Édition du 30 avril 2024

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Brèves remarques sur le panel de discussion auquel participait huit dirigeant.e.s des grandes centrales et des syndicats indépendants le vendredi 29 avril 2022 à l’UQAM

Il faut au départ souligner le caractère singulier de l’événement qui réunissait hier soir huit des président.e.s des grandes centrales syndicales (CSD, CSN, CSQ et FTQ) et des fédérations ou des syndicats indépendants (APTS, FAE, FIQ et SFPQ) et féliciter les personnes et les groupes à l’origine de cette initiative (À babord !, SPUQ et Luttes communes). Ceci étant dit, il faut se poser la question suivante : que peut-on retenir de cet événement que l’auteur des présentes lignes a écouté en diffusion sur Facebook ?

Une grande idée

La grande idée qui a été mentionnée (et il s’agit d’une idée qui circule depuis peu) est celle qui a été portée à notre attention par le président de la FTQ, Daniel Boyer. Il s’agit de la convocation éventuelle des États généraux du syndicalisme au Québec. L’idée de rassembler les grandes organisations syndicales autour d’une même table et d’y impliquer plusieurs de ses salarié.e.s et élu.e.s ne constitue pas en soi une première dans l’histoire du Québec. Il y a déjà eu dans le passé des événements qui avaient pour effet de rassembler les principales organisations syndicales dans divers types d’événements (coalition ou rassemblement). Par contre, réunir et rassembler pour discuter de la place des syndicats et de leur rôle dans notre société après quarante années de néolibéralisme et après des siècles d’un mode de développement dévastateur pour l’avenir de l’humanité et de la planète peut s’avérer une idée fort importante et intéressante dans la présente conjoncture. Faire le bilan du syndicalisme qui se pratique par des femmes et des hommes, autant dans le secteur public que privé, peut déboucher sur des perspectives de réalignement intéressantes à court, moyen et long terme.

Le syndicalisme a une histoire riche. Une histoire qui s’est tissée autour d’un syndicalisme de société, d’un syndicalisme communautaire, d’un syndicalisme de métiers, d’un syndicalisme industriel, d’un syndicalisme d’entreprise, d’un syndicalisme d’affaires, d’un syndicalisme corporatiste, d’un syndicalisme de boutique, d’un syndicalisme de combat, d’un syndicalisme jaune, d’un syndicalisme rouge, d’un syndicalisme social-démocrate, de l’anarcho-syndicalisme, d’un syndicalisme militant, d’un syndicalisme social, d’un syndicalisme de mobilisation, d’un syndicalisme de mouvement social, d’un syndicalisme révolutionnaire, d’un syndicalisme confessionnel, d’un syndicalisme de cols bleus, d’un syndicalisme de cols roses, d’un syndicalisme de cols blancs, d’un syndicalisme professionnel, etc.. Faire le point sur les pratiques et le type d’organisation à privilégier pour affronter les enjeux auxquels nous sommes confrontés peut être porteur d’un meilleur avenir pour toutes et tous.

Quel avenir pour le syndicalisme à l’ère de la quatrième révolution industrielle, dans un contexte où le télétravail s’imposera de plus en plus et où se jouera l’avenir des programmes sociaux, des services publics et également l’avenir de la planète et des personnes qui l’habitent ? La division organisationnelle est-elle préférable réellement à l’union du plus grand nombre ?

Mais d’ici la tenue de ces États généraux, les organisations syndicales réellement intéressées par une démarche de solidarité pourraient tenir une conférence annuelle conjointe ayant pour but l’élaboration d’une plate-forme commune de revendications, accompagnée d’un plan d’action et d’une tournée provinciale d’information. Nous sommes dans le week-end de la Journée internationale des travailleuses et des travailleurs, une journée où à l’origine les prolétaires étaient invités, chaque 1er mai, à exprimer leurs revendications sur la place publique. Grandes et nombreuses sont les revendications des salariéEs syndiquéEs ou non en faveur d’un monde plus juste, inclusif, égalitaire et équitable.

Autres remarques

L’absence de la présidente du Syndicat des professionnel.le.s du gouvernement du Québec a été soulignée par la présidente de la CSN, Caroline Senneville. Pourquoi cette absence de la présidente Line Lamarre ?

Combien y avait-il de journalistes dans la salle ? Il me semble que cet événement méritait non seulement d’être diffusé sur le WEB, mais d’être couvert également par la presse écrite et les autres médias électroniques. Cette absence est-elle reliée à la perte d’influence et de crédibilité du mouvement syndical dans son ensemble depuis l’offensive patronale et gouvernementale qui remonte au milieu des années soixante-dix du siècle dernier ? Poser la question c’est suggérer un début de réponse ici. Si jamais les États généraux ont lieu, espérons une plus grande couverture médiatique d’un tel événement.

Yvan Perrier

30 avril 2022

10h

yvan_perrier@hotmail.com

Yvan Perrier

Yvan Perrier est professeur de science politique depuis 1979. Il détient une maîtrise en science politique de l’Université Laval (Québec), un diplôme d’études approfondies (DEA) en sociologie politique de l’École des hautes études en sciences sociales (Paris) et un doctorat (Ph. D.) en science politique de l’Université du Québec à Montréal. Il est professeur au département des Sciences sociales du Cégep du Vieux Montréal (depuis 1990). Il a été chargé de cours en Relations industrielles à l’Université du Québec en Outaouais (de 2008 à 2016). Il a également été chercheur-associé au Centre de recherche en droit public à l’Université de Montréal.
Il est l’auteur de textes portant sur les sujets suivants : la question des jeunes ; la méthodologie du travail intellectuel et les méthodes de recherche en sciences sociales ; les Codes d’éthique dans les établissements de santé et de services sociaux ; la laïcité et la constitution canadienne ; les rapports collectifs de travail dans les secteurs public et parapublic au Québec ; l’État ; l’effectivité du droit et l’État de droit ; la constitutionnalisation de la liberté d’association ; l’historiographie ; la société moderne et finalement les arts (les arts visuels, le cinéma et la littérature).
Vous pouvez m’écrire à l’adresse suivante : yvan_perrier@hotmail.com

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