Édition du 29 avril 2025

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Comptes rendus de lecture du mardi 29 avril 2025

Histoire de la Révolution mexicaine
Jésús Silva Herzog
Traduit de l’espagnol

J’ai beaucoup aimé ce livre de Jésús Silva Herzog sur la Révolution mexicaine. On y découvre, pendant ces années 1910-1917, les faits et gestes des dictateurs mexicains Porfilio Díaz et Victoriano Huerta et des chefs révolutionnaires Francisco Madero, Venustiano Carranza, Álvaro Obregón, Pancho Villa et Emiliano Zapata. L’auteur y prête une attention particulière aux questions sociales, au partage des terres et à la répression des grèves qui ont poussé des millions de paysans et d’ouvriers à la révolte. Nous sommes aussi en pleine Doctrine Monroe, avec ses conséquences funestes pour le Mexique, mais aussi pour toute l’Amérique latine.

Extrait :

On ne peut cependant nier l’intervention, condamnable à tous les points de vue, du premier mandataire nord-américain dans les affaires intérieures du Mexique. Il est évident qu’il avait l’entière faculté de ne pas reconnaître le gouvernement du criminel dictateur ; mais il n’avait pas le pouvoir d’exiger qu’il renonçât à la présidence, comme il le fit au moyen de deux notes que son chargé d’affaire remit au ministre des Affaires étrangères au mois de novembre de cette sombre année 1913, si funeste à la nation. Une telle ingérence, à l’égal des interventions antérieures de la Maison Blanche et de celles postérieures, de Wilson au Mexique et dans d’autres nations latino-américaines, ne se justifiera jamais devant l’histoire.

Agent Orange - Apocalypse Viêt Nam
André Bouny

Le populaire président américain Barack Obama a terminé son second mandat sans avoir présenté la moindre excuse au peuple japonais pour les bombardements d’Hiroshima et de Nagasaki en 1945, alors que la guerre était vraisemblablement terminée, et sans avoir présenté la moindre excuse au peuple vietnamien pour l’utilisation massive de l’Agent Orange lors de l’occupation américaine du Vietnam de 1961 à 1971. C’est sur ce dernier cas que se penche avec beaucoup de rigueur André Bouny dans son excellent ouvrage « Agent Orange - Apocalypse Viêt Nam ». La guerre livrée par le gouvernement américain au Viêt Nam fut la plus grande guerre chimique de l’histoire de l’humanité. Il n’y a probablement aucun langage suffisamment puissant pour traduire les horreurs des attaques américaines d’alors contre le Viêt Nam - le bombardement des villages, la destruction de l’habitat rural, le massacre de millions de gens, la dévastation d’un paysage magnifique et les effets cruels de l’Agent Orange sur les adultes et les enfants qui ont survécu. Ce livre en est un vibrant témoignage. On ne peut pas ne pas en recommander la lecture.

Extrait :

Aussi atroces que soient les effets des agents chimiques, principalement l’Agent Orange, sur les hommes et leur descendance, ils ne représentent qu’une partie du problème. la destruction intentionnelle des règnes végétal, animal et minéral, par empoisonnement de la terre qui apportait protection et subsistance aux habitants de ces écosystèmes n’a pas de précédent dans l’Histoire de l’humanité.

Les armoires vides
Annie Ernaux

C’est le premier roman d’Annie Ernaux et - comme le reste de son œuvre - il est en grande partie autobiographique. Denise Lesur est une adolescente qui a honte de ses parents, malgré leurs efforts pour qu’elle poursuive ses études. Elle aspire, comme d’autres, à un monde moins vulgaire, plus cultivé, de mieux nantis, à l’image des jeunes filles et surtout des garçons qu’elle cherche à côtoyer. C’est un roman agréable à lire, certes, mais très dur. Le mépris des enfants pour leurs parents de conditions modestes est en mon sens une chose bien cruelle ; surtout, comme dans ce roman, quand il se manifeste avec autant d’intensité et sur une longue période de temps.

Extrait :

Ne pas pouvoir aimer ses parents, ne pas savoir pourquoi, c’est intenable. Personne à qui avouer, je déteste mon père parce que tous les matins la cascade de pisse dans le seau de chambre traverse la cloison, jusqu’à la dernière goutte, que ma mère se gratte en grimaçant sous ses jupes, qu’ils lisent France-Dimanche dont le prof a dit que c’était un torchon, qu’ils disent une hôtel, un anse.

Le municipalisme libertaire
Janet Biehl
Traduit de l’anglais

J’ai lu ce livre parce qu’il s’inspire en grande partie de la pensée de Murray Bookchin, dont j’avais beaucoup aimé « Pour une société écologique », publié chez Écosociété. « Le municipalisme libertaire » est un essai qui vise à instaurer la démocratie là où cela doit être fait, au niveau municipal ou local, et non, de façon faussement représentative, au niveau de l’État ; c’est surtout un essai qui ne transige pas avec l’oligarchie en place et qui ne fait pas de compromis avec la démocratie. Avant de poursuivre, et pour bien comprendre, il faut bien sûr s’entendre sur les termes. On ne parle évidemment pas ici de cette « démocratie » de pacotille qu’on nous claironne dans tous les médias de masse et qui vivrait supposément en symbiose avec le capitalisme — un peu comme une poule avec un renard dans un poulailler. On parle ici de vraie démocratie, où ce sont tous les citoyens qui décident ensemble de ce qu’ils veulent faire. « Le municipalisme libertaire » est un livre à lire pour tous ceux qui s’intéressent au changement et au progrès...

Extrait :

Il est impossible que l’État-nation et le capitalisme survivent indéfiniment. Alors même que ce système creuse le fossé entre riches et pauvres tout autour du monde en un abîme d’inégalité, il suit aussi une trajectoire de collision avec la biosphère. L’impérialisme capitaliste de la "croissance ou de la mort" surtout, qui recherche le profit aux dépens de toute autre considération, s’oppose radicalement aux réalités pratiques de l’interdépendance et des limites, tant du point de vue social que du point de vue de la capacité de la planète à maintenir la vie.

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Bruno Marquis

Bruno Marquis est un lecteur qui s’est impliqué dans plusieurs organismes voués à la protection de l’environnement, à la paix et à l’élimination de la pauvreté chez les enfants au cours des vingt dernières années. Il publie actuellement une chronique sur l’environnement dans le mensuel Ski-se-Dit. Il a aussi tenu régulièrement une chronique dans le webzine tolerance.ca.

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