Édition du 16 avril 2024

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Asie/Proche-Orient

En Israël, le gouvernement le plus religieux et le plus à droite de l’histoire du pays

Le gouvernement qui s’apprête à entrer en fonction révèle deux données majeures : en échange de leur soutien face à la justice, le premier ministre Benyamin Netanyahou a accepté l’entrée au parlement de politiciens racistes, complotistes, homophobes et défenseurs de la suprématie juive. Et la gauche a disparu du paysage politique.

Tiré de Médiapart.

Chargé dimanche par le président israélien Isaac Herzog de former le nouveau gouvernement, le chef du Likoud, Benyamin Netanyahou, vainqueur des élections législatives du 1er novembre, devrait, sauf aléa de dernière minute, soumettre avant mercredi à la Knesset le résultat de ses négociations avec les dirigeants de sa coalition parlementaire. « Un gouvernement ultra-religieux, quasi fasciste, que ce pays ne méritait pas », résume le quotidien Haaretz. Un tournant historique en direction d’un régime « illibéral ».

Tout indique pourtant qu’il sera accueilli dans une relative indifférence de l’opinion publique. Indifférence d’autant plus surprenante que depuis la création de l’État, il y a près de 75 ans, les épisodes majeurs de l’histoire politique israélienne ont provoqué des manifestations populaires spectaculaires.

Il y a quarante ans, le 25 septembre 1982, près de 400 000 Israéliens s’étaient réunis place des Rois, à Tel-Aviv, pour manifester leur indignation face à la complicité apparente de leur armée dans les massacres de Sabra et Chatila qui venaient de se dérouler à Beyrouth. En 2005, ils étaient encore 200 000, au même endroit, devenu entre-temps la place Yitzhak-Rabin, pour saluer la mémoire du premier ministre, dix ans après son assassinat par un fanatique religieux d’extrême droite qui entendait lutter contre le processus de paix « au nom de Dieu ».

Mais depuis l’annonce officielle du résultat des dernières élections législatives, il ne s’est même pas trouvé une poignée de citoyens israéliens, attachés à la paix, aux principes démocratiques et au respect de la loi, pour protester devant la résidence officielle du premier ministre, à Jérusalem, contre l’élection de Netanyahou, accusé de corruption, fraude et abus de confiance ; ni pour reprocher à l’ancien et prochain premier ministre d’avoir conclu une alliance avec des extrémistes religieux en échange de leur soutien face à la justice.

À lui seul, en fait, ce constat en dit long sur l’inaptitude des Israéliens d’aujourd’hui à manifester leur désaccord avec les actes ou les prises de position de leurs dirigeants. Mais aussi sur leur tolérance – sinon leur adhésion – face à une dérive de plus en plus droitière de l’ensemble du monde politique local.

Même un parti aussi peu radical que le Parti travailliste, historiquement sioniste et peu suspect de penchants « islamo-gauchistes », est encore trop à gauche, ou considéré comme trop favorable à la création d’un État palestinien pour l’électorat israélien d’aujourd’hui. Et cela, même si les engagements rhétoriques des travaillistes en faveur de la « solution à deux États » ont rarement été suivis d’actions concrètes. En particulier contre l’occupation et la colonisation.

La gauche portée disparue

En fait, deux données politiques nouvelles sont désormais claires en Israël. Premièrement, en échange d’engagements à limiter le pouvoir de la justice, des politiciens religieux, racistes, homophobes, défenseurs de la suprématie juive, partisans de l’expulsion des Palestiniens, et surveillés par la police en raison de leurs liens avec les réseaux terroristes juifs, sont entrés à la Knesset au sein de la coalition de Netanyahou. Et certains d’entre eux feront partie du gouvernement. Deuxièmement, la gauche a disparu du paysage politique israélien.

Le vieux Parti travailliste a franchi de justesse, avec 3,69 % des suffrages exprimés, le seuil légal (3,25 %) qui permet d’avoir au moins un député. Et son partenaire habituel, le Meretz, laïc et socialiste, n’a obtenu que 3,16 % des voix et, pour la première fois de son histoire, n’aura aucun élu.

