de la précarité de la santé publique en Afrique et ailleurs dans le Tiers-Monde, tout en coorganisant, certes, des campagnes sanitaires nationales ou internationales, sans grand impact car n’allant pas, en règle générale, jusqu’aux facteurs socioéconomiques et environnementaux des maladies, conformément à cette caractéristique des agences onusiennes du social : une ambiguïté subordonnée en dernier ressort à l’ordre capitaliste, hétérodoxe hier (mi-années 1940 à fin années 1970), puis néolibéral (à partir des années 1980). D’autant plus que ses principaux financeurs actuels, publics (à l’instar des États-Unis d’Amérique, d’avant la décision de s’en retirer prise par le président « agent orange » [25] – (sobriquet attribué à Donald Trump par le cinéaste Spike Lee) autant que privés (à l’exemple de la Fondation Melinda et Bill Gates), sont, de notoriété publique, des activistes et bénéficiaires du néolibéralisme. Certain·e·s sont, par exemple, actionnaires de ces firmes pharmaceutiques (s Pharma) profiteuses de la sur-médicamentation. Ce qui, entre autres, expliquerait les rétropédalages de l’OMS concernant l’hydroxychloroquine (+ l’azithromycine) comme traitement curatif de la Covid-19.

Du fait de cette néolibéralisation, articulée au principe de prédation du trésor public comme mode d’accumulation primitive de capital par les mafias politiques qui dirigent, généralement, les États africains, l’engagement pris par ceux-ci, à Abuja (Nigeria), en 2001, à consacrer au moins 15 % de leurs dépenses publiques à la santé (considéré comme un taux favorisant plus d’accès aux soins au sein de la population) n’est tenu que par une infime minorité : quatre États (Gambie, Éthiopie, Eswatini – ex-Swaziland –, Malawi), en 2014, parmi les 55 que compte l’UA (29 se situant en deçà des 10 %). Ce au cours d’une période de célébration, par la « communauté internationale », de la croissance du taux moyen du PIB de l’Afrique. Comme indiqué plus haut, ladite croissance moyenne du PIB africain était même, en début 2020 (avant que l’économie mondiale soit ralentie par l’expansion de Covid-19), estimée (par la BAD) en cours d’accélération (rapportée au recul amorcé en 2015-2016). Voire certaines économies nationales étaient, même pendant la période de recul du taux moyen de croissance du PIB africain, considérées, par des universitaires panafricanistes, comme sur la voie de l’émergence [26]. En bonne logique néolibérale, économiciste, dans cette appréciation des supposées performances africaines, l’économique était découplée du social, du social populaire, ainsi n’entraient pas en ligne de compte les (mauvaises) politiques de santé publique menées par les États. L’essentiel étant la libéralisation du secteur de la santé.

Par ailleurs, le bruit de cette célébration des économies d’Afrique couvrait relativement la sonnette d’alarme tirée depuis trois ou quatre ans, concernant la croissance, l’insoutenabilité [27] de la dette de certains États. En cette année 2020, avant la pandémie, au moins un tiers des États africains était, en train de repasser sous les fourches caudines du FMI [28]. Les mesures imposées (une version mise à jour des programmes d’ajustement néolibéral, relativement adaptée au degré de néolibéralisation atteint par chaque État), telles que l’austérité budgétaire, aux dépens surtout du social populaire, la continuation de la privatisation des entreprises publiques, de la libéralisation, l’exigence de respecter l’échéancier de remboursement de la dette, etc., ne peuvent aller de pair avec la lutte contre une pandémie prévue, au début, par les experts comme ne pouvant qu’être en Afrique pire que partout ailleurs. À cause justement de la précarisation de la santé publique qui ne compte pas les gouvernant·e·s, les classes dirigeantes, parmi ses usager·e·s. Ainsi au délabrement des structures publiques de santé s’ajoutait le nouveau fardeau du service de la dette pour accueillir le SRAS-CoV-2 et sa Covid-19. Leur dynamique expansive allait affecter les économies. Les économies africaines ont, par exemple, été impactées assez vite par le ralentissement de l’économie chinoise (importatrice majeure de leurs matières premières, généralement leurs principaux produits d’exportation), et, par la suite, par celui des économies du centre capitaliste traditionnel ayant opté pour l’urgence sanitaire, le confinement. Un contexte qui ne peut favoriser une lutte efficace contre la propagation de la Covid-19, en même temps que l’assomption du service de la dette, surtout pour les États aux ratios dette/PIB les plus élevés et ayant décrété le confinement. Les trésors publics étant aussi, évidemment, très impactés (fiscalement) pendant l’état d’urgence sanitaire, le confinement, par le ralentissement de l’économie locale (avec son lot de faillites d’entreprises, ici et là).

