Édition du 16 avril 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Canada

Crise en Ukraine, pipelines et bélugas

Vous vous demandez peut-être ce que vient faire la crise en Ukraine dans un article sur l’environnement ? Ou quel peut être le lien entre cette crise impliquant la Russie, les projets de pipelines au Canada et les bélugas du Saint-Laurent ?

Tiré du site de Greenpeace Canada.

C’est bien simple. Au mois de mars dernier, lors d’une conférence de presse à Ottawa, le ministre canadien des Affaires étrangères, John Baird, estimait que la crise en Ukraine avait accentué l’importance d’acheminer le pétrole et le gaz naturel canadiens sur les marchés internationaux.



Selon M. Baird, cette nouvelle géopolitique montre la nécessité de mettre en place des canalisations permettant de transporter ces hydrocarbures de l’Ouest canadien vers les ports de l’Atlantique.

Il a ajouté que la récente annexion de la Crimée par Moscou mettait de la pression sur le Canada pour accélérer la construction d’infrastructures qui lui permettraient d’augmenter ses exportations vers les pays européens tels que l’Allemagne qui importe environ 35% de son énergie de la Russie.

À Cacouna, TransCanada entame les travaux préparatoires

Et question rapidité, le gouvernement Harper et ses amis de l’industrie pétrolière se surpassent.

En effet, depuis lundi, la compagnie albertaine TransCanada a débuté les travaux préparatoires pour la construction d’un port pétrolier à Cacouna compris dans le projet de pipeline Énergie Est, en plein dans l’habitat du béluga, et avant même que ne débute l’évaluation du-dit projet. 

Celui-ci comprend la construction d’un pipeline de 1000 km de long sur le sol québécois et deux ports pétroliers (Cacouna (QC) et Saint-John (N.-B.) ). Il a été déposé le 4 mars dernier auprès de l’Office national de l’énergie et n’a pas commencé à être évalué que déjà TransCanada obtient des permis pour faire des levés sismiques dans l’un des habitats essentiels du béluga du Saint-Laurent.


Bélugas



La population de bélugas dans le Saint-Laurent est aujourd’hui estimée à 900 individus, soit moins de 10% de sa population historique. La région où se trouve Cacouna est un habitat critique pour le béluga, car c’est à cet endroit que l’espèce migre au printemps pour se nourrir et pour donner naissance à ses petits. La raison pour laquelle cette région est si importante pour la conservation de l’espèce est qu’elle se trouve protégée de la pollution sonore du traffic maritime par les îles qui l’entourent. 



Les levés sismiques, la construction d’un port pétrolier, l’augmentation du traffic maritime et les risques de déversement à Cacouna mettront en péril cet habitat critique et pourraient avoir un effet dévastateur pour cette espèce menacée. Mais ce port représente avant tout pour le gouvernement fédéral une « opportunité » d’inonder le monde avec le pétrole sale issu des sables bitumineux canadiens. Au diable les bélugas.

D’un océan à l’autre

Du côté de la Colombie-Britannique, la situation pour les rorquals à bosse est aussi en voie de se détériorer puisque le gouvernement par le biais du ministère Pêche et Océans, vient de recommander en catimini le changement de statut de l’espèce, passant d’« espèce menacée » à « espèce préoccupante » (http://ici.radio-canada.ca/regions/colombie-britannique/2014/04/22/002-recommandation-reduction-protection-rorquals-bosse.shtml).

Ce changement signifie en clair que le gouvernement n’aurait plus à protéger un habitat déclaré essentiel pour le rétablissement de la population de baleines, un habitat constitué de zones entourant la ville portuaire de Kitimat, là où l’oléoduc Northern Gateway d’Enbridge amènerait le pétrole de l’Alberta. Cette recommendation arrive à point puisqu’on est à quelques semaines de l’annonce de l’approbation probable du projet. 

Conclusion

Si le lien n’est pas évident de prime abord, il est clair que l’implication agressive du gouvernement Harper dans le dossier ukrainien n’est en rien étrangère au fait que le Canada souhaite devenir une superpuissance énergétique. Pour cela, le gouvernement Harper est prêt à sacrifier le littoral de la Colombie-Britannique, le golfe et l’estuaire du Saint-Laurent, et bénéficie pour cela de l’appui du nouveau premier ministre du Québec, Philippe Couillard, qui a salué comme une « belle occasion » l’idée d’exporter du pétrole transporté par ce pipeline à partir du port de Cacouna. 

Une belle occasion pour qui ? 

Les pétrolières bien entendu. Le Québec, lui, est ainsi voué, selon le désir de quelques dirigeants, à devenir complice de l’expansion d’un des projets les plus polluants de la planète. Une bombe à retardement pour le climat, pour les communautés et pour ces mammifères majestueux que sont les bélugas. Mais (car il y a toujours un mais), les citoyens n’ont pas dit leur dernier mot...

Ce que vous pouvez faire

Soutenez la Marche des peuples pour la Terre mère :
Une marche citoyenne de Cacouna à Kanesatake s’organise pour contrer le projet Énergie-Est. Pour vous impliquer, visitez le site : www.peuplespourlaterremere.ca



Signez la pétition Avaaz appelant la mairesse de Cacouna et le maire de Rivière-du-Loup à refuser le projet d’oléoduc Énergie-Est de TransCanada : https://secure.avaaz.org/fr/petition/La_mairesse_de_Cacouna_et_le_maire_de_RiviereduLoup_Nous_vous_appelons_a_refuser_le_projet_dOleoduc_de_Transcanada/?amlLFab

Participez à la manifestation qui se tiendra dimanche 27 avril à Cacouna contre les levés sismiques de TransCanada qui menacent l’estuaire du Saint-Laurent. 



Inscrivez-vous à notre liste d’envoi pour obtenir les dernières infos sur ce dossier.
 : http://www.greenpeace.org/canada/fr/campagnes/Energies/sables-bitumineux/

Agnès Le Rouzic

Greenpeace Canada

Sur le même thème : Canada

Sections

redaction @ pressegauche.org

Québec (Québec) Canada

Presse-toi à gauche ! propose à tous ceux et celles qui aspirent à voir grandir l’influence de la gauche au Québec un espace régulier d’échange et de débat, d’interprétation et de lecture de l’actualité de gauche au Québec...