Il en va de même des petits partis israélo-arabes qui rassemblaient une fraction marginale des voix de gauche : leur dispersion – le chef de l’État lui-même l’a déploré publiquement – a favorisé le glissement de la coalition gouvernementale vers la droite extrême. Les résultats électoraux le montrent impitoyablement : l’histoire récente de la gauche, et en particulier du Parti travailliste en Israël, est celle d’un naufrage.

Après avoir été le parti des pionniers de l’État – David Ben Gourion, Levi Eshkol, Yigal Allon –, puis celui des artisans de son développement, des guerres victorieuses, mais aussi de l’occupation et de la colonisation des territoires palestiniens – Golda Meir, Shimon Peres, Yitzhak Rabin –, au point de gouverner les affaires du pays pendant près de trente ans, il est aujourd’hui à deux doigts de sortir de l’histoire parlementaire.

Fort de 40 députés en 1965, de 44 élus en 1992, il n’a pu sauver que 4 sièges lors des législatives du 1er novembre. Cet effondrement prévisible et annoncé avait incité, en août dernier, l’un des analystes politiques du quotidien Haaretz, le diplomate devenu politologue Alon Pinkas, à se demander : « Comment et pourquoi les Israéliens ont-ils cessé de voter à gauche ? »

  • Dans le discours populiste, démagogique et délibérément provocateur des années Netanyahou, les élites sont “de gauche”.
  • - Alon Pinkas, politologue

Après avoir constaté qu’en vingt ans, les Israéliens se sont rendus dix fois aux urnes, Alon Pinkas, ancien conseiller de plusieurs dirigeants travaillistes, a identifié plusieurs réponses à sa question. La principale, selon lui, est liée à l’évolution de l’identité politique des Israéliens.

« Nous devons admettre, estimait-il, le déclin de l’influence et de la domination de ceux qu’on appelait les WASP [« White, ashkenazi, sabra, paratrooper » , soit « Blanc, ashkénaze, sabra, parachutiste » – ndlr] et qui occupaient la majorité des postes clés dans la défense, le renseignement, le monde politique, mais aussi l’économie et la culture. »

Lié aux tendances démographiques et ethniques du moment, accéléré par l’élection en 1977 du chef du Likoud, Menahem Begin, à la tête du gouvernement, ce déclin a débouché, selon Alon Pinkas, sur l’apparition d’une distinction viscérale entre « juif » et « Israélien ». Ce qu’un conseiller de Netanyahou avait interprété et simplifié en affirmant : « Ils sont de gauche, nous sommes juifs. »

« En vertu de cette division, poursuivait le politologue, les “juifs” aiment Israël sans conditions, pensent qu’Israël a toujours raison, vivent un sentiment commun d’unité et de destin partagé, se méfieront toujours des Arabes et détestent le reste du monde. »

« Plus récemment, précisait Alon Pinkas, le recours croissant par Netanyahou à une terminologie “trumpienne” a achevé la métamorphose. Pour le chef du Likoud, la “gauche” a cessé d’être une orientation politique, un ensemble de valeurs et de principes politiques, pour devenir une sorte de groupe culturel. Et les Israéliens moyens qui votaient pour les formations “de gauche” ont fini par se réfugier dans cet espace désolé mais confortable qu’on appelle “le centre” où ils estiment qu’une sorte de triangulation des idées de gauche et de droite peut être séduisante. »

« À cela, il faut ajouter, selon Alon Pinkas, un anti-élitisme croissant de l’opinion. Dans le discours populiste, démagogique et délibérément provocateur des années Netanyahou, les élites sont “de gauche”. Le haut commandement militaire, le système judiciaire et universitaire sont “de gauche”. Ceux qui s’opposent à l’occupation et à la colonisation sont “de gauche”. Comme ceux qui vont à l’opéra, lisent Haaretz ou n’aiment pas les ultraorthodoxes. »

« Bien que le Likoud ait été au pouvoir au cours de la majeure partie des 45 dernières années, notait enfin Alon Pinkas, ceux qui dénoncent ces élites continuent d’être convaincus qu’elles contrôlent le pays et dictent leurs valeurs. En d’autres termes, que la gauche est toujours au pouvoir, et que le moins qu’ils puissent faire est de voter contre elle. »

L’échec des majorités alternatives

L’étonnant, face à un tel constat, est que les politiciens et premiers ministres qui ont provoqué la défaite de Netanyahou il y a dix-huit mois, après 15 ans au pouvoir, n’aient pas été capables d’analyser cette évolution de la société israélienne et de proposer à un électorat désorienté un véritable programme de changement.