De la demande d’annulation de la « dette africaine » au moratoire

Compte tenu du mauvais état, généralement admis, de la santé publique en Afrique, il s’est alors dégagé comme un consensus au sein de la « communauté internationale » sur la nécessité d’aider les États africains à prévenir ou faire face à la catastrophe sanitaire annoncée. D’autant plus que même des équipes dirigeantes des États leaders de ladite « communauté internationale » préjugés aptes à affronter les épidémies [29], supposés bien équipés et suffisamment dotés en personnel, ne brillaient pas par une gestion locale intelligente ou exemplaire de l’épidémie, ayant vite tourné en crise sanitaire. La pénurie de masques, par exemple, le débordement de certains services de santé publique, l’épuisement des personnels soignants, résultant de la gouvernance néolibérale de la santé publique ne pouvant pas être mis au compte d’un délire médiatique sur la pandémie. Ce qu’indiquent assez bien les chiffres de décès, indiqués plus haut, y compris parmi le personnel soignant, insuffisamment protégé, aux États-Unis d’Amérique et dans plusieurs pays d’Europe occidentale, même s’il ne s’agit pas, jusqu’à présent, de l’épidémie la plus meurtrière depuis le 20e siècle. C’est ainsi que, du chef de l’État sénégalais Macky Sall, à son pair français Emmanuel Macron, en passant par une commission d’experts de la Communauté économique et monétaire des États d’Afrique centrale (CEMAC), il a été question, en fin mars et dans la première décade d’avril, d’annulation de la dette des États africains, comme une des modalités d’aide de la « communauté internationale » à l’Afrique (ainsi qu’aux États d’Amérique dite latine et d’Asie confrontés aussi en même temps à la pandémie, à la crise sanitaire et à l’insoutenabilité de leurs dettes). Ce qui représentait une adhésion extraordinaire à la revendication d’annulation (totale) de la dette publique extérieure insoutenable des États d’Afrique (comme d’Amérique dite latine et d’Asie), ainsi sortie de la quasi-marginalité dans laquelle elle est placée depuis la fin des années 1980, en Afrique comme ailleurs dans le “Sud Global”.

Par son appel lancé publiquement le 25 mars, « pour une annulation de la dette publique et pour un rééchelonnement de la dette privée [30] », le chef de l’État sénégalais, Macky Sall, a rompu le silence généralement observé par les chefs d’État africains en matière de revendication de l’annulation de la dette publique extérieure. L’appel précédent, mémorisé, d’un chef d’État africain au non-remboursement de la dette par les États, est celui lancé, à la tribune de l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA, prédécesseure de l’UA) en juillet 1987, par l’alors président du Burkina Faso, Thomas Sankara. Appel n’ayant pas été vigoureusement relayé, après son assassinat, ni par aucun autre chef d’État, ni par l’organisation panafricaine (l’OUA ayant certes sollicité, timidement, l’annulation de la dette dans la Déclaration d’Abuja, 2001, par exemple). Malgré le fait qu‘à partir de la fin de la décennie 1980, des réseaux (Comité pour l’annulation de la dette du Tiers-Monde, Jubilé Sud, etc.) se sont constitués à travers le monde, argumentant, sensibilisant sur la nécessité d’annuler la dette publique extérieure des États africains, aux conséquences sociales dramatiques pour les classes populaires. D’autant plus que ladite dette était, est souvent illégitime ou illégale, parfois odieuse. À l’instar de celle de l’État sud-africain, de l’odieux régime d’apartheid, héritée par l’État post-apartheid. Mais à l’égard de laquelle, malheureusement, le nouvellement chef de l’État sud-africain Nelson Mandela, ayant déjà fait son chemin de Davos (1991) avant l’élection à la présidence quasiment programmée (1994), s’avérait sourd aux appels, de l’altermondialisme sud-africain, aussi bien qu’extra-sud-africain, à la répudiation pure et simple de cette dette odieuse. Le NEPAD (Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique, 2001) s’en tenait à l’objectif d’« un allègement de la dette qui aille au-delà des niveaux actuels », en l’occurrence l’Initiative PPTE (Pays pauvres très endettés) des institutions financières internationales (IFI, dont les États africains sont membres, mais en position subalterne). L’UA a paru, par la suite, manifester quelque intérêt pour le sujet, en organisant par exemple un atelier à propos de la dette africaine, en 2005 – qui n’était pas le moment le plus critique –, mais sans lendemain, car les participant·e·s officiel·le·s et “para-officiel·le·s” ayant été plutôt contre une telle revendication, au mieux timoré·e·s [31]. Une attitude exprimant généralement la crainte d’une répression par les IFI et autres créanciers. Pourtant, la répudiation collective appelée par T. Sankara aurait permis de mettre les États de l’OUA à l’abri de la répression qui suivrait un acte isolé de répudiation [32].

