Édition du 23 avril 2024

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Québec

Coronavirus : la CAQ seule sur la glace

Le Québec et le monde connaissent une situation inédite avec la crise du coronavirus. Jamais nous n’avons été impliqués dans une situation au potentiel aussi dramatique depuis des décennies. La situation actuelle fait écho aux épisodes de crises sanitaires du SRAS et de la grippe H1N1 que nous avons connu au début de ce siècle. Une crise d’une telle ampleur peut ouvrir la porte à une dérive autoritaire et à des mesures qui, à terme, profiteront à une minorité privilégiée. Une situation qui devrait inciter les organisations syndicales, populaires et la gauche politique à une saine méfiance face à la gestion de la crise par la CAQ. Il est clair que la CAQ tente d’utiliser la concentration des médias sur cette crise du coronavirus et l’anxiété de la population pour renforcer son hégémonie politique. Nous assistons à un match où la CAQ semble jouer seule sur la glace.

Loin de nous l’intention de minimiser la gravité d’une crise de santé publique comme celle que nous connaissons. Il ne s’agit pas de s’opposer à des mesures de bon sens au prétexte qu’elles seraient proposées par les autorités gouvernementales, mais nous refusons toute forme d’union nationale et nous comptons d’abord sur la défense des revendications des secteurs les plus impactés par la crise et sur la mobilisation indépendante des organisations de la majorité populaire autour d’un plan d’urgence sociale et sanitaire.

Mais il n’est pas question de laisser à la CAQ l’occasion de faire oublier sa gestion néolibérale alors que c’est le même parti qui retirait les primes d’attraction et de rétention aux employé.e.s du secteur public il y a de cela quelques jours à peine. C’est le même parti qui propose des augmentations de salaire sous le seuil de l’inflation aux salarié.e.s de la fonction publique et qui affiche du mépris pour ses salarié.e.s. C’est le même parti qui soutenait les mesures d’austérité dans le secteur de la santé lorsqu’il était dans l’opposition contribuant ainsi aux problèmes actuels. C’est le même parti qui a refusé dans son dernier budget d’assurer de meilleures ratio aux infirmières et infirmiers écrasés par la tâche. C’est ce parti qui a refusé d’augmenter le salaire minimum pour soutenir le revenu des plus vulnérables. On ne peut laisser les mains libres à ce gouvernement des patrons et espérer qu’il se transforme soudainement en parti de la solidarité et de la justice sociales. Une vigilance de tous les instants est de mise pour les organisations de la société civile, des classes ouvrières et populaires.

La crise du Covid-19 a exacerbé une récession internationale qui est déjà en cours depuis des mois et qui risque d’être plus profonde encore que celle de 2008. La vulnérabilité de la Chine comme point d’origine de la crise de santé publique a fait la démonstration que l’organisation de la mondialisation économique est vulnérable à une désorganisation du secteur des transports comme c’est le cas actuellement. Les effets de cette récession risquent de provoquer des vagues de licenciements majeurs, des fermetures d’entreprises et des faillites bancaires. Nous passerons alors d’une situation de pénurie de main d’oeuvre à une croissance importante du chômage pour une large proportion de la population. Les fermetures des frontières peuvent aussi ralentir le commerce entre les pays et contribuer à l’aggravation d’une telle crise. Le coronavirus n’aura pas que des impacts sur la santé des gens. Il sera aussi révélateur d’une série de lacunes du système économique actuel. Il peut par ailleurs aussi ouvrir les portes à de nouvelles approches préconisées par de nombreux économistes et écologistes comme l’économie de proximité, la souveraineté alimentaire et la décroissance de la consommation inutile. C’est la responsabilité d’un parti comme QS d’en initier la réflexion.

L’opposition libérale est en pleine déroute et le PQ devient de plus en plus le faire-valoir de la CAQ. Il n’existe aucune opposition à la CAQ digne de ce nom de la part des partis néolibéraux. Dans un tel contexte, les organisations représentatives des classes populaires doivent exercer une vigilance de tous les instants face à la CAQ. Québec solidaire devrait être les yeux, les oreilles et la parole de ceux et celles qui risquent le plus dans une telle crise, l’outil de la défense de leurs intérêts. Or, la formation de gauche est soudainement devenue aphone face à cette situation. En effet, les consignes qu’émet QS à ses membres sont déconcertantes : suspension de la campagne 2020 ; report des activités publiques du parti et de son conseil national prévu en mai prochain ; fermeture du bureau national et télétravail des employé.e.s ; mutisme face à la CAQ. Rien sur les mobilisations essentielles pour éviter de faire porter le poids de cette crise sur les plus vulnérables comme ces gens du secteur de la culture, du tourisme et de la restauration qui risquent de payer un fort prix pour cette crise. Rien sur une réflexion sur les façons de contourner la situation pour maintenir la vie démocratique du parti (un parti en ligne ?). On assiste à l’éclipse du parti face à la CAQ.

Dans le contexte actuel, il faudrait plutôt une voix qui prend le parti des plus vulnérables, des salarié.e.s qui, tant dans le secteur public que privé doit faire en sorte que les conséquences de la crise ne frappent pas d’abord les moins favorisés de notre société. Forcer la CAQ à investir les sommes nécessaires et une embauche massive immédiate dans le secteur de la santé dans des conditions qui respectent les conditions émises par les organisations représentatives de ces salarié.e.s, défendre les travailleuses et les travailleurs du secteur public dans leur négociation avec le gouvernement de la CAQ et forcer celui-ci à prendre des engagements fermes dès aujourd’hui pour une bonification des services publics avec la signature de la prochaine convention collective ; dégager des sommes pour protéger les salarié.e.s des secteur économiques vulnérables comme le tourisme et les arts, la restauration et les petites entreprises, maintenir la pression pour que cesse les projets polluants comme GNL Québec ou l’agrandissement du Port de Québec ; prévoir des mesures contre les effets d’une crise économique et financière ; exercer une surveillance de tous les instants sur ce que la CAQ dit et fait afin de nous assurer qu’aucune réforme ou loi ne soit adoptée sans débat démocratique, etc.

Ce n’est qu’à ce prix que nous pourrons traverser la crise du Covid-19 sans laisser personne derrière et que nous pourrons positionner une alternative de gauche à la politique et la gestion des néolibéraux. Une politique suiviste ne fera que renforcer ces derniers.

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