Car s’ils ont su, avec une certaine habileté, exploiter l’indignation de l’opinion publique confrontée aux révélations sur la cupidité, la corruption, le cynisme du premier ministre et chef du Likoud, au point de l’acculer à la défaite, ils n’ont été capables ni de construire une véritable majorité alternative, ni d’assembler une coalition nouvelle, incarnant leur volonté proclamée de changer de politique.

Pourtant, les trois dirigeants qui appelaient au départ de Netanyahou – l’ex-général et chef d’état-major Benny Gantz ; le patron de start-up à succès, Naftali Bennett, hier collaborateur et disciple de « Bibi » devenu, fortune faite, son rival ; et le journaliste de télévision laïc Yaïr Lapid, lancé en politique dans le sillage de son père, le dirigeant centriste Tommy Lapid – et qui ont conduit la campagne « pour le changement » ne manquaient pas d’atouts.

Ils bénéficiaient du rejet populaire massif de la personnalité du premier ministre impliqué dans – au moins – quatre affaires de corruption et qui, faute de pouvoir clamer son innocence, dénonçait les complots ourdis contre lui par « l’État profond », les magistrats, les policiers, les journalistes, les intellectuels, la gauche.

Et, sur la société israélienne, son évolution et ses constantes, ils disposaient d’un outil d’analyse précieux, plus fiable qu’une volée de sondages : les résultats des cinq scrutins législatifs qui venaient de se succéder en quatre ans. Lesquels montraient à la fois la vigueur du rejet du « style Netanyahou », mais aussi le poids de l’électorat de droite, religieux, nationaliste, raciste, favorable à l’occupation, à la colonisation, voire à l’annexion des territoires palestiniens.

Ils auraient pu – dû ? – comprendre que face à un tel électorat, un projet, un discours et un ton nouveau s’imposaient. Comme Yitzhak Rabin l’avait fait en 1992 lorsqu’il l’avait emporté sur le Likoud pour imposer le processus d’Oslo, avec une seule voix de majorité pour sa coalition à la Knesset, ils auraient sans doute dû prendre le risque de « brutaliser » l’électorat pour en finir avec les années Netanyahou et les choix de sa coalition de droite, soutenue par les ultraorthodoxes et les colons.

Mais Rabin avait payé cette stratégie audacieuse de sa vie trois ans plus tard. Et Bennett ou Lapid, de même que Gantz, n’étaient pas habités, contrairement à Rabin il y a trente ans, par un projet historique qu’ils jugeaient capital pour le destin d’Israël.

  • Pour Bennett et Lapid, le changement se limitait à un changement de personnes. C’est-à-dire à du Netanyahou sans Netanyahou.

Ils se sont donc contentés de gérer le statu quo armé instauré avec les Palestiniens par Netanyahou. C’est-à-dire de poursuivre à bas bruit l’occupation et la colonisation de la Cisjordanie et de Jérusalem-Est, et de maintenir le siège de la bande de Gaza, légèrement adouci par les transfusions régulières de fonds qataris.

Sans reprendre les négociations de fond avec les Palestiniens mais en instaurant des modalités discrètes de soutien économique destinées à contenir la tension sociale en Cisjordanie tout en maintenant une modeste collaboration sécuritaire avec l’Autorité de Ramallah, au bénéfice quasi exclusif d’Israël.

Le tout en laissant aux colons et aux militaires qui les protègent une liberté d’action, notamment d’ouverture du feu, quasi totale en Cisjordanie où plus de 90 civils palestiniens ont été tués depuis le début de l’année – parmi lesquels, en mai, la journaliste palestino-américaine Shireen Abu Akleh, abattue à Jénine par un tireur d’élite, sans que l’état-major ait jugé utile d’ouvrir une enquête.