Cette attitude exprime aussi une adhésion générale des gouvernant·e·s africains (et des candidat·e·s à la gouvernance, les oppositions politiques qui ne s’opposent pas, généralement, à l’orientation économico-sociale capitaliste néolibérale) à la néolibéralisation de l’ordre capitaliste mondial. Car ce contexte néolibéral – de privatisation des entreprises d’État et de libéralisation – permet aux kleptocrates de faire fructifier localement la part de leurs forfaits financiers (y compris une part de l’argent emprunté) – souvent la moins importante – non placée, non investie à l’étranger, couplant ainsi la domination politique avec la participation à la domination économique (généralement de concert, malgré la concurrence possible, avec le grand capital extra-local, voire le capital privé local). Cette kleptomanie des dirigeants politiques – légitimant la revendication d’annulation de la dette publique, en faveur des secteurs sociaux (éducation publique, santé publique, etc.) – ne peut être ignorée des créanciers tels que la Banque mondiale [33], la Banque africaine de développement, le Fonds monétaire international, les États capitalistes développés (Chine incluse), dont l’indifférence à l’égard de ses conséquences sur les classes populaires est motivée par, entre autres, l’aubaine de la libéralisation découlant de leur “mauvaise gouvernance”. On pourrait même parler d’indifférence complice.

Cependant cette revendication par des officiels d’une annulation de la dette publique, afin de faire face au SRAS-CoV-2 et la Covid-19, n’a abouti principalement qu’à la décision – prise le 15 avril par les ministres des Finances et les gouverneurs des banques centrales du G20 – d’un moratoire sur le remboursement de la dette bilatérale (aux États) : gel pendant huit mois (de mai à décembre 2020) du remboursement de la dette d’une quarantaine d’États africains, parmi les 77 États les plus pauvres de la terre, appartenant à l’ancien Tiers-Monde. Avec une promesse d’application aussi par les créanciers privés (soit 77 milliards $ de dette africaine, soit beaucoup moins d’un millième des actifs de ces créanciers, et beaucoup moins que la cinquième fortune mondiale, de Warren Buffet, celui qui avait affirmé que sa classe remportait la lutte des classes : 80 milliards $) – pour lesquels le FMI a efficacement servi de rabatteur ces dernières années, en Afrique. Mais, pour le moment, ces créanciers privés paraissent ne pas suivre le G20, et proposent leurs propres conditionnalités. En fait, très attachés au principe de remboursement du moindre sou prêté ainsi qu’à la suprématie des intérêts financiers sur la souveraineté des États et les droits humains, ces créanciers privés préfèrent procéder, par exemple, au cas par cas. Voire agitent le bâton de la dégradation de la notation sur les marchés financiers des États qui solliciteraient le moratoire. Avec pour conséquence, la hausse des taux d’intérêts (déjà plus élevés d’ordinaire que ceux des créanciers bilatéraux et multilatéraux, de 12 % jusqu’à même 16 %, alors que ces derniers temps, du côté de certains créanciers publics, les taux sont généralement assez bas, et même “négatifs”) pour leurs prochains emprunts, car ils seront considérés comme des débiteurs peu fiables. D’ailleurs, comment ces créanciers privés pourraient-ils instaurer à leur tour un moratoire du même type, alors que celui des créanciers publics permettrait aux États débiteurs, aux ressources réduites, de respecter les échéanciers, de payer ce qui leur est dû. Des conséquences sociales (populaires) du remboursement de ces créances sur la lutte contre la pandémie, ils n’ont cure – du cynisme par avidité capitaliste (un problème de santé mentale institutionnelle ?).

