Édition du 29 avril 2025

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Syndicalisme

Des soins dans des murs en ruine : quand l’état des lieux menace la santé et la sécurité

Il faut le voir pour le croire. Des murs gangrenés par la moisissure, des équipements défectueux, des fuites d’eau à répétition, des ascenseurs constamment en panne, de la vermine qui rôde, des bâtiments infestés d’amiante. Et au milieu de ce chaos, des professionnelles en soins qui continuent, avec courage et dévouement, à offrir les meilleurs soins possibles à la population. Voilà le quotidien dans trop d’hôpitaux et de centres de soins au Québec en 2025.

À Drummondville, Montréal, Sorel, Saint-Jérôme, Mont-Laurier — et bien d’autres endroits —, des établissements de santé tombent en ruine, sous le regard indifférent d’un gouvernement plus préoccupé par des mégaprojets inutiles que par la sécurité de son personnel et de ses citoyen-ne-s. Ces lieux censés être synonymes de guérison sont devenus, dans bien des cas, des zones à risque.

Si les murs de certains de nos hôpitaux pouvaient parler, ils hurleraient à l’abandon. Et leur cri serait celui de toutes les professionnelles en soins du Québec, épuisées de devoir soigner dans des conditions dignes d’un autre siècle. Comment parler de qualité des soins quand les outils manquent, quand les infrastructures menacent de céder, quand les milieux de travail sont à ce point insalubres que la santé de celles qui y exercent est elle-même compromise ?

Pendant ce temps, que fait le gouvernement ? Il investit à coups de millions dans des projets qui n’ont aucun lien avec les besoins urgents du réseau de la santé. Plus de soixante millions de dollars pour des études sur un troisième lien mort-né. Des centaines de millions engloutis dans le fiasco SAAQclic. Sept millions pour séduire une équipe de hockey millionnaire à venir faire du tourisme à Québec. Et bien sûr, une pluie de millions versés à Northvolt, sans débat public, sans transparence, sans conditions.

Mais lorsqu’il s’agit de rénover un hôpital, de réparer un ascenseur ou de s’assurer que les salles d’urgence ne débordent pas, les coffres sont soudainement vides. On nous répète qu’il faut faire des choix responsables, que le budget est serré, que les ressources sont limitées. Mais il semble que ces contraintes ne s’appliquent qu’à la santé et à l’éducation. Quand vient le temps de satisfaire des intérêts économiques ou politiques, l’argent, lui, coule à flots.

Ce désintérêt chronique pour l’état des infrastructures de soins est non seulement un affront aux professionnelles en soins, mais aussi à la population. Car il ne s’agit pas seulement de conditions de travail indignes : il s’agit de sécurité, de décence, de respect. Chaque dollar gaspillé dans un projet douteux est un dollar qui manque pour protéger une vie, prévenir une chute, éviter une infection.

Et dans un contexte où les besoins en santé explosent, où la population vieillit et où la santé mentale devient un enjeu majeur, continuer de négliger l’entretien et la modernisation de nos établissements, c’est foncer droit dans le mur. La situation actuelle favorise l’exode des professionnelles en soins vers des milieux plus sécuritaires, plus modernes, plus respectueux. Peut-on vraiment les blâmer ?

Le gouvernement doit se ressaisir. La santé n’est pas une ligne comptable ni un levier de marketing politique. C’est un pilier fondamental de notre société. Il est impératif de réinvestir massivement dans nos infrastructures, de garantir des milieux de soins sécuritaires et salubres, et de respecter l’expertise de celles qui, jour après jour, prennent soin de nous.

Il est plus que temps de cesser de jouer au Monopoly avec les fonds publics. Ce qui est en jeu ici, ce n’est pas une partie de stratégie financière. Ce sont nos vies. Nos corps. Notre dignité.

Julie Bouchard
Présidente de la Fédération Interprofessionnelle de la santé du Québec—FIQ

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