En d’autres termes, pour Bennett et Lapid, le changement se limitait à un changement de personnes. C’est-à-dire à du Netanyahou sans Netanyahou. Comment s’étonner, dans ces conditions, que lors du dernier scrutin l’électorat ait préféré l’original à ses copies. Et que Netanyahou ait occupé le vide laissé par le centre et la gauche en élargissant sa coalition à tous ceux qui s’engageaient à le soutenir dans son combat face à la justice. Et ce, quelles que soient leurs versions du sionisme ou de la démocratie.

Un « État de la Torah »

Dans la coalition qui vient d’arriver au pouvoir, en ce « jour noir pour la démocratie », selon Lapid, désormais chef de l’opposition, trois des quatre partis rassemblés par Netanyahou autour du Likoud sont religieux : le Parti sioniste religieux, le Judaïsme unifié de la Torah et le Shas.

Le premier, issu de la réunion de trois formations d’extrême droite, est dirigé par Itamar Ben Gvir et Bezalel Smotrich. Tous deux vivent dans des colonies. L’un à Kiryat Arba, près de Hébron. L’autre à Kedumim, près de Naplouse.

Tous deux sont avocats, disciples de feu le rabbin Meir Kahane, fondateur du parti raciste Kach, interdit par le gouvernement israélien, en 1994, en application de la législation antiterroriste. L’un et l’autre ont eu des rapports difficiles avec la sécurité intérieure et la justice.

Soupçonné d’organiser des manifestations violentes contre l’évacuation des colons de Gaza, Smotrich a été arrêté par le Shin Bet en 2005 et Ben Gvir, spécialiste de la défense des terroristes juifs et des extrémistes, a été inculpé une dizaine de fois pour incitation à la violence. Son dossier de sécurité est si chargé qu’il n’a pas été autorisé à servir dans l’armée.

Les deux autres formations sont ultra-orthodoxes. Les électeurs du Shas sont surtout séfarades. Ceux du Judaïsme unifié de la Torah en majorité ashkénazes. L’un et l’autre bannissent les femmes de leurs listes de candidats. Ces trois partis réunis rassemblent la moitié des sièges de la coalition de Netanyahou.

Quant aux ultraorthodoxes, si on ajoute aux députés du Shas et de JUT les sept députés du Likoud qui appartiennent à ce courant, on constate, comme l’a fait Haaretz, que plus de 60 % des membres de la nouvelle coalition sont ultra-orthodoxes. Alors que cette communauté ne dépasse pas 17 % de la population israélienne.

Ce qui incite certains Israéliens parmi les plus éloignés de la religion à redouter de vivre bientôt dans un « État de la Torah ». « Je ne crois pas que nous en soyons là, estime le rabbin Uri Regev, président d’une organisation qui défend la liberté religieuse en Israël. Mais nous en sommes plus près que nous ne l’avons jamais été. »

En fait, il n’y a jamais eu de réelle séparation entre la religion et l’État en Israël. Les questions de mariage, de divorce, d’adoption, de garde des enfants, de pension alimentaire relèvent des tribunaux rabbiniques, la majorité des transports publics ne fonctionnent pas pendant le shabbat durant lequel la plupart des commerces sont fermés.

Et ceux qu’inquiète l’évolution vers un « État de la Torah » ne sont pas rassurés par la situation de dépendance dans laquelle s’est placé le premier ministre en faisant des religieux les partenaires majeurs de sa coalition.

  • Ben Gvir réclame le portefeuille de la sécurité publique, c’est-à-dire un droit de vie et de mort sur les Palestiniens qu’il rêve d’expulser pour annexer la majeure partie de la Cisjordanie.

Avec 64 députés (sur 120), Netanyahou dispose d’une majorité absolue à la Knesset. Mais elle ne le met pas à l’abri des pressions – voire des chantages – que ses alliés religieux ou extrémistes peuvent exercer sur lui. En lui rappelant, le moment venu, que le soutien qu’il attend d’eux a un prix.