Ledit moratoire, rejoint ainsi la position des créanciers multilatéraux que sont la Banque mondiale et le FMI (encore une fois, les États africains sont membres de ces institutions inégalitaires) telle qu’exprimée déjà début avril par le Bureau de l’économiste en chef pour la région Afrique à la Banque mondiale : « Le Groupe de la Banque mondiale et le Fonds monétaire international ont appelé à un “gel de la dette” [34] », non à une annulation. En fin de compte, comme “annulation”, il n’y a que celle “concédée” par le FMI : « Nos pays membres les plus pauvres et les plus vulnérables recevront […] des dons qui couvriront leurs obligations envers le FMI pour une phase initiale de six mois » [35]. Plus clairement : le FMI va puiser dans un fonds qu’il gère, alimenté par d’autres, de quoi rembourser partiellement la dette de ces 25 États les plus pauvres, dont 19 africains, au … FMI. Ce qui, certes, va alléger momentanément leur fardeau, mais est très loin de l’annulation revendiquée, espérée. Autrement dit, rien de nouveau par rapport à ce qui est pratiqué (réduction partielle sélective), sans la couverture médiatique actuelle, depuis trois décennies par le Club de Paris, des États extérieurs au Club de Paris comme la Chine, les institutions de Bretton Woods (à l’instar de leur initiative Pays pauvres très endettés/PPTE), etc. En fait, beaucoup de bruit pour presque rien, pour pasticher l’autre.

Notes

[1] Pour une brève présentation des étapes de la construction du discours catastrophiste (l’hécatombe à venir de la pandémie en Afrique), cf. Andrea Filipi and Katrin Wittig, « Let’s Decolonize the Coronavirus », roape.net (Review of African Political Economy), 20 avril 2020, http://roape.net/2020/04/20/lets-decolonize-the-coronavirus

[2] En fait, concernant l’habitat urbain, il y a moins de personnes vivant dans une habitation ou une “cour” en Afrique que dans un immeuble urbain dans une société capitaliste développée, avec une entrée principale et un usage commun de l’ascenseur qu’il faut généralement ouvrir avec un doigt (trois fois), sans que cela soit ordinairement suivi du lavage des mains, au moins en arrivant chez soi (avant la pandémie, ce n’était pas si répandu de se rendre à la boulangerie ou au restaurant avec son gel hydro-alcoolique).

[3] « La déclaration de l’OMS fait également partie de ce que j’appelle le théâtre de la pandémie. Les organisations internationales sont toujours mortes de leur inaction, comme par exemple la Société des Nations. L’Onu est toujours préoccupée par sa propre pertinence, son pouvoir et son financement. Mais cet activisme peut aussi converger et permettre la préparation et la prévention réelles dont le monde a besoin pour perturber les chaines de transmission de Covid-19 » selon Rob Wallace (entretien réalisé par Yaak Pabst), « Agrobusiness & épidémie : d’où vient le coronavirus ? », Acta, 13 mars 2020, https://acta.zone/agrobusiness-epidemie-dou-vient-le-coronavirus-entretien-avec-rob-wallace/

[4] Il existe d’autres hypothèses, résumées par Olivier Marbot dans « Coronavirus : décryptage des hypothèses qui expliqueraient la faible contamination en Afrique », Jeune Afrique, 3 mai 2020, https://www.jeuneafrique.com/937712/societe/coronavirus-decryptage-des-hypotheses-qui-expliqueraient-la-faible-contamination-en-afrique/.

