Édition du 11 novembre 2025

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Environnement

Boisé des Châtels : ce que la ville « protégera » et à quel coût

Le Conseil de la ville de Québec a adopté, le 16 septembre dernier, des promesses de vente et d’échange de terrain entre le propriétaire actuel et la ville dans le dossier du boisé des Châtels.

Ville de Québec, le dimanche 5 octobre 2025

Le Conseil de la ville de Québec a adopté, le 16 septembre dernier, des promesses de vente et d’échange de terrain entre le propriétaire actuel et la ville dans le dossier du boisé des Châtels. Ces ententes concernent des parcelles situées sur une mosaïque de milieux naturels d’environ un km2 visée par un plan particulier d’urbanisme (PPU). Les transactions imminentes, avec l’argent public, ne permettront pas d’assurer une protection significative des milieux naturels du secteur.

Dans la zone prévue pour du développement industriel, un terrain destiné à devenir un « corridor de biodiversité » se situe sous une ligne de transmission d’Hydro-Québec. D’autres parcelles, également non constructibles, incluent la partie du ruisseau Ste-Barbe longeant des habitations. Une bande d’un milieu humide de qualité serait également acquise. Le coût s’établit à 143$/m2 comparativement à une vingtaine de dollars le mètre carré selon l’évaluation municipale au 1er juillet 2023.

Dans la zone nord, destinée au développement résidentiel, un échange de terrain aura lieu. Cela permettra à la ville d’établir un second corridor de biodiversité, dans un milieu humide d’intérêt. Comme la ville obtiendrait plus de superficie qu’elle en céderait, elle absorbera une facture de 177$/m2. Aucun document public ne fait état de la valeur municipale des terrains qui seraient achetés par la ville. Par contre, en effectuant le croisement des lots impliqués par la future transaction, l’évaluation municipale serait de 22$ et 30$ le mètre carré.

« Il y a lieu de remettre en cause ces ententes avant leur signature devant notaire, car elles vont à l’encontre des objectifs de ‘‘développer autrement’’ et de ‘’pérenniser des milieux naturels’’ auxquels elles sont censées répondre. Non seulement, la ville n’achètera pas tout le ruisseau Ste-Barbe, mais elle en cédera une partie. Et c’est sans compter qu’elle acquerra un terrain sur lequel se situe une ligne de haute tension d’Hydro-Québec. » affirme Ruthbec Laau-Trépanier, juriste en droit de l’environnement.

Dans le même ordre d’idée, Nancy Villeneuve, Mère au front pour six enfants et cinq petits-enfants, estime que «  Les milieux naturels résiduels vont dépérir car ils seront morcelés par du développement et par une nouvelle route à 4 voies. On se demande même si les terrains cédés au nord du PPU par la ville au promoteur ne serviront justement pas à créer cette route prolongeant la rue John-Simons, route qui causera du bruit et de la pollution de l’air dommageables aux humains et aux autres êtres vivants. »

« 

Développer autrement, ça doit aussi signifier que la population va enfin avoir accès à du logement social, communautaire et vraiment abordable. Or, les prix négociés par la ville pour ses acquisitions de terrain nous apparaissent excessifs. Cela se reflétera nécessairement sur le coût de l’habitation. Il ne faudrait pas que les transactions de la ville entraînent de la spéculation foncière. » ajoute Jade Saint-Georges, Mère au front pour Milo, Éloi et tout le vivant.

« 

Développer autrement ne peut pas signifier détruire un boisé et un milieu humide pour construire des industries à proximité de cours d’eau. Il faut cesser de détruire les aires de repos, de reproduction et les sources de nourriture des animaux habitant le territoire de la ville de Québec. Même les friches jouxtant des boisés jouent un rôle important pour la survie de plusieurs oiseaux et autres animaux. Elles aussi captent le carbone et rafraichissent l’air. Au moment où il reste seulement 14% en surfaces boisées dans le périmètre urbain de la ville de Québec et 2,4% en milieux humides, boisés ou non, il est urgent de véritablement développer autrement, comme sur les vastes surfaces asphaltées et à partir des nombreux bâtiments inutilisés. » conclut Charles Hurtubise, à la défense du vivant.

Photos des milieux naturels des Châtels sur ce site.

Sources principales : Sommaire décisionnel DE-2025-282 ; Registre foncier, Carte interactive de la ville de Québec, Portrait des boisés, ville de Québec

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