Certes, Ben Gvir est disposé à défendre une loi qui donnerait à la Knesset le pouvoir d’imposer ses décisions à la Cour suprême – ce qui mettrait le premier ministre hors de portée des juges –, mais il réclame en retour le portefeuille de la sécurité publique, c’est-à-dire un feu vert pour les activités de ses amis colons extrémistes et un droit de vie et de mort sur les Palestiniens qu’il rêve d’expulser pour annexer la majeure partie de la Cisjordanie. Et il souhaite que son parti reçoive aussi les ministères de l’agriculture et des transports.

Quant à Bezalel Smotrich, qui est prêt à soutenir le projet de réduction des pouvoirs de la Cour suprême, il réclame en échange un poste – Défense ? Finance ? Agriculture ? Éducation ? – qui lui permettrait de promouvoir ses idées suprémacistes, de « légaliser » une bonne partie des « avant-postes » de colonisation aménagés par ses amis de « la jeunesse des collines » et de lutter contre les « constructions illégales » des Palestiniens.

Les rabbins d’extrême droite qui le soutiennent ont fait circuler un document dans lequel ils insistent pour qu’il obtienne la défense afin de « renforcer la sécurité de l’État d’Israël, de soutenir l’armée, d’empêcher l’établissement d’un État palestinien et de protéger les colonies de Judée-Samarie [Cisjordanie, dans le langage des colons – ndlr] ».

Comme d’habitude, les ultraorthodoxes revendiquent des ministères qui leur permettront de préserver et de développer les intérêts de leurs communautés. Les séfarades du Shas, forts de leurs onze élus, espèrent quatre portefeuilles ministériels. Ils ont déjà revendiqué, en échange de leur participation à la coalition et de leur soutien à une réforme limitant l’autorité de la Cour suprême, les ministères des finances et des services religieux.

Les ashkénazes de JUT entendent obtenir le portefeuille de la construction et du logement ainsi que la présidence de l’influente commission des finances de la Knesset.

La menace de la justice internationale

Entre l’obligation de ne pas fragiliser la coalition qui vient de lui donner la victoire, la nécessité de tenir compte des rivalités et susceptibilités diverses, le souci de ne pas irriter ou de gêner l’allié et protecteur américain par des embardées idéologiques inconvenantes ou des alliances jugées imprudentes à Washington, Netanyahou a beaucoup à faire ces jours-ci. Il aurait tort cependant de négliger deux dossiers qui pourraient placer son gouvernement dans une trajectoire de conflit avec la Cour internationale de justice de La Haye (CIJ).

Le premier, celui de la réforme de la justice, à laquelle il tient beaucoup pour des raisons évidentes, peut se révéler dangereux, car si ce projet est mis en œuvre, l’indépendance et la crédibilité de la justice israélienne, c’est-à-dire aussi sa réputation internationale, seront gravement remises en question aux yeux des juristes et des diplomates. Même si les dirigeants israéliens dénoncent depuis longtemps comme « biaisée » la justice internationale, une telle perte de crédit serait selon certains juristes une « catastrophe diplomatique » pour le gouvernement israélien.

L’autre dossier est celui du développement de la colonisation, du gel simultané des négociations de paix et du rejet du projet d’État palestinien, stratégie assumée par le Likoud de Netanyahou et les autres composantes de la nouvelle coalition que la CIJ pourrait dénoncer dans un rapport en préparation. Là encore, Israël peut s’en tenir à son attitude habituelle d’ignorance et de mépris impunis.

Mais les Palestiniens, confortés par le vote à l’ONU, le 11 novembre, d’une nouvelle résolution condamnant les violations des droits humains dans les territoires occupés, pourraient mettre à profit le climat d’interrogation créé par l’extrémisme délibéré de la nouvelle coalition israélienne pour tenter, une fois encore, de prendre la communauté internationale à témoin.

S’il est encore temps avant que le nouveau gouvernement israélien qui projette de les expulser de leur terre ait atteint son autre objectif : les expulser aussi de l’histoire.

René Backmann

René Backmann

René Backmann est un journaliste et humanitaire français. Après couvert de très près Mai 68 dès le début de l’année 1968 et avoir longtemps travaillé à l’hebdomadaire Le Nouvel Observateur, dont il a été chef du service « Monde » pendant plus de dix ans, il écrit maintenant pour le site web d’information Mediapart.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Ren%C3%A9_Backmann

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