
Zones sacrifiées
Oeuvre collective sous la direction d’Anaïs Barbeau-Lavalette, Véronique Côté, Isabelle Fortin-Rondeau, Steve Gagnon et Jennifer Ricard Turcotte
Cet ouvrage à plusieurs voix s’inscrit dans la lutte contre les émissions toxiques émises par la Fonderie Horne de Rouyn-Noranda avec leurs effets délétères sur la population. Le complexe industriel rejette en effet sur la ville depuis plusieurs décennies un véritable cocktail de polluants comprenant des métaux lourds, comme de l’arsenic, du plomb, du nickel et du cadmium. Il émet par exemple jusqu’à 100 nanogrammes d’arsenic par mètre cube, ce qui est de loin supérieur à la norme prévue par le gouvernement du Québec, qui est de 3 nanogrammes par mètre cube. Un véritable cri du coeur... auquel nous devrions joindre notre voix.
Extrait :
Depuis des décennies, les gouvernements connaissent la vérité. Pourtant, ils laissent faire la compagnie, et la population qui leur demande des comptes est trop peu nombreuse, trop loin, trop isolée pour être considérée. Mais il n’est pas trop tard pour faire corps.

Les lettres de prison de Nelson Mandela
Nelson Mandela
Versions originales en afrikaans, en isiXhosa et en anglais
Je n’étais pas né quand Nelson Mandela a été emprisonné en 1962, et j’en avais presque vingt-sept lorsqu’il a enfin été libéré en février 1990. La lecture de cette sélection de 255 lettres de prison à sa femme Winnie, à ses enfants et à ses proches et amis, mais aussi aux autorités des prisons et à des officiels gouvernementaux, sur une si longue période de temps – et de ma propre vie – m’a permis de bien mesurer la détermination et l’héroïsme de ce grand combattant pour l’égalité des populations noires et blanches sous le sinistre régime de l’apartheid de l’Afrique du Sud. Un recueil de précieuses lettres qui disent toute la vérité sur une société profondément raciste !
Extrait :
En 1968, la mère de Mandela, Nosekeni, mourut. On refuse à Mandela l’autorisation d’assister à l’enterrement. L’année suivante, son fils aîné, Thembi, fut tué dans un accident de voiture. À nouveau, sa demande d’aller sur sa tombe fut ignorée. Il resta incarcéré pendant que ses amis et ses parents tenaient sa place à l’enterrement. Les lettres qu’il écrivit à cette époque disent sa profonde angoisse devant ces pertes terribles.

La saga des Béothuks
Bernard Assiniwi
C’est le plus connu des trois romans de Bernard Assiniwi et assurément le plus significatif. Il nous raconte l’histoire des Béothuks, cette nation amérindienne qui occupait l’île de Terre-Neuve et qui fut exterminée par les Anglais au XIXe siècle - sa dernière représentante, Shanawditith, mourant en 1829. Il se divise en trois parties : la première, qui commence vers l’an 1000 avec un jeune Béothuk, Anin, qui part à la découverte de l’île et y fait entre autres la découverte des Vikings ; c’est la plus agréable, puisqu’elle correspond en quelque sorte à l’âge d’or de la nation ; la seconde couvre plus ou moins les XVIe et XVIIe siècles et voit l’arrivée dans les eaux entourant l’île des navires européens – portugais, espagnols, français et anglais - à la découverte et à la conquête du monde ; la dernière couvre les deux siècles suivants avec l’implantation des Anglais dans l’île et le triste sort réservé aux Béothuks ; c’est alors pour ceux-ci la longue décente aux enfers… Le roman est jalonné de faits et de personnages réels. C’est assurément un roman à lire pour tous ceux qui s’intéressent à la véritable histoire des peuples autochtones et à leur triste – et continuel – asservissement.
Extrait :
Comment pouvez-vous même oser dire que vous êtes Béothuks si vous affichez de telles mines de morts vivants ? Vous n’avez pas le droit de laisser tomber. Vous devez continuer à vous battre, ou alors ayez le courage de vous suicider tous, sans exception. Lorsqu’on n’a plus la force de vivre, il faut au moins avoir le courage de mourir. C’est la seule dignité qui vous reste. Ayez au moins la dignité, si vous n’avez pas de courage. Moi, j’ai décidé de vivre. Que ceux qui ne désirent plus voir le ciel, les rivières et les arbres se retirent de ma vie. Je ne veux voir près de moi que des gens qui veulent vivre. Les autres, allez tous vous jeter devant les fusils des Anglais. Vous ne méritez pas mieux.
Les mots
Jean-Paul Sartre
Jean-Paul Sartre nous raconte ici son enfance. Il ne nous la raconte pas avec nostalgie, comme la plupart l’ont fait avant lui, en nous faisant l’éloge de leurs belles années perdues. Il nous raconte plutôt, avec sagacité, comment, à travers les mots, il a découvert l’existence, Il le fait sans complaisance et avec lucidité, et c’est ce qui donne toute sa richesse au récit.
Extrait :
J’ai commencé ma vie comme je la finirai sans doute : au milieu des livres. Dans le bureau de mon grand-père, il y en avait partout ; défense était faite de les épousseter sauf une fois l’an, avant la rentrée d’octobre. Je ne savais pas encore lire que, déjà, je les révérais, ces pierres levées : droites ou penchées, serrées comme des briques sur les rayons de la bibliothèque ou noblement espacées en allées de menhirs, je sentais que la prospérité de notre famille en dépendait. Elles se ressemblaient toutes, je m’ébattais dans un minuscule sanctuaire, entouré de monuments trapus, antiques, qui m’avaient vu naître, qui me verraient mourir et dont la permanence me garantissait un avenir aussi calme que le passé. Je les touchais en cachette pour honorer mes mains de leur poussière mais je ne savais pas trop qu’en faire et j’assistais chaque jour à des cérémonies dont le sens m’échappait : mon grand-père si maladroit, d’habitude, que ma mère lui boutonnait ses gants – maniait ces objets culturels avec une dextérité d’officiant. Je l’ai vu mille fois soulevé d’un air absent, faire le tour de sa table, traverser la pièce en deux enjambées, prendre un volume sans hésiter, sans se donner le temps de choisir, le feuilleter en regagnant son fauteuil, par un mouvement combiné du pouce et de l’index puis, à peine assis, l’ouvrir d’un coup sec « à la bonne page » en le faisant craquer comme un soulier. Quelquefois je m’approchais pour observer ces boîtes qui se fendaient comme des huîtres et je découvrais la nudité de leurs organes intérieurs, des feuilles blêmes et moisies, légèrement boursouflées couvertes de veinules noires qui buvaient l’encre et sentaient le champignon.
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