[5] Centres africains de contrôle et de prévention des maladies (de l’Union Africaine), Bulletin d’information sur la pandémie de la maladie à Coronavirus, n° 27, 21 juillet 2020, disponible sur https://africacdc.org/covid-19.

[6] Il semble qu’au Moyen-Orient aussi était projeté un désastre : « Le Moyen-Orient avait jusque là déjoué les pronostics pessimistes sur “l’hécatombe tant redoutée” » affirme Jean-Pierre Filiu (« Le très dangereux rebond du coronavirus au Moyen-Orient », Le Monde, 12 juillet 2020, https://www.lemonde.fr/blog/filiu/2020/07/12/le-tres-dangereux-rebond-du-coronavirus-au-moyen-orient/). Par ailleurs, l’alarmisme ne concernait pas que les contrées couramment considérées, avec d’évidents relents coloniaux, comme plus exotiques que les autres (européens, nord-américains) car il a été aussi question, par exemple, de « la figure la plus connue du Sage [Scientific Advisory Group for Emergencies, au Royaume-Uni] Neil Ferguson, dont les projections alarmantes sur le nombre de morts ont pesé lourd dans la décision de pays européens, dont la France, de décréter un confinement total », Joseph Confavreux, « Savoir et pouvoir : ce que la crise sanitaire nous enseigne », mediapart.fr, 11 juillet 2020, https://www.mediapart.fr/journal/france/110720/savoir-et-pouvoir-ce-que-la-crise-sanitaire-nous-enseigne?onglet=full.

[7] Vidya Krishnan, « Coronavirus Threatens Catastroph in India », Foreign Affairs, 25 march 2020, https://www.foreignaffairs.com/articles/india/2020-03-25/coronavirus-threatens-catastrophe-india.

[8] Arundhati Roy (propos recueillis par Sarah Halifa-Legrand), « Si le coronavirus frappe l’Inde, ce sera un cataclysme », NouvelObs, 24 mars 2020, https://www.nouvelobs.com/idees/20200324.OBS26541/arundhati-roy-si-le-coronavirus-frappe-l-inde-ce-sera-un-cataclysme.html

[9] Arundhati Roy, « En Inde, le confinement le plus gigantesque et le plus punitif de la planète », Le Monde, 6 avril 2020, https://www.lemonde.fr/livres/article/2020/04/06/arundhati-roy-en-inde-le-confinement-le-plus-gigantesque-et-le-plus-punitif-de-la-planete_6035741_3260.html

[10] Jean-Luc Racine dans « L’Inde et le Coronavirus : “Exception” Indienne ou Inversion du Monde » (23 mai 2020), Europe Solidaire Sans Frontières, 31 mai 2020, http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article53457.

[11] Yap Boum, Jean-François Etard, Philippe Katchunga Bianga, Cheikh Tidiane Ndour, Samba Sow, Abdoulaye Touré, Leon Tshilolo, « Covid-19 en Afrique : les chiffres reflètent-ils la réalité ? », The Conversation, 26 juillet 2020, https://theconversation.com/covid-19-en-afrique-les-chiffres-refletent-ils-la-realite-141815 (disponible aussi sur Europe Solidaire Sans Frontières, 27 juillet, http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article54177). Leur source concernant les États-Unis est un article du Time (un des principaux journaux états-uniens de référence, de droite) sur le point de presse du Dr. Robert Redfield (directeur des Centres pour le contrôle et la prévention des maladies, CDC), le 25 juin, à la Maison-Blanche (Alice Park, « CDC Head Estimates U.S. Coronavirus Cases Might be 10 Times Higher Than Data Show », Time, June 25, 2020, https://time.com/5859790/cdc-coronavirus-estimates).

[12] Cf., par exemple, Maïka Sondarjee, Jeanne-Marie Rugira, « Covid-19 : apprendre de l’Afrique », The Conversation, July 8, 2020, https://theconversation.com/covid-19-apprendre-de-lafrique-139943)

[13] Il ne peut être question de facteur ethno-racial car aux États-Unis les taux de contamination et de décès des Noir·e·s des classes populaires sont, avec ceux des Natives/Indien·ne·s, des Latinos/Latinas des classes populaires, les plus élevés ; en France la population, des classes populaires, née en Afrique (subsaharienne et septentrionale), des taux élevés de décès. Les raisons sont sociales (conditions de vie et de travail) plutôt qu’ethno-raciales.

