Édition du 16 avril 2024

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Afrique

Afrique : pillage capitaliste et violence intégriste

En Afrique, Il existe trois foyers principaux de djihadisme : la Somalie avec les Shebab, le Nigeria avec Boko Haram et la zone sahélo-saharienne avec principalement AQMI et Al-Mourabitoune.

Ces groupes restent très différents entre eux, tant aux niveaux religieux, financier que par leur agenda. Il n’y a pas non plus de réelle coordination, seulement des aides ponctuelles. C’est ainsi que l’on a pu voir quelques membres de Boko Haram au Mali quand les djihadistes se sont emparés de la partie nord du pays. Ce qui est identique par contre, c’est la politique des gouvernements locaux et occidentaux qui se résume à une simple réponse militaire dont l’efficience est pour le moins douteuse au vu de l’augmentation de la violence qui s’étend à d’autres pays.

La Somalie en est une bonne illustration. Les USA ont soutenu contre les djihadistes les chefs de clans féodaux, ceux-là mêmes qui avaient plongé le pays dans une guerre civile pendant des décennies. La Maison Blanche a même poussé les pays limitrophes comme l’Éthiopie, Djibouti mais aussi le Kenya à intervenir. Pourtant, ces différentes armées n’arrivent toujours pas à venir à bout des Shebab qui, en représailles, ont organisé des attentats à Djibouti et au Kenya. C’est ainsi que dans ce pays les réfugiés somaliens sont stigmatisés par une partie de la population et sont les victimes quotidiennes de violences des forces de l’ordre kényanes.

Les autorités nigérianes n’ont répondu à Boko Haram que par une violence aveugle souvent tournée contre les populations civiles, ce qui a renforcé la secte et l’a poussée dans une cruauté extrême.

L’appui des pays occidentaux à des régimes illégitimes et corrompus, tout comme les interventions militaires directes, ne règlent en rien les problèmes. Les populations des pays sahéliens, en premier lieu les Maliens, souffrent encore des conséquences de l’irresponsabilité des Sarkozy, Cameron et leur intervention armée en Libye.

Militarisme et FMI

Si les réponses militaires restent un échec, c’est parce que ces milices islamistes ont réussi à se construire une base sociale parmi les populations qui sont laissées sur le carreau par les politiques ultralibérales inspirées par l’Europe et les États-Unis et appliquées avec zèle par une élite locale discréditée.

Une des conséquences des politiques économiques du FMI et de la Banque mondiale dans les pays africains a été la destruction des services publics, qui sont maintenant partiellement pris en charge par des confréries islamiques, la plupart financées par les pays du Golfe. Ainsi par exemple, faute de moyens, l’école publique dans beaucoup de pays africains cède le pas aux madrassa, ces écoles coraniques, qui enseignent aux jeunes un islam wahhabite particulièrement réactionnaire.

La lutte contre ces groupes et leur logique totalitaire – dont les populations, souvent musulmanes, sont les premières victimes – est un impératif. Ces milices croissent sur le terreau de la misère, elles utilisent une jeunesse désœuvrée sans avenir. Il n’est pas anodin qu’Abubakar Shekau, le dirigeant de Boko Haram, soit un ancien enfant des rues sans instruction ni éducation religieuse, contrairement à Mohamed Yusuf le fondateur de cette secte.

La réponse doit être avant tout sociale et donne pleinement sens à la lutte contre la dette qui écrase les populations, contre les APE (accords de partenariat économique) qui contribuent à détruire le tissu économique des pays africains au profit des multinationales européennes, contre le soutien du gouvernement français aux différents potentats qui sévissent en Afrique et empêchent toute évolution démocratique.

Plus que jamais, le message de Thomas Sankara reste d’actualité : « Ni le Coran, ni la Bible, ni les autres n’ont jamais pu réconcilier le riche et le pauvre ! »

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