Cette technologie est utilisée par des annonceurs pour cibler des segments de consommateurs-trices dans des endroits spécifiques. Vous avez sans doute reçu une publicité de Lyft ou Uber au moment précis où vous descendez d’avion dans une ville étrangère. C’est un exemple de l’utilisation de cette technologie de géolocalisation.
À Boston, un dirigeant du secteur de la publicité, M. John Flynn, s’est rendu compte que cette technologie pourrait être utile pour retracer les femmes en recherche d’avortement. Il a transféré cette information à des centres de crises au sujet des grossesses et à des agences d’adoption sur leurs téléphones intelligents. Rewire rapporte que M. Flynn a aussi proposé son produit à des groupes anti-avortement comme RealOptions, un centre de crise pour les femmes enceintes en Californie du nord ainsi qu’au réseau auquel il est lié, de même qu’au Bethany Christian Services, une agence d’adoption évangélique. Le potentiel de la technologie a vite été saisi.
Il est ainsi possible de repérer les appareils téléphoniques des femmes présentes dans les salles d’attente de cliniques qui prodiguent des avortements, comme Planned Parenthood. Le programme que M. Flynn a proposé à Bethany C. Services peut rejoindre des cliniques dans 5 villes : Columbus, Ohio, Pittsburg, Richmond, Virginia, St-Louis et New York City. Il a déclaré avoir visé jusqu’à maintenant 140 cliniques au nom de Bethany.
Mme Sharona Coutts du site Rewire a mis la main sur la présentation Power Point que M. Flynn utilise pour annoncer ses services. Dans une de celle-ci, en février dernier, il a déclaré : « Nous pouvons atteindre toutes les cliniques Planned Parenthood du pays ». Ce Power Point comprenait un paragraphe intitulé : « Cibler les pro-vie ». Il y assure pouvoir atteindre les cliniques d’avortement, les hôpitaux, les cabinets de médecins, les collèges et les écoles secondaires des États-Unis et du Canada, en discriminant par âge et par sexe. Il assure aussi qu’il peut colliger un nombre fabuleux de renseignements à partir des téléphones intelligents, dont le sexe, l’âge, la race, les propriétaires d’animaux de compagnie, les propriétaires de Honda, les achats en ligne et plus encore.
Et tout cela est parfaitement légal parce que ce genre de technologie s’est développé si vite que les lois sur la protection de la vie privée ont manqué le train. Le professeur de l’École de droit et d’information de l’Université de Berkeley, M. Chris Hoofnagle, a assuré Rewire que la plupart des lois fédérales pertinentes en ce moment ne s’appliquent pas à cette situation. Il précise : « Les lois de protection de la vie privée aux États-Unis sont dépendantes de la technologie et du contexte. Par exemple, les renseignements que vous donnez à votre médecin sont très fortement protégées, mais dès que vous consultez un site internet à propos du sida ou de l’avortement, les renseignements qui vous y laissez ne le sont pas du tout ».