[14] Cité par Michel Manciaux, « La résilience. Un regard qui fait vivre », Études, 2001/10, tome 395, p. 321-330, https://www.cairn.info/revue-etudes-2001-10-page-321.htm.

[15] Pour les scénarios de l’impact du Covid-19, cf., par exemple, Commission économique pour l’Afrique, Le Covid-19 en Afrique : Sauver des vies et l’économie, Addis-Abeba, 2020, p. 5-6, https://www.uneca.org/fr/publications/le-covid-19-en-afrique-sauver-des-vies-et-l’économie.

[16] Morin, « Burkina Faso : du Covid-19 au “Pochvid-20” », Wakat Séra, 31 mars 2020, https://www.wakatsera.com/burkina-faso-du-covid-19-au-pochvid-20/. Le virus

[17] Justin Brown, « Covid-19 lockdown : Children eat wild plants to survive as hunger explodes », iol.co.za, July 18, 2020, https://www.iol.co.za/news/south-africa/eastern-cape/covid-19-lockdown-children-eat-wild-plants-to-survive-as-hunger-explodes-51120562

[18] Poloko Tau, Sizwe sama Yende, Setumo Stone, Junior Khumalo, Lubabalo Ngcukana, Queenin Masuabi and Des Erasmus, « Councillors accused of looting food parcels meant for the poor », Citypress, 19 april 2020, https://www.news24.com/citypress/news/councillors-accused-of-looting-food-parcels-meant-for-the-poor-20200419.

[19] Concernant l’impact économique de la pandémie sur les femmes en Afrique, cf., par exemple, le panorama établi par Gavin van der Nest, « Covid-19 and the gender-related economic consequences for Africa », Tralac, 30 July 2020, https://www.tralac.org/blog/article/14819-covid-19-and-the-gender-related-economic- consequences-for-africa.html.

[20] David Mono Danga, Godfrey Kimono, Simon Mkina, « Virus, bandits et galère : avec les forçats de la route dans l’Est africain », Europe Solidaire Sans Frontières, 21 juin 2020, http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article53696 (repris de Courrier International, 17 juin 2020, https://www.courrierinternational.com/article/reportage-virus-bandits-et-galere-avec-les-forcats-de-la-route-dans-lest-africain).

[21] Partout ailleurs aussi, les pauvres sont les plus frappé·e·s, avec une dimension de genre (cf. référence ci-dessus à Gavin van der Nest), une dimension raciale/ethnique (les Noir·e·s, les Hispaniques, les Natives/Indien·ne·s aux États-Unis ; les personnes “issues de l’immigration coloniale” dans telle banlieue de Paris ; les dalits/intouchables en Inde, etc.).

[22] Issa Shivji, « Tanzania – Chickens of capitalist modernity coming home to roost »/ « Out of the Ruins and Rubble : Covid-19 and the fightback in Africa », Review of African Political Economy, 2020 april, 7, https://roape.net/2020/04/07/out-of-the-ruins-and-rubble-covid-19-and-the-fightback-in-africa/ ; cf. aussi, par exemple, Mahamane Thienta (secrétaire général du Syndicat des travailleurs du rail de l’Union des travailleurs du Mali, Sytrail-UNTM), « Si le coronavirus ne nous tue pas, la faim aura raison de nous », Europe Solidaire Sans Frontières, 4 mai 2020, http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article53203. Pour la réalité de l’« aide sociale » aux classes populaires dans l’un des pays les plus touchés en Afrique et au capitalisme considéré comme l’un des plus dynamiques en Afrique, cf. Lofti Chawqui, « Le Maroc face au coronavirus : les crises à venir », NPA2009, 19 mai 2020, https://npa2009.org/actualite/international/le-maroc-face-au-coronavirus-les-crises-venir

[23] Respectivement, Andy Wynne, « Budgets must help us all Survive Covid-19 and beyond » (tapuscrit non publié), Kenneth Good, « Escalating State Repression and Covid-19 : Their Impact on Poor in Kenya », Counterpunch, August 4, 2020, https://www.counterpunch.org/2020/08/04/escalating-state- repression-and-covid-19-their-impact-on-the-poor-in-kenya/.

