Édition du 20 mai 2025

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Comptes rendus de lecture du mardi 6 mai 2025

Manifeste du Parti communiste
Karl Marx et Friedrich Engels
Traduit de l’allemand

Ça m’a toujours déçu qu’on ne nous parle jamais dans nos cours et livres d’histoire de véritables grands moments de notre histoire commune comme le Printemps des peuples, la Première internationale – de son vrai nom l’Association internationale des travailleurs – ou encore la Commune de Paris. Peut-être ce grand déchaînement d’idées nous aurait-il trop permis à nous et à nos pères et mères de rêver d’un monde meilleur ? Ce débat, pourtant si important entre les communistes de Karl Marx, favorables à la gestion centralisée et à la création de partis politiques, et les libertaires anti-autoritaires et anti-politiques réunis autour de Mikhaïl Bakounine, serait fort éclairant, encore et surtout de nos jours. Le « Manifeste du Parti communiste » est un court manifeste qui établi les bases de la pensée communiste, avec les germes d’une dictature du prolétariat comme phase transitoire dans la lutte contre la bourgeoisie... Sa lecture est formatrice. Je ne saurais trop, dans la même veine, vous recommander la lecture des libertaires pour bien connaître l’autre option, l’option libertaire, toujours possible de nos jours, qui s’offrait aussi alors aux travailleurs et aux sans-voix.

Extrait :

L’histoire de toute société jusqu’à nos jours n’a été que l’histoire des luttes de classes.

Le canard de bois
Louis Caron

« Le canard de bois » est un très beau roman et de loin le meilleur des trois de la trilogie de Louis Caron « Les fils de la liberté ». C’est sans doute aussi le plus émouvant qu’on ait jamais écrit sur les événements de 1837. L’histoire raconte la vie de plusieurs personnages du village de Port Saint-François dans les mois précédant la Rébellion de 1837. Hyacinthe Bellerose, le villageois insoumis, Marie-Moitié, son amante métisse, le notaire Plessis, bourgeois canadien fidèle aux autorités coloniales, le major Hubert, député du Parti des Patriotes, le marchand anglais Smith, l’abbé Mailloux, qui condamne la révolte, et le seigneur Cantlie réagissent à ce soulèvement populaire qui sera durement réprimé. Caron insiste dans ses descriptions sur les conditions de vie misérables des paysans canadiens et sur la mainmise des nobles et des commerçants britanniques sur la colonie. Un de nos très bons romans historiques.

Extrait :

Un bleu de fin de jour. La neige commençait à se tasser au pied de bouleaux. Bruno Bellerose finissait de couper des repousses sur le tracé d’un chemin qui n’avait pas servi depuis plusieurs années. C’était sur la concession des McBride, à une heure de marche du camp, à six heures de camion du plus haut relais de la forêt, à quatre heures d’autobus ensuite de La Tuque, la ville la plus au nord, puis à deux heures de train de Trois-Rivières, d’où il fallait encore prendre le Jean-Nicolet, un bon petit bateau blanc, pour traverser le fleuve jusqu’au Port Saint-François, après quoi il restait encore une bonne demi-heure de marche pour arriver à la maison du père, si jamais il vous prenait l’envie de rentrer chez vous.

J’avoue que j’ai vécu
Pablo Neruda
Traduit de l’espagnol

Cette autobiographie a été publiée en 1974, un an après la mort du poète. Parfois drôle et souvent touchante, elle est éclairante sur cette période de l’histoire qui s’étend du début du siècle aux années 1970. J’ai vraiment beaucoup aimé.

En voici un extrait :

Je veux vivre dans un pays où il n’y ait pas d’excommuniés. Je veux vivre dans un monde où les êtres soient seulement humains, sans autres titres que celui-ci, sans être obsédés par une règle, par un mot, par une étiquette. Je veux qu’on puisse entrer dans toutes les églises, dans toutes les imprimeries. Je veux qu’on n’attende plus jamais personne à la porte d’un hôtel de ville pour l’arrêter, pour l’expulser. Je veux que tous entrent et sortent en souriant de la mairie. Je ne veux plus que quiconque fuie en gondole, que quiconque soit poursuivi par des motos. Je veux que l’immense majorité, la seule majorité : tout le monde, puisse parler, lire, écouter, s’épanouir.

Comme si nous étions déjà libres
David Graeber
Traduit de l’anglais

Un autre bon bouquin publié chez Lux sur lequel il y aurait beaucoup à dire. David Graeber sait remettre les choses en perspective et les faits à leur place. Il soutient ici que seule une « véritable démocratie » – basée sur des principes d’égalité, de participation citoyenne et de recherche du consensus – peut nous permettre de jeter les bases de la société juste et équitable que nous souhaitons. Il s’agirait, pour y arriver, de faire comme si nous étions déjà libres.

Un extrait :

La démocratie n’est pas une invention de la Grèce antique. Le terme démocratie a été inventé dans la Grèce antique, je le concède, mais par des gens qui n’aimaient guère le concept. Et la démocratie comme telle n’a jamais été ’inventée’. Pas plus qu’elle n’émane d’’une quelconque tradition intellectuelle. Elle n’est pas même une forme de gouvernement. Essentiellement, elle repose sur l’idée que les humains sont fondamentalement égaux et devraient pouvoir prendre leurs propres affaires en main, d’une façon égalitaire, et par les moyens qu’ils jugent les plus appropriés.

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Bruno Marquis

Bruno Marquis est un lecteur qui s’est impliqué dans plusieurs organismes voués à la protection de l’environnement, à la paix et à l’élimination de la pauvreté chez les enfants au cours des vingt dernières années. Il publie actuellement une chronique sur l’environnement dans le mensuel Ski-se-Dit. Il a aussi tenu régulièrement une chronique dans le webzine tolerance.ca.

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