
Pierre Bourgault
Jean-François Nadeau
Lux éditeur publiait en 2016 une nouvelle édition de la biographie de Pierre Bourgault de Jean-François Nadeau. D’abord parue en 2007 sous le simple titre de « Bourgault », cette biographie sans complaisance nous fait découvrir ce grand orateur et chroniqueur, connu d’abord comme président du Rassemblement pour l’indépendance nationale (RIN), dans toute son originalité et toute sa sensibilité. Jean-François Nadeau est un excellent biographe. J’ai également beaucoup apprécié ses deux autres biographies publiées chez Lux éditeur, qui jettent aussi une lumière crue sur deux autres pans de notre histoire, celle de Robert Rumilly, publiée en 2009, et celle d’Adrien Arcand, führer canadien, publiée en 2011.
Extrait :
Même au plus fort de la crise intérieure qui secoue le RIN ou à l’occasion des grandes manifestations sur la question linguistique, comme celle de McGill français en 1969, il appert que le réseau social de Bourgault n’est pas strictement politique. On ne le répétera jamais assez. Bourgault apprécie d’abord et avant tout un univers d’artistes plus ou moins bohèmes. Ce monde-là est vraiment le sien. Beaucoup plus, en fait, que celui des politiciens professionnels. L’homme est attiré, comme il le sera toute sa vie, par le vedettariat, les plateaux, la lumière, la reconnaissance publique et l’univers de la consommation du divertissement.

Attendez que je me rappelle...
René Lévesque
René Lévesque est décédé il y a plus de trente-sept ans. Nous l’aimions bien mon frère Paul et moi. Paul, qui a lu trois ou quatre de ses biographies, parfois en plusieurs volumes, en sait en fait bien davantage que moi sur ce grand politicien. J’ai pour ma part beaucoup aimé « Attendez que je me rappelle... », son autobiographie écrite quelques années avant sa mort. On y découvre un homme et un politicien attachant et sincère, un homme de coeur et de conviction. On y redécouvre aussi dans le détail toute l’histoire politique de l’époque. Je recommande cette lecture des plus intéressantes à tous ceux qui s’intéressent à la politique et à l’avenir et particulièrement aux moins de trente ans qui n’ont pas connu René Lévesque.
Extrait :
Les autres ne m’en voudront pas de souligner que nos modestes succès reposèrent en grande partie sur le talent d’une collègue sans pareille. Il est moins banal qu’il ne semble de rappeler que Judith Jasmin parlait et écrivait une langue non seulement correcte mais d’une pureté de source. D’elle-même, elle exigeait le maximum tout en demeurant disponible chaque fois qu’un ouvrage mal foutu était à reprendre ou un absent à remplacer au pied levé. Rien de bonasse, cependant, chez cet esprit sans cesse en éveil, capable de s’appuyer sur une structure faite d’expérience et de culture bien digérées. Sa connaissance de l’art, du théâtre surtout, se mariait d’étonnante façon à un vif souci de précision et de franchise dans le récit des faits. De plus, je n’ai connu personne qui fût plus écorchée par l’injustice. Elle avait ses défauts, si c en est un, par exemple, de ne pouvoir tolérer la bêtise et les faux-semblants. En un mot, Judith Jasmin, camarade et amie pendant quelques belles années, était une grande journaliste et une femme exceptionnelle dont la carrière si cruellement abrégée par la maladie l’avait déjà menée au sommet de notre métier.

René Lévesque - Portrait d’un homme seul
Claude Fournier
J’ai beaucoup aimé ce portrait de René Lévesque que nous dressait il y a une trentaine d’années l’écrivain et réalisateur Claude Fournier (qui nous a quitté en mars dernier). Il s’amorce avec l’entrée en politique de Lévesque en 1960, au sein du parti Libéral de Jean Lesage, et se termine avec sa mort en 1987. C’est un portrait sans compromis du grand homme politique, qui nous en expose les qualités comme les défauts tout au long de ces vingt-cinq années mouvementées sur le plan politique, avec la nationalisation de l’électricité, le mouvement souveraineté-association, la création du Parti Québécois, son élection, ses importantes réalisations sur le plan social et culturel, le premier référendum sur la souveraineté, la nuit des longs couteaux, le beau risque… Une biographie parmi d’autres de cette imposante figure politique dont je vous recommande la lecture.
Extrait :
Je demeure convaincu que nous avons un rendez-vous avec l’histoire, un rendez-vous que le Québec tiendra, et qu’on y sera ensemble vous et moi pour y assister. Je ne peux pas vous dire quand ni comment, mais j’y crois !
René Lévesque et la communauté juive
Victor Teboul
Victor Teboul est un écrivain québécois natif d’Alexandrie en Égypte, pays qu’il devait quitter avec ses parents en 1956 à la suite des expulsions juives de la guerre de Suez. Il est surtout connu pour avoir fondé il y a une trentaine d’années le fameux webzine Tolerance.ca et pour sa connaissance pointue des relations avec les communautés juives du Québec et du Canada. Ce brillant petit essai, que j’ai beaucoup apprécié, refaisait surface il y a quelque temps à la suite d’une chronique de Mathieu Bock-Côté dans le Journal de Montréal. Le chroniqueur, prévient Victor Teboul, « verse dans la démagogie en abordant le conflit israélo-palestinien. Il soutient sans nuance le point de vue de l’establishment de la communauté juive et évoque même René Lévesque, lequel était bien loin de soutenir les gouvernements de droite israéliens, comme celui de Menahem Begin à l’époque de Sabra et Chatila. »
Extrait :
Plus tard, dans l’amphithéâtre bondé de Sir-George, Lévesque était ovationné par l’auditoire presque exclusivement anglophone qui avait écouté son discours. Je me rendais compte alors combien il incarnait un idéal qui dépassait la cause indépendantiste. Il représentait des valeurs pour lesquelles nous, étudiants, luttions, quelle que fût notre origine ou notre langue, soit la dignité, l’égalité, la justice. Et sans doute représentait-il aussi une certaine forme de liberté. Peut-être se situait-il dans nos esprits quelque part entre Che Guevara et Salvador Allende, lequel d’ailleurs allait prendre le pouvoir au Chili en septembre 1970. Durant cette période effervescente qui précédait la crise d’Octobre, plusieurs courants de la gauche anglophone – et juive – étaient favorables au mouvement représenté par René Lévesque.
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