[24] « Sénégal : “le Covid-19 n’a fait qu’aggraver la situation déjà très compliquée dans le monde rural” selon Sidy Ba », VivAfrik, 5 mai 2020, https://www.vivafrik.com/2020/05/05/senegal-le-covid-19-na-fait-quaggraver-la-situation-deja-tres-compliquee-dans-le-monde-rural-selon-sidy-ba-a35770.html.

[25] La décision de l’administration Trump concernant l’agence onusienne n’est pas en fait originale, car les États-Unis d’Amérique ont déjà eu à quitter une autre agence onusienne, l’Unesco (une première fois de 1984 à 2003, soit de Ronald Reagan à George W. Bush, et depuis 2017), à réduire leur contribution à la FAO à partir de 1996, à geler leur cotisation à l’ONU au cours de la décennie 1990. Chaque fois, c’est en réaction à une politique considérée comme insuffisamment soumise à leur volonté. Par exemple, en 1984, il y avait en toile de fond, la guerre froide et l’esprit du non-alignement manifesté par Amadou Mahtar Mbow ; en 1996 (sous la présidence de Clinton), la relative autonomie que s’était permis leur admirateur Boutros Boutros-Ghali (c’est lui-même qui se considère ainsi dans son livre, Mes années à la maison de verre, 1999) ; en 2020, la pandémie partie de Chine se produit en période de vive tension économico-politique, entre celle-ci et les États-Unis d’Amérique, considérant son hégémonie comme entamée par l’émergence de la Chine. En général pour les États-Unis d’Amérique, il ne devrait y avoir de multilatéralisme, de partenariat que sous son hégémonie, son contrôle ou sa domination, relevant de la mission “divine”, de la “destinée manifeste”, “principe” soutenu par tous les présidents, Barack Obama compris, depuis le 19e siècle.

[26] Mamadou Gazibo et Olivier Mbabia (Observatoire de l’émergence en Afrique), Index de l’émergence en Afrique 2017, Montréal, décembre 2019. Le premier est néanmoins co-signataire d’un appel critiquant l’idée d’une Afrique … émergente (présenté ci-dessus).

[27] L’économiste Felwine Sarr conteste l’idée de l’insoutenabilité des dettes africaines, à partir d’une comparaison des taux d’endettement des États africains (en moyenne 60 % de leur PIB) et de certains États occidentaux (au-delà de 100 %, voire de 200 % de leur PIB). Mais pour son collègue Ndongo Samba Sylla, se référant à une réaction semblable d’un autre économiste africain, concernant le taux très élevé de la dette du Japon (plus de 200 % du PIB), « l’écrasante majorité des économistes standard qui ont pignon sur rue, ne fait pas la distinction élémentaire – et pourtant cruciale et décisive – entre une dette en monnaie nationale et une dette en monnaie étrangère. L’État japonais n’est endetté que dans sa propre monnaie. À l’instar de tous les gouvernements qui émettent leur propre monnaie. Le Japon ne peut jamais manquer d’argent (c’est-à-dire des entrées électroniques sur des comptes bancaire. Il ne pourrait jamais être dans une situation où il ne pourrait pas payer les obligations libellées dans sa propre monnaie […] Tel n’est pas le cas de la plupart des pays africains dont la dette publique est principalement libellée en monnaie étrangère. S’ils ne peuvent pas être insolvables dans leur propre monnaie, ils peuvent l’être en revanche en monnaie étrangère. Quand un pays africain s’endette en dollar, il devra trouver des dollars pour rembourser sa dette au moment du paiement » (Ndongo Samba Sylla, « Endettement en monnaie étrangère en tant de crise = perte de souveraineté », blogs.mediapart.fr, 22 avril 2020, https://blogs.mediapart.fr/fanny-pigeaud/blog/210420/endettement-en-monnaie-etrangere-en-temps-de-crise-perte-de-souverainete). L’impact social immédiat de ce surendettement n’est pas le même : par exemple, à la différence de certains cas africains, les retraité·e·s japonais·e·s ne subissent pas des mois de non paiement de leur pension, voire de non paiement des salaires pour les fonctionnaires.

[28] Pour un aperçu sur la dette des États africains au temps du nouveau virus corona, cf., par exemple, Milan Rivié, « Dette et Coronavirus : L’Afrique pourra-t-elle se prémunir des effets délétères du système capitaliste et des politiques néolibérales ? », 1er avril 2020, www.cadtm.org/Dette-et-Coronavirus-L-Afrique-pourra-t-elle-se-premunir-des-effets-deleteres ; Fanny Pigeaud, « L’Afrique asphyxiée par sa dette extérieure », Mediapart, https://www.mediapart.fr/journal/international/150420/l-afrique-asphyxiee-par-sa-dette-exterieure.

[29] Sarah Dalglish, « Covid-19 gives the lie to global health expertise », The Lancet, vol. 395, April 11, 2020, p. 1189, https://www.thelancet.com/journals/lancet/article/PIIS0140-6736(20)30739-X.

[30] « Macky Sall : “Un couvre-feu élargi, mais pas de confinement” au Sénégal », RFI, 17 avril 2020 (modifié le 18 avril), http://www.rfi.fr/fr/afrique/20200417-macky-sall-rfi-couvre-feu-élargi-mais-pas-confinement-sénégal.

[31] CADTM, « Atelier sur la dette de l’Afrique à l’Union Africaine (Addis-Abeba) », 12 avril 2005, www.cadtm.org/Atelier-sur-la-dette-de-l-Afrique.

[32] Sankara était pour une répudiation collective en n’y intégrant pas les dettes illégitimes, ce qui présuppose un audit : « En fait ce n’est pas l’action isolée et usurière d’un banquier qui nous impose de payer la dette, mais tout un système organisé. Celui-ci permet qu’en cas de non règlement, on puisse bloquer vos avions sur un aéroport […] Alors, ne pas payer la dette exige que nous allions en front uni. Tous les États doivent agir ensemble à condition, bien sûr, que nous acceptions de faire notre autocritique sur notre propre gestion de ces ressources. Lorsque certains ont contracté des dettes énormes pour des dépenses personnelles somptuaires, ils ne méritent pas que nous nous mobilisions pour les soutenir », Thomas Sankara, in Jean Ziegler et J. Ph. Rapp (propos recueillis par), Thomas Sankara. Un nouveau pouvoir africain, Lausanne, Pierre-Marcel Favre/ABC, 1986, p. 81, en libre accès sur le site de Les Classiques des sciences sociales : http://classiques.uqac.ca/.

[33] Julien Bouissou, « Une partie de l’aide au développement des pays pauvres est détournée vers les paradis fiscaux » (Le Monde, 21 février 2020, https://www.lemonde.fr/economie/article/2020/02/21) qui parle d’un rapport de trois chercheurs publié par la Banque mondiale après quelques péripéties : « Un article publié, le 13 février par le magazine britannique The Economist laisse entendre que les hauts responsables de la Banque mondiale n’ont pas franchement apprécié les conclusions des trois chercheurs, dont deux sont indépendants. La publication du rapport aurait été bloquée, en novembre 2019, par l’état-major de l’institution dont le siège est à Washington, ce qui aurait précipité le départ de son économiste en chef, Pinelopi Goldberg, qui a annoncé sa démission, début février, seulement quinze mois après sa nomination. “Il est possible que la Banque mondiale l’ait irritée en décidant de bloquer la publication d’une étude de son équipe”, écrit The Economist ».

[34] Cesar Calderon, Gerard Kambou, Calvin Zebaze Djiofack, Vijdan Korman, Megumi Kubota, Catalina Cantu Canales, Africa’s Pulse, No. 21 (Avril 2020) : Évaluation de l’impact économique du Covid-19 et des réponses politiques en Afrique subsaharienne, Washington, Groupe de la Banque mondiale, p. 6.

[35] Kristalina Georgieva (directrice générale du FMI), citée dans le Communiqué de presse n° 20/151 du FMI : « Le conseil d’administration du FMI approuve un allègement de la dette immédiat pour 25 pays », 13 avril 2020, https://www.imf.org/fr/News/Articles/2020/04/13/pr20151-imf-executive-board-approves-immediate-debt-relief-for-25-countries.

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